A tous les amoureux du PArc de VERSAILLES :
Lu ce jour dans le journal LA CROIX :
Les jardiniers historiens font revivre Versailles Il s’était enraciné ici au début du XIX eme siècle et, depuis, du haut de ses 30 mètres, le colosse veillait sur le hameau de la Reine. Sur le sol du bureau d’Alain Baraton, jardinier en chef de Trianon et du Grand parc du château de Versailles (Yvelines), un morceau de souche honore aujourd’hui l’une des victimes emblématiques de la tempête du 26 décembre 1999 : le tulipier de Marie-Louise. Comme son grand frère, planté dans le Petit Trianon pour Marie-Antoinette, il n’a pas survécu à la folle nuit de Versailles. Dans la maison qu’il habite et où il a installé son bureau, à quelques mètres du Grand Trianon, le jardinier se souviendra toute sa vie de cette nuit, des bruits terrifiants, des vitres qui ployaient littéralement sous le vent… « C’est à l’aube que j’ai vu vraiment tomber des arbres , raconte-t-il. Et pour la première fois depuis mon arrivée à Versailles, j’ai pu apercevoir, au loin, les lumières de la ville. J’ai alors compris que les dégâts étaient immenses. » Cette nuit-là, le souffle a détruit 30 % des arbres vieux de plus d’un siècle, et anéanti directement 18 500 végétaux. Certains survivants ont dû être à leur tour abattus pour que la replantation du parc soit pertinente, par exemple pour permettre la rénovation d’une allée. « Le bilan définitif sera de 40000 arbres» , précise Alain Baraton. Soit plus de 10 % du domaine.
On a évoqué les heures de petite et de grande histoire du fameux tulipier. Du pin de Corse qui se dressait près du temple de l’Amour, dans le jardin anglais. Ou encore du cèdre de l’Atlas, que Napoléon avait fait planter pour Marie-Louise… Au-delà de ces célébrités végétales, de nombreux promeneurs témoignent de cette relation intime qu’ils avaient nouée avec un arbre, un anonyme, dont ils ignoraient pourtant tout. «Si le château appartient au monde entier, le parc est un peu le jardin privé de chaque Versaillais, témoigne Marie, 63 ans, qui y promène son labrador. On a souvent, on ne sait pourquoi, lié un moment de l’histoire de sa vie avec un arbre. Un moment gai ou triste. Voir ces témoins tomber a été un crève-cœur. »
Presque tous, cependant, évoquent une sérénité revenue, comme si le parc avait pansé ses plaies les plus graves, et louent avec chaleur le travail des jardiniers. Depuis la tempête, 80 000 arbres ont été replantés. Bien sûr, le parc ne ressemble plus à celui du 25 décembre 1999. Çà et là, de jeunes pousses se sont intercalées entre de majestueux rescapés, et la densification n’a pas encore fait partout son œuvre. Même s’ils ont eu le cœur brisé de voir tomber tous ces arbres, les jardiniers de Versailles remercient presque la tempête. « Versailles était un parc vieillissant, admet Alain Baraton,
avec beaucoup de marronniers, vétustes, ennuyeux, qui avaient mal résisté au temps et aux maladies. 80% des arbres d’alignement étaient arrivés au terme de leur vie et sont logiquement tombés… »
Ils avaient aussi été plantés trop près les uns des autres, afin que le roi profite d’effets de perspective immédiats.
La tempête aurait donc eu au moins deux avantages. Elle a permis la disparition de milliers de sujets qui n’aurait pas été tolérée, dixit Alain Baraton, par les amoureux de Versailles. Par ailleurs, l’émotion engendrée par le désastre a provoqué une telle campagne de solidarité dans le monde entier que l’argent n’a pas été un problème. « On a pu obtenir pratiquement ce qu’on voulait », se félicite-t-il. Pas question, pour autant, de revenir au modèle mis à mal par la tempête. Bouleaux, chênes, cerisiers, aulnes, noyers ou hêtres sont venus briser la monotonie des anciens tilleuls et marronniers. Ils permettent de jouer sur les couleurs et sur les hauteurs de branches… Pour des raisons historiques, certaines autres espèces n’ont pas été remplacées, comme les pins. >>>>
CHRISTIAN MILET/CHATEAU DE VERSAILLES
Pour le parc de Versailles, la tempête fut, au fond, bénéfique : la disparitions de milliers de sujets permit de repenser les allées et les perspectives.
« Versailles était un parc vieillissant, avec beaucoup de marronniers ennuyeux, qui avaient mal résisté au temps. »
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Neuf ans, presque jour pour jour, après les tempêtes qui ont dévasté la France, où en sont nos forêts ? Enquête en Lorraine et à Versailles, qui retrouve son éclat royal