| | lettres de Madame Elisabeth | |
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Auteur | Message |
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pimprenelle
Nombre de messages : 40561 Date d'inscription : 23/05/2007
| Sujet: lettres de Madame Elisabeth Jeu 21 Juin - 10:06 | |
| Nous avons déjà été amenés à évoquer la correspondance d'Elisabeth, la soeur de Louis XVI. J'ai donc jugé utile d'ouvrir un sujet à ce propos. Mais d'abord, en deux mots et une photo, qui était Elisabeth ? Elisabeth de France est née à Versailles le 3 mai 1764 et décédée à Paris en 1794. Elle a été exécutée le 10 mai. Elle est connue pour sa grande bonté et sa piété, nous dit wiki. Mais elle fut aussi une enfant espiègle, et une femme qui refusa de se marier puis d'émigrer pour rester aux côtés de son frère. Un caractère... C'est ce qui ressort de la lettre que j'ai choisi de vous faire partager. Elisabeth l'envoie de 13 octobre 1789 à Angélique de Bombelles, son amie intime et la fille de sa gouvernante. Nous allons donc revivre ces fameuses journées d'octobre à travers le prisme de Madame Elisabeth. Comme la lettre est très longue, je la posterai par parties. Elisabeth, par Madame Vigée LebrunMon Dieu, mon cœur, qu'il y a longtemps que je ne vous ai écrit ! J'avois calculé que si je t'écrivois la dernière poste, tu recevrois ma lettre presque en arrivant. Depuis longtemps pourtant j'aurois dû savoir qu'il ne faut pas comter sur l'avenir, j'en avais assez l'expérience; cependant j'en ai été encore la dupe cette fois-ci. J'étois descendue lundi de cheval à Montreuil, où je devais passer la journée et où je t'aurois écrit; j'allois me mettre à table, lorsque je vois arriver dans la cour un homme qui me dit qu'il arrive quinze mille hommes de Paris, et qu'il va chercher le Roi qui tiroit [chassait] à Châtillon. Vous jugez que la Princesse fut plus tôt à Versailles que je ne mets de temps à vous le dire. J'appris cependant, avant de m'en aller, qu'il y avoit deux mille femmes armées de cordes, de couteaux de chasse, etc., qui arrivaient à Versailles. Elles y furent à cinq heures. C'étoit pour demander du pain dont Paris manquait absolument, à ce qu'elles disoient. Elles vinrent chez le Roi pour lui en demander. Sa réponse eut l'air de les satisfaire. Elles allèrent s'établir dans la salle des Etats. On étoit toujours dans l'incertitude de savoir s'il arrivait des troupes de Paris ou non. Pendant ce temps-là; les gens de Versailles, déjà fort animés contre les gardes du corps, se mélèrent aux bandits pour les détruire. Le Roi, ayant défendu de tirer, aucuns n'y pensèrent. Il n'y eut qu'un officier qui, attaqué par un coup de sabre, chercha à se défendre. On lui en fit un si grand crime, qu'un homme le tira à bout portant et lui cassa le bras. Mais, comme l'on voulait donner tort à ces messieurs, on accusa un garde du corps, dont le cheval fut tué sous lui et qui lui-même était percé de coups, d'avoir tiré ses pistolets. Voilà les moyens dont les gens de Versailles se servirent pour pouvoir dire que ces messieurs avoient attaqué, tandis qu'ils n'ont montré que modération et courage. On a beaucoup tiré sur eux le reste de la soirée. Ceux qui étoient dans des hôtels furent blessés à coups de bûcheNous constatons qu'Elisabeth ne perd pas sa civilité pour raconter les événements. Après quelques lignes affectueuses, elle entre cependant de plein pied dans le vif du sujet, avec un véritable talent de conteuse. Conteuse, certes, mais avec une certaine distance. Point d'exclamations ni d'effusion, Elisabeth rend compte des faits. Cette apparente objectivité ne l'empêche pas de les expliquer ou de les interpréter à sa façon. Les assiégeants sont qualifiés de "bandits", auxquels se mèle la population de Versailles, qui prendra le premier prétexte pour se tourner contre les gardes. Remarquons au passage que Madame Elisabeth appelle son amie "mon coeur" (et non "mon cher coeur" comme Marie Antoinette) et que la lettre dénote une grande complicité. Elisabeth tutoie parfois Angélique et, au sein de la même phrase, "tu" et "vous" peuvent coexister. _________________ rien que la mort peut me faire cesser de vous aimer
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| | | pimprenelle
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| Sujet: Re: lettres de Madame Elisabeth Jeu 21 Juin - 10:21 | |
| Suite de la lettre de Madame Elisabeth :Tant de ce jour-là, que de la nuit du mardi, il y en a eu onze de tués et beaucoup de blessés. A onze heures du soir, M. de La Fayette, que l'on avoit forcé de venir à la tête de trente mille hommes, entra chez le Roi, après avoir fait renouveler à ces troupes le serment de fidélité. Il dit que l'on venoit demander le renvoi du régiment de Flandre, et que les gardes françoises reprissent la garde du Roi. Ils prirent tous leurs postes, et tout le monde rentra tranquillement chez soi. Pour moi, qui me couchai à trois heures, je dormis sans m'éveiller jusqu'à sept heures et demie, que l'on me dit que le Roi me demandoit, que j'allois trouver un détachement de douze grenadiers pour m'y conduire, que les gardes du corps avoient été poursuivis encore. Les salles, en effet, avoient été forcées. Deux gardes eurent la tête tranchée, d'autres blessés par les femmes d'une manière affreuse. La Reine, obligée de s'enfuir en chemise chez le Roi, parce qu'on entroit chez elle; toutes les cours remplies de femmes, de bandits et de gardes nationales qui tâchoient d'y mettre un peu d'ordre. Sans les grenadiers, tous les gardes du corps auroient été massacrés. Ils en ont sauvé prodigieusement, les ont pris sous leur protection pour les amener à Paris; la garde nationale les menant toujours avec eux, les faisant embrasser le peuple; enfin ayant empêché le peu qui sont venus ici d'être tués. Ceux qui étoient à cheval se retirèrent dans la nuit à Rambouillet, et furent poursuivis presque jusque-là. Le Roi, deux jours après son établissement à Paris, les a licenciés. Nous sommes maintenant accompagnés par les officiers de la garde nationale. Mais revenons à la journée du mardi. Les femmes et le peuple, qui étoient dans les cours, demandoient que le Roi vînt à Paris. Cela fut décidé à onze heures. Le Roi et la Reine se montrèrent sur le balcon de la chambre du Roi; il y a eu de grands cris de : "Vive le roi ! la Reine! la Nation! Le Roi à Paris!" et d'autres que je n'ai pas distingués. M. de La Fayette, en parlant avec une grande force au peuple, fit renouveler le serment en présence du Roi. Enfin, à une heure, nous montâmes en voiture; Versailles se signala par des marques de joie. Nous marchâmes entourés de toute la garde nationale, de plusieurs gardes du corps à pied, qui avoient troqué leurs chapeaux contre des bonnets de grenadiers. J'oubliois qu'après le Roi, ils avoient paru au balcon, avoient jeté leurs bandoulières et leurs chapeaux en signe de paix. Le Roi avoit demandé que l'on les laissât sans les pour-suivre davantage. Je reviens souvent à eux, et toujours avec plaisir, parce qu'il est impossible d'avoir une conduite plus parfaite. Ce sont vraiment des anges. Au point du jour, les cris plus continus de : "Vive le Roi! la Nation! et : A bas les calottins !" ont commencé et n'ont pas discontinué jusqu'à l'hôtel de ville. Distance, à nouveau, dans ce récit d'une précision presque clinique. Une foule de gens ont risqué d'être tués, dont la reine, certains ont échappé de peu au massacre, d'autres ont eu la tête tranchée. Elisabeth le signale mais s'abstient de toute effusion. Insistance au contraire sur les vivats de la foule. Elisabeth n'a-t-elle pas mesuré la gravité de la situation ? Croit-elle réellement que les cris de la foule puissent représenter une quelconque certitude ? Plus troublant encore... pas un mot sur le voyage jusqu'à Paris. Cette expédition calamiteuse qui, entre les têtes brandies et les beuglements aux portières, a duré d'interminables heures... _________________ rien que la mort peut me faire cesser de vous aimer
Dernière édition par le Jeu 21 Juin - 10:43, édité 1 fois |
| | | pimprenelle
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| Sujet: Re: lettres de Madame Elisabeth Jeu 21 Juin - 10:42 | |
| Suite :Il n'y a à Paris que le Roi, la Reine, Monsieur, Madame, les enfants et moi. Mes tantes sont à Bellevue. Mon appartement donne dans la cour. Le mercredi, il s'assembla beaucoup de monde sous mes fenêtres qui demandèrent le Roi et la Reine. Je les fus chercher. La Reine parla avec toute la grâce que vous lui connaissez. Cette matinée fit très-bien pour elle. Toute la journée il fallut se montrer aux fenêtres; la cour et le jardin ne désemplissoient pas. A présent il y a moins de monde: la garde nationale y a mis ordre. Le jeudi, il y eut un peu de bruit au Mont-de-piété, parce que l'on avoit mis dans les papiers publics que la Reine avoit dit qu'elle payeroit tout ce qui seroit au-dessous d'un louis; c'étoit l'affaire de trois millions. Vous jugez dans quelle intention ce bruit en avoit été répandu. Il est impossible de mettre plus de grâce et de courage que la Reine n'en a mis depuis huit jours. Tout est tranquille ici. Arrivée de la famille royale à Paris le 6 octobre 1789Ce passage-ci est particulièrement riche. Voici le roi et sa famille installés à Paris, tandis que Mesdames Tantes sont à Bellevue. Face à la foule, Elisabeth sert un moment de public-relation, mais elle n'oublie pas de rendre hommage à la grâce de la reine sitôt que celle-ci entre en scène. Cette matinée fit très-bien pour elle... C'est le genre d'expressions qu'on trouve également sous la plume de Marie Antoinette et de Fersen. Ces quelques mots montrent bien leur état d'esprit : pendant des mois voire des années, entre les Parisiens, Catherine II, Barnave, Gustav III... ils vont essayer de marquer des points. La situation est si fluctuante qu'on peut comprendre leur aveuglement. La foule éclate tantôt en applaudissements, tantôt en insultes. Comment pouvaient-ils y voir clair ? Dans un bain de foule comme la famille royale en a connu aux fenêtres des Tuileries, plus d'une fois, ils ont dû se dire que c'était gagné, que c'était fini... que les choses étaient rentrées dans l'ordre, quoi... Ensuite vient une intéressante explication de l'épisode du Mont-de-Piété, que les historiens nous présentent unanimement comme une bourde monumentale de Marie Antoinette. Selon Elisabeth, c'est un coup monté. Un bruit qu'on a fait courir pour les affaiblir encore... Pourquoi pas ? C'est la première fois que je lis cette interprétation, mais je trouve qu'elle tient la route... ... mais, bien sûr, ça ferait déjà la deuxième enroule dénoncée par Elisabeth... _________________ rien que la mort peut me faire cesser de vous aimer
Dernière édition par pimprenelle le Jeu 14 Aoû - 5:57, édité 1 fois |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: lettres de Madame Elisabeth Jeu 21 Juin - 11:00 | |
| - pimprenelle a écrit:
- Nous marchâmes entourés de toute la garde nationale, de plusieurs gardes du corps à pied, qui avoient troqué leurs chapeaux contre des bonnets de grenadiers. Je reviens souvent à eux, et toujours avec plaisir, parce qu'il est impossible d'avoir une conduite plus parfaite. Ce sont vraiment des anges.
J'avoue être interloqué par le terme qu'Elisabeth emploie pour définir les gardes nationaux...Peut-être ai-je trop eu tendance à les confondre avec La Fayette, rebaptisé alors, le Général Morphée... Bien à vous. |
| | | pimprenelle
Nombre de messages : 40561 Date d'inscription : 23/05/2007
| Sujet: Re: lettres de Madame Elisabeth Jeu 21 Juin - 11:04 | |
| Suite et fin : Je m'y plais bien plus qu'avec les gens de Versailes. M. de La Fayette s'est parfaitement conduit; la garde nationale aussi. Tout est tranquille. Le pain est en abondance. La Cour est établie presque comme autrefois: on voit du monde tous les jours. Il y a jeu dimanche, mardi et jeudi; dîners en public dimanche et jeudi, et peut-être grand couvert dimanche. Tout cela, mon cœur, ne me déplait point; vous savez que je sais assez m'accommoder de tout. J'ai été bien contente que tu ne fus pas ici la semaine passée. J'ai bien peur que la nouvelle seule de ce qui s'est passé ne fasse mal à ton lait. Sois sûre que je ne te trompe pas en te disant que ta mère, ta tante, moi, tout ce qui t'intéresse se porte bien. Dis à ton mari, de ma part, de se tranquilliser; que l'on ne pouvoit pas prendre un meilleur parti que de venir habiter Paris; que nous y serons toujours mieux que partout ailleurs. Ce n'est pas parce que ma lettre sera lue que je te parle ainsi; non, mon cœur, c'est que je le pense de bien bonne foi. Rappelle à ton mari qu'il me dit, au mois de juillet, que j'étois à peu près la seule qui vit juste dans ce moment. Rappelle lui pour qu'il prenne confiance en ce que je te mande, qui est ma véritable manière de voir. Adieu, mon cœur, donne-moi de tes nouvelles tout de suite. Je t'embrasse et t'aime de tout mon cœur.Alors, quand j'ai lu ça, j'ai cru que j'avais la berlue... Alors qu'on nous a toujours présenté le passage aux Tuileries comme un moment horrible, Elisabeth, elle, affirme tout de go qu'elle s'y sent mieux qu'à Versailles ! Tout est tranquille, insiste-t-elle, et puis, ils n'auraient pas pu prendre de meilleur parti, nulle part ils ne seront mieux qu'à Paris. Quelle est la part de résignation dans ces propos... ? Minime, je dirai... Cette lettre a été écrite par une jeune femme de caractère, qui, comme elle le dit elle-même, est accommodante, mais qui semble aussi avoir opté résolument pour le parti-pris de l'être. Bien sûr, il y a sûrement un effet méthode Coué... mais Elisabeth préférait le calme de Montreuil au train de la cour, elle n'était pas une femme d'intrigues. Il est très possible que, sincèrement, elle se sente mieux aux Tuileries qu'à Versailles. Du reste, une forme de vie curiale s'est organisée, avec sa régularité rassurante. La fin de la lettre donne aussi un paquet d'indications. Elisabeth a conscience que son courrier pourrait être lu. Voilà qui change la donne. Cela dit, dans quelle mesure son récit eût-il été différent dans la liberté totale ? Et puis, l'hypothèse d'une vraie crainte colle moyennement avec les coups-montés qu'elle dénonce plus haut. A priori, je continue à croire qu'elle s'est montrée franche. Le souci de protéger son amie est très touchant. Elle utilise mille subterfuges pour la rassurer, y compris le recours quasi magique à l'intuition de son mari. La force de persuasion qui se dégage de ces lignes parvient jusqu'à nous. par Vigée LebrunAinsi, nous pouvons peut-être trouver une explication à l'apparent détachement d'Elisabeth : protéger Angélique. Oui, mais... pourquoi avoir fait un récit si détaillé, alors ? Ce n'était pas obligatoire... Je me dis donc que la distance est, elle aussi, un parti-pris. Et tout colle bien dans cette lettre : c'est celle d'une jeune femme qui a vécu des choses terribles, mais a décidé de passer au-dessus. _________________ rien que la mort peut me faire cesser de vous aimer
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| | | pimprenelle
Nombre de messages : 40561 Date d'inscription : 23/05/2007
| Sujet: Re: lettres de Madame Elisabeth Jeu 21 Juin - 11:07 | |
| - Citation :
- J'avoue être interloqué par le terme qu'Elisabeth emploie pour définir les gardes nationaux...Peut-être ai-je trop eu tendance à les confondre avec La Fayette, rebaptisé alors, le Général Morphée...
Oui, ça m'avait frappée aussi. Ce n'est vraiment pas le terme adéquat ! Mais Elisabeth insiste, à plusieurs reprises, sur le courage et la loyauté des gardes. Sans doute est-ce dans ce sens qu'il faut entendre ce terme... gardes=anges gardiens... _________________ rien que la mort peut me faire cesser de vous aimer
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| | | pimprenelle
Nombre de messages : 40561 Date d'inscription : 23/05/2007
| Sujet: Re: lettres de Madame Elisabeth Jeu 21 Juin - 17:18 | |
| Marie Antoinette n'a pas vécu les événements avec le même détachement. Elle écrira le 7 octobre à Mercy : Jamais on ne pourra croire ce qui s'est passé dans les dernières vingt-quatre heures. On aura beau dire, rien ne sera exagéré et au contraire tout sera au-dessous de ce que nous avons éprouvé. Pudique mais terrible constatation.
Contrairement aux espoirs que Madame Elisabeth nourrit en écrivant à sa Bombe, la reine, elle, ne parviendra jamais à s'acclimater à la vie aux Tuileries. Quelques mois plus tard, le 29 décembre, elle confie à Madame de Polignac : Vous parlez de mon courage, je vous assure qu'il en faut bien moins dans les moments affreux où je me suis trouvée que de supporter continuellement et journellement notre position ; ses peines à soi, celles de ses amies et celles de tous ceux qui entourent sont un poids trop fort à supporter, et si mon coeur ne tenoit pas par des liens aussi forts à mes enfants, vous et à deux amis que j'ai, souvent, je désirerois succomber.
Elisabeth, Marie Antoinette... deux personnalités différentes, deux ressentis divergents... _________________ rien que la mort peut me faire cesser de vous aimer
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: lettres de Madame Elisabeth Jeu 21 Juin - 20:14 | |
| Merci Pimprenelle pour ces extraits et vos commentaires. Je ne connais pas grand chose, à vrai dire, sur Madame Elisabeth. A ce jour, je n'ai lu qu'un livre qui lui soit exclusivement consacré. Je ne dis pas biographie, car le romancé prend souvent le pas sur le reste. Ainsi dans son " Madame Elisabeth, soeur de Louis XVI", Elisabeth Reynaud cite de nombreux extraits de la correspondance de la princesse. Son style est vraiment à part, très... concret. Je vous propose quelques extraits, je ne sais si les sources sont fiables. Au sujet du départ de Versailles pour les Tuileries , à l'abbé de Lubersac : "Croyez, monsieur, qu'au milieu du trouble et de l'horreur qui nous poursuivent, j'ai bien pensé à vous. Ah ! Monsieur quelles journées que celles du lundi et du mardi ; les cruautés de la nuit ! La reine, au courage incroyable, commence à être mieux vu par le peuple. Mais les gens de Versailles...des monstres sortis des enfers ! Croiriez-vous, monsieur, que tous nos malheurs loin de me ramener à Dieu, me donnent un véritable dégoût pour tout ce qui est prière". A madame de Bombelles, alors qu'elle s'était indignée tantôt que le mari de son amie se soit enrôlé sous la bannière du comte d'Artois : "Je savais, ma petite Bombe, que lorsque tes enfants tombaient malades tu devenais un peu imbécile, mais je ne croyais pas que tu le fus à l'excès de ne plus savoir lire une lettre dans le véritable sens où elle est écrite. Ta princesse n'est point folle, mais comme elle avait la rage dans le coeur lorsqu'elle t'a écrit, elle n'a rien su de mieux que de te mander tout le contraire de ce qu'elle pensait". A la même, toujours depuis les Tuileries et à l'annonce de la mort de Joseph II : "Comme l'Europe va être culbutée ! Je le trouve bienheureux sans cependant envier son sort. Comme j'ai toujours été curieuse, je voudrais voir la fin de cette révolution. Cependant, si le temps des persécutions contre la religion devait revenir, je demanderais au ciel de me faire la grâce de me retirer de ce monde avant, car je ne me sens pas du tout le courage pour les supporter. Il est vrai qu'il y a un proverbe qui dit qu'à brebis tondue Dieu mesure le vent. Tu dois me croire un peu folle. P.S : Comme une bête j'ai jeté ma lettre dans mon bain, heureusement elle peut encore se lire". |
| | | pimprenelle
Nombre de messages : 40561 Date d'inscription : 23/05/2007
| Sujet: Re: lettres de Madame Elisabeth Jeu 21 Juin - 20:28 | |
| Merci de tout coeur ! C'est... très particulier, en effet ! Très coloré, très direct, très brutal, même. Mais, en même temps, je me dis qu'il faut tenir compte de son degré d'intimité avec sa Bombe, la fille de sa gouvernante. Elle se laisse sûrement aller... Merci, en tout cas, pour ces extraits ! Je ne connais pas bien Elisabeth non plus, je découvre... avec voracité (pour rester dans le style concret ! ) _________________ rien que la mort peut me faire cesser de vous aimer
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| | | Chou d'amour Administrateur
Nombre de messages : 31526 Age : 41 Localisation : Lyon Date d'inscription : 22/05/2007
| Sujet: Re: lettres de Madame Elisabeth Jeu 21 Juin - 22:53 | |
| Merci Pim pour cette belle analyse! Elisabeth a un style amusant je trouve, ce mélange du vouvoiement et du tutoiement est particulier et vraiment drôle...Elle ne se perd pas dans des descriptions longues et hasardeuse...elle va vraiment à l'essentiel, au faits, comme tu l'as dit...comme son frère en quelque sorte On retrouve bien dans cette lettre le respect qu'elle avait pour Marie-Antoinette, le respect envers sa dignité et son courage...ça confirme l'avis du Comte de Viel-Castel, qui disait qu'Elisabeth avait du ressentiment pour la Reine à Versailles, mais qu'après elle a fini par comprendre sa grandeur:D Je suis surpris du petit compliment qu'elle fait à Lafayette, quand elle écrit qu'il s'est parfaitement conduit...car lors du 6 Octobre, il a été en dessous de tout...si elle a tenu de tels propos devant Marie-Antoinette, je comprends aussi encore mieux pourquoi il y avait de temps en temps des tensions entre elles...car nous connaissons l'opinion qu'avait la reine pour le Blondinet. _________________ Le capitalisme c'est l'exploitation de l'homme par l'homme. Le syndicalisme c'est le contraire!
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| | | pimprenelle
Nombre de messages : 40561 Date d'inscription : 23/05/2007
| Sujet: Re: lettres de Madame Elisabeth Mer 27 Juin - 18:22 | |
| Une bien jolie représentation de Madame Elisabeth à Montreuil, offerte par un site qui publie et analyse (en anglais) certaines de ses lettres. http://digital.library.upenn.edu/women/wormeley/princess/princess-1-I.html _________________ rien que la mort peut me faire cesser de vous aimer
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| | | Chou d'amour Administrateur
Nombre de messages : 31526 Age : 41 Localisation : Lyon Date d'inscription : 22/05/2007
| Sujet: Re: lettres de Madame Elisabeth Mer 27 Juin - 18:48 | |
| Je crois qu'Elisabeth avait aussi à Montreuil un village de paysans qu'elle avait fait venir non? (Comme le Hameau de Marie-Antoinette) _________________ Le capitalisme c'est l'exploitation de l'homme par l'homme. Le syndicalisme c'est le contraire!
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| | | pimprenelle
Nombre de messages : 40561 Date d'inscription : 23/05/2007
| Sujet: Re: lettres de Madame Elisabeth Mer 27 Juin - 19:32 | |
| Oui, Chou, Louis avait offert à sa petite soeur le domaine de Montreuil. C'est à Marie Antoinette qu'était revenue la joie de le lui présenter. La princesse y recevait comme la reine à Trianon. L'intimité et le retour à la nature, dont on a tant raillé Marie Antoinette, était une vraie fureur, à cette époque. Elisabeth était le bon ange des habitants de Montreuil. Elle faisait distribuer du lait, des oeufs, des produits de son exploitation aux nécessiteux, et elle visitait souvent les gens accompagnée d'un médecin. Son domaine de Montreuil est ouvert au public. J'ignore ce qui est encore en l'état d'origine... http://www.yvelines.fr/environnement/Parc_Elisabeth/img/bg6.jpg Mais les photos donnent envie d'y aller ! Voici une petite biographie bien faite de Madame Elisabeth : http://enviedhistoire.canalblog.com/archives/2006/09/29/2790505.html Nous y apprenons notamment qu'elle était, comme son frère Louis Auguste, douée pour les mathématiques, et qu'elle a même donné des cours au dauphin au temple ! Sinon, c'était une jeune personne à la fois intéressée par la lecture et très active, comme son frère. Aussi ressentira-t-elle cruellement l'enfermement aux Tuileries. _________________ rien que la mort peut me faire cesser de vous aimer
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| | | Chou d'amour Administrateur
Nombre de messages : 31526 Age : 41 Localisation : Lyon Date d'inscription : 22/05/2007
| Sujet: Re: lettres de Madame Elisabeth Mer 27 Juin - 19:52 | |
| La photo montre très bien alors ce coté attentionné d'Elisabeth envers les habitants de Montreuil Je la savais très pieuse, discrète et royaliste, mais j'ignorais qu'elle était si attentionnée avec les villageois. Cela dit...la charité si propre à la Duchesse d'Angoulème lui venait de sa mère mais aussi de sa tante, avec laquelle elle est restée longtemps au Temple, donc ça confirme Elle était aussi très douée pour la broderie! _________________ Le capitalisme c'est l'exploitation de l'homme par l'homme. Le syndicalisme c'est le contraire!
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| | | pimprenelle
Nombre de messages : 40561 Date d'inscription : 23/05/2007
| Sujet: Re: lettres de Madame Elisabeth Mer 27 Juin - 20:04 | |
| Juste ! Les travaux d'aiguilles ! Tapis dit de "Marie-Antoinette", tapis brodé au petit point constitué d'éléments de broderies exécutées par Marie Antoinette et Madame Elisabeth aux Tuileries, puis au Temple ; réunis, montés, bordés sur ordre de la Duchesse d'Angoulême sous la Restaurationhttp://www.photo.rmn.fr/cf/htm/CSearchZ.aspx?o=&Total=43&FP=13764408&E=22S39UWUJ08P6&SID=22S39UWUJ08P6&New=T&Pic=26&SubE=2C6NU0H18VE9 _________________ rien que la mort peut me faire cesser de vous aimer
Dernière édition par pimprenelle le Jeu 14 Aoû - 5:55, édité 1 fois |
| | | Chou d'amour Administrateur
Nombre de messages : 31526 Age : 41 Localisation : Lyon Date d'inscription : 22/05/2007
| Sujet: Re: lettres de Madame Elisabeth Mer 27 Juin - 20:22 | |
| Magifique! Des fleurs campagnardes..typique de ces 2 femmes _________________ Le capitalisme c'est l'exploitation de l'homme par l'homme. Le syndicalisme c'est le contraire!
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: lettres de Madame Elisabeth Jeu 28 Juin - 15:51 | |
| Oui Magnifique, c`est la première fois que je vois ça, merci Pim. dis donc elles avaient des doigts de fées. Fleurdelys |
| | | pimprenelle
Nombre de messages : 40561 Date d'inscription : 23/05/2007
| Sujet: Re: lettres de Madame Elisabeth Lun 3 Sep - 12:13 | |
| Une gravure représentant Madame Elisabeth écrivant au Temple : _________________ rien que la mort peut me faire cesser de vous aimer
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| | | Chou d'amour Administrateur
Nombre de messages : 31526 Age : 41 Localisation : Lyon Date d'inscription : 22/05/2007
| Sujet: Re: lettres de Madame Elisabeth Lun 3 Sep - 19:02 | |
| Waaaa! Je ne l'avais jamais vue celle-ci! Elle est émouvante. _________________ Le capitalisme c'est l'exploitation de l'homme par l'homme. Le syndicalisme c'est le contraire!
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| | | pimprenelle
Nombre de messages : 40561 Date d'inscription : 23/05/2007
| Sujet: Re: lettres de Madame Elisabeth Lun 3 Sep - 19:35 | |
| Ca vient d'ebay. Attends, je vais te la mettre en plus grand : _________________ rien que la mort peut me faire cesser de vous aimer
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| | | Chou d'amour Administrateur
Nombre de messages : 31526 Age : 41 Localisation : Lyon Date d'inscription : 22/05/2007
| Sujet: Re: lettres de Madame Elisabeth Lun 3 Sep - 19:50 | |
| Ah merci! _________________ Le capitalisme c'est l'exploitation de l'homme par l'homme. Le syndicalisme c'est le contraire!
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| | | pimprenelle
Nombre de messages : 40561 Date d'inscription : 23/05/2007
| Sujet: Re: lettres de Madame Elisabeth Lun 3 Sep - 19:52 | |
| De rien ! Par contre, je n'ai pas d'info sur l'auteur de la gravure. _________________ rien que la mort peut me faire cesser de vous aimer
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| | | Chou d'amour Administrateur
Nombre de messages : 31526 Age : 41 Localisation : Lyon Date d'inscription : 22/05/2007
| Sujet: Re: lettres de Madame Elisabeth Lun 3 Sep - 19:54 | |
| Par Fonenier _________________ Le capitalisme c'est l'exploitation de l'homme par l'homme. Le syndicalisme c'est le contraire!
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| | | pimprenelle
Nombre de messages : 40561 Date d'inscription : 23/05/2007
| Sujet: Re: lettres de Madame Elisabeth Lun 3 Sep - 19:59 | |
| Fo... Quoi?! Et, moi, comme c'est un nom qui ne me dit rien, je l'avoue... ni à google... _________________ rien que la mort peut me faire cesser de vous aimer
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| | | Chou d'amour Administrateur
Nombre de messages : 31526 Age : 41 Localisation : Lyon Date d'inscription : 22/05/2007
| Sujet: Re: lettres de Madame Elisabeth Lun 3 Sep - 20:36 | |
| Je lis bien Fonenier, même si effectivement c'est moins clair _________________ Le capitalisme c'est l'exploitation de l'homme par l'homme. Le syndicalisme c'est le contraire!
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