Marie-Antoinette voulait-elle retourner à Vienne?

Beauchesne rapporte un conversation entre Michonis et Marie-Antoinette, qui eut lieu vers le mois de Juin 1793, je le cite :

"De service à la tour, Michonis donna à Marie-Antoinette des renseignements sur ce qu'il venait de se passer, essayant de la rassurer sur les intentions des Montagnards, qui, bien que victorieux, n'oseraient point, disait-il, la mettre en jugement; et comme il ajoutait qu'elle serait probablement réclamée par l'Empereur :
"Que m'importe! répondit la Reine avec une douleur calme et froide; à Vienne, je serais ce que je suis ici, ce que j'étais aux Tuileries; mon unique désir est de me réunir à mon mari lorsque le Ciel jugera que je ne suis plus nécessaire à mes enfants.""

J'imagine que Beauchesne prend sa source chez Michonis, mais cette réplique de Marie-Antoinette ne me disait rien
Je ne sais pas trop qu'en penser, dans le sens où elle remet en cause la volonté ou le souhait de Marie-Antoinette d'être exilée, à moins qu'elle n'ait changé d'avis par la suite, ce qui est possible...sa volonté de s'évader de la Conciergerie tend aussi à croire qu'elle ait changé d'avis entre temps, si Beauchesne dit vrai :s:

Je ne connaissais pas l'anecdote non plus. On peut s'interroger sur sa véracité, d'autant plus qu'elle reprend une réplique assez connue de la reine. Hagiographie ?

Pourtant, je ne trouve pas ce récit réellement en opposition avec le désir que Marie Antoinette exprime ailleurs d'être exilée ou déportée. Elle a dû en effet passer par une foule de moments et de sentiments contradictoires. Elle peut donc tantôt souhaiter rentrer en Autriche, tantôt... succomber, comme elle l'écrit à "la plus tendre des amies".

De quelle réplique connue parles-tu? le passage avec le Ciel?

Oui je pense aussi que Michonis doit dire vrai, dans le sens où j'imagine bien Marie-Antoinette changer d'avis entre temps, tant les événements se bousculant à un vitesse folle :s:

Mais cette idée qu'elle ait "peur" de se retrouver quasi prisionnière à Vienne est intéressante, car la question mérite de se poser...

Je crois également à la sincérité de cette histoire. Marie-Antoinette devait se préparer à la mort, elle devait la sentir, la pauvre à présent si seule. Mais elle pensait avant tout comme une mère, et elle acceptait la vie seulement pour ses enfants, car nul doute qu'elle était une honorable maman.

Je pense qu'elle raisonnait effectivement principalement ainsi, vis à vis de ses enfants, ces derniers étant son seul bonheur (elle même le disait).
Mais à partir de quansd était-elle vraiment prête à mourir? En Juin 1793 ça me surprendrait, dans le sens où après quelques mois, une fois à la Conciergerie elle a tenté de s'évader de sa cellule avec la fameuse conjuration de l'oeillet, ce qui montre qu'elle voulait encore tout tenter pour échapper à ses tortionnaires.
La seule possibilité, si l'anecdote de Beauchesne est juste, est qu'elle ait changé d'avis entre temps, qu'en Juin 1793 aucune possibilité d'évasion ne lui venait à l'esprit d'autant plus qu'elle avait ses enfants avec elle, mais qu'une fois seule et avec la possibilité de s'évader, elle ait eu envie de tenter le coup

Par contre sa réplique quant à sa situation probable à Vienne est intéressante...ne faisait-elle pas confiance à son neveu François II? Ce serait compréhensible

A moins qu'elle n'ait tenu des propos contradictoires, parce qu'elle changeait d'avis en fonction des circonstances et de ce qu'elle ressentait. Un moment d'espoir, suivi de désolation... ce serait bien normal, avec tous ces chocs successifs.

Oui je pense aussi que c'était le cas. Au fond d'elle même elle devait espérer ou attendre des solutions, mais si les opportunités ne se présentaient pas elle se résignait :s:

Et elle passait d'un sentiment à l'autre, comme toujours, quand on vit une situation très difficile et très angoissante.

Ce sont d'ailleurs ces passages de grandes déprimes, d'espérances et de désillusions qui ont fait le plus de mal à Marie-Antoinette :s:

La château où est née Marie-Antoinette à Vienne :


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C'est la Hofburg (le plus grand palais de la ville de Vienne), qui était la résidence d'hiver des Habsbourg.