Les "Maisons de Bois" de Marie Antoinette et autres constructions provisoires

j'ouvre ici un nouveau sujet car je sais pas s'il a déjà été évoqué

Ce sont les fameuses constructions adventices que Marie Antoinette accolait au Château de Versailles.

En 1787, dans l’une des éphémères « Maisons de Bois » de la Reine à Versailles, il est à signaler que la Salle de Bal était séparée du Salon des Jeux par une seule glace de verre cristallin, entre deux colonnes, contre laquelle tant de gens se cognaient. Vous l’avez compris, devant pareil accident, on décida de poster un soldat des Gardes Françaises en faction devant.

Ce ne sont pas les petites constructions en bois qui servaient aussi lors de soirées, et qui étaient juxtaposées à des pièces existantes pour accueillir plus de monde?

Ces petites maisons de bois étaient sur le parterre du midi. Effectivement l'on y dansait, l'on y mangeait, le Roi y avait une pièce de repos et je crois même que la Reine y avait un billard. Mais cela il faut que je vérifie. En tous cas ces maisons de bois furent employées pour construire la salle des états généraux.

Oui, je pense avoir lu cela, comme vous Messieurs, peut-être bien dans Pierre de Nolhac .

J'ai lu aussi que ces maisons, quoique construites pour être provisoires, étaient de véritables petits miracles de beauté et de confort.

Chère Pim il ne faut pas oublier qu'elles étaient construites pour les bals de la Reine. Luxe, beauté, confort étaient le moins que Papillon de la Ferté pouvait faire.

Le comte d’Hézecques nous décrit très bien ces petites constructions éphémères dressées pour les bals.

• C’était le roi qui les donnait à la reine les mercredis de chaque semaine, depuis le commencement de l’année jusqu’au carême. Dans la partie du château située à gauche de la cour royale, était une ancienne salle de spectacle que ses étroites dimensions avaient fait abandonner. C’était là que se donnait la fête. On y ajoutait plusieurs de ces pavillons de bois conservés à l’hôtel des Menus-Plaisirs, et qui, dressés en peu d’instants, décorés en quelques heures, formaient des palais ambulants. La distribution changeait souvent, et la salle de 1786 se fit surtout remarquer par son élégance
  
  On entrait d’abord dans un bosquet de verdure garni de statues et de buissons de roses, et terminé par un temple ouvert où était le billard. La verdure un peu sombre du bosquet rendait plus éclatante l’illumination du billard. À droite, de petites allées conduisaient dans la salle de danse et dans celle du jeu ; et pour conserver aux joueurs le tableau de la danse sans laisser évaporer la chaleur de ce beau salon, on avait clos une des portes par une énorme glace sans tain, transparente au point qu’il fallait y placer un suisse en sentinelle pour empêcher quelques maladroits de vouloir passer à travers. La salle du bal était un carré long dans lequel on descendait par quelques marches. Tout autour régnait une galerie qui laissait la liberté de circuler sans nuire à la danse, qu’on pouvait examiner entre les colonnes ; c’était même de là que les personnes non présentées et admises dans les loges qui entouraient la salle en avaient la vue, et les pages avaient soin de leur y faire porter des rafraîchissements.
  
  À l’autre extrémité de la salle de danse était le buffet, qui terminait la perspective de la salle de jeu. Il était placé dans une demi-rotonde. D’énormes corbeilles de fruits et de pâtisseries séparaient de grandes urnes antiques remplies de liqueurs, dont les couleurs s’apercevaient au reflet des lumières. Quatre coquilles de marbre contenaient des jets d’eau, qui jaillissaient toute la nuit et répandaient une douce fraîcheur dans la salle de danse, tandis que de nombreux tuyaux de calorifères échauffaient les autres appartements. Rien n’était oublié.
  
  « Souvenirs d’un page de la cour de Louis XVI »

Bien que j'aime Marie-Antoinette par-dessus tout, il reste toujours en moi un vieux fonds prolétaire qui s'étonne.

C'est tout a fait normal Pim. Vous réagissez en digne fille de votre siècle. Remontons le temps.

la Reine fait construire en plusieurs étapes le Hameau. Mais l'intérieur de ce village charmant est idyllique et d'un luxe infini. La Maison de la Reine est ornée de rideaux en brocard de soie, siège, meuble, etc viennent des plus grands ébénistes. C'était alors Son quotidien, il en va de même pour ces "maisons de bois". on sait que par la suite Elle devra se contenter de beaucoup moins de luxe, jusqu'à l'extrême pauvreté. Mais cela est une autre histoire.

Il ne m'étonne pas du tout que l'intérieur des maisons du hameau soient très raffiné. Je trouve le contraste plein de charme.

J'ai toutefois plus de mal avec les constructions de bois. Sans doute parce qu'elles n'étaient pas faites pour durer. Tant de luxe pour du provisoire m'étonne un peu.

Moi je ne suis pas étonnée. Tout ce qui était fait pour Marie-Antoinette était le must du must du raffinement ! Dés lors, comment ces petites maisons de bois auraient-elles pu être autrement ?

Mais, oui, je sais... Cependant, j'avoue que, pour du provisioire, ça me gène un peu...

Séance psy Pim

Qu'est ce qui vous gêne ? Analysons la situation.

Le luxe tapageur ? C'est quand même donner du travail a des artisans, brodeurs, tapissiers, menuisiers, plombiers etc...

L'éphémère ? parce que construit pour quelques fêtes, ce doit être "baclé". On est chez le Roi quand même.

Je ne suis pas sûr qu'aujourd'hui et j'en suis même certain la même chose est faite. Les réceptions données par l'Élysée ou les ministères sont grandioses. On est dans l'apparat, c'est la grandeur de la France qui est en jeu. C'est la quintessence de notre culture.

Non moi cela ne me choque pas. Évidemment quand on pense à l'argent déboursé cela fait frémir et l'on se dit que cet argent pourrait contribuer à faire autre chose. En avaient-ils conscience ?

Oh, Monsieur de Freud...   Parfois, en effet, je me dis que je suis toujours au stade des trois petits cochons...   J'ai du mal avec les constructions en bois.

J'ai aussi fait l'analogie entre ces décors et ceux de la scène du théatre de Marie-Antoinette : des décors "simples" en trompe-l'oeil qui peuvent être très élaborés quand même  

Je me souviens avoir entendu une conférence, lors du colloque de Novembre 2005 organisé par l'association Marie-Antoinette, qui avait pour sujet ces pièces, il est vrai que ces petites maisons de bois juxtaposables à souhait sont de petites merveilles, et d'une souplesse vraiment adaptée aux besoins.  

Ces maisons de bois servirent-elles aussi à Trianon lors des fêtes ? Je pense à l'une d'elles pendant laquelle les princesses et les dames étaient "déguisées" en marchandes ? Les maisons disposées comme la place d'un village ?.....

Je ne crois pas non plus que ces maisons de bois aient été utilisées à Trianon, car les soirées qui pouvaient s'y passer se faisaient surtout dans le jardin, à l'air libre

Mais ces maisons avaient l'avantage non négligeable d'agrandir momentanément et facilement des pièces surchargées de monde!

Ce sont des constructions que nous ne connaissons pas assez. Qui sont des merveilles mais éphémères.

Oui je confonds avec l'inauguration du Belvédère en 1777......
Mr de Nolhac ne parle que de " baraques, de berceaux de treillages , un décor de place publique planté sur la pelouse avec bornes, fontaines, boulangerie, pâtisserie, rôtisserie, et une guinguette", d'un "cabinet de comus " et d'un "théâtre en plein vent ".
cordialement

Oui, la galerie de bois qui prolonge l'appartement de Mme de Polignac, et abrite le billard, est bien connue.  Le duc de Lévis et le comte de Pontécoulant, par exemple, la mentionnent.  C'est certainement dans cette pièce de bois, qu'il faut situer la fameuse scène de colère de Vaudreuil brisant la plus belle queue de billard de Marie-Antoinette dans un geste malencontreux !
Ce que je trouve le plus fascinant, c'est la reconstitution en papier boulli, plâtres dorés au cuivre, pampilles de verroterie ( etc ...) tellement parfaite que l'on jurerait, le nez dessus, que c'est du vrai !!!!!!!    Sidérant !!!!!!!!

Il n'y a pas eu de constructions légères au HAMEAU - ces maisons servaient surtout autour du château et elles étaient démontées et conservées dans l'hôtel des menus plaisirs et certains morceaux ont servis lors de la construction de la salle des états généraux dans ce même hôtel où se trouve toujours la fosse et donc l'emplacement !!!!

Pour les amateurs, je conseille de lire le journal de PAPILLON DE LA FERTE qui vous montrera comment cet homme devait jongler avec les demandes de la Reine et ses "caprices " sans oublier la sécurité !!!!!!!!
ce livre n'est pas courant dans le commerce et il est assez coûteux, mais il se trouve dans les grandes bibliothèques à consulter.

Bonne journée                          MARIE ANTOINETTE  

Oui, ce livre est vraiment une mine !
Pauvre Papillon, quelle vie terrible il avait !

MARIE ANTOINETTE a écrit:

elles étaient démontées et conservées dans l'hôtel des menus plaisirs et certains morceaux ont servis lors de la construction de la salle des états généraux dans ce même hôtel où se trouve toujours la fosse et donc l'emplacement !!!!
eventail:

Ouf ! les maisons de bois étaient en quelques sortes amovibles, démontables, rangeables pour servir à nouveau. Elles avaient donc une certaine pérennité ! De telles merveilles ! cela me rassure !!!
Tout de même , on imagine que Papillon ne savait où donner de la tête !!! Il avait bien du mérite !!!

MARIE-ANTOINETTE a écrit :

Citation :

Pour les amateurs, je conseille de lire le journal de PAPILLON DE LA FERTE qui vous montrera comment cet homme devait jongler avec les demandes de la Reine et ses "caprices " sans oublier la sécurité !!!!!!!!

Bonne remarque! J'imagine en effet que ça n'était pas évident de gérer les deux

Trouvé sur le site de la RMN,


Plan au sol pour un projet de construction éphémère de la fin du XVIIIème siècle.


Et voici l'opéra rajouté au château de Chantilly à la fin du XVIIIe siècle.

J'imagine bien la scène lors de l'ouverture ; les comédiens arrivent, avec Papillon, les machinistes... l'architecte présente tout fier son projet, et là, il y a un trouble fête qui pose la question, innocement ; "Mais où sont nos loges ?". L'architecte palis, "Ouuuuups !" Et Papillon, désabusé, allonge sa liste de frais et de soucis !