Le Boudoir de Marie-Antoinette

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 05 octobre 1789: Les Parisiennes réclament du pain

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yann sinclair

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MessageSujet: 05 octobre 1789: Les Parisiennes réclament du pain   05 octobre 1789: Les Parisiennes réclament du pain Icon_minitimeMar 6 Fév - 14:30

Lundi 05 octobre 1789
St Placide et ses compagnons

Les Parisiennes réclament du pain


Initialement, la journée du 5 octobre débuta par un rassemblement sur la place de Grève, devant l'Hôtel de Ville de Paris, pour interpeller la Commune de Paris, notamment sur une disette de pain qui touchait Paris. L’Hôtel de Ville fut d’ailleurs envahi jusqu’à l’arrivée de la garde nationale parisienne, menée par La Fayette. Puis un appel fut lancé afin de faire part de ces revendications directement auprès du Roi et de l'Assemblée constituante. C’est ainsi qu’une foule de plusieurs milliers de personnes, majoritairement composée de femmes, se mit en marche vers Versailles. Elles furent suivies par d'autres groupes armés, puis plusieurs heures plus tard, par 15 000 à 20 000 hommes de la milice nationale.

Ces demandes étaient autant frumentaires (demande de pain, auquel le Roi répondit favorablement (Une des hypothèses étant qu'elles ont pu brûler dans l'incendie de l'Hôtel de Ville sous la Commune, mais cela reste improbable : aucun historien ne les mentionne avant cette date.) que politiques : exigence de ratification des décrets relatifs à la constitution et à la déclaration des droits, auquel le roi se plia dans la soirée (Archives nationales, C31 (263)-10), remplacement des gardes du corps du roi par la Garde nationale, exigence de port de la cocarde et, exigence d’installation du roi et de sa famille à Paris.

Sur ce dernier point, le Roi se laisse la nuit pour réfléchir. Il accepte toutefois que la surveillance extérieure du château de Versailles et sa sécurité ne soient plus assurées par les gardes suisses mais par la garde nationale, commandée par La Fayette.

Mais le 6 octobre, à l'aube, le château est envahi par un groupe plus revendicatif. La Fayette, en retard, est incapable d'empêcher son invasion meurtrière (deux gardes chargés de la protection des appartements de la reine Marie-Antoinette, principalement visée par l’invasion du palais, sont tués). En fin de matinée, le roi et sa famille quittent Versailles pour Paris, escortés par la foule. La famille royale sera désormais installée au Palais des Tuileries. L'Assemblée constituante y sera appelée quelques jours plus tard, le 19 octobre.

Ces journées ont pour conséquence immédiate le déplacement du centre politique de la France de Versailles à Paris. Elles ont aussi été marquées par la ratification par le roi de la Déclaration des droits de l’Homme et du principe de la Constitution. À plus long terme, elles ont contribué à consacrer une certaine volonté populaire dans la Révolution tandis que pour d’autres commentateurs ces journées annoncent la Terreur (Hippolyte Taine, Les Origines de la France contemporaine, 2e partie, La Révolution, Livre 1, Paris, Hachette, 1904 (lire en ligne [http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb38966601q]), p. Chap. IV, no 5 et 6.). Quoi qu’il en soit, elles marquent un nouveau pas dans l’affaiblissement du pouvoir royal

Controverses sur les sources

Malgré leur importance, les conditions et le déroulement de ces deux journées restent relativement mal connus, principalement par manque de sources. En effet, l'intégralité des sources manuscrites d'époque sur le sujet ont disparu, dans des conditions inconnues. Les événements de ces deux journées ont fait l'objet d'une instruction en vue d'un procès pour crime de lèse-nation (dont les archives ont été également perdues), instruite au Châtelet (Procédure criminelle instruite au Châtelet de Paris sur la dénonciation des faits arrivés à Versailles dans la journée du 6 octobre 1789, imprimé par ordre de l'Assemblée, Imprimerie nationale, 1790 reproduction en ligne sur Gallica [http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k405872]). Les auditions s'étalent du 11 décembre 1789 au 20 avril 1790, relayées par le Moniteur et l'information sera imprimée le 19 septembre 1790 (Philippe Égalité: « Grand Maître » de la Révolution, Hubert La Marle, Paris, NEL, 1989 (ISBN 2-7233-0383-7), p. 434). Dès leur publication, ces témoignages font l'objet de vives critiques et de controverses: s'y mêlent des témoignages de personnes qui n'ont pas vécu l'événement et de très nombreuses rumeurs, les acteurs populaires et les femmes sont sous-représentés. Cette procédure fait l'objet d'un rapport à l'Assemblée, dirigé et présenté par le député Chabroud (Rapport de la procédure du Châtelet sur l'affaire des 5 et 6 octobre, fait à l'Assemblée nationale par M. Charles Chabroud, membre du Comité des rapports, imprimé par ordre de l'Assemblée, Imprimerie nationale, 1790). Ce rapport apporte des témoignages supplémentaires, et analyse méthodiquement la procédure. Il se montre à ce sujet très critique des enquêteurs du Châtelet (il s'agit d'une des dernières enquêtes de cette institution qui est supprimée fin 1790). Ce rapport a pour principal objectif de décider si Mirabeau et surtout le Duc d'Orléans, qui font tous les deux l'objet de beaucoup de rumeurs et d'accusations à l'époque, doivent être inculpés pour avoir organisé les journées d'octobre : le rapport conclut à leur innocence. Ce rapport sera lui-même vivement critiqué, en particulier par Jean-Joseph Mounier, Président de l'Assemblée les 5 et 6 octobre (il est émigré à Genève lorsqu'il publie ses objections contre le rapport) (Appel au tribunal de l'opinion publique, du rapport de M. Chabroud, et du décret rendu par l'assemblée nationale, le 2 octobre 1790. Examen du mémoire du duc d'Orléans et du plaidoyer du comte de Mirabeau, et nouveaux éclaircissements sur les crimes du 5 et du 6 octobre 1789, Genève, 1790).

05 octobre 1789: Les Parisiennes réclament du pain 133_al10
Jean-Joseph Mounier président à l'Assemblée Nationale le 5 et le 6 octobre 1789. (Alexandre Debelle, XIXe siècle)

D’autres témoins relatèrent leur version de ces évènements et seront contradictoires, surtout lorsqu’ils sont publiés plusieurs années après les faits, notamment sous la Restauration, soit vingt à trente ans après les faits. Parmi les plus célèbres, il faut mentionner:

   Louis XVI dans son « testament politique », laissé au Tuileries pour expliquer son départ de la capitale en 1791 (cf. l'épisode de la fuite de Varennes), est revenu sur ces deux journées (Déclaration de Louis XVI à tous les Français, à sa sortie de Paris).
   La Fayette qui a rédigé deux récits de ces journées dans ses mémoires.
   Jean-Joseph Mounier, président de l’Assemblée Constituante au moment des faits et qui accompagna la première délégation de femmes vers le roi et qui demanda la signature des décrets de ratification de la déclaration des droits.
   Condorcet,
   Madame Campan, première dame de chambre de Marie-Antoinette, un des témoignages les plus connus (Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, Reine de France, tome second, Paris, Baudouin frères, 1823, 3e édition, p. 77 et suivantes [lire en ligne [https://books.google.fr/books?id=ubtBAAAAcAAJ&pg=PP7&dq=inauthor:%22Jeanne-Louise-Henriette+Campan%22&lr=lang_fr&as_drrb_is=b&as_minm_is=0&as_miny_is=1000&as_maxm_is=0&as_maxy_is=1950&num=100&as_brr=1&source=gbs_selected_pages&cad=3#v=onepage&q&f=false]]) (ses mémoires n'ont été publiés qu'en 1823 et elle dit elle-même qu'elle n'était pas présente au moment des faits mais retranscrit les propos de sa sœur, qui assistait la Reine lors de cette funeste matinée. C'est ce témoignage qui sera le plus repris par la petite histoire).
   Laurent Lecointre, Lieutenant Colonel et commandant de la première division de la garde nationale de Versailles, qui publiera son témoignage par la suite (Déclaration de M. Lecointre, négociant, lieutenant-colonel-commandant la première division de la garde-nationale de Versailles, au Comité de recherches de la municipalité de Paris, avec toutes les pièces justificatives: et sa réponse au discours prononcé par M. de Bonnay, sous-lieutenant des gardes-du-corps, à la tribune de l'Assemblée nationale, à la suite du rapport fait par M. Chabroud, de la procédure du Châtelet sur l'affaire des 5 et 6 octobre 1789, 1790, De l'Imprimerie de la veuve Delaguette. Ce témoignage a d'abord été relevé pour le rapport Charbroud, il est donc aussi disponible dans la version publiée de ce rapport (cf infra), ainsi que dans les procès-verbaux de l'Assemblée : Procès-verbal de l'Assemblée Nationale, Volume 32, Baudouin, 1790 reproduction en ligne sur Google Books, ouvert ici à la page 139, aux Pièces justificatives du rapport Chabroud [https://books.google.fr/books?id=betIAAAAcAAJ&pg=PA139&dq#v=onepage&q&f=false]).
   Saint-Priest (premier ministre de l'intérieur, celui-là même qui a été à l'initiative du mouvement du régiment de Flandres à Versailles (voir ci-dessous), qui logeait à Versailles ce soir là et qui poussa à l’extraction du roi de Versailles)(Saint-Priest, François-Emmanuel Guignard de, Mémoires. Règnes de Louis XV et de Louis XVI. La Révolution et l'émigration ([Reprod.]); publ. par le baron de Barante, Paris, Calmann-Lévy, 1929 (lire en ligne [http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb372611264])).
   Dumas,
   Mme de La Tour du Pin, (dame d'honneur de la Reine)

Ces deux journées d'évènements ont aussi suscité de nombreux commentaires, notamment parmi les historiens « politiques » de la Révolution française (comme Thiers, Jaurès, Marx ou Taine)

Enfin, Michelet dans son Histoire de la Révolution française (commandée par le Roi Louis-Philippe (Histoire de la Révolution, tome premier, Paris, Librairie internationale, 1869, p. 300 Histoire de la Révolution )) en fait un moment clé de la Révolution. De cette version, on retient, comme l'exprime Jean Tulard, « les émeutes de la faim (La Révolution française, Jean Tulard, Pierre Gaxotte, janvier 1988, Complexe édition) »


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MessageSujet: 05 octobre 1789:   05 octobre 1789: Les Parisiennes réclament du pain Icon_minitimeJeu 8 Mar - 11:36

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MessageSujet: 05 octobre 1789: Marie-Antoinette est mécontente   05 octobre 1789: Les Parisiennes réclament du pain Icon_minitimeJeu 8 Mar - 11:37

Lundi 05 octobre 1789
St Placide et ses compagnons

Marie Antoinette est très mécontente du décret qui innocente le duc d’Orléans au sujet des journées du 5 et 6 octobre 1789

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MessageSujet: 05 octobre 1789: chevalier de Miomandre de Sainte-Marie   05 octobre 1789: Les Parisiennes réclament du pain Icon_minitimeJeu 8 Mar - 11:49

Lundi 05 octobre 1789
St Placide et ses compagnons


05 octobre 1789: Les Parisiennes réclament du pain 20953111

Après les journées des 5 et 6 octobre 1789, l’un des gardes du corps, le chevalier de Miomandre de Sainte-Marie, assassiné à la porte de l’appartement de la Reine, à Versailles, et laissé pour mort, est comme ressuscité.

Ses blessures n’étaient pas mortelles.

Son crâne a été enfoncé d’un coup de crosse, et a été trépané.

Dans les premiers moments de sa convalescence, il est appelé aux Tuileries où il a été accueilli et embrassé par le Roi.

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MessageSujet: 5 octobre 1789: l'Hôtel de Ville de Paris...   05 octobre 1789: Les Parisiennes réclament du pain Icon_minitimeJeu 8 Mar - 12:21

Au matin du 5 octobre: l'Hôtel de Ville de Paris...

05 octobre 1789: Les Parisiennes réclament du pain 133_al11
La marche des femmes le 5 octobre 1789. Sur la droite, on aperçoit une bourgeoise entraînée par l'une des manifestantes

Au cours de la matinée du 5 octobre, des femmes commencent à se réunir sur la place de l'Hôtel de Ville (la place de Grève) dès sept heures.

On ignore les circonstances exactes qui ont mené à ce rassemblement.

Cependant, il y a plusieurs hypothèses.

Au moins un boulanger a été traîné de force à l'Hôtel de Ville, accusé de vendre son pain trop cher et là, la foule demandait sa punition.((en) Simon Schama, Citizens: A Chronicle of the French Revolution, 1989, Vintage Books/Random House, p. 518. Voie aussi: Procédure criminelle instruite au Châtelet: témoignage 35)

La manifestation pourrait alors être l'expression impromptue d'un mécontentement qui bout depuis le début du mois de septembre (le 5 octobre est le jour où le pain est le plus cher de toute l'année 1789)

Par ailleurs, il y a eu des motions au Palais Royal dans les jours précédents, ainsi qu'une première tentative de le 30 août de marcher sur Versailles, par le Marquis de Saint-Huruge.(Hubert La Marle, Philippe Égalité, « grand maître » de la Révolution: le rôle politique du premier Sérénissime Frère du Grand Orient de France, Nouvelles Éditions Latines, 1989 p. 308. Voir aussi Réclamation en faveur du Mis. de Saint-Huruge, 1789 https://archive.org/details/rclamationenfa00desm [https://archive.org/details/rclamationenfa00desm])

Certaines motions sont attribuées à des femmes (http://frda.stanford.edu/fr/catalog/nn067jg2424 [https://frda.stanford.edu/fr/catalog/nn067jg2424]).

La veille était un dimanche, un jour propice pour que les femmes se réunissent et discutent d'une éventuelle manifestation.

D'autre part, la majorité de femmes présentes sont des Dames des Halles: elles appartiennent à une corporation, elles ont donc l'habitude de s'organiser. De même, les femmes des Halles disposent d'un rôle très précis dans la société d'Ancien-Régime.

Elles ont l'habitude d'aller voir le roi en procession et d'être reçues par lui, soit pour présenter des doléances, soit pour présenter leurs compliments.

Elles sont considérées alors comme représentantes officielles du peuple de Paris (Haïm Burstin, Révolutionnaires, Vendémiaire, 2013).

La configuration politique ayant changé au cours de 1789, il est possible qu'elles aient considéré le recours à la Commune de Paris (qui siège à l'Hôtel de ville) comme le nouveau chemin légal avant d'aller voir le roi.

Étant chargées de l'approvisionnement de la capitale, il paraît relativement crédible qu'elles aient décidé que les requêtes et les plaintes concernant la disette de pain devaient passer par elles.

Une autre analyse souligne aussi que la peur de la montée de la contre-révolution a pu jouer un rôle dans l'implication des femmes.(Kerstin Michalik, Kerstin Michalik, Der Marsch der Pariser Frauen nach Versailles am 5. und 6. Oktober 1789. Eine Studie zu weiblichen Partizipationsformen in der Frühphase der Französischen Revolution, Pfaffenweiler, 1990. CR en ligne en français : http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahrf_0003-4436_1991_num_286_1_1468_t1_0579_0000_3 [http://www.persee.fr/doc/ahrf_0003-4436_1991_num_286_1_1468_t1_0579_0000_3])

Les femmes réunies sur la place sont de plus en plus nombreuses.

Elles commencent par réclamer de voir les représentants de la Commune, le maire Bailly, et le général La Fayette.

Aucun n'est là, et on refuse de les laisser rentrer.

Elles forcent le passage et pénètrent en nombre dans l'Hôtel de Ville. Les témoignages sur ce qui s'est passé, et à quel moment, dans l'Hôtel de Ville, sont contradictoires.

Un arsenal a été forcé, et près de six cent armes volées, mais rien ne permet de savoir si les armes ont été volées par des femmes ou des hommes, si elles ont été volées par les femmes qui ont organisé la première marche ou pour les suivantes, ni quels type d'armes ont été volées.

Les femmes de la première marche avaient des piques, mais pas de fusils, par contre lors des marches suivantes, certains manifestants avaient des fusils.

Les témoins mentionnent par ailleurs que des prisonniers ont été libérés des geôles du Châtelet ou des geôles de l'Hôtel de Ville.

Il s'agissait probablement de prisonniers arrêtés pour vagabondages (On sait peu de choses concrètes au sujet de ces prisonniers).

Il n'est pas prouvé qu'en dehors de l'Arsenal, l'Hôtel de Ville ait été vandalisé.

Au son du tambour et du tocsin (à la fois le tocsin de l'Hôtel de ville sonné par les femmes et le tambour de la garde nationale appelant les soldats à se réunir), une foule de curieux autant que de manifestants se dirige vers la place et l'Hôtel de Ville qui ne désempliront pas de la journée.

La Fayette n'arrive que vers quatorze heures et Bailly, le maire de Paris, pas avant 16 heures.

Ils maintiennent un semblant de calme. La Fayette refuse d'emmener la garde nationale parisienne à Versailles sans un ordre légal de la Commune qu'il n'obtiendra pas avant la fin d'après-midi: le Général et ses 10 000 hommes ne quittent Paris qu'à dix-sept heures.

05 octobre 1789: Les Parisiennes réclament du pain 133_al12
Itinéraires connus et supposés des marches du 5 octobre - Carte retouchée tirée de l’Atlas de la Révolution Française, t. 11: Paris, édité par Serge Bonin, Émile Ducoudray, Alexandra Laclau, Claude Langlois, Raymonde Monnier, Daniel Roche

La marche des femmes

Vers dix heures du matin, alors qu'il pleut depuis l'aube, un premier groupe de plusieurs milliers de femmes décident de partir pour Versailles pour aller voir le roi. Leur nombre au départ est inconnu, mais elles sont estimées à plusieurs milliers à l'arrivée; beaucoup de ces femmes ont été « recrutées » en route. Les gravures ou encore les témoignages comme celui du libraire Hardy dans son journal ( « Mes loisirs, ou Journal d'évènemens tels qu'ils parviennent à ma connoissance », par le libraire parisien S.-P. HARDY. (1764-1789). Tome VIII Années 1788-1789 p. 502: « (...) plusieurs milliers de femmes après avoir racollé (sic) toutes les femmes qu'elles rencontraient sur leur passage, même les femmes à chapeaux (…) »), suggèrent que les femmes des classes populaires ont essayé d’enrôler des bourgeoises dans le cortège. Elles tirent derrière elles une ou deux ou trois pièces de canon qu'elles ont prises sur la place de Grève (Procédure criminelle instruite au Châtelet: témoignage 105). Elles les tirent à mains nues. Il y a environ cinq heures de route à pied entre Paris et Versailles.

Les processions de Paris à Versailles ne sont pas rares, et elles empruntent un chemin codifié, qui est celui que prendra cette première marche, signe que ces femmes se considèrent comme formant une procession officielle en route pour faire des demandes officielles au roi. Elles suivent les quais jusqu'à la place Louis XV (actuelle place de la Concorde), puis tournent au niveau des Champs Élysées pour prendre la route de Sèvres par Auteuil. La rumeur semble-t-il les précède, car elles trouvent portes closes à Sèvres, où elles doivent négocier avec les habitants pour obtenir à boire et à manger.

Elles arrivent épuisées à Versailles vers seize heures. Les commentateurs de l'époque ont souvent noté leur aspect débraillé, pour les railler ou s'en offusquer. En réalité, elles ont fait six heures de route sous la pluie, dans la boue, tirant des canons, accompagnées d'enfants (Louise de Keralio, Journal d’État et du Citoyen https://fr.wikipedia.org/wiki/Louise-F%C3%A9licit%C3%A9_de_Keralio), et sans doute en ayant souffert de la faim à la suite de la disette de pain parisienne.

Au soir du 5 octobre: Versailles

Arrivées à Versailles, la majorité de ces femmes épuisées cherchent à se reposer. Elles s'installent sur la Place d'Armes, face au château. Un groupe de femmes (au départ une vingtaine) rentre dans l'Assemblée Nationale et se met à circuler dans les galeries, entre les bancs et les députés, et certaines s’assoient même sur le siège du Président de l'Assemblée (http://frda.stanford.edu/fr/catalog/mg128jh7939 [https://frda.stanford.edu/fr/catalog/mg128jh7939]). Elles provoquent la colère des quelques députés qui sont encore là à cette heure qui trouvent l'intrusion du peuple, mais surtout des femmes, inadmissible. Au fur et à mesure que la soirée avance, de nouveaux groupes arrivent de Paris, principalement masculins et armés ; l'Assemblée se remplit de plus en plus.

Les femmes ont pour porte-parole un dénommé Stanislas Maillard. Maillard est un personnage ambigu qui participe à plusieurs journées révolutionnaires. Notaire, d'où son habit noir qui sera souvent relevé par les témoins à l'Assemblée, il est l'un des vainqueurs de la Bastille. Les vainqueurs de la Bastille sont les seuls hommes qui participent à la première marche des femmes. Néanmoins, en dehors de Maillard, dont le témoignage est un exemple parfait de « protagonisme (. Le protagonisme est une analyse historique élaborée par l'historien Haïm Burstin : il souligne que dès le début de la Révolution, les Français se sont sentis acteurs de l'Histoire, et ayant conscience de participer à un événement d'importance ont voulu, à hauteur de leurs moyens respectifs, devenir des « protagonistes » de l'Histoire et non des spectateurs. D'où la multiplication des témoignages, souvent pour magnifier son propre rôle dans l’événement, ou encore le culte de la reconnaissance officielle, par les médailles et les diplômes. Ainsi, Maillard met à la fois en avant son rôle de guide des femmes, d'organisateur, mais aussi se revendique comme l'élément qui a permis de pacifier celles qui étaient trop en colère, et de sauver Sèvres de leur violence. Il n'y a pas de témoignage qui corrobore ce rôle de Maillard), on sait peu de choses de leur participation à l'événement d'octobre. Maillard, à travers son témoignage se présente comme le leader de toute la marche des femmes, mais seul son rôle de porte-parole à l'Assemblée est corroboré par d'autres témoignages. Lors des massacres de septembre, il aura un rôle beaucoup plus trouble, puisqu'il participera aux tribunaux improvisés.

Il demande principalement du pain pour Paris, qu'on punisse ceux que tous à Paris accusent d'empêcher la farine de venir à Paris (les meuniers, les accapareurs, certains membres de l'Assemblée), des lois sur les subsistances et le respect de la cocarde nationale et de la nation ( Schama, p. 521. Voir aussi : Procédure criminelle instruite au Châtelet: témoignages 61, 77, 81). Son discours est accueilli par Mounier, alors Président de l'Assemblée, qui fait voter un décret sur les subsistances qui doit être signé par le roi et demande qu'on fasse servir à boire et à manger aux manifestantes et aux manifestants dans et à l'extérieur de la salle.

Vers dix-sept heures, une députation conduite par Mounier part voir le Roi pour lui faire signer le décret de subsistances et lui demander des mesures immédiates pour livrer du pain à Paris. Mounier a aussi prévu de profiter de cette visite impromptue au Roi pour lui forcer la main et lui faire signer la constitution et la DDHC (Déclaration des droits de l'homme et du citoyen). La députation est constituée de Mounier, Maillard et douze femmes, même si seules cinq d'entre elles sont autorisées à entrer. Le choix de ces femmes est surprenant. Elles ne sont pas préparées, l'une d'entre elles, qui a à peine dix-sept ans, a été entraînée dans la manifestation, et elle s'évanouit à la vue du Roi. Au cours de cette première entrevue, le roi signe le décret et fait rassembler plusieurs charrettes de pain pour les envoyer à Paris (ce qui prouve par ailleurs que la disette de pain est bien concentrée uniquement sur Paris.) Lorsque la députation ressort, les femmes de la députation sont accusées par les autres manifestantes de leur mentir et menacées d'être pendues. Elles retournent voir le roi pour obtenir une preuve écrite qu'elles ont bien obtenu ce qui était demandé et n'ont pas menti, preuve qu'elles obtiennent. Le Roi décide aussi de les renvoyer, en voiture, à Paris, à l'Hôtel de ville avec un message pour Bailly. Elles y arrivent à minuit (Procédure criminelle instruite au Châtelet: témoignage de Louison Chabry, no 183).

Mounier, plaidant la sanction pure et simple de la constitution et des articles de la Déclaration, demande une autre entrevue au roi, qu'il obtient vers vingt-deux heures, après les longues délibérations du Roi avec son conseil. Le conseil propose au roi de fuir à Metz, ce qu'il refuse. D'autres projets sont faits pour faire partir le reste de la famille royale, mais les voitures sont arrêtées par le peuple(Mounier, Exposé de la conduite de M. Mounier, dans l'Assemblée nationale, et des motifs de son retour en Dauphiné, 1789). Le roi sanctionne le texte lorsqu'il reçoit enfin Mounier.

Pendant les délibérations à l'Assemblée et chez le Roi, vers dix-huit heures, des troubles éclatent entre les gardes du corps, les manifestants réunis devant le château et la garde nationale versaillaise. Un garde du corps à cheval, M. de Savonnières, frappe des hommes et des femmes de son épée. Un garde national Versaillais en civil lui tire dessus, lui cassant le bras. Le garde du corps décédera des suites de cette blessure en février ou mars 1790 (Procédure criminelle instruite au Châtelet, témoignages multiples). On ignore le nombre de blessés parmi les manifestants au soir du cinq.

La garde nationale, menée par La Fayette, arrive à vingt-deux heures. Le général se rend directement auprès du roi et lui promet que malgré les échauffourées de la soirée, la nuit se passera sans éclat. Puis La Fayette part se reposer.

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yann sinclair

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MessageSujet: 05 octobre 1789: Récit de Madame Campan   05 octobre 1789: Les Parisiennes réclament du pain Icon_minitimeVen 9 Mar - 11:33

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