Le Boudoir de Marie-Antoinette

Prenons une tasse de thé dans les jardins du Petit Trianon
 
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 Trianon et le Hameau, fantaisies royales ?

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spa monopole

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MessageSujet: Trianon et le Hameau, fantaisies royales ?   Trianon et le Hameau, fantaisies royales ? Icon_minitimeLun 19 Mar - 13:36

Belle publication qui mérite d'être relayée. Very Happy

Les caprices d'une Reine ?

Contrairement à l'opinion commune, Marie-Antoinette n'est pas une extravagante capricieuse et avide de luxure. La construction de son petit hameau peut apparaître comme un véritable scandale et être vu comme une provocation : la Reine s'amuse à vivre comme une véritable paysanne en excluant bien sûr les misère et efforts du "vrai" peuple, Elle ne cesse de dépenser pour attenter à ses moindres désirs, et Elle exprime avec ce petit village son extravagance et sa mégalomanie. De même, les travaux de son "petit Vienne" révoltent le peuple et la cour. Et hop, un argument de plus contre celle qu'on appelle "l'Autrichienne" !

Retournons alors quelques années en arrière...

Dès avant l'arrivée de la jeune Maria-Antonia en France, de nombreux aristocrates français ne se privent pas d'aménager leurs terres en les adaptant à leurs envies du moment. Par exemple, dès 1750-1760, le premier jardin à l'anglaise est aménagé au château d'Aunoy à Champeaux. En 1765, le marquis de Girardin met en place un jardin à l'anglaise à Ermenonville (Marie-Antoinette n'a que 10 ans !). Ensuite, dès 1774, le comte de Caraman ordonne l'aménagement d'un jardin du même type. On pourrait dire qu'une "mode" se met en place : chacun veut son jardin anglais ou oriental. En 1773, un projet se créé à Chantilly, puis de nombreux autres suivent : en 1775, le marquis de Montesquiou-Fézensac à Mauperthuis, le comte d'Artois à Bagatelle la même année, en 1779 le duc de Penthièvre à Rambouillet, le duc d'Orléans à Le Raincy, Talleyrand à Rosny, en 1781 Mesdames Tantes à Bellevue, Baudard de Saint-James à la Folie Saint-James, la comtesse de Provence à Montreuil, en 1783, Jospeh de Laborde à Méréville... Marie-Antoinette est au goût du jour et suit les tendances de l'époque qui préférent un jardin poétique et pictural plutôt qu'architectural. La majorité pense d'ailleurs que c'est elle qui a fait construire le Petit Trianon, alors que cela fait près de 6 ans qu'il existe ! De même, Marie-Antoinette aurait fait incruster des ors et diamants dans les murs, alors qu'aucune pierrerie n'a été retrouvée et que le Petit Trianon est au contraire un bâtiment beau par sa simplicité.

Il en est de même pour les hameaux : encore une fois, Marie-Antoinette n'innove pas vraiment. Dès 1769, soit un an avant l'arrivé de Toinette en France, Charles Joseph de Ligne fait construire son hameau dans son parc de Beloeil. On y trouve une mosquée. Dans le même temps, à Chantilly, le prince de Condé aménage le sien, contenant une ferme notamment et destiné aux fêtes. En 1780, le duc d'Orléans fait de même au Raincy.

Les femmes aussi veulent leur village personnel, Mesdames Tantes à Bellevue par exemple. Elles aussi "jouent à la fermière" : "J'ai passé toute la nuit du jeudi au vendredi dans le jardin. Oh ! que le soleil était beau à son lever, et quel beau temps ! Je me suis couchée cependant à huit heures du matin, après avoir déjeuné avec une soupe à l'oignon excellente et une tasse de café à la crème [...] Je me suis réellement amusée du beau temps, de la belle lune, de l'aurore et du beau soleil. ; ensuite de mes vaches, moutons, et volailles." (Madame Victoire). De même, la comtesse de Provence, délaissée par son mari, se délasse à Montreuil dans son hameau avec potagers, ermitage, chaumière, pavillon chinois, kiosque à musique, tour, grange, étable, bergerie, poulailler, laiterie, colombier... ainsi que Madame Elisabeth qui a elle aussi son domaine avec ferme et dispensaire. C'est d'ailleurs Marie-Antoinette qui le lui fait découvrir sous l'ordre de Louis XVI : "Vous êtes chez vous. C'est votre Trianon. Le roi, qui se fait un plaisir de vous l'offrir, ma laisse celui de vous le dire."



On constate ici que Marie-Antoinette ne correspond pas vraiment à l'image qu'on a bien voulu donner d'Elle, comme souvent. En effet, elle n'est pas la première à avoir eu envie d'un hameau et on ne peut alors pas l'accuser d'avoir épuisé le trésor royal à cause de ses différents travaux à Trianon : en effet, dans ce domaine, elle n'a pas beaucoup pls dépensé que les autres nobles, et a quelque part "imité" d'autres membres de la famille royale. De plus, ces différents aménagements chez Condé ou le duc d'Orléans devraient davantages êtres considérés comme des dépenses inutiles puisqu'ils ont été mis en place dans des châteaux de Province, où les deux aristocrates ne passaient pas la majorité de leur temps contrairement à Marie-Antoinette qui se prélassait régulièrement dans son petit village.



Pourquoi pas Marie-Antoinette ?

Alors on peut se demander : Pourquoi ne tolère-t-on pas chez Marie-Antoinette ce qu'on tolère chez les autres nobles et membres de la famille royale ? Ces derniers participent autant aux dépenses de la cour que la Reine dans ce domaine. Le dilemme est au delà des problèmes financiers de la France. En effet, c'est parce qu'elle est la Reine que Marie-Antoinette ne semble pas autorisée à vivre à la campagne en campagnie de sa "société" ou à se détendre dans son hameau. Au XVIIème siècle, la Reine est un symbole : Elle doit répondre à un certain nombre d'exigences. Une Reine de France ne vit pas pour sa propre personne et pour être heureuse : elle représente l'Etat aux côtés du Roi. D'ailleurs, elle n'a pas le droit d'avoir de possession propre, en théorie. Or, à Trianon, elle impose ses régles, donne des ordres "de par la Reine", impose son monogramme partout. Dans ses domaines privés, Marie-Antoinette se détache de son rôle de souveraine : elle mène une vie bourgeoise, intime, isolée ; elle oublie Versailles et son abominable étiquette, elle esquive les responsabilités, pour se consacrer à sa vie et à celle de ses enfants. Elle porte des tenues simples en mousselines, alors qu'elle devrait porter les robes à panier de la cour ; Elle oublie la cour et ses représentations perpétuelles. Marie-Antoinette ne veut pas vivre pour les autres, elle a besoin de simplicité et de naturel, loin des contraintes écrasantes de la cour, elle a tout simplement besoin de vivre pour elle.

La Reine sera d'autant plus critiquée qu'elle vit loin du Roi, ce qui la rend davantage marginale et donc plus détestée par le peuple qui la trouve suspecte ("en plus d'être étrangère, elle n'obéit pas à nos règles et ne joue pas son rôle de Reine !", voilà ce que chacun se disait au fond de soi). Elle est alors accusée de cacher un (ou des) amant(s). Comme Simone Bertière l'affirme si justement, Marie-Antoinette était insoumise.



Trianon ou la vie délicieuse...



Chacun est en droit de se demander pourquoi Marie-Antoinette avait besoin du Petit Trianon et du Hameau, étant donné qu'elle avait déjà à Versailles une des plus belles et des plus luxueuses demeure d'Europe. Elle ne manquait de rien dans le château de Louis XIV, sauf peut-être de vie. En effet, dans ce lieu classique et impitoyable, elle n'existe qu'à travers son rôle de Reine : elle vit pour représenter la toute-puissance de la monarchie et doit remplir un certain nombre de responsabilités qui lui pèsent. Elle ne vit que pour donner un descendant à la France, pour assurer la poursuite du règne de la dynastie et donc pour se taire et accepter de vivre pour l'Etat : "Je ne suis plus Reine, je ne suis plus rien". Mais Marie-Antoinette ne l'accepte pas, elle refuse de se consacrer au trône. Les critiques et libelles qui l'aissaillent la blessent. A Trianon, elle trouve un lieu paisible, calme, esseulé, où chacun la considère en tant que personne et non en tant que Reine. Elle peut enfin exister et trouver un peu de liberté meurtrie sous l'étiquette versaillaise. Elle se retrouve et se saisit de nouveau de la vie agréable qu'elle menait en Autriche.

De plus, à Versailles, elle n'a aucun rôle politique : le Roi l'occupe en lui accordant ses désirs pour qu'elle s'écarte de la vie politique au maximum. Bien qu'elle affirme à sa mère qu'elle exerce une influence important sur le roi, elle sait qu'il n'en est rien et que le "crédit" qu'elle a auprès de lui ne concerne que la distribution des charges et des grâces. Marie-Antoinette n'a qu'un rôle politique mineur voire nul avant la Révolution. A Trianon et au hameau, Marie-Antoinette règne enfin. Ce petit royaume, artificiel et factice, lui plaît et elle aime à en être l'unique souveraine. Elle reporte sur ses domaines privés le pouvoir qu'elle n'a pas au château de Versailles. L'exemple de sa mère nourrit d'ailleurs son envie de gouverner, sauf qu'elle se plaît à régner sur un hameau.
http://maria-antonia.kazeo.com/trianon-et-le-hameau-fantaisies-royales-a120472218

Votre chère reine en prend pour son grade mais au moins c'est réaliste. Wink
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