En France, première loi de séparation des Églises et de l'État
La genèse
À la suite de John Locke, les philosophes des Lumières relancent à travers l’Europe du XVIIIe siècle la question de la séparation de l’Église et de l’État.
(Dans le langage courant, on parle souvent de façon abusive de « séparation de l'Église et de l'État », généralement en ne faisant référence qu'au catholicisme, avec lequel l'État français était officiellement lié depuis le concordat de 1801. Le terme « Église » est en fait au pluriel car il fait référence aux trois cultes que l'État français reconnaissait sur son territoire avant cette loi : cultes catholique, protestant et israélite)
En France, la première séparation est instaurée, de fait, en 1794, par la Convention nationale, par le décret du 2 sansculottides an II (18 septembre 1794), qui supprime le budget de l’Église constitutionnelle, et confirmée le 3 ventôse an III (21 février 1795) par le décret sur la liberté des cultes, qui précise, à son article 2, que « la République ne salarie aucun culte »
Cette première séparation prendra fin avec la signature du concordat de 1801
La République de 1848 fut secouée par une guerre de classes très dure.
En réaction à la peur sociale, la bourgeoisie libérale incarnée par Adolphe Thiers se réconcilia avec les conservateurs catholiques.
La loi Falloux de 1850 instaura la liberté d’enseignement au bénéfice de l’Église; les maîtres des établissements catholiques pouvaient enseigner sans les titres exigés des autres, ce que Victor Hugo combattit avec éloquence mais sans succès.
Ce succès encouragea l’Église à s’opposer aux républicains tout au long du XIXe siècle attaquant sans relâche le monde moderne, le libéralisme, la démocratie et la République, dans ses nombreux journaux, dans les prônes dominicaux et dans les encycliques pontificales.
L’Église s’inquiétait et dénonçait l’affaiblissement des convictions religieuses, la montée en puissance du positivisme et du scientisme, mais surtout la menace d’unification de l’Italie que le mouvement nationaliste italien faisait peser sur les États pontificaux.
Par réaction, la Troisième République fut fondamentalement anticléricale.