Une anecdote charmante mais douteuse

Voici une anecdote très touchante, qui est utilisée par plusieurs auteurs pour montrer la présence d'esprit d'Antonia :
Un jour, sa mère la questionna sur le caractère particulier de chaque peuple d'Europe, et elle lui demanda quel trône elle préférait à tous les autres, si elle était appelée à choisir :"Celui de France" a-t-elle répondu.
Et lorsque Marie-Thérèse lui demanda pourquoi, Antonia répondit :" C'est le trône de Henri IV et de Louis XIV, dont l'un donne l'idée du bon, et l'autre celle du grand". Marie-Thérèse s'est empressée par la suite de faire connaître cette réponse à Louis XV

Il faut reconnaître que cette réponse est magnifique...mais justement...ne serait-ce pas aussi une invention de Marie-Thérèse? Ou alors du clan Choiseul, pour donner une image encore meilleure d'Antonia?

Mais si cette anecdote est vraie, on pourra au moins reconnaître qu'elle en savait déjà un minimum sur l'Histoire de France

Bonjour Chou !

C'est Weber qui rapporte cette anecdote dans ses mémoires, ce n'est donc ni une invention de Marie-Thérèse ni des Choiseul (je rappelle que Weber a vécu à la cour de Marie-Thérèse avec la jeune Antonia).

L'anecdote me semble véridique mais en ce qui concerne sa connaissance de l'histoire de France à ce moment-là, il faut quand même savoir que Louis XIV et Henri IV étaient des Rois archi célèbres dans les Cours d'Europe, donc ça n'a rien d'étonnant qu'elle les cite !
Marie-Thérèse a fait en sorte de donner l'amour de la France à sa plus jeune fille, elle a effectivement dû être ravie de cette réponse !

Bonjour Pénélope! ravi de te lire à nouveau!

Je suis d'accord avec toi, cette anecdote est tout à fait plausible, mais qui nous dit que Weber était là quand Marie-Antoinette a dit cela à sa mère? Je veux dire que si c'est Marie-Thérèse qui a fait circuler cette anecdote en l'inventant, Weber a pu la mettre dans ses mémoires non?
Mais bon...là c'est impossible à dire j'en suis conscient, donc dans le doute j'y crois

C'est vrai que certains se méfient des mémoires de Weber... Je ne sais pas à quoi m'en tenir, je ne les ai pas encore lus en entier, seulement des passages sur gallica.

Ben...je les trouve vraiment très intéressantes, et même si l'objectivité chez lui n'est pas franchement de mise, je n'ai pas noté trop d'exagération ou de détails louches...il se penche tout autant sur Marie-Antoinette que sur sa vie et les événements, donc à priori je pense qu'on peut s'y fier un minimum

On peut tout de même se permettre de soupçonner l'Abbé de Vermond de lui avoir soufflé cette brillante réponse ... suis-je la seule à le penser ?

Votre amie dévouée,
Madame de Polignac

Non, connaissant Vermond qui déjà lui préparait ses lettres, vous n'êtes pas la seule à penser à cette solution

Je pense aussi qu'il s'agit d'une réponse soufflée...
Car franchement je ne pense pas que c'était les préoccupations de Marie-Antoinette... Surtout à cet âge... Par contre elle avait de cesse que de faire
plaisir à sa "Chère Maman".

Et bien, si cette parole sort de la bouche de Marie-Antoinette, elle a dû regretter d'avoir dit cela lorsqu'elle était sur l'échafaud!
En tout cas, j'aime bien cette anecdote, je la trouve très mignone et je voit bien Marie-Antoinette dire cela à sa p'tite maman.

J'ai idée qu'Elle n'a pas dû attendre ce jour fatal pour se forger un tel avis...

Bien à vous.

Oui, à y penser, c'est vrai...vu tout ce qu'elle a subi...

Et encore ça dépend...Marie-Antoinette a toujours fait la différence entre la France, le peuple et les révolutionnaires

Oui, il y a le peuple, les révolutionnaires, la Cour, en fait c'est tout ça la France.

Oui, mais Marie-Antoinette ne mélangeait pas tout cela, et elle insistait même pour que sa fille reste en France.

Marie Antoinette aimait beaucoup la France, avant même que son mariage fût arrêté. L'esprit de la cour lui convenait aussi assez bien, avec sa légèreté et son sens du plaisir et du beau.

Bien sûr, elle n'a pas tardé à découvrir des aspects qui l'ont rebutée, comme l'hypocrysie engendrée par le système trop rigide et la méchanceté qui fusait.

En ce qui concerne la révolution, non, ça ne fait pas partie de la France de l'époque, en ce sens que c'est un événement imprévu, auquel aucun apprentissage n'aurait pu accoutumer la jeune archiduchesse.

Mais il ressort de toutes ses lettres que Marie Antoinette différenciait parfaitement le peuple, manipulé, de ses manipulateurs.

Voici une anecdote bien jolie !
Vérifier l'authenticité de tous les mémoires... On ne peut être sur de tout ce qui se dit.

C'est le challenge de l'histoire

Chou d'amour a écrit:

C'est le challenge de l'histoire

Bien dit !

C'est dans les usages... Il fallait encenser l'égo de Louis XV...