Le Boudoir de Marie-Antoinette

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 Musique dans le Salon d'Hercule

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pimprenelle

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MessageSujet: Musique dans le Salon d'Hercule   Musique dans le Salon d'Hercule Icon_minitimeSam 1 Déc - 19:40

Evénement musical dans le Salon d'Hercule ! Wink

Perpetual night - Versailles

Entamé le 24 octobre à l’Opéra royal de Versailles où elle interprétait Berlioz sous la direction de John Eliot Gardiner (Cléopâtre, Les Troyens), le parcours d’artiste de Lucile Richardot se poursuivait un mois plus tard dans le Salon d’Hercule, joyau aux proportions idéales pour apprécier la collection d’airs et de songs du XVIIe siècle qu’elle a enregistrés avec l’Ensemble Correspondance (Harmonia Mundi). Couronné de prix en France, Perpetual Night a également séduit la presse allemande dont un représentant avait fait le déplacement samedi dernier afin de remettre à Lucile Richardot et Sébastien Daucé le Preis der Deutschen Schallplattenkritik décerné chaque année à une dizaine de publications. Au reste, le disque a reçu un excellent accueil outre-Manche. « The title may be ‘Perpetual night’ but there’s absolutely nothing gloomy or unremitting about this delicious disc and its chiaroscuro play of shading and texture » observe ainsi Alexandra Coghlan pour Gramophone. Curieux titre, en effet, aux connotations lugubres et fatalistes alors que la versatilité du programme et la pluralité des humeurs ne cessent de nous surprendre. Pour les besoins du concert, il s’enrichit d’une nouvelle pièce qui élargit encore la perspective : «  Felice Pastorella » cantate à cinq voix dans laquelle George Jeffreys s’avère un digne émule de Luigi Rossi.

Musique dans le Salon d'Hercule Richar10
Lucile Richardot ©️ Igor Studio

En revanche, le sous-titre retenu pour cette performance versaillaise prend immédiatement tout son sens : sondée par des interprètes en état de grâce permanent, cette nuit constellée de raretés nous invite bel et bien à remonter « aux origines de l’opéra anglais ». Hormis « Care-Charming sleep » (Robert Johnson) dont Alfred Deller, cet autre maître du clair-obscur, avait fait son miel et les pièces de Blow (« Poor Celadon », «  Sing sing Ye Muses »), les pages élues sortent des sentiers battus, même quand elles portent de prestigieuses signatures – levez la main si vous aviez déjà entendu « When Orpheus sang » de Purcell avant que Lucile Richardot et Correspondance ne s’en emparent ! L’énergie, sinon l’urgence du théâtre n’embrasent pas seulement les fragments de mask ou les scènes dramatiques, elle affleure partout ou presque, sous la plume de compositeurs plus (Coprario, Lawes, Lanier) ou moins connus (Ramsey, Hart, Hilton), souvent influencés par le style français mais dont la liberté et la souplesse expressive dévoilent de plus profondes affinités avec la musique italienne. La période entre Dowland et Purcell reste peu fréquentée, or elle témoigne d’une intense créativité et recèle manifestement des trésors qui ne demandent qu’à être redécouverts. Certes, la mélancolie y tient toujours une place privilégiée, comme en atteste le magnifique tombeau « O precious time » que Martin Peerson érige à la mémoire de John Tomkins (organiste et demi-frère de Thomas), mais elle le dispute également à l’ardeur amoureuse quand elle ne le cède pas à une explosion de colère ( « Go, perjured man » de Robert Ramsey).

Souhaitant explorer le large ambitus de Lucile Richardot tout en l’invitant à quitter sa zone de confort, Sébastien Daucé a pioché dans les célèbres recueils édités par John Playford et butiné dans les bibliothèques de Londres et d’Oxford, rassemblant autant de perles pour la plupart méconnues. De passage à Bruxelles l’été dernier dans le cadre des Concerts des Midi-Minimes, la chanteuse, qui récuse l’étiquette de contralto, nous expliquait à quel point la tessiture de certaines pièces se révélait éprouvante. Rien n’y paraît, faut-il le dire, et nous comprenons sans peine que Sébastien Daucé ait plongé dans la nuit épaisse de ce timbre à nul autre pareil. Mais à l’instar du noir, son instrument semble contenir toutes les couleurs, sourdes ou vives, alternant des sonorités « presque masculines » et « cristallines », pour reprendre les termes du jury allemand élégamment traduits par leur émissaire et qui ne manquent pas d’amuser la soliste, rayonnante à l’issue du concert. Sa voix  « déconcerte et passionne », souligne le journaliste, a fortiori, ajouterons-nous, dans un répertoire où nous sommes tellement habitués à des organes flûtés, sinon désincarnés (contre-ténors, ténors aigus, sopranos diaphanes). Le chant du mezzo se révèle d’« une stupéfiante sensualité » et les mots ne sont pas trop forts : sensualité de l’étoffe, du souffle, du galbe des phrases qui s’éploient tout particulièrement dans l’extraordinaire « Powerful Morpheus » de William Webb, un tube en puissance. Il y a de l’ensorceleuse chez Richardot, qui nous avait déjà fait tourner la tête en revisitant la berceuse d’Arnalta. Et le poème de nous éclairer sur le titre du programme : « Lovers in their stol’n delight, Wish it were perpetual night », cette nuit perpétuelle est tout simplement celle rêvée par les amants qui voudraient suspendre le temps. Une nuit d’ivresse dont l’Ensemble Correspondance tisse et renouvelle avec un bonheur constant le décor, partenaire d’élection de la soliste avec laquelle il rivalise de volupté mais aussi d’intelligence rhétorique.  

Nous n’avons encore rien dit de l’actrice, qui semble pouvoir tout jouer, nous emmener au pub comme exhaler la plainte de Didon et qui aborde le concert avec le même engagement qu’un spectacle mis en scène. Néanmoins, Perpetual Night  sollicite davantage la tragédienne, qu’elle est assurément. Peut-être moins par le tempérament, insaississable chez une personnalité aussi riche, que par l’autorité du verbe et la présence, le magnétisme du regard, une gestuelle ultraprécise prolongeant les accents du discours. Difficile en tout cas d’exister face à un Orphée de cette stature (« Howl not, you ghosts and furies ») et Nicolas Brooymans, basse aux graves trop confidentiels, ne fait pas vraiment le poids en Pluton quand le désarroi de Pâris, en revanche, pressé de départager les déesses, lui inspire des inflexions touchantes (« The judgement of Paris : Rise princely shepherd » de John Hilton). Par contre, le soprano frais comme la rosée d’Elodie Fonnard (Proserpine) réussit à tirer son épingle du jeu. Le 30 juin, ce sera au tour de la Salle des Croisades d’accueillir Lucile Richardot pour une évocation des magiciennes baroques (Médée, Armide, Circé), laquelle promet d’être grandiose. En attendant, signalons la parution d’une nouvelle intégrale d’Il Ritorno d’Ulisse in Patria captée en live lors du Monteverdi Tour de John Eliot Gardiner. Non seulement cette Pénélope éclipse toutes les autres, mais elle est bien entourée. A bon entendeur...

Par Bernard Schreuders
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Chakton

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MessageSujet: Re: Musique dans le Salon d'Hercule   Musique dans le Salon d'Hercule Icon_minitimeSam 1 Déc - 22:59

Gosh ! Un sujet pour moi. tongue

Dirigé par le chef et claveciniste Skip Sempé, l’ensemble Capriccio Stravagante accompagne avec noblesse les quatre jeunes chanteurs Perrine Devillers, Adèle Carlier, Rachel Redmond et Virgile Ancely pour un pastiche qui comprend le Concert dans le goût théâtral et l’intégrale des airs de cour (airs sérieux et airs à boire) de François Couperin (1668-1733) :
L’ensemble Capriccio Stravagante montre sa maîtrise du répertoire et les qualités individuelles de ses musiciens qui, dès le prologue, font preuve d’une cohésion d’autant plus étonnante que Skip Sempé, occupé au clavecin, ne dirige que sporadiquement avec la tête – le plus souvent pas du tout, même lorsqu’il ne joue pas. Par la connexion, l’attention et l’écoute au sein de la formation, l’ensemble paraît tantôt suivre le premier violon, tantôt les clavecins. Leur virtuosité est certaine, le son de l’ensemble est ample bien que pouvant parfois manquer d’une pointe de nuance. Skip Sempé et le second claveciniste Emmanuel Frankenberg accompagnent précautionneusement les chanteurs sur les airs sérieux et les airs à boire.

La soprano Perrine Devillers s’impose dès le début du concert dans son duo avec Virgile Ancely, Les Solitaires : Dans l’Isle de Cythère, en déployant une voix au timbre de velours totalement dépourvue de vibrato avec des médiums chauds, des graves profonds et stables. Elle fait preuve d’une grande expressivité, le visage rayonnant d’un sourire à toute épreuve, et d’une belle complicité avec Virgile Ancely. Elle revient plus loin, seule, pour Zéphire, modère en ces lieux et confirme sa maîtrise vocale du répertoire ancien. Ses sons filés sont précis, elle révèle des aigus amples, puissants, enveloppants qui gardent la chaleur et les qualités de ses médiums, et bénéficie d’une articulation claire et précise. La voix est souple et permet des ornementations rapides, élégantes et pleines d’humilité – ses trilles rappellent le chant du rossignol.

La basse Virgile Ancely partage plusieurs duos avec les soprani, envers qui il a une attitude vocale et corporelle de déférence, s’efforçant d’habiller, d’envelopper, de magnifier leur voix et la mélodie (Les Solitaires : Dans l’Isle de Cythère avec Perrine Devillers, Les Pèlerines : Au temple de L’Amour, Pèlerines de Cythère avec Rachel Redmond). Dans La Pastorelle : Il faut aimer dès qu’on sçait plaire avec Rachel Redmond, il déploie des graves sonores, posés et stables, et fait un effort de jeu appréciable tandis que dans l’air à boire Épitaphe d’un Paresseux avec Adèle Carlier, les quelques notes plus hautes dans sa tessiture semblent plus délicates à émettre et à soutenir.

Rachel Redmond est quant à elle une soprano très investie qui donne la priorité au texte et à son interprétation, parfois au détriment de la technique et de la beauté du son. Poignante, elle est également extrêmement tendue vocalement avec un souffle conséquent audible sur sa voix dans les médiums et les graves (sans doute en partie du fait d’une fatigue passagère) sur l’air sérieux Qu’on ne me dise plus que c’est la seule absence. Toujours présent, son vibrato est très tonique (d’une très haute fréquence), avec une grande amplitude, ce qui l’apparente souvent à des trilles ininterrompus. Rachel Redmond passe souvent en force et en tension si bien que pendant le canon à trois La femme entre deux draps, un grésillement de ses cordes vocales se fait entendre. Elle parvient heureusement à retrouver un calme relatif et aborde la Pastorelle avec plus de détente, une gestion vocale plus saine et moins forcée puisque moins concentrée sur sa performance d’actrice. Sa voix se réveille ainsi petit à petit au cours du programme, en particulier dans les aigus qui sont progressivement plus souples et raisonnants. Ainsi l’air tendre Lentement avec les deux autres soprani lui permet-il de se déployer pour trouver le public.

La soprano Adèle Carlier est investie dans tous les airs et, dans son duo avec Virgile, elle montre la maîtrise qu’elle a de sa voix comme des impératifs de ce répertoire. Aussi choisit-elle avec attention où mettre du vibrato, quand utiliser des sons droits et offre-t-elle quelques beaux messa di voce (conduite évolutive de voix). Toutefois, son interprétation des Doux liens de mon cœur met en avant le placement très à l’avant de sa voix qui entraîne une nasalité métallique dans les médiums et les graves (par ailleurs plus fragiles et faiblement audibles). Cette nasalité tend à être plus discrète dans les aigus.

Les applaudissements et les exclamations de joie du public résonnent longtemps après la Sarabande : Grave et tendre qui conclut le concert, invitant musiciens et chanteurs à revenir plusieurs fois sur scène pour recueillir la récompense du travail conduit.

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yann sinclair

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MessageSujet: Entre le Salon d'Hercule et le Salon de la Chapelle   Musique dans le Salon d'Hercule Icon_minitimeMar 12 Mar - 7:49

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Débauche de marbre, entre le Salon d'Hercule et le Salon de la Chapelle


(Merci Matthieu Nègre‎Versailles passion - Connaissances et curiosités du Domaine de Versailles)

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MessageSujet: Re: Musique dans le Salon d'Hercule   Musique dans le Salon d'Hercule Icon_minitime

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