Le comte d’Angiviller. Portrait par Jean-Baptiste Greuze, vers 1763. New York, Metropolitan Museum of ArtCharles Claude Flahaut de La Billarderiecomte d’Angivillerné le 24 janvier 1730 à Saint-Remy-en-l'Eau en Beauvaisis
mort le 11 décembre 1809
à Altona près de Hambourg à l'âge de 79 ans
Administrateur des arts, et dernier directeur général des Bâtiments du roi.
Maréchal de camp
Biographie
Fils de Charles Gérard Flahaut de la Billarderie, marquis de la Billarderie, frère de Charles-François de Flahaut de la Billarderie (1726-1794), le comte d’Angiviller fit une belle carrière militaire sous Louis XV, qui le mena jusqu’au grade de maréchal de camp.
Ami personnel de Louis XVI, il fut nommé directeur général des Bâtiments, Arts, Jardins et Manufactures de France à l’avènement de celui-ci en 1774.
À la fin du xvii
e siècle, l’entretien était payé par l’Intendance et les aménagements par les Bâtiments, aussi chaque nouvel arrivant sollicitait-il des travaux, pour mettre le logement à son goût. Afin de réduire les dépenses, Louis XIV décida en 1700 de laisser les travaux à la charge des courtisans. Ceux-ci devaient au préalable obtenir l’autorisation du directeur général. Sous Marigny, les travaux furent de nouveau payés par les Bâtiments, plus permissifs. Pour réclamer des changements, il fallait écrire au directeur général des Bâtiments, qui envoyait un contrôleur ou inspecteur général (L’Écuyer puis Heurtier) visiter l’appartement. Celui-ci écrivait un rapport. Un devis était ensuite transmis au roi, qui autorisait ou non les travaux. À partir de 1774, le comte d’Angiviller mit un frein aux nouvelles demandes, et les dépenses trop élevées furent réparties entre l’occupant et l’administration. En quittant leur logement, les courtisans s’arrangeaient pour se faire rembourser par leurs remplaçants
Dans ces fonctions, il montra de l’énergie et du discernement. Il encouragea le néoclassicisme et fut l’un des principaux introducteurs du
style à l’antique en France, n’hésitant pas à commander à Jacques-Louis David, en 1784,
Le Serment des Horaces.
Passionné d’urbanisme, il appliqua les principes d’alignement des villes antiques à Versailles avec le quartier de Clagny, constitué d’îlots très réguliers autour des boulevards du Roi et de la Reine. Pour le nouveau Théâtre-Français (actuel théâtre de l'Odéon), il soutint le projet de théâtre en forme de temple grec des architectes Marie-Joseph Peyre et Charles De Wailly.
Sur les conseils de Jean-Baptiste Marie Pierre, directeur de l’Académie royale de peinture et de sculpture, il s’efforça de renouveler la peinture d'histoire en commandant à des peintres tels que Nicolas Brenet ou François Vincent des vastes compositions exaltant les gloires nationales comme
Henri IV faisant entrer des vivres dans Paris (par Vincent, 1783, Musée du Louvre). De même, entre 1776 et 1787, il commanda une importante série de sculptures de grande taille représentant les grands hommes de la France, qui firent travailler les principaux sculpteurs du temps : Jean-Antoine Houdon, Augustin Pajou, Louis-Simon Boizot, Jean Joseph Foucou, Félix Lecomte, etc.
Proche des milieux philosophiques, il aida Suzanne Necker à constituer son salon en lui dépêchant pour l’assister son amie la baronne de Marchais, qu’il épousa en 1781.
Après la fermeture de la galerie du Luxembourg en 1779, le comte d’Angiviller décida d’utiliser la Grande galerie du Louvre pour exposer les tableaux de la collection royale ainsi que les œuvres qui seraient acquises spécialement. Il commanda un rapport sur ce sujet à l’architecte Jacques-Germain Soufflot, mais ce projet, qui préfigurait le musée du Louvre, ne put être réalisé avant la Révolution française. On eut juste le temps de détruire la voûte inachevée de Nicolas Poussin, en raison du danger qu’elle représentait en cas d’incendie, et de faire bâtir en 1782 par l’architecte Maximilien Brébion, chargé du palais du Louvre au sein des bâtiments du Roi, un escalier menant au Salon carré, remplacé ensuite par l’escalier Daru où est placée la célèbre
victoire de Samothrace.
En revanche, d’Angiviller put mener une ambitieuse politique d’acquisitions dans cette perspective, jusqu’à ce que les nécessités de la guerre d’indépendance américaine viennent tarir les fonds : il fit l’acquisition des principaux chefs d’œuvres européens qui apparurent sur le marché, mais aussi des toiles de moindre importance, s’efforçant de combler les lacunes des écoles nationales des collections royales, non sans promouvoir les artistes français. Il entreprit également un vaste programme de restauration des collections.
Amateur d’art et de sciences, il constitua un superbe cabinet de minéralogie, qu’il légua en 1781 au Jardin des Plantes.
Il recommanda mademoiselle Rosalie de Beauchamp, future mère du comte Ange-Achille de Brunet de Neuilly, comme lectrice à la reine Marie-Antoinette, alors Dauphine de France. Il imposa, comme père adoptif, Jean François de Brunet de Neuilly à Ange-Achille de Neuilly, fils naturel du comte d'Artois futur Charles X et de Rosalie de Beauchamp.
Accusé, à tort, de dilapidation des deniers publics, il émigra en 1791 et finit sa vie à Hambourg en décembre 1809.