Le Boudoir de Marie-Antoinette

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 « Ici, enfin, je repose » Louise Elisabeth Vigée Lebrun à Louveciennes

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Sublime&Silence

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MessageSujet: « Ici, enfin, je repose » Louise Elisabeth Vigée Lebrun à Louveciennes   « Ici, enfin, je repose »  Louise Elisabeth Vigée Lebrun à Louveciennes Icon_minitimeSam 5 Jan - 15:01

De 1810, jusqu’à sa mort, Louise Elisabeth Vigée Lebrun se partage entre son appartement parisien et sa maison de campagne de Louveciennes où elle passe huit mois de l’année. « Je partais pour Louveciennes avant les premières feuilles (…) Là, ma vie s’écoulait le plus doucement du monde. Je peignais, je m’occupais de mon jardin, je faisais de longues promenades solitaires, et les dimanches je recevais mes amis. » (Souvenirs) … Louveciennes était à un peu plus de deux heures de calèche de Paris.

Dans son voisinage, réside au château des Voisins, Madeleine Pourrat dont le salon, avant la Révolution, était très couru. Fanny, sa fille aînée, a été l'égérie d'André Chénier. Depuis la disparition de Fanny, Madame Pourrat élève ses petits-enfants avec l'aide de sa seconde fille, Jenny. Celle-ci devenue comtesse Hocquart de Turtot, est évoquée dans les Souvenirs : « madame Hocquart est une de ces femmes distinguées avec lesquelles on aimerait à passer sa vie. Son esprit, sa gaieté naturelle me l’avaient toujours fait rechercher, et c’était une bonne fortune que de loger près d’elle. Parmi plusieurs talents qu’elle possédait, elle en avait un si remarquable pour jouer la comédie, que, dans certains rôles, on pouvait la comparer, sans aucune flatterie, à mademoiselle Contat. Il en résultait qu’il y avait assez souvent spectacle au château et la foule venait de Paris pour applaudir madame Hocquart. »

A Paris, Louise Elisabeth, avant d’installer, en 1829, ses meubles et ses tableaux à l'hôtel Le Coq situé au numéro 75 rue Saint Lazare, aura occupé plusieurs appartements, au  15, de la rue Neuve-des-Mathurins, puis rue d’Anjou et au 9 rue Neuve-de-Capucines. Bien que moins intense qu’au temps de sa jeunesse, où son salon de la rue de Cléry accueillait artistes, écrivains, elle a une vie sociale affirmée : soirées du samedi, salon littéraire, et même au temps du Mardi-gras, bals costumés.

Une production artistique déclinante

Après son retour de Suisse, Louise Elisabeth peint essentiellement pour elle-même et ses amis. Elle accepte encore quelques commandes mais peu de tableaux surnagent de cette époque. On dit que sa nouvelle passion est de peindre des paysages mais on n’en garde peu de traces. Est-ce parce que les tableaux ont été perdus ? Ou est-ce parce qu’ils n’ont pas été identifiés et dorment chez des particuliers ?

De cette période, on signalera l’existence de deux tableaux dans le plus pur style sulpicien. « L’apothéose de la reine » », peint sous l’Empire, pour son usage et qu’elle nomme « Mon rêve ». Marie-Antoinette, tout de blanc vêtu, porte la palme de martyr. Le tableau sera offert à Céleste de Chateaubriand pour l’institution charitable qu’elle a fondé rue d’Enfer.

Rentre également dans cette catégorie, la toile consacrée à « Sainte Geneviève gardant ses moutons dans la plaine de Nanterre » et offerte à l’église de Louveciennes à l’occasion de la fête des Rameaux de 1822. « J’aimais tant Louveciennes, que voulant y laisser un souvenir de moi, je peignis, pour son église, une sainte Geneviève » (sainte Geneviève a le visage de Julie). Ce tableau est actuellement en possession du Musée Promenade Marly-le-Roi-Louveciennes.

On retiendra plus sérieusement les deux portraits de  la duchesse de Berry,  dans l'un, elle est habillée d'une robe de velours rouge, et dans l'autre, d'une robe de velours bleu. La réplique rouge sera exposée au Salon de 1824 mais sans rencontrer un grand succès, les œuvres de Delacroix et d’Ingres suscitant beaucoup plus d’enthousiasmes.

« Ici, enfin, je repose »  Louise Elisabeth Vigée Lebrun à Louveciennes Louise10
La duchesse de Berry en robe de velours bleu
Huile sur toile
1824
91 x71 cm
Collection particulière


« Malheureusement le charme et la grâce naturelle du modèle ne suffisent pas à rattraper l’ouvrage d’une artiste vieillissante, et ce portrait quelque peu endommagé par un fâcheux repeint. » (Jérôme Cazeaux, La Tribune de l’Art).

Le décès de ses proches

Louise Elisabeth perd successivement son (ex) mari en 1813, sa fille Julie en 1819 et son frère Etienne en 1820.

Jean-Baptiste Pierre Le Brun meurt à 65 ans à la suite d’une mauvaise grippe contractée durant l’hiver 1812. Il est inhumé au cimetière du Père-Lachaise. A l’égard de son ex-mari, Louise Élisabeth manifeste des sentiments ambivalents. Elle écrit dans ses Souvenirs que « depuis bien longtemps, il est vrai, je n'avais plus aucune espèce de relations avec lui, mais je n'en fus pas moins douloureusement affectée de sa mort : on ne peut sans regrets se voir séparée pour toujours de celui auquel nous attachait un lien aussi intime que celui du mariage. » On se rappellera que Jean-Baptiste Le Brun l’avait fortement aidé au début de sa carrière. Louise Elisabeth de son côté  avait souvent financé son mari, marchand de tableaux réputé, notamment à l’occasion de son séjour rémunérateur en Russie. La succession va se traduire par un passif que la vente de l’hôtel Le Brun ne parviendra pas à combler.

Le décès de sa fille Julie l’éprouvera profondément. Une incompréhension profonde s’était installée entre Louise Elisabeth et Julie qui datait de l’époque du mariage de sa fille avec Gaetano Nigris ; cette union sera un échec, le couple, sans enfant, se sépare lors de leur retour de Russie en 1804. Elle a une longue relation avec le marquis Louis de Maleteste mais celui-ci ne s’est jamais décidé à partager sa vie. Elle aura d’autres amants. Sa détresse matérielle l’amène à  séjourner dans une médiocre pension de famille puis elle trouve un refuge dans un de ces appartements construits pour des dames seules tenues par des religieuses. À la douleur de la perte de sa fille s’ajoute les remords d’avoir été trop sévère « car les torts de la pauvre petite étaient effacés, je la revoyais, je la revois encore aux jours de son enfance... Hélas ! elle était si jeune ! ne devait-elle pas me survivre ? » (Souvenirs).

La mort d’Etienne se produit à un moment de brouille avec Louise Élisabeth. Au départ, Etienne laisse entrevoir de grandes espérances. A l’arrivée, plusieurs romans, des pièces de théâtre, un volume de poésies, mais la plupart sont des oeuvrettes. « Mon frère était un de ces hommes faits pour se voir très recherchés dans la société. Il avait un excellent ton, ayant fréquenté fort jeune la bonne compagnie, de l’esprit, de l’instruction ; il faisait de très jolis vers avec une extrême facilité, et jouait la comédie mieux que beaucoup d’acteurs. Il contribuait infiniment au charme et à la gaieté de toutes nos réunions ; peut-être même l’empressement que mettait le monde à le rechercher a-t-il nui à sa carrière littéraire, car nous lui prenions beaucoup de temps. » (Souvenirs). De fait, Etienne fut essentiellement un amuseur de salon, à l’échine très souple, tour à tour monarchiste, révolutionnaire, favorable à l’Empire puis à nouveau monarchiste. Veuf, il aura de nombreuses liaisons et sombrera dans l’alcoolisme. Sa fille unique, Caroline  Rivière, sera la légataire universelle de sa tante.

Rédaction et publication de ses Souvenirs

A partir de 1825, la grande affaire de Madame Vigée Le Brun est la rédaction de ses mémoires. Comme l’écrit Geneviève Haroche-Bouzinac,  « Afin d’éviter qu’on s’empare du récit de sa vie, Mme Le Brun entreprend sur le conseil de ses amis de se raconter elle-même. De son écriture aux jambages échevelés, elle se met à couvrir des cahiers et durant presque dix années, recompose sa destinée sur le papier, éclaire les zones qui lui plaisent et laisse dans l’ombre ce qui l’inquiète, rationnalise ses choix et détourne peut être la postérité sur l’essentiel »  (2). C’est ainsi qu’elle reste plus que discrète sur sa vie sentimentale. notamment sur ses rencontres avec le comte de Vaudreuil, sur les écarts de conduite de Julie, sur les frasques de son frère. Elle est assistée dans son travail par ses nièces qui recopient ses écrits en corrigeant notamment l’orthographe parfois défaillante de l’auteur.  

Les Souvenirs ont été publiés par les Editions Fournier, le premier tome paraît en 1835, les volumes 2 et 3 en 1837. Les Souvenirs sont dédiés à son amie, la princesse  Natalia Kourakiva. En exergue, figure une phrase extraite d’un ouvrage posthume de Jean-Jacques Rousseau « Les rêveries du promeneur solitaire » : « En écrivant mes souvenirs, je me rappellerai le temps passé, qui doublera pour ainsi dire mon existence.»

Sa dernière demeure

En juin 1841, Louise Elisabeth est frappée d’une congestion cérébrale alors qu’elle séjourne à Louveciennes. Elle se rétablit et à l’automne, bien qu’affaiblie, regagne son appartement parisien. Elle s’éteint le 31 mars 1842  à l’Hôtel le Coq, au 99, rue Saint-Lazare. Les obsèques auront lieu le 2 avril à l’église Saint-Louis-d’Antin et son inhumation au cimetière de Louveciennes. Sur la pierre tombale, au-dessous du médaillon sculpté représentant une palette posée sur un autel antique, on lit ces quelques mots : Ici, enfin, je repose.

Dans son testament de 1825, elle avait prévu d'établir sa dernière demeure au calvaire du Mont-Valérien, lieu de sépulture aristocratique, mais celui-ci sera détruit lors de la révolution de 1830.  Au mois d'août 1835, Mme Vigée Le Brun qui a maintenant 80 ans et de sérieux ennuis de santé commence à s'inquiéter d’une nouvelle sépulture. Elle écrit au maire de Louveciennes : « Ayant toujours eu pour Louveciennes une  véritable prédilection je désire, n'importe où je viendrais à mourir, que mes restes soient déposées dans une fosse particulière du cimetière de Louveciennes. »

« Ici, enfin, je repose »  Louise Elisabeth Vigée Lebrun à Louveciennes 450px-10


***

Ainsi se termine la vie exceptionnelle d’une artiste qui aura par ses nombreux portraits,  dont quelques chefs d’œuvre, reflété les goûts de la société aristocratique de son temps, à Paris puis dans les principales capitales d’Europe. Elle était servie par un talent indéniable, dotée d’une grande ambition professionnelle et d’une volonté de fer. Sa beauté, sa grande aisance en société, son don pour la musique ont facilité sa carrière.

Royaliste de tendance légitimiste, elle n’a pas senti que cette société arc-boutée sur ses privilèges devait évoluer vers plus de justice sociale et de démocratie, et que « la charité » (on dirait aujourd’hui l’assistance), n’était pas la réponse appropriée. Il est vrai que le jugement que l’on peut porter sur un artiste doit être indépendant de ses opinions politiques.

Le Louveciennois aura un regret. Que ce peintre prolifique ne nous ait pas donné des toiles représentant des paysages de son lieu de villégiature qu’elle a beaucoup aimé. Il faudra attendre, des dizaines d’années, que les impressionnistes fassent leur révolution et popularisent Louveciennes et ses environs.
https://louveciennestribune.typepad.com/media/2012/09/ici-enfin-je-repose.html

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