Le Boudoir de Marie-Antoinette

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 Concerts en la Chapelle Royale de Versailles

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Chakton

Chakton


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MessageSujet: Concerts en la Chapelle Royale de Versailles   Concerts en la Chapelle Royale de Versailles Icon_minitimeMar 12 Fév - 9:08

Et on commence en beauté. tongue

Destins croisés à quatre siècles d'écart : en 1610, Monteverdi dédie au pape Paul V les Vespro della Beata Vergine grâce auxquelles -assurément- le compositeur obtient l'illustre poste de maître de chapelle à la basilique Saint-Marc (Venise) en 1613. En 2019, Raphaël Pichon triomphe en l'illustre Chapelle Royale du Château de Versailles, dans la lignée de Sir John Eliot Gardiner, maître qui avait adoubé son jeune successeur en 2017, l'invitant à interpréter les Vêpres dans son Festival de Leipzig (comme le pape avait invité Monteverdi il y a quatre siècles).

Comme le programme de salle réimprime les explications de l'œuvre rédigées par Gardiner en vis-à-vis du texte biblique, la Chapelle Royale conserve assurément des échos et souvenirs des Vêpres de la Vierge par Sir John Eliot Gardiner, les English Baroque Soloists et le bien-nommé Monteverdi Choir. Elle n'est d'ailleurs pas la seule, les recherches en ligne concernant les "Vêpres de Monteverdi" mènent tout droit et avant tout à cette mémorable version :



Fort heureusement, une captation vidéo a également été réalisée pour la version Pichon. Elle permet d'apprécier un spectacle mis en espace et en lumière. La soirée commence et s'achève dans un noir absolu et des ambiances colorées parcourent le spectre des émotions depuis un bleu (couleur de Marie) ténu dans les arcanes, jusqu'aux pleins feux éclatants de la gloire divine sur les ors de Versailles, en peignant un nuancier mitigé (même les lumières des pupitres sont contrôlées pour participer à l'atmosphère signée Bertrand Couderc, un habitué des plus grandes scènes d'opéra). Les solistes, le chœur puis le chef lui-même, se meuvent également vers les recoins et hauteurs de la Chapelle, isolant une voix angélique perchée, composant des effets de spatialisation sonore si bien projetés que l'origine de leur source reste parfois un envoûtant mystère. L'effet est poignant, comme ces processions monastiques insérées parmi les temps des Vêpres, les interventions solistes ou en petits ensembles (se répondant parfois du sol au plafond ou à travers les nues), les concertinos de chambre plongeant dans une intimité de salon.

Des ambiances très variées qui correspondent parfaitement à la diversité de l'œuvre elle-même : Monteverdi enchaîne des appels solennels avec une fanfare extraite de son premier opéra (Orfeo), de grandes stases, puis des mouvements fugués ou madrigalistes (superposant des motifs musicaux très changeants et illustratifs). Chapelle, salon et planches se mêlent ici : cantate, madrigal et opéra, tous maîtrisés par le chœur et orchestre Pygmalion. Les cuivres nourrissent la pompe fastueuse, les violons se tournent vers l'orgue pour un concertino rayonnant, la harpe emmène un continuo ravissant (elle est placée à la pointe des théorbes et devant les violes de gambe). Preuve de la ductilité de cette musique et de ses interprètes, le clavecin est posé sur une console d'orgue : l'instrumentiste passant de l'un à l'autre. Les chœurs intensément recueillis savent aussi éclater, restant justes alors que leurs terribles consonnes fouettent les airs ("une grande bataille se fera ; [Le Seigneur] brise des têtes sur toute l'étendue du pays. Il boit au torrent pendant la marche").

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Les trois trios de solistes vocaux harmonisent également leurs couleurs complémentaires dans des duos marquants. Les deux voix prévues de "soprano" sont ici chantées par deux mezzo-sopranos (qui sont d'ailleurs les deux dernières Révélations lyriques aux Victoires de la Musique Classique). De fait, Eva Zaïcik et Lea Desandre ancrent leurs phrases dans un grave, suave pour celle-ci, chaud pour celle-là. Elles marient leurs voix à l'unisson de timbres lorsque côte-à-côte ou en dialogue amoureux lorsque placées de part et d'autre du chef. Lea Desandre parvient à dégager une confiance et une délicate quiétude, tandis que dans ses passages solistes, Eva Zaïcik embrasse et embrase de son souffle et souffre un médium plein, mordant vers les résonances aiguës. La contralto Lucile Richardot vient compléter le trio féminin : la rondeur de son médium croit naturellement vers les cimes, rappelant son aisance à travers diverses tessitures au point que son ambitus garde un mystère (à l'image de son regard sombre et fixé au loin). Même la voix droite est aussi assurément projetée, ronde et sonore.

Du côté des trois ténors, Emiliano Gonzalez-Toro impressionne notamment dans le Nigra sum passant d'un noir baryton au ténor agile et orné, s'appuyant sur une pointe lyrique mais sachant aussi bien alléger en voix mixte. Le tout associant la douceur d'une chanson, le recueillement religieux, les bouleversements du madrigal et l'émotion de l'opéra : à l'image de cette œuvre complète et du catalogue de Monteverdi. Zachary Wilder, très vibré et vibrant, ressort en nette ligne de crêtes dans tous les ensembles. Notamment pour compenser une certaine fatigue vocale au fil de la soirée, les deux chanteurs enracinent de plus en plus leurs voix, y compris pour le duo de séraphin auquel il manque donc le caractère angélique. Olivier Coiffet complète ce tiercé par le soutien discret d'un homogène contrepoint vocal.

Les trois basses offrent trois lumières différentes, en harmonie avec les lieux et les paroles : lumineuse pour Nicolas Brooymans, sombre pour Geoffroy Buffière et davantage pastel pour Renaud Bres qui se fait surtout repérer dans l'arioso de textes monastiques. Les trois hommes manquent toutefois de présence pour asseoir les ensembles solistes, ce sont les voix graves du chœur qui assurent les harmonies collectives.

Couronnant le mouvement perpétuel des artistes et des sons, le concert se referme par un retour aux deux Alleluia initiaux, le premier très orné menant vers le second méditatif, à l'image de ce concert, à l'image de son accueil par le public : le triomphe d'acclamations et de rappels sonores laissant beaucoup de souvenirs à méditer.

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Biname

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MessageSujet: Re: Concerts en la Chapelle Royale de Versailles   Concerts en la Chapelle Royale de Versailles Icon_minitimeMer 13 Fév - 9:11

Croisons les sources avec la version de ResMusica:

Pygmalion investit la Chapelle Royale pour faire entendre sa version du chef-d’œuvre. Intense.

On rapporte qu’auréolé du succès de son Orfeo de 1610 (dont la Sinfonia introductive magnifie le chœur d’entrée des Vêpres), et curieux de voir au-delà des remparts de Mantoue, Monteverdi composa les deux heures de ce Vespro della Beata Vergine afin de séduire le Pape Paul V. Plutôt que de Rome, c’est de Venise que le somptueux corpus lui fit prendre la direction, le compositeur devenant, dès 1613, Maître de Chapelle à San Marco.

De San Marco à la Chapelle Royale de Versailles, l’histoire de cette somme musicale s’est écrite en lettres de gloire avec des versions de plus en plus adaptées à la personnalité des chefs qui s’en emparent. L’on loua fort dans ces colonnes la toute nouvelle vision de Simon-Pierre Bestion à La Côte-Saint-André, à la tête de son ensemble La Tempête, si novatrice (Le Laetatus sum en popsong façon Arpeggiata), et c’est encore habité par elle que l’on se rend à Versailles.

Concerts en la Chapelle Royale de Versailles 10901310
© Pascal Le Mée


Annoncée d’une durée de une heure quarante, la version Pichon avoisine finalement les deux heures. Les rajouts (principalement des bourdons destinés à maintenir le recueillement auditif, lors des déplacements des chanteurs, et même du chef, bien décidés à spatialiser les différents lieux de la Chapelle) sont moins conséquents que ceux de la version Bestion, qui étiraient les Vêpres jusqu’à deux heures et demi.

La soirée, commencée et achevée dans le noir, est mise en lumière, invitant à lever les yeux et tourner les têtes vers les beautés du lieu mythique. L’éclatant Responsorium d’ouverture jaillit après que le chant d’un officiant invisible s’est fait entendre sur un lit de basses profondes. L’abord du geste nerveux et magnétique de Raphaël Pichon impressionne. Possédé par une véritable rythmique interne semblant donner à voir la complexité des entrelacs polyphoniques de la partition, le fondateur de Pygmalion emmène très loin en terme de virtuosité un chœur ahurissant de précision, un orchestre brillant et spectaculaire où violes de gambe, théorbes, cornets et trombones vont par trois.

Cette direction, comme électrisée de l’intérieur, s’apaise face aux numéros contemplatifs au cours desquels trouve à s’épanouir la vocalité de chacun des solistes. Même si celle de Lea Desandre et Eva Zaïcik, de Lucile Richardot au timbre ténébreux, des excellents Nicolas Brooymans, Renaud Bres, Geoffroy Buffière et Olivier Coiffet sont source de bien des émerveillements, Emiliano Gonzalez Toro et Zachary Wilder brillent tout particulièrement. Le premier colore sa voix de graves ombreux sur un Nigra sum d’une profonde intériorité, bien loin de la Platée strasbourgeoise qui nous l’a révélé. Le second, aussi émouvant, chante le plus souvent sans partition, les yeux embrumés, comme émerveillé par sa propre voix. Le dialogue des deux hommes, culminant en face à face de la hauteur des deux balcons de la Chapelle, est un des sommets d’une soirée dont la constante concentration musicale ne sera hélas contredite que par la dispensable annonce faite entre deux numéros non pas à Marie mais aux tousseurs qui n’avaient pas entendu que le concert était enregistré.

Même si, après Pygmalion, notre inclination continue de pencher vers La Tempête, l’on ne peut que tomber d’accord sur la hauteur à laquelle les meilleurs ensembles actuels conduisent ce Vespro della Beata vergine, quatre fois centenaire.
https://www.resmusica.com/2019/02/12/brulantes-vepres-de-monteverdi-a-versailles-par-raphael-pichon-pygmalion/


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