11 avril 1770: Entrée au couvent des carmélites de Saint-Denis de Mme Louise, fille de Louis XV

"Départ de ma tante Louise pour Saint-Denis"
 

Entrée au couvent des carmélites de Saint-Denis de Mme Louise, fille de Louis XV

Prise de l'habit de postulante de Mme Louise au couvent des carmélites de Saint-Denis

Il y a longtemps que Mme Louise sollicite secrètement le Roi son père de lui accorder la permission de se faire carmélite; mais le Roi accoutumé à garder les plus importants secrets, n'en a parlé à personne. L'Archevêque de Paris et des confesseurs le savaient aussi.

Le Roi n'a donné ses ordres, à ce ce sujet, qu'après avoir exigé de Mme Louise qu'elle se soumettrait à tout ce qui serait prescrit pour le bien de sa santé, et s'abstiendrait de l'observance de la règle, s'il était nécessaire.

Le mercredi saint, Mme Louise donne ordre à une de ses dames, la princesse de Ghistel, et à un écuyer de se rendre avec elle aux carmélites de Saint-Denis, sous prétexte de quelque dévotion. arrivée au couvent, elle leur dit qu'elle veux entrer seule, qu'ils aillent faire un tour et qu'ils reviennent recevoir dans quelques temps. A leur retour, ils sont bien étonnés de la voir en habit de postulante, dont elle est déjà revêtue. Elle leur donne une lettre pour le Roi, et une pour les princesses ses sœurs, qui ignorent son dessein. Elle dit un éternel adieu à sa dame d'honneur et à son écuyer, qui sont en larmes.

L'abbé Bertin, conseiller d'état, est chargé de la recevoir, et remettre l'ordre du Roi à la supérieure. Mme Louise prend l'habit de postulante sous le nom de sœur Alexis.

Avant de quitter Versailles, Mme Louise avait fait son testament, par lequel elle distribue ses bijoux et autres effets aux personnes qui étaient attachées et plus particulièrement la princesse de Ghistel. Par ce même testament, Mme Louise supplie le Roi de bien vouloir lui faire payer son état de dépense jusqu'à sa profession ; et de lui donner alors le double de la dote des autres autres religieuses, soit 12000 frs.

Mme Louise ayant vainement essayé de s'habiller elle-même en postulante; elle s'est déterminé à demander à une sœur, pour l'aider pendant quelques jours.

Mme Louise passe pour avoir beaucoup d'esprit, une grande fermeté dans ses résolutions, et un courage à toute épreuve.

La retraite courageuse de Mme Louise fait l'admiration de la Cour et de la ville. On assure qu'elle avait ce projet en vue depuis 7 ans.

Mercredi 11 avril 1770


Dès le jour de son entrée au carmel, Madame Louise voit arriver un courrier extraordinaire, qui lui dépêchait sa famille, pour lui marquer ses sentiments et tous ses regrets:


Madame Adélaïde à Madame Louise
« Tu peux mieux te figurer que je ne puis t’exprimer ce qui s’est passé et ce qui se passe encore dans mon cœur. Ma douleur égale mon étonnement, mais tu es heureuse, cela me suffit. Prie Dieu pour moi, mon cher cœur, tu connais tous mes besoins ; ils sont plus pressants aujourd’hui que jamais. J’irai certainement te voir, dès que je le pourrais, que j’en aurais la force, et que tu voudras me recevoir sans te déranger. Adieu, mon cher cœur, je m’en vais aux Ténèbres, où j’ai peur d’être un peu distraite. Aime-moi toujours, et crois que te le rend bien. Adélaïde »


Madame Sophie à Madame Louise
« Si je ne t’ai pas reparlé, mon cher cœur, de l’envie que je te soupçonnais de te faire religieuse, c’est que je croyais que tu ne l’effectuerais jamais. Je te pardonne de tout mon cœur de ne m’en avoir rien dit. Ton sacrifice est beau, parce qu’il est volontaire. Mais crois-tu que celui que tu me fais faire en nous quittant, et qui n’est pas volontaire, soit moins fort à soutenir ? enfin la volonté de Dieu. Sois bien sûre, mon cher cœur, que je t’aime, que je t’aimerai toute ma vie, et que je t’irai voir, quand tu le permettras, avec bien de l’empressement. Je t’embrasse de tout mon cœur. Sophie »
Madame Louise, fille du Roi, quitte la cour pour entrer au monastère des Carmélites de Saint-Denis