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Sujet: La Flûte enchantée de Mozart Lun 22 Avr - 10:52
Clair, ça va être spécial.
Certes, La Flûte enchantée se déroulait déjà dans un pays inconnu, mais voici qu’elle s’apprête à aborder des terres plus mystérieuses encore… Car la voici livrée à l’imaginaire radical de Romeo Castellucci, formidable créateur d’images, de tableaux prodigieux, mouvementés, inoubliables. Des visions nourries à chaque fois par une réflexion profonde, par l’audace et un savant mélange d’opulence et d’artisanat.
Confronté pour la première fois à Mozart, le metteur en scène italien trouve ici le matériau d’une histoire inédite : « Il faut assumer le poids philosophique de cette pièce. Ce n’est pas seulement quelque chose de léger, d’amusant, un conte de fées. C’est un opéra très chargé au niveau idéologique, une bataille entre le principe féminin et le patriarcat, entre la ligne horizontale et la ligne verticale. » Pour mieux « casser le jouet de la narration », Castellucci a décidé de supprimer ici les dialogues parlés, et d’épouser un parti résolument féministe : celui de la Reine de la Nuit, figure de mère éternelle et tragique, livrée aux machinations de Sarastro. Au service de cet affrontement, il a imaginé une explosion de rideaux de plumes, des tunnels, des boucliers, des palais baroques ouverts toutes entrailles dehors. Une sombre fantasmagorie qui laisse place au dépouillement d’un plateau désert, pour mieux toucher à l’essentiel : « Il y a chez Mozart un très haut degré de vie spirituelle qui lui permet d’approcher le nu de la vie ».
La vision très personnelle de La Flûte enchantée proposée par Romeo Castellucci n’est pas recommandée pour un très jeune public.
Avec le soutien du CIC Nord Ouest, Grand Mécène de l’Opéra, d’Air France et de Lesaffre, Mécènes associés Avec le parrainage du Crédit Agricole Nord de France et de Rabot Dutilleul
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Sujet: Re: La Flûte enchantée de Mozart Lun 22 Avr - 10:53
Chakton a écrit:
Clair, ça va être spécial.
Pourquoi spécial ?
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Chakton
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Sujet: Re: La Flûte enchantée de Mozart Lun 22 Avr - 11:01
de La Reinta a écrit:
Chakton a écrit:
Clair, ça va être spécial.
Pourquoi spécial ?
On va donc développer pour la petite dame.
Sur le plateau, il a convié des non-voyants et des grands brûlés. Délaissant les fausses prophéties mozartiennes, Romeo Castellucci transform l'opéra en performance ultime.
Pour certains, l’écoute d’un opéra de Mozart tient de la dégustation, comme lorsqu’on trempe avec recueillement ses lèvres dans une tasse pour se réjouir des fumets crémeux d’un fameux chocolat chaud viennois. Commençant par inscrire La Flûte enchantée dans la préciosité d’un monde immaculé qui rappelle la blancheur des camées ornant les services en porcelaine, Romeo Castellucci s’explique :
“Je veux assumer la potion mozartienne et la porter à son effet maximum. L’agitation d’un palais du XVIIIe siècle. L’ornement, le divertissement populaire.” Donnant le change à l’image d’Epinal le temps du premier acte avant de bousculer les règles de la représentation, l’artiste questionne la valeur d’exemple d’un opéra connu pour les épreuves initiatiques imposées par un grand prêtre, Sarastro, en dénonçant l’invention obscène “de mondes de lumière si invraisemblables qu’ils en sont radioactifs”.
En saisissant l’occasion de confronter Mozart au réel, le metteur en scène tombe le masque de l’apparat pour les murs lisses d’un plateau qui évoque les salles sans joie où se retrouvent les groupes de parole. Voilà l’opéra inscrit dans la violence d’une performance interrogeant un monde du présent où il serait d’abord question de compassion, face à la violence des épreuves auxquelles certains d’entre nous sont soumis.
L'irruption des vies réelles
“Au deuxième acte, détaille Romeo Castellucci, j’ai demandé la participation de dix personnes de courage, dont les biographies désavouent la trame idéologique de La Flûte.” Des vies réelles font irruption dans le palais de Sarastro et suspendent les effets magiques de son pouvoir.
En interrompant le déroulé d’un rite dédié au mythe d’un feu tout-puissant apte à illuminer les consciences, l’artiste sape l’épine dorsale du récit et appelle à la barre de son spectacle celles qui ne voient plus la lumière et ceux que les flammes ont blessés à jamais. Cinq femmes aveugles et cinq grands brûlés dont les récits agissent sur nous comme des révélateurs de l’injustice propre aux existences terrestres.
Mozart, source de vérité
Loin de l’acte d’un démiurge, la posture choisie s’ancre d’abord dans une mise à nu d’une extrême sincérité quand il ajoute : “C’est moi à présent, un visage dans la foule, qui interroge Mozart sur le sens de ma personne – moi, spectateur – dans sa demeure. Qu’est-ce que je signifie, moi, dans La Flûte enchantée ? Que signifie la présence d’une femme née aveugle face à la voix de la Reine de la nuit ?
Et que signifie, pour un grand brûlé, de se trouver en présence de Sarastro, dont le principe de lumière lui a arraché la peau, tout en étant enveloppé dans la sphère de lumière qui a incendié sa maison ?” Mozart devient alors source de vérité, de colère et de larmes.
La Flûte enchantée ou le Chant de la mère de Mozart, direction musicale Eivind Gullberg Jensen, mise en scène Romeo Castellucci. Du 30 avril au 18 mai, Opéra de Lille
Merci aux Inrocks https://www.lesinrocks.com/2019/04/19/scenes/scenes/la-flute-enchantee-a-lepreuve-du-feu
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de La Reinta
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Sujet: Re: La Flûte enchantée de Mozart Lun 22 Avr - 11:06
OK merci Chakton
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Chakton
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Sujet: Re: La Flûte enchantée de Mozart Lun 22 Avr - 11:17
de La Reinta a écrit:
OK
Pas de panique, vous aurez vos belles tenues et vos symboles de lumières. Ils ont déjà monté ça à la Monnaie de Bruxelles. Retour avec images.
Une "Flûte" selon Castellucci. Mozart assassiné ? Non, simplement interrogé. Rude et passionnant
Et donc il y avait ça
mais aussi ça
Il y a donc immédiatement eu polémique, comme chaque fois qu'un artiste casse les codes.
Quand Picasso interroge les "Ménines" de Vélazquez, en 45 variations, la figure du Roi devient petit à petit la figure de Picasso lui-même. Un hommage au maître, en forme de défi. De même cette " Flûte " est comme un autoportrait implicite de Castellucci et de ses doutes sur l’échec de la Raison, furieusement d’actualité dans le monde actuel. Pour un rationaliste convaincu il y a une provocation par rapport à "l’esprit des Lumières" socle de nos constructions mentales. Mais secouer n’est pas détruire.
Et le 2è acte, qui joue sur la laideur de costumes de prisonniers et un livret contemporain de Claudia Castellucci, la sœur du "peintre", introduit soudain des images fortes et qui touchent alors que l’élégant 1er acte parodiait froidement la lumière du pouvoir. La réalité s’insinue sous forme d’un groupe de femmes aveugles de naissance, qui souffrent de l’absence de lumière mais finissent par y trouver d’autres avantages, une autre sensibilité, musicale, dans leurs ténèbres. Elles sont du côté de la Reine de la Nuit alors qu’un groupe d’hommes, grands brûlés, victimes du feu, le corps couvert de blessures sont du côté de Sarastro. Leurs "épreuves" ne sont pas maçonniques mais humaines et métaphysiques : comment supporter cette "différence" par rapport à la norme ? Les deux groupes, les aveugles et les grands brûlés, se retrouveront, comme Tamino et Pamina à la fin de leurs épreuves maçonniques, sur des thèmes proches, l’obscurité, le feu, des épreuves qui font accéder à la sagesse et à l’amour. Mais les groupes se retrouvent plutôt dans la compassion et Papageno fait l’éloge de l’amour terrestre. Il est avec la Reine de la Nuit le seul individu "reconnaissable", individualisé de tout l’opéra où les personnages classiques sont fondus dans l’ensemble, comme un chœur plus que des solistes .
En même temps, si vous laissez tout comme ça, classique sans y toucher, personne ne parle de votre oeuvre. On va laisser un peu le visuel pour se concentrer sur l'auditif.
Et la musique dans tout ça ? L’orchestre de la Monnaie conduit avec précision et nuances par Antonello Manacorda joue le flux des voix et pas les arias "bel cantistes" : le chef enchaîne les airs et casse la volonté du public d’applaudir les performances vocales sauf pour la Reine de La Nuit, merveilleuse Sabine Devieilhe et Papageno, truculent Georg Nigl. Sophie Karthäuser (Pamina) est pourtant bien là, mozartienne élégante qui fait fondre ceux que la mise en scène incommode.
Donc voilà, ça a fait un tabac à Bruxelles. On va voir ce que ça va donner à Lille. https://www.lamonnaie.be/fr/program/831-die-zauberflote https://www.rtbf.be/culture/scene/detail_une-flute-selon-castellucci-mozart-assassine-non-simplement-interroge-rude-et-passionnant?id=10035577
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pimprenelle
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Sujet: Re: La Flûte enchantée de Mozart Lun 22 Avr - 11:21
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Sujet: Re: La Flûte enchantée de Mozart Ven 26 Avr - 7:55
L'acte 1 c'est beau
Chakton
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Sujet: Re: La Flûte enchantée de Mozart Mer 15 Jan - 10:17
Dans le cadre prestigieux de l’Opéra Royal de Versailles, une Flûte traduite. Si Si Si
Au Château, l’on donnait vendredi soir la première d’une version inattendue de l’œuvre de Mozart, entièrement traduite dans notre langue. Retour en enfance réussi!
(La traduction est due à la germaniste Françoise Ferlan)
La dernière était hier et c'était noir de monde.
C’est en effet une Flûte enchantée de Mozart, entièrement traduite en Français, des airs aux dialogues parlés, en passant par les récitatifs, qu’a choisi de présenter l’Opéra Royal Versailles (en coproduction avec l’Opéra Grand Avignon et l’Opéra Royal de Liège-Wallonie). Traduire les opéras dans la langue du pays où on les donne était autrefois un exercice courant, qui fait aujourd’hui bondir plus d’un puriste.
Citations Thierry Hillériteau dans https://www.lefigaro.fr/culture