23 avril 1773: Mariage secret du duc d’Orléans avec la marquise de Montesson

Originaire d'une famille distinguée de Bretagne, Charlotte-Jeanne Béraud de La Haye de Riou épousa à 16 ans, en 1754, Jean-Baptiste, marquis de Montesson qui en avait 67, non sans l'avoir introduite à la Cour de Versailles.

Le duc d'Orléans avait autrefois vécu un amour partagé avec Madame Henriette, fille aînée du roi mais n'avait pu l'épouser, Louis XV ne pouvant donner l'autorisation pour des raisons politiques. Le jeune duc avait alors convolé avec la princesse de Conti qui le trompa ouvertement.

Madame de Montesson devint veuve à son tour en 1769 ^{(Né en 1687, le marquis mourut après 15 ans de mariage et fut enterré aux Arcis de Meslay. Sa tombe fut violée pendant la Révolution française, et son corps, conservé par l'embaumement, profané)}; son excellente réputation, sa beauté, ses talents, son amabilité et la bonté de son caractère la firent rechercher dans le monde.

Le duc d'Orléans tenta à nouveau d'obtenir du roi la permission d'épouser sa maîtresse, mais ce fut cette fois son propre fils, le duc de Chartres, qui s'y opposa résolument. Le roi consentit finalement en 1772, à la condition expresse que le mariage fût secret pour que M^me de Montesson ne devînt pas duchesse d'Orléans, ce qui fit dire que « faute d'avoir pu faire de la marquise de Montesson une duchesse d'Orléans, le duc d'Orléans s'était fait marquis de Montesson ».
^{(Marquise de Créquy, Souvenirs de la Marquise de Créquy de 1710 à 1803, 1873)}

La bénédiction nuptiale fut donnée le 23 avril 1773 dans la chapelle de l'hôtel de Montesson à la chaussée d'Antin, par le curé de Saint-Eustache dont elle était paroissienne, sur l'autorisation de l'archevêque de Paris et avec le consentement du roi ^{(Par un édit de Louis XIII, il est défendu à tous les prélats du royaume de marier aucun prince du sang sans une lettre écrite de la propre main du roi. Celle de Louis XV ne contenait que ces mots: « Monsieur l'archevêque, vous croirez ce que vous dira de ma part mon cousin, le duc d'Orléans, et vous passerez outre. » Cf. Correspondance de Grimm, 3[sup]e} partie, tome 3, p. 459)[/sup], Sa Majesté « voulant que le mariage restât secret, autant que faire se pourrait », c'est-à-dire aussi longtemps qu'aucun enfant n'en serait le fruit. Elle veut aimer sans relâche. Le mariage ne fut cependant ignoré ni à la Cour ni à la ville, mettant M^me de Montesson, épouse du premier prince du sang sans avoir le titre et le rang de princesse, dans une position intermédiaire fort difficile
^{(Par lettres patentes du 26 août 1781, enregistrées deux jours après au parlement, Louis XVI autorisa M[sup]me} de Montesson à procéder, tant dans les tribunaux que dans les actes et contrats volontaires, sous ses seuls noms de famille)[/sup]