Le Boudoir de Marie-Antoinette

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 08 juin 1795: 12H

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yann sinclair

yann sinclair


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MessageSujet: 08 juin 1795: 12H   08 juin 1795: 12H Icon_minitimeSam 8 Juin - 12:16

08 juin 1795: 12H L1711

 12H

M. Dumangin s'étant retiré, Gomin remplaça Lasne dans la chambre du Dauphin

C'est au tour de la Section du Faubourg du Nord d'envoyer un municipal Damont, président du Comité Civil de cette Section, se nomme lui-même pour se rendre au Temple, poussé par la curiosité

Effrayé par l'état de l'enfant, il envoie Gomin à la Convention pour aviser le Comité de Sûreté Générale de l'état du prisonnier.

Damont reste seul et assiste Lasne auprès du malade, qui souffrant de coliques très douloureuses, supplie:
"-Mettez-moi dans un endroit où je ne souffre pas autant"


Il s'assit auprès de son lit et ne lui parla point, de peur de le fatiguer.

Le Prince n'entamait jamais la conversation, et par conséquent il ne dit rien non plus; mais il arrêta sur son gardien un œil profondément mélancolique

A l'heure de la mort, le petit Roi dit qu'il entend de la musique et qu'au milieu des voix, il a reconnu celle de sa mère
« Que je suis malheureux de vous voir souffrir comme cela ! lui dit Gomin. Consolez-vous, lui dit l'enfant, je ne souffrirai pas toujours »


Gomin se mit à genoux pour être plus près de lui.

L'enfant lui prit la main et la porta à ses lèvres.

Le cœur religieux de Gomin se fondit en une prière ardente, une de ces prières que la douleur arrache à l'homme et que l'amour envoie à Dieu.

L'enfant ne quitta pas la main fidèle qui lui restait; il éleva un regard vers le ciel, pendant que Gomin priait pour lui.

Vous écouterez sans doute avec émotion les dernières paroles du mourant

Car vous avez connu celles de son père, qui, du haut de l'échafaud, envoyait le pardon à ses assassins.

Vous avez connu celles de sa mère, de cette reine héroïque qui, impatiente de quitter la terre où elle avait tant souffert, priait le bourreau de se dépêcher.

Vous avez connu celles de sa tante, de cette vierge chrétienne qui, d'un œil suppliant, lorsqu'on lui enlevait son vêtement pour mieux la frapper, demandait au nom de la pudeur qu'on lui couvrit le sein.

Et maintenant oserai-je vous répéter les paroles suprêmes de l'orphelin?

Ceux qui recueillirent son dernier souffle me les ont rapportées, et je viens fidèlement les inscrire dans le martyrologe royal.

Gomin, voyant l'enfant calme, immobile, muet, lui dit:
« J'espère
Oh! si, je souffre encore, mais beaucoup moins que vous ne souffrez pas dans ce moment? La musique est si belle »


Or, on ne faisait aucune musique ni dans la tour ni dans les environs; aucun bruit du dehors n'arrivait en ce moment à cette chambre où le jeune martyr s'éteignait.

Gomin, étonné, lui dit:
« De quel côté entendez-vous cette musique?
De là-haut!
Y a-t-il longtemps?
Depuis que vous êtes à genoux. Est-ce que vous n'avez pas entendu? Écoutez! écoutez ! »



Et l'enfant souleva par un mouvement nerveux sa main défaillante, en ouvrant ses grands yeux illuminés par l'extase.

Son pauvre gardien, ne voulant pas détruire cette douce et suprême illusion, se prit à écouter aussi avec le pieux désir d'entendre ce qui ne pouvait être entendu.

Après quelques instants d'attention, l'enfant tressaillit de nouveau, ses yeux étincelèrent, et il s'écria dans un transport indicible:
« Au milieu de toutes les voix, j'ai reconnu celle de ma mère! »


Ce nom tombé des lèvres de l'orphelin semblait lui enlever toute douleur.

Son regard s'éclaira de ce rayonnement serein que donne la certitude de la délivrance ou de la victoire

Captivé par un spectacle invisible, l'oreille ouverte au bruit lointain d'un de ces concerts que l'oreille humaine n'a pas entendus, il sentait éclore dans sa jeune âme toute une existence nouvelle.

Un instant après, l'éclat de ce regard s'était éteint, et un froid découragement était empreint sur son visage.
Gomin suivait d'un œil inquiet tous les mouvements du malade.

Sa respiration n'était pas plus pénible, seulement sa prunelle errait lentement, et distraite, ramenant de temps en temps un regard vers la fenêtre...

Gomin lui demanda ce qui l'occupait de ce côté.

L'enfant regarda son gardien quelques instants, et, bien que la même question lui eut été faite de nouveau, il ne parut pas l'avoir comprise et il n'y répondit point.

Pendant l'agonie, Gomin, parti pour la Convention, a été remplacé par Lasne

Celui-ci sortit le cœur serré, mais non pas plus inquiet que la veille; car il ne prévoyait pas encore une fin prochaine.

Lasne s'assit auprès du lit

Le Prince le regarda longtemps d'un œil fixe et rêveur.

Comme il fit un léger mouvement, Lasne lui demanda comment il se trouvait et ce qu'il désirait.

L'enfant lui dit:
« Crois-tu que ma sœur ait pu entendre la musique? Comme cela lui aurait fait du bien! »


Lasne ne put répondre.

Le regard plein d'angoisse du mourant s'élançait perçant et avide vers la fenêtre.

Une exclamation de bonheur s'échappa de ses lèvres; puis, regardant son gardien:
« J'ai une chose à te dire... »


Lasne lui prit la main

La petite tête du prisonnier se pencha sur la poitrine du gardien qui écouta, mais en vain.

Tout était dit.

08 juin 1795: 12H Frise-16

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