yann sinclair
Nombre de messages : 26307 Age : 66 Localisation : Versailles Date d'inscription : 10/01/2016
| Sujet: 02 Juillet 1658: le Roi Soleil se meurt à Calais Lun 1 Juil - 16:18 | |
| Après avoir parcouru une plage non loin de Dunkerque et visité le Fort de Mardyck, le jeune Louis XIV a contracté une forte fièvre qui le fait délirer. Logé rue des Minimes à Calais, il ne peut se déplacer. Une armada de médecins l'entoure mais semble démunie face au mal.
Les historiens qui se sont penchés sur la maladie contractée par Louis XIV sur les rivages de la mer du Nord ont pu déterminer que le typhus sévissait dans la zone à l'état endémique au moment du séjour du roi. C'est donc fort probablement de ce mal mortel que souffre celui qui n'est pas encore surnommé le Roi Soleil en ce mois de juillet 1658, alors qu'il gît sur son lit de douleurs à Calais.
Louis XIV avait de très beaux cheveux mais il tomba malade alors qu’il se trouva à Calais, il sera traité pendant 2 mois pour le typhus, par des médecins qui le soignent par ingestion d’antimoine et autres médicaments qui ont raison de la maladie puisqu’il guérit miraculeusement mais en y laissant ses cheveux car deviendra chauve à 20 ans.
Il dut se résoudre à porter une perruque.
Néanmoins, il refusa qu’on lui coupe les cheveux entièrement.
Des fenêtres pratiquées dans les perruques permettaient de mêler les vrais des faux cheveux sans qu’il n’y paraisse. Monsieur Binet, perruquier du roi en créa de si extravagantes que naquit expression « avoir une drôle de binette ! »
« Vous avez une bien jolie binette !» Disait-on lorsqu'on voulait complimenter quelqu'un sur la beauté de sa perruque.
En peu de temps, les perruques s'établirent sur toutes les têtes.
« Louis XIV et sa cour en portaient qui pesaient plusieurs livres, et coûtaient plus de mille écus; les tresses descendaient sur les hanches, et le toupet dominait sur le front à une hauteur de cinq à six pouces ».
Les perruquiers avaient des escouades de coupeurs de cheveux qui sillonnaient les provinces, de préférence les cheveux des femmes des campagnes ou des villages car ils étaient protégés par un bonnet à l’inverse des femmes des villes.
Les plus estimés venaient du Nord, des Flandres étant de meilleure qualité.
« Je prélèverais toutes les têtes du royaume pour parer celle de sa majesté » disait Binet.
Difficulté d'établir un diagnostic
Mais ce diagnostic, établi a posteriori grâce à l'analyse des rapports quotidiens rédigés par les médecins du roi, est évidemment inconnu de ces derniers, qui ne disposent d'aucun moyen scientifique pour cerner l'origine d'une affection dont ils ne peuvent qu'observer et consigner les manifestations. Reste que leur mission est de soulager leur insigne patient et d'essayer de trouver de façon empirique le bon remède afin que son état s'améliore.
Le 5 juillet, deux médecins de la Cour venus en renfort de Paris sur l'ordre de Mazarin, Guénaut et Daquin, se concertent avec l'archiatre Antoine Vallot sur la meilleure stratégie à adopter pour sauver la vie de Louis XIV. Extrêmement affaibli, le roi présente toujours une forte fièvre, il a du mal à respirer et on commence à envisager le pire.
Vallot, présent sur place depuis le début de la maladie, a administré au roi le traitement alors classique.
Le 2 juillet, il lui fait tirer « trois grandes poêlettes de sang du bras droit, et durant la saignée les faiblesses augmentèrent de telle manière que cela donnait de l'épouvante à tous ceux qui le voyaient dans cet état ».
Saignées et lavements à répétition Le lendemain, « voyant que le mal augmentait, je fus obligé de lui faire tirer du sang de l'autre bras », raconte le praticien qui poursuit: « Sur le midi, je lui fis donner un lavement. Le reste de la journée tous les accidents continuèrent de la même force, et même, on peut dire qu'ils se rendirent plus fâcheux, ce qui obligea d'en venir à une troisième saignée sur le soir ».
Le 4, Louis XIV subit à nouveau deux saignées, le matin au bras, le soir au pied, et des lavements à répétition !
Molière a dépeint de façon satirique les médecins de son temps maniant impitoyablement le clystère et la lancette à saigner quelle que soit la maladie qu'ils ont à traiter. Ces pratiques thérapeutiques, qui ne faisaient en réalité qu'affaiblir davantage les patients, avaient pour "but" de faire évacuer les "humeurs "malignes du corps, de l'épurer en quelque sorte, suivant les principes de la médecine galénique.
Le 5 juillet, les médecins parisiens s'opposent à la purgation préconisée par Vallot. Cette divergence traduit une certaine fébrilité chez les praticiens, qui ne savent plus que faire. Elle reflète également les rivalités qui les opposaient, la place de Premier médecin, alors occupée par Vallot, étant particulièrement convoitée.
A partir du 6, pour contrer la bouffissure du corps du roi, parsemé de taches rouges, on commence à employer des vésicatoires aux bras et aux jambes qui provoquent des ampoules et un soulèvement de l'épiderme.
Le 7, nouvelle saignée. L'état du malade semble désespéré.
Toujours fiévreux, pris de douleurs intenses à la poitrine et à la tête, il ne se contrôle plus, laissant « écouler, involontairement, dans le lit, ses urines et ses excréments ».
On peut s'imaginer le martyre physique mais aussi moral vécu alors par Louis XIV. En effet, en tant que monarque, il se doit d'être en constante représentation afin de légitimer son pouvoir. Sa vie est un théâtre quotidien et les moindres péripéties de son existence doivent théoriquement être rendues publiques. Rassemblant toutes ses forces, le roi ne se plaint pas et reste autant que faire se peut impassible face aux souffrances qu'il endure. Mais il avoue à Mazarin qu'il sent sa fin proche et s'y prépare.
Magali DOMAIN
Le Grand Siècle, période d'apogée de la saignée
L'évacuation des "matières malignes "est l'obsession de tous les médecins du XVIIe siècle français, à l'image de monsieur Purgon, célèbre personnage du Malade imaginaire. Malgré les découvertes opérées par Harvey concernant la circulation sanguine, la référence des praticiens demeure Galien, médecin de l'Antiquité, père de la théorie des humeurs: il faut expulser, par la purge ou la saignée, les humeurs malignes qui sont la cause des maladies chez l'individu.
Les patients ont une habitude ancienne de la phlébotomie, et ne la remettent pas en cause: face à la souffrance et à la maladie, il est alors normal d'y recourir. Si une saignée ne suffit pas, on la renouvelle.
Si le malade expire sous la lancette, c'est parce que l'intervention a été trop tardive ! Il faudra attendre le siècle suivant pour que cette pratique dont Louis XIV fit tant de fois les frais amorce un déclin._________________ 👑 👑 👑 ⚜ ⚜ |
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