Jean Diot et Bruno Lenoir, étranglés puis brûlés à Paris pour sodomie
https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Diot_et_Bruno_LenoirPlaque commémorative devant le 67 rue Montorgueil (Paris 2e) Juin 2016Jean Diot et Bruno Lenoir sont les deux derniers français connus pour avoir été condamnés à la peine de mort en raison d'une pratique homosexuelle.
Au terme d'un procès de six mois, ils sont étranglés puis brûlés à Paris, en place de Grève, le 06 juillet 1750
En 2014, une plaque commémorative est inaugurée pour rappeler leur souvenir.
Exposé des faits
Le 4 janvier 1750, Julien Dauguisy, sergent du guet, déclare par procès-verbal devant Jacques François Charpentier que le jour même, vers 23 heures, il a vu rue Montorgueil, entre les rues Saint-Sauveur et Beaurepaire
1, deux hommes « en posture indécente et d’une manière répréhensible », dont l'un lui a paru ivre.
Il les a arrêtés et emprisonnés
2Les accusés sont interrogés le 09 janvier 1750.
Jean Diot est « gagne deniers » dans une charcuterie voisine sise rue de la Fromagerie, tenue par la dame Marin.
Il a 40 ans
3Bruno Lenoir est cordonnier
Il a 23 ans
4Ce dernier affirme que Jean Diot lui a proposé un rapport sexuel anal qui n'a pu aboutir vu l'arrivée d'un témoin.
Jean Diot nie les faits: ayant vu Bruno Lenoir endormi sur le pas d'une porte
5, il a souhaité l'aider
6.
Jean Diot ne sait pas écrire et ne peut signer sa déposition, à l'inverse de Bruno Lenoir
7.
Procès et exécution
D'origine modeste et dépourvus de protection
8, les deux hommes sont pris dans la mécanique implacable d'un appareil judiciaire répressif.
La faute incriminée est avant tout le scandale.
La nécessité d'un exemple dissuasif semble avoir inspiré les juges.
Le 11 avril 1750, le procureur requiert que les inculpés soient brûlés vifs
9pour « crime » de sodomie
2.
Les accusés sont de nouveau interrogés
10.
Puis la sentence est rendue le 27 mai 1750 et enregistrée le 07 juin 1750 au Parlement de Paris
11.
Elle confirme celle du lieutenant-général de police: les deux hommes sont condamnés à la confiscation de leurs biens ou, à défaut, au paiement d'une amende de 200 livres chacun. Ils seront brûlés et leurs cendres jetées au vent.
Mais elle introduit une clause de retentum: ils « seront secrètement étranglés avant de sentir le feu »
12.
L'exécution a lieu en place de Grève, le lundi 06 juillet 1750 à 17 heures.
L'avocat et mémorialiste Edmond Jean François Barbier rapporte les faits dans son
Journal historique et anecdotique13:
Citation :« Aujourd'hui, lundi 6, on a brûlé en place de Grève, publiquement, à cinq heures du soir, ces deux ouvriers : savoir, un garçon menuisier et un chaircuitier, âgés de 18 et 25 ans, que le guet a trouvés en flagrant délit, dans les rues, le soir, commettant le crime de sodomie ; il y avait apparemment un peu de vin sous jeu pour pousser l'effronterie à ce point. J'ai appris, à cette occasion, que devant les escouades du guet à pied, marche un homme vêtu de gris qui remarque ce qui se passe dans les rues, sans être suspect, et qui, ensuite, fait approcher l'escouade. C'est ainsi que nos deux hommes ont été découverts. Comme il s'est passé quelque temps sans faire l'exécution, après le jugement, on a cru que la peine avait été commuée à cause de l'indécence de ces sortes d'exemples, qui apprennent à bien de la jeunesse ce qu'elle ne sait pas. Mais on dit que c'est une contestation entre le lieutenant-criminel et le rapporteur [...] Bref, l'exécution a été faite pour faire un exemple, d'autant que l'on dit que ce crime devient très commun et qu'il y a beaucoup de gens à Bicêtre pour ce fait. Et comme ces deux ouvriers n'avaient point de relations avec des personnes de distinction, soit de la Cour, soit de la ville, et qu'ils n'ont apparemment déclaré personne, cet exemple s'est fait sans aucune conséquence pour les suites [...] On n'a point crié le jugement pour s'épargner apparemment le nom et la qualification du crime. On avait crié en 1726 pour le sieur Deschauffour, pour crime de sodomie »Une indifférence générale semble avoir entouré le sort des deux hommes.
Postérité
Le 18 octobre 2014, devant le 67 rue Montorgueil
1, à l'angle de la rue Bachaumont, une plaque apposée sur le trottoir est inaugurée en leur souvenir.
Au nom du devoir de mémoire, Jean Diot et Bruno Lenoir sont érigés en symbole des victimes de l'homophobie
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http://tetu.com/2017/07/19/amours-secretes-de-bruno-jean-derniers-homosexuels-brules-a-paris/