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 08 août 1716: A LA COMTESSE LOUISE

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yann sinclair

yann sinclair


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MessageSujet: 08 août 1716: A LA COMTESSE LOUISE   08 août 1716: A LA COMTESSE LOUISE Icon_minitimeMer 7 Aoû - 10:34

A LA COMTESSE LOUISE


Marly, 8 août 1716


Aussitôt que je serai de retour à Versailles, je ferai faire une copie de mon portrait par Rigaud, qui a saisi ma ressemblance d'une manière étonnante; vous verrez alors, ma chère Louise, comme je suis devenue vieille.
Il ne faut pas être surpris si le prétendant a le désir de remonter sur un trône qui lui appartient par tous les droits de la naissance, et d'où sa religion seule l'éloigné. Je ne sais pas comment les Anglais peuvent le haïr; c'est un des meilleurs et des plus honnêtes personnages que notre Seigneur Dieu ait créés. Je voudrais, comme j'ai dit quelquefois, que le roi George fût empereur romain, et le prétendant roi d'Angleterre; mais désirer ne sert à rien.


La femme de mon fils a un perroquet qui répète tout ce qu'il entend dire et qui imite tout le monde.


Il sait les noms de toutes les femmes de chambre et de tous les valets, et il les appelle si bien qu'ils accourent, croyant que c'est la duchesse.


Il était dernièrement dans une chambre où se trouvaient des ouvriers qui parlaient entre eux assez grossièrement, et lorsque la duchesse vint à lui, il lui dit: « Madame, baise mon cul »


Vous pouvez facilement vous figurer combien cela fit rire.


J'ai deux perroquets; ils sont verts; l'un me déteste comme le diable et souffre tout le monde, excepté moi; l'autre n'aime que moi et déteste tout le monde.


Les lettres de la reine d'Espagne à Bayonne' ne consistent qu'en compliments et en commissions, parmi lesquelles il y en a de fort ennuyeuses; elle demande un évêché pour celui-ci et un emploi de capitaine des gardes pour celui-là; elle veut une pension pour un tel et une abbaye pour un autre.


Mais si je dis le mal, je dois aussi dire le bien; je suis fort obligée à cette bonne reine, car elle a beaucoup travaillé au raccommodement de mon fils avec le roi d'Espagne.


Je voudrais qu'en m'écrivant elle n'employât pas des mots tout enfantins, comme petite maman ; je n'ai pas été habituée à être appelée ainsi. Ses lettres ne me font pas grand plaisir, tandis que les vôtres, chère Louise, sont les plus agréables que je puisse recevoir.


Ma fille est dans une grande affliction, car son beau-frère, le prince François, est mort de la petite vérole; il n'avait que huit ans, lorsqu'elle alla en Lorraine; il était élevé près d'elle et elle Je regardait comme son enfant. Lorsque les catholiques anglais sont ici, ils se montrent comme pleins de piété. Il y a quelques années, je vis chez ma tante, l'abbesse de Maubuisson, un homme que je pris pour un officier : il avait une grande perruque et une cravate, et, comme il ne portait pas d'épée, je crus qu'il était prisonnier; il avait bonne mine, quoiqu'il ne fût pas jeune. Je demandai qui était cet officier; ma tante se mit à rire et me dit que c'était un moine de l'ordre de Saint-François, qui arrivait d'Angleterre. Alors il me dit, en versant des larmes, que la religion catholique était tellement haïe dans ce pays, que les moines ne pouvaient y porter leur habit. Je répondis que s'il n'y avait que cela, il n'y avait pas grand sujet de plainte, car une perruque avait meilleure mine qu'une tête rasée. Pendant notre dialogue, ma tante était au moment de crever de rire. Les Anglais sont tous horriblement débauchés ; c'est encore pis chez eux qu'en France et en Italie.


Mm" d'Orléans n'est pas de mon avis à l'égard de ses filles; elle voudrait qu'elles se fissent toutes religieuses : elle n'est pas assez bête pour croire que cela les menât au ciel; c'est de sa part pure paresse, car c'est la femme la plus paresseuse du monde ', et elle craint, si elle les avait près d'elle, d'avoir la peine de les élever...
Rien dans le monde ne me dégoûte plus que le tabac à priser; il rend les nez horribles et il répand une odeur infecte.


J'ai connu des gens qui avaient l'haleine la plus douce; après s'être adonnés au tabac, six mois ont suffi pour les rendre puants comme boucs.


Avec un nez barbouillé de tabac, on a l'air, passez-moi l'expression, d'être tombé dans la fiente '
Le roi le déteste; mais ses enfants et ses petits-enfants en prennent, quoiqu'ils sachent que cela lui déplaît*. Il faut s'en abstenir tout à fait, car si l'on en prend un peu, on veut bientôt en prendre beaucoup; on l'appelle l'herbe enchantée, parce que celui qui a commencé à en faire usage ne veut plus s'en passer.
Je n'ai plus entendu parler de la comtesse de Wartenberg; mais on dit qu'il y a d'étranges choses entre elle et son fils; c'est un jeune homme qui a quinze ans, et elle ne veut pas souffrir qu'il couche ailleurs que dans son lit à elle; on lui a dit que cela faisait jaser, mais elle ne s'en soucie pas.


Je veux du bien à votre beau-frère parce qu'il est encore un bon Allemand; je ne puis souffrir que les de la duchesse; il en trace d'ailleurs un portrait favorable: « Elle étoit grande et de tout point majestueuse; la mesure et toute espèce de décence et de bienséance étoient chez elle dans leur centre »
( Voir t. XXIII, p. 27, et sur son désir de contribuer à la grandeur du duc du Maine, p. 49)
1 La veuve de Charles II.
1 Saint-Simon confirme en plusieurs endroits de ses Mémoires ce que dit Madame à l'égard de la paresse et de l'apathie


1 1m dreck.
1 Saint-Simon (t. II, p. 122) raconte que les filles du roi envoyèrent un jour chercher des pipes au corps-de-garde des Suisses et se mirent à fumer.
Allemands veuillent être autre chose que des Allemands et qu'ils méprisent leur nation.


1 Die zote, la vilaine, la sale; c'est ainsi que Madame désigne sans cesse M"16 de Maintenon. Nous avons dû reproduire ces injures dictées par une aveugle animositë.
a Marie-Emilie Joly de Choin; on croit que le Dauphin l'avait épousée en secret; il en sera reparlé dans la suite de ces lettres. Elle survécut longtemps à son amant, et mourut en 1744.

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