Les mouches ou grains de beauté

Les grains de beauté ou plus joliment les mouches ornaient les visages et les décolletés des dames pour signifier quelque chose de précis.
Les hommes, comme Philippe d'Orléans frère de Louis XIV, utilisaient cet artifice. Les mouches étaient en fait un morceau de taffetas noir collé sur le visage!
Connaissez vous un traité, un livre sur la signification de ces mouches????

Près de l'œil, elle se nomme assassine ou passionnée.
Au coin de la bouche, c'est la baiseuse.
Sous la lèvre, elle devient friponne ou coquette.
Sur le nez, effrontée ou gaillarde.
Sur le front, la majestueuse
Sur la joue, c'est la galante.
Sur une ride, dans le creux du sourire , elle est l'enjouée.
Sur la poitrine, c'est la généreuse.
Sur un bouton, la receleuse.
Ou bien sur le menton, la discrète .......



Nous avons déjà traité ce sujet, mais où ?

Dans le sujet relatant du maquillage sans doute...

Bien à vous.

Oui, sans doute ! Clio saurait nous dire cela .

Ah oui, pardon!!!!!

Mais bon, je trouve le mot tellement joli qu'il mérite un topic à lui tout seul.....

  .... merci !

Comme déjà précisé, nous évoquions cet accessoire ici : https://maria-antonia.forumactif.com/t662-maquillage

Avec notamment la présentation de cette célèbre gravure :

Cette gravure charmante est très évocatrice !  

XVIIIème siècle, une boite à mouches !

La mouche reste-t-elle un accessoire de beauté sous Louis XVI ? Sous Louis XIV et Louis XV, ok, mais après ?
Je ne connais pas de portraits des années 80 qui montrent des mouches. Et elles avaient certainement complètement disparu à la Révolution.

La période faste de la mouche, c'est sous Louis XV . Elle balbutiait sous Louis XIV et tombe en désuétude sous Louis XVI où l'on ne la voit plus guère que sur les joues défraîchies des Siècles .

Je les vois bien.  

Voici ce qu'en disent Jules et Edmond de Goncourt, La femme au XVIIIème siècle       :

Le rouge choisi, posé, gradué, la toilette du visage n'était qu'à moitié faite : il restait à lui donner l'esprit, le piquant .  Il restait à disposer, à arranger, à semer comme au hasard, avec une fantaisie provocante,  tous ces petits morceaux de toile gommée appelés par les poètes " des mouches dans du lait " : les mouches .
C'était le dernier mot de la toilette de chercher, de trouver la place à ses grains de beauté d'application, taillés en coeur, , en lune, en comète, en croissant, en étoile, en navette. Et quelle attention à jeter joliment ces amorces d'amour, sorties de chez le fameux Dulac de la rue Saint-Honoré, la badine, la baiseuse, l'équivoque; à poser selon les règles, l'assassine au coin de l'oeil, la majestueuse sur le front, l'enjouée dans le pli que fait le rire, la galante au milieu de la joue, et la coquette , appelée aussi précieuse et friponne, auprès des lèvres !
La mode alla plus loin : un moment, les femmes portèrent à la tempe droite des mouches de velours de la grandeur d'un petit emplâtre . Et l'on vit même un jour sur la tempe de la jolie Mme Cazes cette singulière mouche entourée de diamants .
Vers la fin du siècle, la mode change absoslument. Le charme de la femme n'est plus dans les grâces piquantes, mais dans les grâces touchantes . Emportée par le grand retour du règne de Louis XVI vers la sensibilité, la femme rêve un nouvel idéal de sa beauté dont elle compose les traits d'après les livres et les tableaux, d'après les types de peintres et les héroïnes des romanciers. Elle cherche à remplacer sur sa figure l'expression de l'esprit par l'expression du coeur, le sourire qui vient de la pensée par le sourire qui vient de l'âme . Elle vise à l'ingénuité, à la candeur, à l'air attendrissant ................

Merci beaucoup !

C'est bien pour cela que je pensais aux portraits de madame Vigée-Lebrun qui ne comportent aucune mouche. Son goût pour le "naturel" ne pouvait que refuser un tel accessoire. Déjà la pauvre qu'elle se battait contre le rouge et les cheveux poudrés...

Un mot sur Dulac fils, le spécialiste des mouches mais plus seulement :

Fils d’un marchand gantier parfumeur établi rue Saint-Honoré, Jean Dulac (1704-1786) avait repris la boutique de son père dès 1731 et devint lui-même marchand mercier privilégié suivant la Cour le 16 mai 1753 ; il allait le rester jusqu’au 24 février 1775, date à laquelle il donna sa démission. En 1743, il avait épousé en secondes noces Marie-Anne Garry ; celle-ci participa activement à son commerce et son nom figure à côté de celui de son époux dans les comptes de la Manufacture de Sèvres, car Dulac détint pendant plus de vingt ans le monopole de la distribution de la porcelaine qu’on y fabriquait. A l’instar de Julliot, de Poirier et de Daguerre, Dulac fut à l’origine de créations originales et son rôle semble très considérable dans la diffusion du style grec dans les années 1760-1770. L’inventaire établi lors de son décès en 1786, consignait une importante clientèle parmi laquelle figuraient les noms du duc de Chartres, du prince de Chimay, de la landgrave de Hesse, du duc de Liancourt, de la duchesse de Luynes, du duc et de la duchesse de Mazarin, etc. Il était aussi créancier des ducs d’Havré et de Croy, de la princesse d’Hanhalt Zerbst, du marquis de Voyer, de la marquise d’Asfeld, etc ...

Et sur le decolleté, en posait-on aussi des mouches ?....

Ce serait mutin comme tout, c'est vrai ! Mais point de mouche mentionnée dans le décolleté .....
Dommage ! Elle aurait pu être appelée l'affolante !

la scabreuse

Oh non ! scabreuse a quelque chose de glauque, de malsain .
Le décolleté, c'est au contraire le vertige de tous les charmes entrevus, promis ........
C'est troublant, enivrant, pas scabreux du tout .

J'y mêlais un peu d'indécence et un certain gout du risque à de la délicatesse, mais rien de malsain ou de glauque.
scabreuse mais pas graveleuse, tu vois la nuance ?...

Alors que penses-tu de la pigeonnante

Madame de Théus a écrit:

J'y mêlais un peu d'indécence et un certain gout du risque à de la délicatesse, mais rien de malsain ou de glauque.
scabreuse mais pas graveleuse, tu vois la nuance ?...

Ben yes, but :

scabreux :
Synonymes choquant, corsé, dangereux, déplacé, embarrassant, grossier, hasardeux, inconvenant, indécent, obscène, osé.  
 

Madame de Théus a écrit:

Alors  que penses-tu de la pigeonnante

.... adorable !    et tout à fait d'à propos !!!  

Citation :

scabreux :Synonymes choquant, corsé, dangereux, déplacé, embarrassant, grossier, hasardeux, inconvenant, indécent, obscène, osé.  
 

Or , il s'agit davantage d'un aspect corseté, ici  

La prometteuse pourrait aussi être une jolie appellation.

Bien à vous.

Le professionnel est interpellé !

Très jolie la prometteuse !

Ah, c'est du Majesté !