yann sinclair
Nombre de messages : 26307 Age : 66 Localisation : Versailles Date d'inscription : 10/01/2016
| Sujet: 12 août 1686: Ambassadeurs du Siam Lun 12 Aoû - 12:24 | |
| Tous les ballots étant arrivés, les ambassadeurs firent leur entrée à Paris le 12 août.
Ils partirent ce jour-là de bonne heure de Berny ,(Ce château appartenoit alors à M. de Lyonne, ministre et secrétaire d’État. Peut-être, toutefois, au lieu de Berny faut-il lire Bercy. La note suivante dira pourquoi) et se rendirent à Rambouillet .
Il ne s’agit pas ici du château de Rambouillet, mais de la maison des Quatre-Pavillons, que le financier Rambouillet avoit fait construire dans le faubourg Saint-Antoine, sur un emplacement écorné depuis par la rue de Bercy. (Sauval, t. II, p. 287.) Cette maison, qu’on n’appeloit que Rambouillet, et dont l’enclos produisoit les meilleurs fruits des environs de Paris, étoit l’endroit d’où partoient les ambassadeurs des puissances non catholiques pour faire leur entrée à Paris. Piganiol de la Force, Descript. de Paris, t. V, p. 103. M. Walckenaer a donné une intéressante description de cette maison et de ses jardins dans sa notice sur M. de la Sablière, dont Antoine Rambouillet étoit le père. Vie de plusieurs personnages célèbres, 1830, in-8, t. II, p. 208–209, 217.
Le maréchal duc de la Feuillade alla avec le sieur de Bonneuil, dans les carrosses du roi et de madame la dauphine, les prendre.
Les ambassadeurs, étant avertis de leur arrivée, vinrent les recevoir dans la première pièce en entrant de leur appartement, qui étoit au rez-de-chaussée.
Après les civilités rendues de part et d’autre, le premier ambassadeur monta dans le carrosse du roi, se mit au fond de derrière, à droite, ayant le duc de La Feuillade à côté de lui
Le sieur de Bonneuil occupa le fond de devant avec le sieur Stolf.
Les deux autres ambassadeurs se placèrent dans les carrosses de madame la dauphine avec le sieur Girault et l’abbé de Lyonne, qui devoit servir d’interprète.
On marcha dans cet ordre :
Deux carrosses du maréchal duc de La Feuillade, remplis de ses gentilshommes
Quelques carrosses de louage, où les domestiques des ambassadeurs étoient
Il a été dit plus haut qu’ils en avoieut vingt. « Ils sont, dit Dangeau, trois ambassadeurs. Ils ont avec eux quatre gentilshommes et deux secrétaires, et mangent tous neuf ensemble. Le reste de leur suite n’est que de la valetaille »
Huit trompettes de la chambre du roi sonnant.
Les ambassadeurs les avoient demandés pour faire honneur à la lettre du roi de Siam.
On a bien voulu leur faire ce plaisir, contre l’usage, les trompettes ne sonnant jamais aux entrées des ambassadeurs.
Le carrosse du roi, entouré de laquais du maréchal duc de La Feuillade et de ceux de l’introducteur
Le carrosse de madame la dauphine
Le carrosse de Monsieur et celui de Madame
Les carrosses de la famille royale
Les carrosses des princes et des princesses de la maison royale
Le carrosse du secrétaire d’État des affaires étrangères C’étoit alors Colbert de Croissy.
Le carrosse de l’introducteur.
Le carrosse du chevalier de Chaumont et de l’abbé de Choisy, qui avoient été en ambassade à Siam Il y avoit un peu plus d’un an que Louis XIV avoit envoyé le chevalier de Chaumont et l’abbé de Choisy au Siam, auprès du roi Tchaou-Naraia, pour lui rendre l’honneur qu’il lui avoit fait par l’ambassade de 1684, dont nous avons parlé. Partis de Brest le 3 mars 1685, nos ambassadeurs étoient de retour en France le 18 juin 1686, avec les nouveaux ambassadeurs siamois dont il est question en ce moment. Chaumont et Choisy publièrent chacun une relation du Voyage à Siam. Celle de l’abbé est la plus intéressante.
Le carrosse de l’abbé de Lyonne Artus de Lionne, l’un des fils du célèbre ministre Hugues de Lionne. Il étoit évêque de Rosalie et avoit été missionnaire en Chine. C’est lui et le père Tachard qui servoient de conducteurs et d’interprètes aux ambassadeurs. L’abbé de Lionne avoit été du voyage de Siam.
Un carrosse des missionnaires étrangers fermoit la marche.
Les ambassadeurs descendirent à l’hôtel des ambassadeurs extraordinaires , L’ancien hôtel du maréchal d’Ancre, rue de Tournon, près du Luxembourg. Il appartint ensuite à M. le duc de Nivernois, qui dut le reconstruire moins monumental, à cause des catacombes, dans lesquelles son poids l’avoit fait s’enfoncer. La duchesse douairière d’Orléans l’habitoit en 1814 ; il sert aujourd’hui de caserne à la garde de Paris. Nous avons déjà parlé de cet hôtel, t. IV, p. 30. où étant arrivés, le maréchal duc de La Feuillade les accompagna jusque dans leur chambre
Et, après quelques moments de conversation, il se retira. Les ambassadeurs le conduisirent jusqu’à son carrosse, qu’ils virent partir. Dès le soir même, ils furent traités par présents.
Le sieur Chanteloup, un des maîtres d’hôtel du roi, et un des contrôleurs d’office, furent chargés de leur traitement, qui fut pendant trois jours et demi
Après lesquels le maître d’hôtel qui étoit venu à Brest continua d’avoir soin d’eux.
C’est un usage que tous les ambassadeurs envoyés par des maîtres dont les états sont hors de l’Europe sont défrayés, pendant tout leur séjour, aux dépens du roi.
La première action que le premier ambassadeur fit fut de placer la lettre du roi son maître, à la ruelle du lit de la chambre des parades, dans une machine qu’ils appellent en leur langue : mordoc pratinan. Tous les ambassadeurs mettoient tous les jours des fleurs nouvelles dessus la lettre du roi, et toutes les fois qu’ils passoient devant ce lieu royal, ils faisoient de profondes révérences.
Ce respect ne doit point paraître extraordinaire.
Tous les vieux courtisans de mon jeune temps saluoient le lit du roi, en entrant dans la chambre, et la nef.
Quelques dames de la vieille cour les saluent encore.
La fièvre quarte qui survint au roi le jour de leur entrée fut cause que l’audience qu’ils devoient avoir le 14 fut différée. _________________ 👑 👑 👑 ⚜ ⚜ |
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