Journée du 10 Août 1792

Oui je me doutais qu'il existait un sujet consacré à cette journée. Désolée, je me suis laissée emporter par la discussion et le film vu hier soir.
Est-il possible de coller ce que j'ai écrit dans le sujet concerné ?

Voilà c'est fait

olivia a écrit:

Chou d'amour a écrit:

Chacun des deux camps avait l'impression de se défendre contre l'autre je dirais...et donc d'être légitime dans la violence...

Mais se défendre de quoi ?
Qui a tiré en premier ?
Les Suisses n'avaient personne à défendre et les Marseillais/Brestois étaient dans la pure illégalité. Ils se battaient pour quoi et pour qui ? Les pauvres Parisiens martyrisés par leur tyran assoiffé de sang ?

Simplement se défendre de l'autre. Il faut juste se mettre à la place des deux camps : les assaillants pensaient se défendre contre ceux qui selon eux avaient promis de mettre Paris à feu et à sang, et les occupants des Tuileries se défendaient contre des agresseurs. Chacun des deux pensait être dans le juste

Merci Chou!

Mais vous ne trouvez pas que c'est louche tout ça ?

Ceux qui soi-disant devaient mettre Paris à feu et à sang étaient à l'Assemblée. Ça prouvait quand même largement que ce n'était pas leur dessein. On ne se réfugie pas chez l'ennemi quand on veut détruire cet ennemi.
Personne n'y a pensé ?

Je pense que Brunswick aurait été capable de cibler ses représailles non? Et puis tout était sur la menace avant tout, d'autant plus qu'avant d'arriver sur paris il y avait du temps

Surtout qu'il n'y est jamais arrivé.

Oui en plus

olivia a écrit:

Je récapitule :
1/ Les troupes marseillaises et brestoises débarquent à Paris fin juillet (pourquoi pas sur le front, ça me semblerait plus logique) et sont accueillis à bras ouverts par Danton et cie.

Début juillet, c'est l'Assemblée qui demande aux fédérés, déjà en marche, de se rendre d'abord sur Paris avant de rejoindre le camp de Soissons.
L'échauffement des esprits tout le long du mois n'a fait qu'accentuer ce mouvement vers le centre politique du pays (où tout devait se jouer entre les différentes factions). THE place to be pour en découdre après "l'échec du 20 juin".
Le Manifeste de Brunswick fera le reste...

olivia a écrit:

4/ le chef des Suisses est assassiné la veille (pas de chance)

Ne voulez-vous pas évoquer l'assassinat de Mandat, commandant de la Garde nationale ?

olivia a écrit:

8/ le roi entre à l'Assemblée, on l'enferme lui et sa famille dans la loge du logographe soi-disant parce qu'il n'a pas à écouter les débats en cours

La Constitution interdit aux députés de délibérer en présence du roi, la loge du logographe étant "extérieure" à la salle principale.

olivia a écrit:

13/destitution du roi (pour quel motif ?)

Il est dans un premier temps suspendu, parce que la déchéance entrainerait une régence (tout n'étant pas encore tout à fait joué pour l'établissement d'une république).

Merci pour ces rappels.

Mandat chef de la garde nationale, oui évidemment.  Cet assassinat peut partir des deux côtés et j'imagine qu'ils se sont renvoyés la balle.  

Et le roi suspendu au début, oui c'est vrai shame on me.
Mais pourquoi suspendu, qu'avait-il fait qui allait à l'encontre de la Constitution ?

olivia a écrit:

Mais pourquoi suspendu, qu'avait-il fait qui allait à l'encontre de la Constitution ?

Mais disons que c'est plus compliqué.
La lutte entre les différents partis s'est cristallisée à ce moment précis. Chacun jouait son va-tout en quelque sorte.
1) La Fayette échoue dans son projet de faire évader le roi avant l'assaut (connu de tous, comme vous le précisez).
2) Le roi ne peut soutenir cette nouvelle attaque de son pouvoir, et échoue d'une certaine manière.
3) Le roi coincé "sous la protection" de l'Assemblée se retrouvait -enfin- sous la botte des girondins qui comptaient bien maintenir plus ou moins une forme de monarchie et reprendre le pouvoir (le rappel des ministres).
Oups ! Petit problème, l'émeute tourne au carnage et la force populaire, victorieuse, est prête à marcher sur l'Assemblée.
Elle lui impose ses vues et forçant la réunion d'une Convention pour statuer sur le sort du pays (et des uns et des autres).
Raison pour laquelle le roi est "suspendu".

C'est fou qu'un ramassis de militaires et de fous furieux parisiens puisse imposer ce coup d'état à une Assemblée et une municipalité bien élues qui cèdent devant.
Autres temps, autres moeurs.

Logique des coups d'Etat.
Mais de toutes les manières, au regard de la situation intérieure et extérieure, il fallait que ça pète et qu'à partir de là les forces en puissance prennent le pas les unes sur les autres.

Oui mais quand ces forces totalement illégitimes deviennent victorieuses sur les autorités constituées, c'est difficile à admettre.
A cause de ce coup d'état, la famille royale va connaître le calvaire du Temple, les prisonniers vont être effroyablement massacrés, les Conventionnels vont instituer la Terreur et se transformer en cannibales entre eux.

olivia a écrit:

Oui mais quand ces forces totalement illégitimes deviennent victorieuses sur les autorités constituées, c'est difficile à admettre.

Ben...c'est qu'ils ne se disaient pas "illégitimes", puisque la souveraineté du peuple était alors inscrite dans les lois et la Constitution ; à partir de là et se faisant écho de celle-ci, ils feront accepter la déchéance (et le reste) même par les girondins.

Oui enfin, c'est une Commune insurrectionnelle qui évince la municipalité légale avec la complicité du maire Pétion et qui organise l'attaque des Tuileries .
Dès neuf heures du matin ( ou presque ) la garde nationale pactise avec eux .
Il ne s'agit pas de se demander qui a commencé : les Marseillais et Bretons ( de Brest) sont là pour ça, pour en découdre . Ils font de la chair à pâté de 600 des 900 Suisses dévolus à la protection des Tuileries .

Citation :

Citation :

Oui mais quand ces forces totalement illégitimes deviennent victorieuses sur les autorités constituées, c'est difficile à admettre.

Ben...c'est qu'ils ne se disaient pas "illégitimes", puisque la souveraineté du peuple était alors inscrite dans les lois et la Constitution ; à partir de là et se faisant écho de celle-ci, ils feront accepter la déchéance (et le reste) même par les girondins.

C'est facile avec cette idée de souveraineté du peuple. Dans ces conditions, à moi toute seule je peux être la souveraineté du peuple et aidée de quelques copains armés, je peux déclarer illégale toute autorité qui me déplaît. Genre un nain excité qui se balade avec son mannequin. Mais heureusement, j'accepte les élections démocratiques.

Ils étaient au début de la démocratie et ne savaient pas trop comment s'en dépatouiller, ce n'était pas facile et je les plains. La constitution de 1958 est à peu près la seule qui tienne la route pour éviter de voir le pays tomber dans l'anarchie ou la dictature.
Très difficile à doser cette souveraineté du peuple et le droit à l'insurrection inscrit dans les droits de l'homme.

10 août .

Cette gravure dédiée aux Patriotes représente les insurgés repoussant les royalistes vers l'intérieur du palais et le grand escalier .

Citation :

Oui enfin, c'est une Commune insurrectionnelle qui évince la municipalité légale avec la complicité du maire Pétion et qui organise l'attaque des Tuileries.

Ce sont les commissaires désignés des sections qui évincent la municipalité et, eux aussi, déclarent qu'ils en ont le pouvoir puisque représentants du peuple souverain.
Mais pas tant avec la complicité de Pétion ! Puisqu'il est lui même un poil suspecté de tiédeur ou d'aide aux Tuileries.
Les commissaires chargent Santerre de le consigner à la Mairie sous bonne garde.

Citation :

Il ne s'agit pas de se demander qui a commencé : les Marseillais et Bretons ( de Brest) sont là pour ça, pour en découdre  . Ils font de la chair à pâté de 600 des 900 Suisses dévolus à la protection des Tuileries .

Mais je n'ai rien dit à ce sujet !  

olivia a écrit:

C'est facile avec cette idée de souveraineté du peuple. Dans ces conditions, à moi toute seule je peux être la souveraineté du peuple et aidée de quelques copains armés, je peux déclarer illégale toute autorité qui me déplaît.

Eh bien...essayez !

olivia a écrit:

Genre un nain excité qui se balade avec son mannequin.

Là. Je ne vois pas le rapport !?

Citation :

Mais je n'ai rien dit à ce sujet !  

Mais, je ne vous ai pas dit que vous aviez dit .....              

Citation :

Citation :

 C'est facile avec cette idée de souveraineté du peuple. Dans ces conditions, à moi toute seule je peux être la souveraineté du peuple et aidée de quelques copains armés, je peux déclarer illégale toute autorité qui me déplaît.

Eh bien...essayez !

Citation :

Genre un nain excité qui se balade avec son mannequin.

Là. Je ne vois pas le rapport !?  

Je parlais d'autorité constituée que je souhaiterais (très hypothétiquement) destituer. Vous êtes sûr que vous ne voyez pas de qui je parle ?
Mais bien sûr c'est un exemple.  

olivia a écrit:

Je parlais d'autorité constituée que je souhaiterais (très hypothétiquement) destituer. Vous êtes sûr que vous ne voyez pas de qui je parle ?
Mais bien sûr c'est un exemple.

Je n'avais pas compris. Je pensais que vous l'accusiez d'avoir pris le pouvoir par un coup d'Etat.

Voici une autre gravure représentant la prise des Tuileries.

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Dans l'enceinte de la chapelle expiatoire, dans la cour entre l'entrée et le proche de la chapelle, de part et d'autre de l'allée, se trouve deux rangées de dix fausses tombes : ce sont là les seuls hommages que l'on ait concédés aux Suisses qui sont mort par fidélité au roi. Ce sont des suisses qui ont défendu les Tuileries.

La journée du 10 août commence en réalité dans la nuit du 9 au 10 août. En pleine nuit, le tocsin sonne au couvent des Cordeliers. Une heure plus tard, toutes les églises de Paris répondent au signal donné par Danton. Ce sont les 48 sections de Paris, dont les révolutionnaires se sont rendus maîtres. Danton lance alors les sections parisiennes à l'assaut de l'hôtel de Ville, met à la porte la municipalité légale et y installe sa "commune insurrectionnelle", qui s'effondrera le 9 thermidor avec Robespierre.

Le deuxième acte se joue alors. le commandant de la garde Nationale, Galliot de Mandat, favorable à Louis XVI, est convoquer à l'hôtel de ville. C'est un piège. Dès qu'il y pénètre, il est assassiné. Son corps est jeté dans la seine, et sa tête, plantée sur une pique. Santerre, le roi des faubourgs, le remplace.

Les Tuileries constituent le dernier objectifs. Pour défendre le palais, le roi peut compter sur ses 1000 à 1200 gardes Suisses, sur 300 chevaliers de Saint louis, sur une centaine de nobles et de gentilshommes qui lui sont restés fidèles. La Garde nationale est passée dans le camp adverse. Seul le bataillon royaliste des "filles de Saint Thomas" est demeuré fidèle au souverain.

Roederer, le "procureur syndic du département" convainc le roi de se réfugier à l'assemblée Nationale avec sa famille. Ceux qui ne font pas partie de la famille royale ne sont pas autorisés à les accompagner.

Comment l'attaque a-t-elle éclaté ? On ne sait pas. Toujours est-il que les marseillais, qui ont pénétré dans la cour grâce à la trahison du concierge, attaquent. La bataille aurait éclaté dans le grand escalier. Les gardes Suisses ripostent. Un feu roulant part des fenêtres et cause des ravages dans les rangs des assaillants. tous les attaquants s'enfuient vers le carrousel. Un détachement de soixante suisses se postent à l'entrée de la cour royale et fait feu sur ceux des marseillais qui se trouvent encore sur la place du Carrousel.

A l'extrémité du jardin du château, d'autres gardes suisses qui défendant le pont tournant ouvrent le feu sur les 10000 révolutionnaires qui attaquaient depuis la place Louis XV.

A l'assemblée, on oblige le roi à signer un ordre de cesser le feu, cependant que les marseillais et les révolutionnaires, noirs de colères, reprennent l'attaque et l'avantage. Les gentilshommes qui se trouvent encore dans le château s'enfuient par la galerie qui relie la pavillon de Flore au Louvre.

Alors, le château succombe.

Les Gardes Suisses payent le prix fort. Quatre-vingts d'entre eux succombent au pied du grand escalier après une résistance acharnée de vingt minutes. Ils auront auparavant tué 400 assaillants.

Le combat ayant cessé, la populace envahit le palais et exerce sa vengeance. Les suisses pris vivants sont massacrés ou jetés par les fenêtres. Les caves, les corridors, les salons, les combles, tout est envahi. Nulle part, ils ne peuvent se cacher.

Tous les gardes qui sont découverts sont massacrés aussitôt. Dix-sept sont tués dans la sacristie. Sur cent suisses qui s'échappent par la cour des petites écuries, quatre-vingts sont rattrapés dans la rue de l'Échelle et tués. Soixante furent encore trouvés dans les Bâtiments bordant cette cour, et amenés place de grève où on les tua un par un.

Les autres occupants du château ne sont pas épargnés. Valets de Chambre, huissiers, employés, tout ceux qui y sont découverts sont massacrés. Madame Campan et les autres dames ne survivent que par miracles.

Ceux des suisses qui arrivent vivants jusqu'aux prisons y seront massacrés début septembre.

Certains seront cependant sauvés, protégés par des députés, des officiers de la garde nationale ou des braves gens.

Parmi les défenseurs du palais, furent tués, entre autres sept cent soixante soldats suisses et vingt-six officiers, vingt gardes nationaux royalistes, cinquante gentilshommes, trois cents domestiques du roi.

En lisant un livre sur Napoléon Bonaparte j'ai découvert qu'il était présent le 10 août 1792 aux Tuileries pendant l'assaut. Non comme acteur mais plus comme témoin, alors qu'il n'était encore "que" officier Lieutenant dans l'artillerie. Le futur empereur qui attendait sagement son heure...
Et justement il paraît (lui-même l'a écrit dans ses mémoires à Saint-Hélène) qu'il n'a pas vraiment apprécié le spectacle et notamment le comportement des assaillants envers la famille royale. Il avait beau être pro-républicain à cette période, cette scène l'a quelque peu dégouté des dérives révolutionnaires...

Chou d'amour a écrit:

En lisant un livre sur Napoléon Bonaparte j'ai découvert qu'il était présent le 10 août 1792 aux Tuileries pendant l'assaut.

D'ailleurs Alain Decaux rapporte qu'il a traité Louis XVI de couillon (en corse : che coglione, si je me souviens bien) ce jour-là...

Bien à vous.

Exact, alors que les révolutionnaires l'avait obligé à porter un bonnet phrygien
Selon Napoléon si ce jour-là Louis XVI était sorti sur un cheval il aurait réussi à gagner la bataille Mais lui aussi n'a pu que regretter la faiblesse du roi et les dérives révolutionnaires.