| | La révolution sexuelle a-t-elle commencé sous la Révolution ? | |
| | Auteur | Message |
---|
Chakton
Nombre de messages : 1256 Date d'inscription : 22/10/2017
| Sujet: La révolution sexuelle a-t-elle commencé sous la Révolution ? Ven 8 Nov - 8:18 | |
| On se calme, il n'y aura que du son.
- Contraception, divorce, homosexualité... La Révolution française, avec ses lois libérales et la perte d'influence de l'Église, a-t-elle lancé une révolution sexuelle?
:copyright: Wikimédia commons - Le verrou, par Jean-Honoré Fragonard (v. 1774-1778)- Pratiques sexuelles, mariage, divorce, homosexualité... À quoi ressemblait la vie affective et sexuelle des Français avant et après la Révolution de 1789 ? La Révolution française, avec ses lois libérales et la perte d'influence de l'Église, a-t-elle permis une révolution sexuelle ? Étudier l'histoire sous cet angle permet d'une part de mesurer l'influence de l'Église, mais aussi de comprendre quels enjeux politiques se cachent derrière l'autorisation du divorce ou l'imposition d'un modèle familial. C'est ce que nous montre Jacques-Olivier Boudon, auteur de "Le sexe sous l'Empire" (éd. Vuibert).
LA SEXUALITÉ DES FRANÇAIS AVANT 1789, LA LOI DE L'ÉGLISEAvant la Révolution, la France est un pays où seule la religion catholique est admise. La loi qui s'impose en matière de reproduction est donc celle de l'Église. "Pour l'Église, explique Jacques-Olivier Boudon, il faut que tout rapport sexuel puisse donner naissance à un enfant." L'Église propose une forme de contraception naturelle, d'une part à travers son calendrier liturgique : l'abstinence est de mise durant les temps de jeûne, comme l'Avent et le Carême. Ce que l'on appelle les "temps clos". Et d'autre part, le clergé encourage les couples à se marier le plus tard possible. Au seuil de la Révolution, les hommes comme les femmes se marient en moyenne vers 27 ou 28 ans. En ce qui concerne les pratiques sexuelles des fidèles, l'Église se tient informée via le rituel de la confession. "Les manuels des confesseurs montrent que les questions sur la pratique sexuelle des Français sont monnaie courante." Ceux qui avouent avoir pratiqué ce que l'on appelle le crime d'Onan, c'est-à-dire le coït interrompu, ne sont pas autorisé à communier. Quant à l'homosexualité - à l'époque on disait "pédérastie", considérée comme "contre nature", elle est passible du bûcher : la peine de mort par le feu. LA RÉVOLUTION ET LA PERTE D'INFLUENCE DE L'ÉGLISE"La Révolution contribue à faire perdre à l'Église son rôle tutélaire." À partir de 1793, "dans la plupart des paroisses il n'y a plus de prêtre". Si les Français n'abandonnent pas toutes les prescriptions, "ceux qui étaient déjà partiellement détachés", comme dans le bassin parisien, s'en détachent : on constate une baisse de la natalité. Dans les régions les plus chrétiennes, en revanche, comme la Bretagne, le taux de natalité est le plus élevé. Le 20 septembre 1792 sont adoptées la laïcisation de l'état civil et l'autorisation du divorce. "Les divorces se multiplient, principalement dans les villes." Entre 1792 et 1803, à Paris, le taux de divorces est de 25% du nombre de mariages. Et si, au sujet de l'homosexualité, le code pénal de 1791 ne la considère plus comme un crime, il englobe toutes les pratiques "non conformes à la norme sociale dans le cadre d'une atteinte aux bonnes mœurs". Ce qui va permettre de pourchasser ceux qui pratiquent l'homosexualité. LE RETOUR À L'ORDRE MORAL SOUS NAPOLÉONLa période du Consulat et de l'Empire (1799-1815) marque "un retour en arrière", selon l'historien Jacques-Olivier Boudon. Un retour en arrière qui ne se lit "pas tellement dans la législation" (qui devient plus restrictive au sujet du divorce), mais dans un "ordre moral" qui se remet en place. Et qui "va conduire les autorités à être très vigilantes avec tout ce qui apparaît comme une déviance". À noter également, le retour en force de l'Église, qui s'appuie sur l'État pour favoriser un retour en ordre sur le plan sexuel. Le modèle que Napoléon veut imposer est celui de la famille, composée d'un mari, d'une femme et des enfants. Défendre ce modèle que l'on a appelé de "la sainte famille" n'a pas empêché un grand libertinage à la cour de Napoléon, qui a lui-même eu de nombreuses maîtresses. INVITÉJacques-Olivier Boudon, historien, spécialiste de la période napoléonienne, professeur de l'histoire de la Révolution et de l'Empire à la Sorbonne, président de l'Institut Napoléon BIBLIOGRAPHIELe sexe sous l'Empire de Jacques-Olivier Boudon, éd. Vuibert (2019) Glob nous en parle ici https://maria-antonia.forumactif.com/t44526-le-sexe-sous-l-empirePour écouter l'émission https://rcf.fr/culture/histoire/la-revolution-sexuelle-t-elle-commence-sous-la-revolution _________________ X est la force deux fois pure
|
| | | Sulpice
Nombre de messages : 318 Date d'inscription : 27/07/2018
| Sujet: Re: La révolution sexuelle a-t-elle commencé sous la Révolution ? Dim 23 Fév - 11:18 | |
| Peut-on parler de révolution sexuelle quand on lit ceci ? Plaisir solitaire et obscurité des Lumières- Pourquoi le sexe solitaire devient-il une grave question de morale sexuelle à l’aube du XVIIIe siècle ?
Or pour Laqueur, ce n'est pas à la religion que l'on doit la condamnation de la veuve poignet, mais bien au XVIIIe siècle. Jusqu'alors, l’onanisme était un péché véniel. C’est ainsi que les rabbins font preuve d’une grande mansuétude pour cette pratique... Selon eux, rien n'indique qu'Onan se soit rendu justice à lui-même pour répandre sa semence par terre...
Si les Lumières partent en guerre contre le plaisir solitaire, c'est que ce geste devient parangon d'une sexualité dévoyée. La masturbation devient alors un vice terrible : la manière dont le moi moderne se fait l'amour à lui-même. A une époque où naît le capitalisme, explique Laqueur, et où l'on glorifie l'échange, voilà des individus qui ont la prétention de se suffire à eux même. Et c'est ainsi que l’adepte des plaisirs solitaires devient le moins industrieux des hommes, un parasite à condamner.
Tout se passe comme si cette pratique menait à l’excès et au désordre, et pour parer à ces terribles conséquences, on délègue à la médecine, enfin à une sorte de médecine, le rôle de réprimer ces activités. C’est ainsi que la masturbation est censée provoquer toute sorte de maux, la surdité — ça c’est connu — mais aussi la tuberculose, voire la folie tout court… Il se pourrait bien que trois siècles après les Lumières, l’obscurité demeure au sujet de cette pratique. https://www.franceculture.fr/emissions/lhumeur-du-matin-par-guillaume-erner/lhumeur-du-jour-emission-du-jeudi-20-fevrier-2020
Et c'est pas sur les chaînes de montage que ça va s'arranger. _________________ I'll have to go to Las Vegas or Monaco
|
| | | | La révolution sexuelle a-t-elle commencé sous la Révolution ? | |
|
Sujets similaires | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |