Fersen et Marie-Antoinette de Charles Kunstler (1961)

Un ouvrage daté mais palpitant



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Critique de l'ouvrage:

par Jacques Godechot

Voilà un livre beaucoup plus voisin du roman que de l’étude historique : dialogues reconstitués, absence de références et de bibliographie, il a tous les caractères du genre « biographie romancée ». Pourtant l’auteur a consulté et utilisé les lettres de Marie-Antoinette à Fersen, à Mercy-Argenteau, à Marie-Thérèse et à Joseph II, il se sert largement aussi de la correspondance de Fersen, mais il n’apporte ni document, ni point dé vue nouveau. La question capitale, qui n’a pu être tranchée par les nombreux prédécesseurs de Charles Kunstler, reste en suspens : Fersen a-t-il été, ou non, l’amant de la reine ? Ses lettres, les passages qu’en cite l’auteur sont ambigus, et peuvent prêter à toutes les interprétations. Il faut noyer aussi que les maîtresses de Fersen furent très nombreuses; au moment même où il déclarait le plus ardemment son amour pour Marie-Antoinette il avait pour maîtresses avouées Mme Sullivan et Mme de Saint-Priest. Peut-on en tirer une conclusion relative à son comportement vis-à-vis de la reine ?

Par ailleurs Charles Kunstler reconnaît que Fersen, s’il fut le principal organisateur de la fuite de Varennes, porte de grandes responsabilités dans son échec. Les principales fautes lui sont attribuables : construction d’une voiture d’un type inusité, retard important au départ, etc. Ainsi Fersen a-t-il contribué à la perte de celle qu’il aimait. Lui-même devait mourir victime de l’émeute populaire, mais à Stockholm, le 20 juin 1810.

Il aurait fallu, dans ce livre, montrer ne fût-ce qu’en quelques lignes les causes profondes qui provoquèrent simultanément des troubles graves en Suède, la Révolution en France et dans d’autres Etats de l’Occident. Mais Charles Kunstler ne s’en préoccupe pas. Pour lui, tout n’est que cabales, intrigues de cour, jalousies de femmes. Les grandes forces qui dominent l’histoire lui échappent. Par ailleurs, il confond Adrien Duport, membre, comme Barnave, du « triumvirat », avec le ministre de la Justice Duport-Dutertre (p. 201).

Godechot Jacques. Charles Kunstler, Fersen et Marie-Antoinette, 1961. In: Annales historiques de la Révolution française,
n°174, 1963. pp. 514-515;
https://www.persee.fr/doc/ahrf_0003-4436_1963_num_174_1_3641_t1_0514_0000_2


Mais quel dommage ! Pourquoi faut-il donc que tous les livres traitant d'Axel de Fersen soient des romans ?

Très ancien et impossible à trouver pour moi. De toute façon je lis dans votre critique que ce n'est qu'un roman. Je cherche des livres sérieux sur le sujet Fersen/ Marie-Antoinette.
Merci pour vos conseils.

Des livres plus récents sont très bien Wagener, Kermina (un peu moins récent mais bien).

spa monopole a écrit:

Des livres plus récents sont très bien Wagener, Kermina (un peu moins récent mais bien).

Très sérieuses biographies, bien documentées.

On parle des deux ici :
https://maria-antonia.forumactif.com/t7153-livre-l-enigme-fersen-de-francoise-wagener