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 L’histoire du soin est-elle une histoire des femmes?

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Airin

Airin


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MessageSujet: L’histoire du soin est-elle une histoire des femmes?   L’histoire du soin est-elle une histoire des femmes? Icon_minitimeMar 28 Avr - 8:51

L’histoire du soin est-elle une histoire des femmes ?, une question que nous nous posons tous, principalement en cette période d'épidémie où les femmes sont en première ligne.


  • Eduquer et soigner, leurs supposées "destinées naturelles", constituent aujourd'hui encore le coeur d'une large part des métiers pratiqués par les femmes. Durant des siècles pourtant, elles ont pratiqué ces activités qui n'étaient alors ni considérées comme des métiers ni même rémunérées. Aux côtés des malades, des personnes âgées, vulnérables, des femmes en couches, il semble qu'une présence féminine ait toujours été attestée, en vertu de ces qualités considérées comme "féminines", l'altruisme, la patience, la douceur. Ainsi, faire l'histoire du soin serait faire également une histoire des femmes ? Xavier Mauduit, producteur de l'émission Le Cours de l'histoire, a posé la question à l'historienne Nathalie Sage-Pranchère.


L’histoire du soin est-elle une histoire des femmes? 838_ge10
Une infirmière et un bébé, Etats-Unis, vers 1960


  • Une étude réalisée dans un hôpital de Miami et publiée le 16 juillet 2019 dans le Journal of Women's Health a révélé que les patients reconnaissaient les hommes comme des médecins dans près de 76% des situations mais les femmes dans seulement 58%. Les stéréotypes de genre ont, ici aussi, la vie dure. Aux hommes, la médecine et la recherche et aux femmes, les professions paramédicales et l'univers du soin rapproché.

    Les origines de cette distinction semblent être à chercher dans les rôles traditionnellement dévolus aux femmes et aux qualités qu'on leur attribue. La mère, l'épouse, la fille veillent les malades, soignent les enfants, assistent les femmes en couche.

    Comment ces tâches furent-elles reconnues comme des professions à part entière, nécessitant une formation et appelant une rémunération ? Pourquoi, malgré cette reconnaissance, les stéréotypes de genre concernant la place des femmes dans les métiers du soin et de la santé sont-ils toujours actifs ? Xavier Mauduit a posé ces questions à Nathalie Sage-Pranchère, docteure en histoire contemporaine, archiviste-paléographe, professeure en lycée et  chercheuse associée au CRM (Paris-Sorbonne et CNRS).

    Xavier Mauduit : Vous êtes l'auteure d'une thèse intitulée "L' école des sages-femmes. Naissance d'un corps professionnel, 1786-1917". A quoi correspond cette date de 1786 ?

    Nathalie Sage-Pranchère : A la première grande enquête menée à l'échelle du royaume de France sur les professions médicales. Elle concerne au départ les médecins et les chirurgiens et elle est ensuite étendue, sur proposition d'un intendant du nord de la France, aux sages-femmes. Et signale qu'à la fin de l'Ancien Régime se met en place une logique administrative de recensement des personnels médicaux et des sages-femmes.

    XM : Figure féminine centrale dans l'univers du soin, la sage-femme existe depuis l'Antiquité.

    NSP : Oui, et on la retrouve dans toutes les sociétés humaines, toujours dotée d'un statut particulier même si demeure une ambivalence autour de cette figure puisque sa dimension de professionnalisation diffère d'une société à une autre. Jusqu'au début du XXe siècle, se maintient une coexistence entre des figures d'accoucheuses non professionnelles qui accompagnent les femmes et, progressivement, à partir de la fin du XVIIIe siècle, des figures d'accoucheuses formées et diplômées qui forment les ancêtres des sages-femmes telles que nous les connaissons aujourd'hui.

    XM : Est-ce la rémunération qui marque cette évolution vers une professionnalisation ?

    NSP : La question de la rémunération entre progressivement en ligne de compte pour les sages-femmes formées à partir de la fin du XVIIIe siècle, en France et en Europe. Ces jeunes femmes considèrent que dès lors qu'elles ont un savoir particulier et officiellement reconnu, il est normal qu'elles vivent de ce métier.

    XM : Ces revendications vont être portées au XVIIIe siècle par quelques grandes figures...

    NSP :  Oui, et notamment par Angélique du Coudray, une sage-femme originaire d'Auvergne qui se forme à Paris au sein de ce que l'on appelle alors l'office des accouchées de l'Hôtel-Dieu. Elle officie à Paris une quinzaine d'années avant d'être rappelée en Auvergne par le seigneur de Thiers qui lui demande de venir faire les accouchements dans sa seigneurie en échange d'une rémunération substantielle. Elle découvre alors le très faible niveau de connaissances des matrones qui sont présentes dans les campagnes. A partir de ce moment-là, elle choisit de leur proposer un enseignement. Elle va obtenir, en 1757, un brevet royal qui lui permet d'enseigner dans tout le territoire français et faire un tour de France au cours duquel elle va former près de 5000 sages-femmes.

    XM : Cette démarche est contemporaine d'un siècle qui voit par ailleurs une évolution plus globale de la société, portée par l'esprit des Lumières, par l'idée que l'individu peut agir, que la maladie peut être traitée, y compris par des femmes dont le rôle doit être reconnu...

    NSP : En effet, il y a un lien à faire avec les Lumières. Avec Montesquieu notamment, qui évoque la crainte de la dépopulation à l'échelle européenne dans les Lettres Persanes. Mais aussi avec une pensée politique qui s'ancre dès le XVIIe siècle, et qui affirme que l'ampleur d'une population est la richesse d'un royaume. Le XVIIIe siècle, qui voit naître les premiers travaux en démographie historique, craint une baisse de la population et cherche des boucs-émissaires à ce phénomène redouté. Parmi eux, émerge alors la figure de la mauvaise matrone qui estropie les mères et les nouveaux-nés, voire les tue.

    XM : Au-delà de la figure particulière de la sage-femme, les femmes sont une constante dans le monde du soin. Toujours à côté du malade, infirmière ou garde-malade. Comment l'expliquer ?

    NSP : Il n'y a pas  de destinée naturelle qui pousserait les femmes à s'occuper des malades et des plus vulnérables, mais il y a de manière assez nette une habitude à confier aux femmes ces rôles-là. Ils sont liés à la question de la famille, au fait de s'occuper des enfants en bas âge... Cela pousse les femmes à prendre en charge de manière plus générale les soins aux plus fragiles, de façon bénévole dans le cadre familial mais aussi au-delà, par exemple dans le cadre de l'aide entre voisines, notamment dans les accouchements, mais aussi dans les soins du quotidien... Il y a une forme d'assignation de genre des pratiques du soin aux femmes. Même si selon les milieux sociaux, on observe que cela va être valorisé différemment.


L'émission de France Culture peut être écoutée en suivant ce lien :
https://www.franceculture.fr/emissions/radiographies-du-coronavirus/lhistoire-du-soin-est-elle-une-histoire-des-femmes

_________________
Cet été-là, l'extravagance était à la mode.
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