Souvenirs et portraits du duc de Lévis

J'ai commencé à lire ce livre (à la bonne heure ). J'aime beaucoup je dois dire. Le court portrait de Guines vaut son pesant d'or en effet!

Concernant la duchesse de Polignac, Lévis prétend qu'elle aurait été nommée gouvernante des enfants de France grâce à Besenval et qu'à ce moment-là elle n'était déjà plus en faveur auprès de la reine. Besenval aurait représenté à la reine qu'en ne nommant pas la duchesse, le public croirait qu'elle (la reine) avait perdu tout crédit auprès du roi. C'est un peu tordu, non?

... un peu, oui ! C'est ainsi que Besenval présente la chose dans ses mémoires que vous avez lus il n'y a pas longtemps, si je me souviens bien .

holà, un peu étrange, en effet !

Si madame de Polignac avait perdu la faveur de la reine, celle ci lui aurait elle confier ce qu'elle avait de plus précieux au monde ?

La jalousie et la haine qui régnait à la cour de Versailles à l'égard de madame de Polignac sont un secret de Polichinelle.

Je crois qu'il faut se méfier des contemporains qui salissent ainsi la mémoires de ceux qui ne sont plus là pour dire l'inverse....

Je crois tout de même que la lecture de ces mémoires doit être passionnante.

Citation :

... un peu, oui !     C'est ainsi que Besenval présente la chose dans ses mémoires que vous avez lus il n'y a pas longtemps, si je me souviens bien .

Je sais plus , je l'ai lu l'année dernière je vérifierai. Soit dit en passant, Lévis tire à boulets rouges sur Besenval !

Nous avons tous nos inimitiés, que voulez-vous !
Il n'aime pas du tout non plus Louise de Polastron . Je ne me souviens plus au juste en quels termes il parle d'elle à sa femme dans leur correspondance, c'est assez saignant !

Je peux comprendre que Besenval agace. Il la ramène beaucoup dans ses mémoires. A l'entendre, il aurait eu une influence décisive dans la nomination ou la disgrâce de tout un chacun. On finit par s'y perdre dans ses intrigues d'ailleurs (moi le premier ).

C'est sûr, c'est d'un alambiqué !

Je viens de reprendre Besenval et le duc de Lévis, pour confronter les versions de l'un et de l'autre.

Lévis dit que la nomination de Mme de Polignac à la place de gouvernante des Enfants de France "fut (...) extraordinaire, puisque la reine ne l'aimait plus à cette époque ; mais le baron de Besenval sut lui persuader qu'un autre choix ferait croire qu'elle n'avait pas assez de crédit pour faire donner cette grande place à celle que l'on regardait comme son amie."

Selon Besenval, en revanche, la reine pensait que Mme de Polignac refuserait la charge de gouvernante des Enfants de France. Le baron dit alors à la reine qu' "Indépendamment de ce que madame de Polignac a toutes les qualités nécessaires pour avoir la préférence, je crois que Votre Majesté dégraderait son sentiment aux yeux du public, si elle ne donnait pas cette marque de confiance à son amie, quand bien même elle serait sûre d'en être refusée".

Donc si je comprends bien selon Besenval, il n'aurait pas représenté à la reine qu'elle risquait de perdre du crédit en ne faisant pas nommer Mme de Polignac, mais que Mme de Polignac risquerait elle-même d'en perdre si elle n'était pas nommée à cette place. Mme de Polignac écrivit ensuite à Besenval que "la reine lui avait proposé d'accepter la charge de gouvernante des enfants de France, y avait mis tant de grâces, tant de marques d'amitié et de sensibilité, que, quoiqu'elle pensât toujours de même sur la chaîne qu'elle allait se donner (choupette, elle se voyait déjà à la mine en train de pousser des charriots Mme de Polignac ! ), elle n'avait pu refuser." Ce qui contredit l'affirmation de Lévis, selon laquelle "la reine ne l'aimait plus à cette époque".

Les mémoires des uns et des autres sont parfois difficiles à réconcilier!

Et Louis XVI là-dedans ? Il avait certainement son mot à dire, non ?

De toute façon, c'était madame de Polignac ou madame Adélaïde.

Reinette a écrit:

Et Louis XVI là-dedans ? Il avait certainement son mot à dire, non ?

De toute façon, c'était madame de Polignac ou madame Adélaïde.

Je ne sais pas...

Si madame de Polignac à été nommé à ce poste, c'est que Marie Antoinette avait en elle une confiance absolue ! Toute amie qu'elle était, elle ne lui aurait jamais confier ces enfants si elle n'avait pas été capable de s'en occuper !

Et le roi ne l'aurait pas non plus accepter !

Je crois donc que ni Besenval, ni Lévi ne sont dans le vrai.

le peu, d'ailleurs, que je connaisse de leur mémoire me semble d'avantage ressembler à un ramassis de ragots qu'à autre chose.

Est ce que je me trompe ?

Citation :

le peu, d'ailleurs, que je connaisse de leur mémoire me semble d'avantage ressembler à un ramassis de ragots qu'à autre chose.

Est ce que je me trompe ?

Il est difficile de faire la part du vrai et du faux dans les mémoires, qu'ils soient de Besenval, Lévis, Campan ou les autres... C'est tout de même très intéressant. A chacun de se faire son opinion. Finalement, c'est une affaire d'intime conviction, après avoir confronté les témoignages des uns et des autres aux éléments plus "objectifs" tels que la correspondance entre les protagonistes etc...

Besenval est truculent parfois. Les portraits qu'il dresse de certains personnages de la Cour sont très marrants (duc de Gesvres, maréchale de Luxembourg, fils du duc d'Orléans pour ne citer qu'eux : les anecdotes qu'il raconte sont vraiment top  ).

Citation :

Finalement, c'est une affaire d'intime conviction, après avoir confronté les témoignages des uns et des autres aux éléments plus "objectifs" tels que la correspondance entre les protagonistes etc...

C'est exactement cela . Quoique je parlerais, plutôt que d'intime conviction ( qui induit la certitude ), d'intuition ou de subjectivité .

En ce qui concerne la nomination de Mme de Polignac au poste de gouvernante des Enfants de France, il est certain que Bésenval, comme proche et de la reine et de Yolande, est mieux placé que le duc de Lévis pour savoir au juste de quoi il retourne .  Mais, sur ce coup-là, franchement ses explications sont bien embrouillées !
Et puis, nous nous défions à juste titre de sa propension à se faire mousser et passer pour celui par qui tout arrive .  

En tout cas, Marie-Antoinette a au moins trois bonnes raisons pour appeler Yolande à cette charge, c'est qu'elle enchaîne ainsi Mme de Polignac à la Cour, et pourra goûter en même temps les douceurs de l'amitié et de la maternité, en ayant de surcroît toute latitude pour s'occuper de l'éducation de ses enfants .  
Il ne me semble pas douteux que Mme de Polignac, dont nous connaissons bien le tempérament indolent, n'accepte cet honneur qu'avec beaucoup de réticence, inquiète par avance du poids de la responsabilité inhérente,  et du travail de tous les instants qui va désormais lui incomber.

Citation :

En ce qui concerne la nomination de Mme de Polignac au poste de gouvernante des Enfants de France, il est certain que Bésenval, comme proche et de la reine et de Yolande, est mieux placé que le duc de Lévis pour savoir au juste de quoi il retourne .  .

Oui, c'est clair !

Citation :

Mais, sur ce coup-là, franchement ses explications sont bien embrouillées !

Oui, et on ne voit pas trop en quoi Bésenval aurait eu une influence si décisive sur la nomination de Mme de Polignac. Finalement, la reine n'a fait que lui dire qu'elle craignait que Mme de Polignac refuse une telle place. Et Bésenval n'a fait que lui répondre que ne pas lui accorder une telle place entamerait le crédit de la duchesse dans le public. Pas de quoi fouetter un  

Je ne vous le fais pas dire !  

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