Les sentiments de Rohan pour la reine

Pour en revenir à l'écriture de Marie-Antoinette, Bombelles dans son journal fait une réflexion judicieuse (au fait : lecture obligatoire !!!) : comment se fait-il que le Grand Aumônier de France n'ait pu reconnaître la signature de la reine, lui qui signait avec les membres de la famille royale dans les registres de la chapelle ?

Sur la fameuse page que nous connaissons tous du mariage avec son pâté, il y a bien la signature de son prédécesseur. Donc, une fois en poste, il ne pouvait, plus que quiconque, méconnaître la signature de la reine. Car encore je veux bien pour le quotidien, comme la plupart des courtisans, il pouvait se contenter d'un simple trait comme elle faisait habituellement. Un page ou un écuyer de sa Maison mandant ses lettres suffisait amplement pour en connaître la provenance.
Mais pas pour des registres officiels.

Il était dans un état second d'éblouissement amoureux qui lui brouillait l'esprit .

Quand des millions de livres sont en jeu, une place au Conseil du Roi escomptée, sa famille déjà ruinée, on essaie de se désembrouiller un peu l'esprit !
Je ne m'explique toujours pas non plus qu'il ait pu confondre mlle d'Oliva avec Marie-Antoinette.  

Cette histoire de signature ne m'étonne pas plus que ça .
N'était-il pas aussi insensé, non, bien plus, de croire qu'il avait le ticket et un rencart de la reine, au clair de lune, dans les fourrés ?

On ne voit bien (euh...mal ) qu’avec le coeur, l’essentiel est invisible pour les yeux.

Mais il n'était pas amoureux de Marie-Antoinette !
Il l'aimait en tant que sujet envers sa reine, celle qui accordait les grâces et les honneurs. Il s'imaginait une place au Conseil, point barre et pour se l'assurer, il s'est cru au mieux avec elle, titillé par une gourgandine.
Ce n'est pas de l'amour mais de l'ambition.

Reinette a écrit:

Mais il n'était pas amoureux de Marie-Antoinette !

Va savoir !  Tellement d'autres l'ont bien été, même Barnave .  Amoureux, amoureux, cela dépend de ce que l'on appelle amoureux !  Il n'était pas amoureux comme un collégien, sans doute, mais le ton de la correspondance échangée était sur le mode torride .  Marie-Antoinette était désirable.   Elle le tutoyait !!!!
Il n'en pouvait plus de vanité .
   Même si l'ambition se taillait la part du lion dans les fantasmes de Rohan, le sentiment  ( équivoque ) était prégnant aussi .

Tous les hommes se devaient d'avoir un tendre sentiment pour leur reine. S'agenouiller à ses pieds, la vénérer comme une déesse...
D'autant quand celle-ci avait tout pour plaire.
A tel point que Marie-Antoinette est devenue le fantasme n°1 de l'Europe à son époque. Et ce n'est pas près de cesser.

L'effet s'intensifie quand la reine se retrouve en danger... Tous les hommes d'honneur ont rêvé de la sauver.
Le cardinal de Rohan a surtout cru que Marie-Antoinette ouvrait son lit (certainement bien attirant) facilement et que c'était le meilleur moyen d'accéder au premier rôle.

Reinette a écrit:

Tous les hommes se devaient d'avoir un tendre sentiment pour leur reine. S'agenouiller à ses pieds, la vénérer comme une déesse...
D'autant quand celle-ci avait tout pour plaire.
A tel point que Marie-Antoinette est devenu le fantasme n°1 de l'Europe à son époque. Et ce n'est pas près de cesser.

L'effet s'intensifie quand la reine se retrouve en danger... Tous les hommes d'honneur ont rêvé de la sauver.

J'aurions point déjô lu çô quelque part, moué ?


 

Mais ça se recoupe ! Et Bombelles me le confirme au centuple !

Reinette a écrit:

Pour en revenir à l'écriture de Marie-Antoinette, Bombelles dans son journal fait une réflexion judicieuse (au fait : lecture obligatoire !!!) : comment se fait-il que le Grand Aumônier de France n'ait pu reconnaître la signature de la reine, lui qui signait avec les membres de la famille royale dans les registres de la chapelle ?

C'est ce que je me demande toujours, chère Reinette, et un des points obscurs qui me font considérer cette affaire comme tout sauf ce qu'on nous en raconte...

Il n'était pas méchant, ni amoureux de la reine. Il était complètement crétin. Gaston de Lévis nous raconte qu'il croyait que Cagliostro était capable de fabriquer de l'or. Il y croyait dur comme fer (si je puis dire ) .

Moi qui suis pourtant un admirateur de l'Illustre Maison de Rohan, je ne peux m’empêcher, à chaque fois plus encore, de considérer ce dernier cardinal comme l'incarnation même de l'expression "fin de race"

Citation :

Cagliostro était capable de fabriquer de l'or. Il y croyait dur comme fer .

                 

Amoureux n'est pas le terme, en effet .

Citation :

Moi qui suis pourtant un admirateur de l'Illustre Maison de Rohan, je ne peux m’empêcher, à chaque fois plus encore, de considérer ce dernier cardinal comme l'incarnation même de l'expression "fin de race"  

Je suis bien d'accord avec vous, cet homme était un peu la "honte" de l'illustre famille! Quand on sait que certains membres de cette lignée étaient vif d'esprit je pense notamment à la duchesse de Chevreuse, qui était une Rohan et connue pour son intelligence...

Elise

D"accord, le cardinal de Rohan n'était pas une flèche et il prenait pour argent comptant les boniments d'aventuriers... Il n'empêche que je trouve curieux qu'il ait confondu l'écriture de la reine avec une autre et, pire encore, la reine avec une gourgandine. La version officielle esssaie de nous faire croire que c'est normal, mais cela m'interpelle tout de même.

pimprenelle a écrit:

D"accord, le cardinal de Rohan n'était pas une flèche et il prenait pour argent comptant les boniments d'aventuriers...

"pour argent comptant", c'est le cas de le dire concernant le cardinal de Rohan !

En voilà un qui n'aurait jamais pu entrer au royaume des cieux.

Je le préfère mille fois à la femme Lamotte. Lui au moins avait des aspirations métaphysiques. Elle ne pensait qu'à son nombril. Pouah !

Amoureux de lui même je dirais, car je pense que son égo était tellement élevé, que le simple fait de penser que la Reine puisse l'aimer reste pour lui son meilleur "trophé " !!!
Avec tout cela dans la tête, ces vulgaires faux ne lui sautaient pas aux yeux...

D'après Evelyne Lever, (je sais, aïe !   ), Rohan, au moment de son ambassade à Vienne, avait éventé le fameux secret du Roi de Louis XV. Il avait également découvert que les autrichiens avait décrypté le code chiffré des agents du roi, ce qui prouve qu'il n'était pas si benêt que ça...

Mais il est clair que dans l'affaire du collier, il s'est montré particulièrement naïf... Concernant Cagliostro, l'explication est peut-être que ce dernier devait avoir un charisme assez efficace. Pour les signature sur les registres, vu le grand nombre de signatures concernant tout les événements liés à la famille royale, on peut lui donner le bénéfice du doute.

Mais on peut aussi dire que dans l'affaire du collier, son comportement est plus que douteux. Ainsi, il est incompréhensible en effet qu'il n'ait pas "tiqué" devant ce fameux "Marie Antoinette de France"..  Incompréhensible également, que, étant donné sa position à Versailles et le nombre d'amis et d’alliés qu'il devait avoir dans tout les rouages de l'état, il n'ait pas découvert plus tôt la supercherie...

Et pourquoi le joaillier de la cour a raconté à Madame Campan que Rohan  avait vu la Reine prendre l'argent dans un meuble de son boudoir, alors que ce dernier a toujours dit avoir eu affaire uniquement à madame de la Motte ?

Qui a ouvert les portes de la Salpêtrière, de nuit, à la voleuse ? Mystère ! L'affaire du collier comporte encore beaucoup de zones d'ombres...

Qu'un grand seigneur fut obligatoire pour une grande ambassade, de famille de surcroît, d'accord. Encore que plongeant dans Bombelles, le personnel diplomatique n'appartient pas toujours, et de loin, aux grandes familles. C'est plutôt un tremplin.
Donc si Louis XV a choisi Rohan, à une place délicate en plus, avec un Choiseul exilé à qui Vienne devait l'Alliance et une dauphine peu docile et dont le mariage n'était pas consommé, c'est en connaissance de cause. Il avait le choix entre lui et Breteuil dont les qualités ne sont plus à démontrer.
Il est impossible que ce soit juste par complaisance envers une grande famille. Il avait forcément des qualités pour.

S'il avait été aussi débile, aurait-il séduit Joseph II ?
Aurait-il autant courroucé Marie-Thérèse ? Et pas seulement parce qu'il était trop frivole à ses yeux. Non, nous sommes en plein partage de la Pologne.
Un gros débile, je crois bien que l'un et l'autre aurait su l'utiliser à leur guise. Ils n'ont pas su.
Alors la La Motte plus forte que Marie-Thérèse et Joseph II ?