Le Boudoir de Marie-Antoinette

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 Didon de Piccini

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pimprenelle

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MessageSujet: Didon de Piccini   Didon de Piccini Icon_minitimeMar 4 Fév - 23:35

La tragédie lyrique Didon a été jouée pour la première fois à Fontainebleau le 16 octobre 1783. Dix ans exactement avant la mort de notre reine mourait devant elle une reine sur les planches...  Shocked 

L'histoire est librement adaptée de l'Enéide de Virgile. Le livret est de Marmontel et la musique de Piccini. Ce sera un des plus grands succès de ce musicien et cette oeuvre va inspirer les Troyens de Berlioz.

Voici la distribution de cette représentation:

Didon: Antoinette Cécile de Saint-Huberty
Énée: Étienne Lainez
Iarbe: Henri Larrivée
Phénice: Adealaïde Gavaudan, cadette
Elise:  Mlle Joinville
Un confident d'Iarbe: Louis-Claude-Armand Chardin ("Chardiny")
Prêtres de Pluton: Messieurs Moreau, Chardiny, J. Rousseau, Dufrenaye (or Dufresnay), Tacusset, Leroux (or Le Roux) l.[4]
Une ombre: Auguste-Athanase Chéron
http://en.wikipedia.org/wiki/Didon_(Piccinni)

Didon de Piccini F9_hig11

Didon de Piccini F11_hi10

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b9058771n/f1.image.r=antoinette.langFR

Livret également consultable ici: archive.org/details/didontragdielyri1783picc2

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Dernière édition par pimprenelle le Mer 5 Fév - 11:57, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Didon de Piccini   Didon de Piccini Icon_minitimeMar 4 Fév - 23:40

Une bien belle Didon:


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MessageSujet: Re: Didon de Piccini   Didon de Piccini Icon_minitimeMar 4 Fév - 23:46

La Saint Huberty en Didon, par Vallayer Coster, 1785:

Didon de Piccini 26323010
http://donarussia.ek.la/antoinette-saint-huberty-c18355495

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MessageSujet: Re: Didon de Piccini   Didon de Piccini Icon_minitimeMer 5 Fév - 0:08

Didon de Piccini M0332010

Trône pour le décor de l'acte I de Didon, tragédie lyrique créée à Fontainebleau le 16 octobre 1783
http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/joconde_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_1=REF&VALUE_1=B3321166708

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MessageSujet: Re: Didon de Piccini   Didon de Piccini Icon_minitimeMer 5 Fév - 0:12

Didon de Piccini M0332011

Bûcher pour le décor de l'acte III de Didon, tragédie lyrique créée à Fontainebleau le 16 octobre 1783
http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/joconde_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_1=REF&VALUE_1=B3321166712

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MessageSujet: Re: Didon de Piccini   Didon de Piccini Icon_minitimeMer 5 Fév - 0:28

En 1783, Marie Antoinette était en froid avec Madame de Polignac, et bien malheureuse. Le théâtre de cour occupe donc une place importante dans ses séjours à Fontainebleau. Cette année-là est marquée par la rivalité entre Piccini et Sacchini. Sacchini ne remporte aucun succès avec sa pièce Chimène ou le Cid, alors que Piccini enflamme le public... à tel point que, fait unique, sa Didon sera représentée trois fois.
source: un article absolument passionnant sur les voyages de Marie Antoinette à Fontainebleau
http://www.amisdefontainebleau.org/wp-content/uploads/2011/01/D03_Marie_Antoinette1.pdf

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MessageSujet: Re: Didon de Piccini   Didon de Piccini Icon_minitimeMer 5 Fév - 0:59

Un peu plus de renseignements sur cette tragédie lyrique:

Le 1r décembre 1783, triomphe de Piccinni; son opéra de Didon, qui avait déjà fait fureur à la cour, est accueilli avec enthousiasme par le public parisien. Mme Saint-Huberti joue et chante à merveille le rôle de Didon, si touchant et si passionné, et se place au rang suprême qu'elle a tenu trop peu de temps à l'Opéra. Cette cantatrice était allée faire une tournée en Provence, on l'accueillit avec transport. Le congé de la virtuose favorite de Piccinni, son absence, n'avaient pas interrompu les répétitions de Didon, qui était à l'étude lors de son départ; une autre actrice y figurait et chantait la partie à sa place. A son retour à Paris, Mme Saint-Huberti écrivit la lettre suivante à M. Grégoire, à Aix (18 novembre 1783).

extrait: "Le rôle de Didon étant fait pour moi, pour mes moyens, et étant le seul rôle très intéressant dans cette pièce, il sera impossible de la donner sans l'avoir vue représenter. Cela a l'air de l'amour-propre; mais je vais vous expliquer ce qui en est. Le rôle de Didon est tout jeu; le récitatif en est si bien fait, qu'il est impossible de le chanter.

Un monde infini avait entendu les répétitions générales de Didon, et avait jugé que c'était un des plus mauvais ouvrages de Piccinni. Cet homme se consolait en disant : Laissez arriver ma Didon. A la première répétition que j'en ai faite, on dit: Ahl ah! mais il a refait la majeure partie de son opéra (et il n'y avait que quatre jours d'intervalle). Piccinni entendit cela et dit: Non, messieurs, je n'ai rien changé au rôle, mais on jouait Didon sans Didon. Enfin, c'est la seule pièce jusqu'à présent, à Fontainebleau, qui ait fait plaisir au roi. Il l'a fait jouer trois fois, lui qui avait l'opéra en horreur."


Didon de Piccini M5037010
dans le rôle de Didon, par Lucas de Montigny

« Le talent de cette sublime actrice, dit Ginguené, prenait sa source dans son extrême sensibilité. On peut mieux chanter un air, mais on ne saurait donner aux airs ni au récitatif un accent plus vrai, plus passionne ; on ne peut avoir une action plus dramatique, un silence plus éloquent. On se rappelle encore son terrible jeu muet, son immobilité tragique, et l'effrayante expression de son visage, pondant la longue ritournelle du chœur des prêtres, dans l'opéra de Didon, vers la fin du troisième acte, et pendant la durée de ce chœur même. Elle ne fit aux représentations que se replacer dans la position où elle s'était trouvée naturellement à la première répétition générale. Quelqu'un lui parlait de cette impression qu'elle avait paru éprouver, et qu'elle avait communiquée à tous les spectateurs.—Je l'ai réellement éprouvée, répondit-elle; dès la dixième mesure, je me suis sentie morte. »

« Il est impossible, dit Grimm, de réunir à un plus haut degré la sensibilité la plus exquise, un goût de chant plus soigné, une attention à la scène plus profonde et plus réfléchie, un abandon plus noble et plus vrai, un jeu plus attachant et plus digne du superbe rôle de Didon. C'est la voix de Todi, c'est le jeu de Clairon; c'est un modèle qu'on n'a point eu sur ce théâtre, et qui en servira long-temps. » Grimm a toujours raison; en effet, aucune actrice de l'Opéra n'a encore atteint ce degré de perfection.

C'est à Mnme Saint-Huberti que l'Opéra doit la réforme des habillemens ridicules en usage À ce théâtre depuis son origine. Mlle Clairon avait fait d'inutiles efforts pour l'établir à la ComédieFrançaise. Nulle actrice ne se montra plus zélée pour la sévérité du costume que Mme Saint-Huberti; elle sacrifiait à l'amour de la vérité jusqu'aux avantages de la coquetterie. Son costume de Didon fut fait d'après un dessin envoyé de Rome. C'est sous cet habit qu'elle est représentée dans les Costumes et annales des grands théâtres de Paris, par Lewacher de Chamois. Elle y fait une singulière disparate avec les grotesques accoutremens de la plupart des acteurs de cette époque.

Le livret de Marmontel, calqué sur la Didone de Métastase, avait les formes italiennes, et Piccinni, plein de confiance en sa cantatrice, se livra sans crainte aux inspirations de son génie. Il écrivit pour Mme Saint-Huberti un rôle de prima donna complet dans toutes ses parties. On y remarque cinq airs principaux d'un grand mérite : Vaines frayeurs, sombres présages; Ni amante ni la reine; Ah! que je fus bien inspirée, morceau d'un seul mouvement lent, dont l'exécution difficile faisait apprécier le talent d'une cantatrice. Ah! prends pitié de ma faiblesse! est un air plein de charme et de mélancolie. Hélas! pour nous il s'expose est un agitato d'un beau caractère. Je crois que l'effet en aurait été meilleur, si le musicien avait donné plus de suite à son mouvement d'orchestre, au rhythme qu'il attaque d'abord avec tant de franchise. Le trio est bien coupé, l'ensemble en est dramatique. Lieu de l'oubli, dieu du repos, chœur des prêtres de Pluton , est d'une couleur sombre et sévère, et pourtant a beaucoup de charme et de douceur. Les formes et les motifs de ce morceau rappellent un peu le songe d'Atys. Si j'avais été journaliste à cette époque, j'aurais été gluckiste; mais je conçois fort bien que les belles mélodies de Piccinni, ses airs aux tours élégans, à l'expression noble et touchante, dussent avoir de chauds partisans, de fanatiques admirateurs. La guerre était finie, la retraite de Gluck avait fait signer la paix, lorsque Piccinni remporta sa plus belle victoire. Il restait maître du champ de bataille; mais non, Sacchini s'apprêtait à le lui disputer.

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MessageSujet: Re: Didon de Piccini   Didon de Piccini Icon_minitimeMer 5 Fév - 1:27

Piccini à la Cour:

Des propositions avaient été faites à Piccinni par La Borde, valet de chambre de Louis XV, et auteur de l'Essai sur la musique, pour l'attirer en France; la mort du roi suspendit ces négociations. Elles furent reprises en 1775 par le marquis de Caraccioli, ambassadeur de Naples à Paris, d'après l'autorisation de la reine Marie-Antoinette. Séduit par l'espoir d'un sort avantageux pour lui et sa famille, Piccinni s'éloigna de Naples, et arriva à Paris dans les derniers jours de décembre 1776, au milieu d'un hiver qui lui parut d'autant plus rigoureux, qu'il contrastait avec le doux climat de son pays. Les avantages qu'on lui avait assurés se composaient d'un traitement de six mille livres, le payement de son voyage aux frais du roi, enfin le logement et la table chez l'ambassadeur de Naples. Cependant on ne lui tint pas ce qu'on lui avait promis, car M. de Caraccioli, bien qu'il l'accueillît avec amitié, le fit conduire dans un hôtel garni où il demeura jusqu'à ce qu'un petit appartement qu'on arrangeait pour lui fût prêt dans la rue Saint-Honoré, en face de la maison où demeurait Marmontel. Ce littérateur s'était chargé d'arranger pour lui et de réduire en trois actes plusieurs opéras de Quinault. Piccinni en arrivant à Paris ne savait pas un mot de français: il lui fallut employer près d'une année à l'étudier sous la direction de son poète, qui lui indiquait la prosodie de ses vers avec les signes usités pour les langues anciennes. Après un travail long et pénible, la partition de Roland, le premier ouvrage choisi par Piccinni, se trouva prête; mais là seulement commença pour lui une série d'ennuis et de chagrins, par la rivalité qui s'établit entre ses partisans et ceux de Gluck. J'ai dit à l'article de celui-ci quels furent les effets de cette rivalité (F. t. IV, p. 256-257) et je ne rappellerai pas ici ces détails.

Didon de Piccini 220px-12
Gluck par Joseph Siffrein Duplessis, 1775.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Christoph_Willibald_Gluck

Dévoué à son art, étranger à toute intrigue, à toute ambition, aux mœurs, aux goûts, aux usages, à la langue du pays qu'il était venu habiter, Piccinni vivait dans sa famille et se livrait paisiblement à ses travaux , dans l'ignorance des efforts que faisaient les gluckistes pour nuire à son succès, et même pour empêcher la représentation de son ouvrage. Il faut le dire, Gluck lui-même eut le tort d'être l'instigateur de toutes ces intrigues. Cependant les répétitions de Roland commencèrent; les antagonistes de Piccinni les rendirent orageuses, et les choses en vinrent à ce point, qu'aux approches de la représentation le compositeur crut sa chute inévitable. Le jour venu où la partition de Roland, tant calomniée par les gluckistes, allait enfin être entendue du public, la famille de Piccinni fondit en larmes au moment où il allait se rendre au théâtre; il semblait qu'il marchât au supplice. Lui seul, calme an milieu de cette désolation, rassura sa femme, et partit avec quelques amis. Malgré de sinistres prédictions, Roland eut une réussite complète, et Piccinni fut ramené chez lui en triomphe. Cependant, il faut l'avouer, malgré les beautés réelles qui se trouvent répandues dans cet ouvrage, la froideur générale du style justifiait jusqu'à un certain point les attaques des partisans de Gluck. Aujourd'hui, où l'histoire de toute cette rivalité n'excite plus de passion, l'examen attentif de la partition de Roland n'y fait pas découvrir l'auteur de l'Alessandro nelle Indie, de YOlimpiade, ni d'une multitude de productions de Piccinni empreintes d'une expression pénétrante; et l'on y voit avec évidence que la gêne de la langue et des convenances du théâtre français, si différentes de celles d'Italie, avaient paralysé son imagination. Les mélodies de Roland sont douces et gracieuses, mais elles manquent de force.

http://books.google.be/books?pg=PA241&lpg=PA241&dq=didon+fontainebleau+1783&sig=NvOnprYBUZ8TOUFcUqudtnBn-3k&ei=_nPxUvzVNISShQfr44GAAQ&id=ik9DAAAAcAAJ&hl=fr&ots=x9Lc019dmp&output=text

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MessageSujet: Re: Didon de Piccini   Didon de Piccini Icon_minitimeMer 5 Fév - 1:38

Pendant que Piccinni écrivait Roland, il travaillait par ordre de la reine à Phaon, pièce dans le genre gracieux, destinée à la Comédie italienne. Elle fut représentée dans un voyage de la cour, à Choisy, et y fut goûtée; néanmoins ce succès ne put faire obtenir qu'on la jouât à Paris. Piccinni jouissait alors d'une sorte de faveur à Versailles; il y allait deux fois chaque semaine donner des leçons de chant à la reine qui l'accueillait avec bonté, mais qui ne songea jamais à rien faire pour lui, ni à lui faire rembourser les frais de ses voyages et des partitions de ses opéras qu'il faisait relier magnifiquement pour le roi et les princes de la famille royale. Une circonstance favorable se présenta dans le même temps ponr offrir aux habitans de Paris le talent de Piccinni sous un aspect plus avantageux, lorsque Devismes , alors directeur de l'Opéra, réunit, en 1778, une troupe de chanteurs italiens à celle de l'Opéra français, pour jouer alternativement avec celle-ci : Piccinni fut nommé directeur de la musique de l'Opéra italien, et l'on entendit alors quelques-unes de ses meilleures partitions, avec une admiration qui tourna au profit de ses ouvrages français. Atys, grand opéra supérieur à Roland, fut représenté en 1780. Accueilli d'abord avec froideur, il obtint ensuite un succès justifié par quelques morceaux de premier ordre, notamment par le Chœur des songes, qui a survécu à l'abandon qu'on a fait depuis longtemps de l'ouvrage à la scène, et qu'on a entendu avec admiration dans les concerts du Conservatoire. Avant la représentation de cet opéra, l'administration de l'Académie royale de musique avait maladroitement ranimé la guerre des partisans de Gluck et de Piccinni , en chargeant concurremment ces deux illustres musiciens de la composition de deux opéras dont Iphigénie en Tauride était le sujet. L'opéra de Gluck fut représenté en 1779, avec le succès que méritait un si bel ouvrage. Après l'avoir entendu, Piccinni aurait dû cesser de travailler au sien; mais des amis imprudens le pressèrent au contraire de terminer sa partition,bien que le livret qu'on lui avait confié ne pût soutenir le parallèle avec l'excellent poème de Guillard, que Gluck avait mis en musique. L'Iphigénie de Piccinni fut représentée en 1781, et n'eut qu'un succès assez froid : quoiqu'il s'y trouvât de beaux morceaux, notamment l'air Cruel! et tu dis que tu m'aimes! cette pièce ne put se soutenir à côté de celle de Gluck.

Ce compositeur était retourné à Vienne, en 1780; mais à peine fut-il parti, que Sacchini arriva à Paris, et qu'une nouvelle rivalité vint troubler le repos de l'auteur d'Atys. Malheureusement inspiré, relui-ci fit représenter, dans la même année que l'Iphigénie, son Adèle de Ponthieu, opéra chevaleresque, la plus faible de ses productions. Après l'incendie de l'Opéra (en 1781), il fit exécuter quelques morceaux de sa composition dans les concerts, et augmenta le nombre de ses admirateurs par les beautés qui s'y trouvaient. La lutte avec Sacchini commença en 1783 : ce fut la cour qui la fit naitre en demandant à chacun des compositeurs un grand opéra pour les spectacles de Fontainebleau. Piccinni écrivit Didon, et Sacchini mit Chimène en musique. Cette pièce fut représentée la première et n'obtint qu'une représentation devant la cour; mais Didon fit une si vive impression, que Louis XVI voulut l'entendre trois fois de suite. A Paris, cette piêce, considérée a juste titre comme le chef-d'oeuvre des opéras français de Piccinni, n'obtint pas moins de succès qu'à Fontainebleau, et pour la première fois, son auteur fut applaudi de tous et loué sans restriction. Il y a en effet tant d'amour dans le beau rôle de Didon, tant de suavité dans ses cantilènes, qu'on ne peut donner trop d'éloges à l'auteur d'un si bel ouvrage. L'année 1783 était destinée à être la plus heureuse du séjour de Piccinni en France, car on y reprit Atys avec un brillant succès, et dans cette même année ses opéras comiques le Dormeur éveillé et le Faux lord réussirent à la cour et à la Comédie italienne. Le public troubla un peu ces triomphes en 1784, car Lucette tomba à la Comédie italienne, et Diane et Endymion n'eut qu'un accueil froid à l'Opéra. Pénélope ne fut guère plus heureuse en 1785, et l'année suivante il refit inutilement la musique l'Adèle de Ponthieu, car l'administration de l'Opéra ne voulut point faire représenter cet ouvrage, malgré la promesse formelle qu'elle lui avait faite à ce sujet. En 1784 Piccinni avait été nommé maître de chant à l'école royale de musique et de déclamation,fondée par le baron de Breteuil, aux Menus-plaisirs du Roi; deux ans après il fit exécuter par ses élèves son opéra de Roland, et le soin qui fut porté dans l'exécution fit que la musique fut mieux comprise qu'elle ne l'avait été dans la nouveauté. En 1787, il donna sans succès au Théâtre Italien le Mensonge officieux. Il avait aussi composé la musique de deux opéras sérieux intitulés l'Enlèvement des Sabines et Clytemnestre; mais de nouvelles intrigues en empêchèrent la représentation. Ce dernier ouvrage produisit cependant beaucoup d'effet lorsqu'il fut répété généralement en 1789; il aurait prouvé, dit-on, que l'auteur de Didon n'avait pas seulement le génie des cantilènes gracieuses et pathétiques, mais qu'il était aussi capable de s'élever jusqu'au style le plus tragique. Tant d'injustice, la chute des Fourberies de Marine, opéra-comique en 3 actes, arrangé par Durosoy sur sa musique, la perte de 11 ou 12.000 francs de traitement et de pensions, prix de ses travaux et des leçons qu'il avait données aux filles du banquier La Borde, le déterminèrent à quitter la France, où il avait écrit quinze opéras.

http://books.google.be/books?id=ik9DAAAAcAAJ&pg=PA246&lpg=PA241&ots=x9Lc019dmp&focus=viewport&dq=didon+fontainebleau+1783&hl=fr&output=text#c_top

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MessageSujet: Re: Didon de Piccini   Didon de Piccini Icon_minitimeDim 22 Oct - 14:21

Comme le rappelle notre grand ami et archiviste chevronné Yann Sinclair, c'est le 16 octobre 1783 que Piccinni a représenté sa Didon devant la cour.
https://maria-antonia.forumactif.com/t44561-16-octobre-1783-a-fontainebleau-on-joue-didon-de-piccini

Rôle-titre Didon, interprétée par la Saint-Huberty.

Didon de Piccini Tzolzo31

  • Dans son Catalogue historique, chronologique et anecdotique pour la Bibliothèque du Théâtre national de l’Opéra paru en 1878, Théodore de Lajarte écrira : « Didon fut le plus grand succès de l’œuvre de Piccinni. Malheureusement , comme conception dramatique , la pièce a le défaut, que nos contemporains n’ont pas toujours évité, de ne posséder qu’un véritable rôle, celui de la reine de Carthage. Mademoiselle Saint-Huberty, du reste, le créa d’une façon supérieure ; les louanges les plus dithyrambiques lui furent adressées, à cette occasion ».
    https://www.forumopera.com/zapping/16-octobre-1783-a-la-reine/


Grand succès à Paris aussi quelques semaines plus tard et au final, la Didon de Piccinni restera à l'affiche pendant plus de 40 ans !

L'oeuvre est dédiée à Marie-Antoinette, comme le rappellent ces mots écrits par le musicien lui-même au début de sa partition :

  • « Madame, le jour même où j’appris que Votre Majesté daignait m’assurer pour la vie la jouissance de ses bienfaits (ndr : le roi venait de lui accorder une pension), je fis le voeu de réunir toutes mes forces pour composer, s’il m’était possible, un ouvrage digne de lui être offert et consacré par la reconnaissance. Ce sentiment, qui quelquefois nous tient lieu de génie, m’a inspiré l’opéra de Didon ; et dès que Votre Majesté a bien voulu en agréer l’hommage, mon voeu est accompli. Puisse le reste d’une vie dont je dois le repos à Votre Majesté, être employé à ses amusements avec autant de succès que de zèle. Je suis, avec le plus profond respect, de Votre Majesté, le très humble, très obéissant et très dévoué serviteur. Piccini. »
    https://www.forumopera.com/zapping/16-octobre-1783-a-la-reine/


Didon de Piccini Tzolzo39

Je fais remarquer à Pimprenelle que Piccinni lui-même écrit son nom avec 2 n.  tongue

Le livret a été écrit par Jean-François Marmontel. Les plus curieux d'entre nous pourront consulter le livret de  Métastase, Didone abbandonata que Piccinni avait mis en musique en 1770. Un sujet qu'il aimait bien on dirait.
https://digilander.libero.it/il_metastasio/metastasio_didone_abbandonata.html

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MessageSujet: Re: Didon de Piccini   Didon de Piccini Icon_minitimeDim 22 Oct - 15:06

Chakton a écrit:
Je fais remarquer à Pimprenelle que Piccinni lui-même écrit son nom avec 2 n.  tongue

Pas faux... Pourtant, la couverture porte "Piccini" avec un seul "n". Il y a un flottement. Mais tu as raison, Chakton, il vaut mieux écrire un nom tel que la personne l'orthographie elle-même.

Ce sera donc dorénavant Piccinni ! Didon de Piccini 580524

Merci pour le livret de Métastase, je l'ai étudié attentivement, puisqu'il date de 1770... mais aucune trace d'un passage de Marie-Antoinette aurait pu chanter en pleurant lors du départ de Fersen, sauf à le traiter de traître et d'infidèle.

Ce texte-là est proche de celui de Virgile, on retrouve bien l'esprit de son infelix Dido. Encore une preuve que, vraiment, cette scène tire-larmes est une invention.
https://maria-antonia.forumactif.com/t3551p225-le-cryptage-des-lettres-de-marie-antoinette-et-fersen#192030

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