| | La division de l'espace territorial français | |
| | Auteur | Message |
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madame antoine
Nombre de messages : 6891 Date d'inscription : 30/03/2014
| Sujet: La division de l'espace territorial français Lun 9 Juin - 10:17 | |
| Bonjour,
Je ne sais trop où placer ce sujet qui m'a paru intéressant. Cet article passe en revue les grandes divisions du territoire de la France, depuis l'Ancien Régime.
http://www.lemonde.fr/politique/article/2014/06/08/1789-2014-les-batailles-de-l-espace-francais_4434151_823448.html
Dans cette explication diachronique très claire, il y a un détail qui attirera notre attention.
le révolutionnaire Pétion, ramenant Louis XVI à Paris après l’échec de la fuite à Varennes, en juin 1791, raconte ainsi que sur le chemin, le monarque prisonnier s’amusait à se remémorer les départements qu’il traversait, pour passer le temps. Même le roi s’était fait au nouveau découpage…
Cette anecdote est-elle vraie ? Je ne pense pas l'avoir jamais lue nulle part.
madame antoine _________________ Plus rien ne peut plus me faire de mal à présent (Marie-Antoinette)
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| | | pimprenelle
Nombre de messages : 40563 Date d'inscription : 23/05/2007
| Sujet: Re: La division de l'espace territorial français Lun 9 Juin - 12:27 | |
| Merci pour le lien! Les explications sont très claires et très intéressantes pour quelqu'un qui n'est pas français comme moi et pour qui ces divisions territoriales ne sont donc pas une évidence. Je suis particulièrement sensible aux passages qui concerne la Révolution, évidemment. Il est intéressant de relever, en effet, que le peuple a accepté sans broncher des remaniements dans l'espace alors qu'il avait refusé ceux infligés au temps. C'est un truc qui me flashe toujours, ça... Comment ces Messieurs de l'Assemblée ont-ils pu être déconnectés du monde au point de vouloir imposer un nouveau système de temps, indépendant de tous les cycles naturels? Une abstraction totale de dieu, alors que les être vivants ont besoin de chaleur et de réconfort...? C'est ça qui me fascine dans la Révolution française, cet élan qu'ils ont eu de vouloir tout réinventer. Avec l'enthousiasme et le côté brouillon d'une cour de récré. Mais où je vais, moi, encore?! Retour à l'article, ce sera nettement plus intéressant que mes digressions... LA CÉSURE FONDATRICE DE 1789
Pour comprendre la césure fondatrice que représente 1789 dans l’histoire administrative du pays, il faut rappeler ce qu’était la France d’Ancien Régime – le royaume de France : un conglomérat de provinces, pays, villes, diocèses et juridictions aux frontières souvent contradictoires, dans lesquelles foisonnaient exceptions, privilèges et conflits de compétences, hérités de l’histoire séculaire de l’accroissement du domaine royal. Un manteau d’Arlequin, en somme.
Afin de traduire dans l’espace le nouveau principe d’égalité, mais aussi d’organiser le plus aisément possible des élections et de lever plus efficacement l’impôt, un nouveau découpage est donc décidé dès les premières semaines de la Révolution. Pour cela, une commission est formée par l’Assemblée constituante, sur proposition de l’abbé Sieyès, en septembre 1789. Son travail s’achève six mois plus tard, le 26 février 1790. La révolution territoriale n’aura pas duré six mois.
Quels sont les critères du nouveau découpage ? La richesse ? Le peuplement ? Le territoire ? Les membres de la commission choisissent en fait de privilégier la troisième option, en s’inspirant tout d’abord des travaux du géographe Robert de Hesseln, qui avait imaginé en 1780 de découper le territoire sur la base des multiples de 9, soit 80 carrés (plus Paris) de 18 lieues de côté, chacun subdivisés en 9 districts, eux-mêmes découpés en 9 cantons. Un schéma parfaitement irréaliste, aboutissant à la création d’un très élégant damier, mais qui provoqua un tel scandale qu’il fut vite évacué.
Le comité de division, dominé par la figure du député normand Jacques-Guillaume Thouret, conservera en revanche l’ordre de grandeur, en le fondant cette fois sur des critères d’accessibilité : 80 unités environ, ce qui permet à chaque citoyen « d’arriver de tous les points de ce territoire au centre de l’administration en une journée de voyage ». Les tenants des particularismes provinciaux jugent cette nouvelle unité trop petite, mais ils ne sont pas écoutés : c’est précisément contre eux que la réforme est menée. Les paroisses de l’Ancien Régime sont en revanche maintenues. Rebaptisées « communes », elles restent l’échelon de base, intangible, de l’espace français, et ce jusqu’à aujourd’hui.NAPOLÉON, OU LE TRIOMPHE DU DÉPARTEMENT
Le 26 février 1790, 83 départements sont finalement définis. Ils sont nommés selon des critères de géographie physique (cours d’eau, reliefs et mers), au mépris des noms historiques des vieilles provinces. La réforme suscite un débat houleux. Mirabeau lui-même alerte l’Assemblée : « Je sais bien qu’on ne couperait ni les maisons ni les clochers ; mais on trancherait ce qui est plus inséparable, on trancherait tous les liens que resserrent depuis si longtemps les mœurs, les habitudes, les productions et le langage. » Il n’est pas écouté. Le philosophe irlandais Edmund Burke, grand contempteur de la Révolution, dénonce lui aussi l’extrême violence du procédé : « C’est la première fois que l’on voit des hommes mettre en morceaux leur patrie de manière aussi barbare », s’indigne-t-il. Mais le vent de l’histoire balaie tout. Rares sont ceux, pour tout dire, qui regrettent les provinces de l’Ancien Régime. Nul ne songera à les restaurer, même sous la Restauration…
Avec le recul, l’œuvre de la Constituante peut être considérée comme l’aboutissement d’un processus d’unification du territoire impulsé par la monarchie absolue. Et si Saint-Just, sous la Convention, s’agace des « 10 000 députés » qui défilent devant l’Assemblée pour réclamer ajustements et privilèges locaux, le département entre très vite dans les mœurs : le révolutionnaire Pétion, ramenant Louis XVI à Paris après l’échec de la fuite à Varennes, en juin 1791, raconte ainsi que sur le chemin, le monarque prisonnier s’amusait à se remémorer les départements qu’il traversait, pour passer le temps. Même le roi s’était fait au nouveau découpage…
Si la Révolution a échoué à changer le rapport au temps des Français (l’instauration de la semaine de dix jours – la décade – et du calendrier républicain fit long feu), elle a réussi, à travers le département et le système métrique, à bouleverser leur rapport à l’espace. Avec l’Empire napoléonien, qui renforce la centralisation et impose la figure du préfet, le département triomphera dans sa double dimension : une unité de représentation élective, à travers le conseil général, et un espace de contrôle pour la capitale, par l’intermédiaire du préfet.
La modernité, qui avait mis à bas l’Ancien Régime administratif, en viendra toutefois très vite à menacer l’ordre nouveau. A partir du milieu du XIXe siècle, le chemin de fer réduit considérablement les distances et la révolution industrielle provoque l’explosion des échanges. Peu à peu, les différentes parties du territoire se spécialisent. Le département, naguère accusé de ne tenir aucun compte du passé, est maintenant accusé de ne plus être adapté à l’avenir. En 1864, l’ingénieur Frédéric Le Play est le premier à évoquer concrètement son dépassement et le découpage du pays en treize grands ensembles, au nom de l’efficacité économique. Le serpent de mer de la grande réforme administrative remonte à la surface.Suite sur le site du Monde: http://www.lemonde.fr/politique/article/2014/06/08/1789-2014-les-batailles-de-l-espace-francais_4434151_823448.html _________________ rien que la mort peut me faire cesser de vous aimer
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| | | Chou d'amour Administrateur
Nombre de messages : 31526 Age : 41 Localisation : Lyon Date d'inscription : 22/05/2007
| Sujet: Re: La division de l'espace territorial français Mar 10 Juin - 10:46 | |
| C'est d'actualité ce sujet en plus, avec la réforme à venir de fusion de certaines régions françaises Ah non madame antoine je ne connaissais pas cette anecdote de Louis XVI lors de Varennes! Mais c'est plausible connaissant le personnage _________________ Le capitalisme c'est l'exploitation de l'homme par l'homme. Le syndicalisme c'est le contraire!
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| | | pimprenelle
Nombre de messages : 40563 Date d'inscription : 23/05/2007
| Sujet: Re: La division de l'espace territorial français Mar 10 Juin - 11:25 | |
| Moi, je ne connaissais rien à ce truc. En gros, vu de l'extérieur, la France est un pays très divisé en départements avec de jolis noms et très centralisé à la jacobine parce que tout se fait à Paris. ... Je suis à côté de la plaque? C'est vrai que l'anecdote sur Louis XVI récitant ses départements tient la route, vu sa passion pour la géographie, son ouverture sur le monde et sa manie de tout classer... On pourra objecter que, le retour de Varennes, c'était peut-être pas le moment... Mais les témoignages des envoyés de l'Assemblée montrent justement la bonhomie de la famille dans la berline. Alors, pourquoi pas les départements, en effet? _________________ rien que la mort peut me faire cesser de vous aimer
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| | | madame antoine
Nombre de messages : 6891 Date d'inscription : 30/03/2014
| Sujet: Re: La division de l'espace territorial français Ven 2 Oct - 7:08 | |
| Voici un article expliquant cette volonté de diviser la France en circonscriptions carrées.
http://www.liberation.fr/politiques/2015/09/30/version-xviiie-des-circonscriptions-carrees_1394430
madame antoine _________________ Plus rien ne peut plus me faire de mal à présent (Marie-Antoinette)
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