Nombre de messages : 501 Date d'inscription : 07/04/2015
Sujet: Alain Decaux est mort Dim 27 Mar - 23:37
Alain Decaux est mort à Paris à l'âge de 90 ans.
Alain Decaux publie sa première biographie en 1946, consacrée à Louis XVII, le second fils de Louis XVI et Marie-Antoinette, mort pendant la Révolution Française, sans avoir régné. Une soixantaine d'ouvrages suivront parmi lesquels Letizia. Napoléon et sa mère (1949), récompensé par l'Académie Française, où il sera admis en 1979. Biographe de Dumas ou Hugo, il écrit des livres aux titres simples, mais efficaces: Les grands mystères du passé, Grands secrets, grandes énigmes ou Grandes aventures de l'histoire. Il a signé aussi des sommes comme C'était le XXe siècle, en quatre volumes, une Histoire des Françaises en deux tomes. Sa recherche de la spiritualité l'amène à écrire pour les enfants des ouvrages comme La Bible racontée aux enfants. Avec l'homme de théâtre Robert Hossein, il a monté des fresques autour de figures comme Danton, Robespierre, Marie-Antoinette, Bonaparte ou de Gaulle. http://france3-regions.francetvinfo.fr/nord-pas-de-calais/l-academicien-et-ecrivain-lillois-alain-decaux-est-mort-961637.html
Nous présentons nos condoléances à sa famille et saluons son oeuvre.
_________________ Je préfère l'original à la copie
de La Reinta
Nombre de messages : 1432 Date d'inscription : 15/03/2016
Sujet: Re: Alain Decaux est mort Lun 28 Mar - 0:57
_________________ Je dois avouer ma dissipation et paresse pour les choses sérieuses
madame antoine
Nombre de messages : 6891 Date d'inscription : 30/03/2014
Sujet: Re: Alain Decaux est mort Lun 28 Mar - 8:46
Un grand ami de l'Histoire nous a quittés. Mais sa voix de conteur restera toujours à notre oreille.
Bien à vous
madame antoine
_________________ Plus rien ne peut plus me faire de mal à présent (Marie-Antoinette)
flower power
Nombre de messages : 503 Date d'inscription : 09/05/2015
Sujet: Re: Alain Decaux est mort Lun 28 Mar - 9:48
J'aime bien l'affiche
Sido Scorpion
Nombre de messages : 697 Date d'inscription : 05/08/2015
Sujet: Re: Alain Decaux est mort Mar 5 Avr - 21:37
Alain Decaux a été enterré au Père-Lachaise.
Mes chers amis, vous ne m'en voudrez pas recopier l'intégralité d'une interview très touchante donnée par ce grand homme. C'était en 2002 et vous verrez ce qu'il dit émeut aux larmes :
Savez-vous à quel moment s'est déclenché votre appétit pour l'histoire ?
Précisément. Je venais d'entrer en sixième. Tout à coup, une douleur violente dans la cour : appendicite foudroyante ! Je reste couché plus d'un mois et m'ennuie beaucoup. Mon grand-père m'apporte alors Le Comte de Monte-Cristo. Six volumes.... terminés dans la semaine. Face à ce roman historique, j'étais dans un état de folie ! Une vocation indiscutable était née.
Mais c'est comme journaliste que vous avez débuté...
Oui, à la Libération. Je m'étais inscrit en droit : mon père, bâtonnier, ne concevait pas que je ne sois pas juriste. Mais, à l'époque, un nouveau journal paraissait chaque jour. Si un jeune homme se présentait avec un article, on le lisait et on le prenait ou pas. J'ai démarré comme ça. Un jour, mon rédacteur en chef m'annonce qu'il va refaire des séries et me demande de lui proposer des sujets. Je lui suggère Louis XVII. Le papier suscite beaucoup de courrier et mon supérieur me dit : "Alain, vous aimez l'histoire, vous aimez écrire, faites donc les deux." Et, là, je sais. Je dis toujours aux jeunes : "Il y a des moments dans la vie où le destin peut tourner. Soyez vigilants !"
Est-ce avec l'étude de votre discipline fétiche que vous avez acquis cette certitude ?
Oui, prenez l'exemple de Bonaparte, lors du siège de Toulon, en 1793. L'armée n'a pas réussi à prendre la ville (ndlr : aux contre-révolutionnaires) et c'est ce jeune capitaine de 24 ans qui s'en charge. Robespierre suggère, alors, de lui attribuer le commandement en chef de la garde de Paris. On lui propose une autorité considérable au service d'un personnage qui semble tenir le pouvoir. Eh bien, il a la prescience de refuser !
Cette passion vous a-t-elle appris des choses sur vous-même ?
A l'époque où j'étais ministre, un journal m'a demandé quelle était ma gauche. J'ai répondu : "celle de Victor Hugo". J'ai acquis avec lui beaucoup de mes réflexes par rapport à la société.
Faites-vous des repérages quand vous écrivez une biographie ?
On ne peut raconter la vie de quelqu'un sans se mettre à sa place. J'ai ainsi voulu visiter la cellule de Blanqui au Mont-Saint-Michel. C'est important de "sentir".
Vous ne redoutez jamais de mauvaises interprétations ?
Je ne crois pas avoir commis d'erreur grave. Si, au théâtre ! J'avais été très ému par les époux Rosenberg, accusés d'avoir espionné les Etats-Unis et exécutés sur la chaise électrique. En plein maccarthysme. Le pape, la reine d'Angleterre avaient demandé leur grâce. J'ai écrit une pièce qui reposait sur leur innocence totale. Malheureusement, à l'ouverture des archives soviétiques, on a découvert que Rosenberg avait travaillé pour l'Union Soviétique.
Depuis un an et demi, vous vous planchez sur un autre sujet d'envergure : saint Paul.
Il y a vingt ans que je veux me lancer et je ne le ferai jamais si je ne m'y mets pas maintenant. C'est un livre très difficile à écrire. Je me fâche avec saint Paul à peu près tous les quinze jours ! Mais, le personnage est immense. On peut se demander si, sans lui, le Christianisme ne serait pas resté une petite secte juive en Palestine.
Vous imagineriez-vous en chercheur ultra-spécialisé ?
Pas du tout. Je n'ai jamais songé à enseigner. C'est moi qui ai convaincu André Castelot de créer La Tribune de l'histoire à la radio. J'avais écrit trois livres. Quand j'allais aux Archives Nationales, que j'ouvrais un carton, j'éprouvais un bonheur extrême ! Alors, j'ai pensé qu'il fallait créer une émission qui montre à l'immense public de la radio combien tout ceci était captivant.
Vos relations avec les universitaires ont-elles toujours été bonnes ?
Très mauvaises au départ. Surtout quand j'ai fait de la télé. J'étais le premier à vulgariser la noble science ! Mais il m'est arrivé une chose extraordinaire. J'ai reçu la visite de deux jeunes secrétaires généraux de l'Association des professeurs d'histoire qui me demandaient de les rejoindre. Je leur ait dit : "messieurs, je n'ai jamais enseigné et vos confrères ne sont pas tout à fait d'accord avec la façon dont je parle d'histoire à des milliers de gens. Ils m'ont répondu : "dans nos classes, vous ouvrez des horizons à des quantités de jeunes. Vous n'avez pas de diplôme, mais des millions d'élèves." J'ai adhéré ! Et j'y suis toujours !
En bonus, 4 personnages déterminants dans la vie d'Alain Decaux :
La comtesse de Ségur lui apprend à lire
"Ma mère m'avait lu Les malheurs de Sophie et Les petites filles modèles. J'avais très envie qu'elle me fasse découvrir le troisième tome. Sur ce, mon grand-père m'apporte Les Vacances. Et quand il revient, deux heures plus tard, je suis... à la page 15 ! J'étais parvenu à déchiffrer le texte ! Comme quoi la passion, la curiosité, peuvent conduire l'être humain à se dépasser."
Sacha Guitry lance son premier ouvrage
"J'ai eu la chance, à 19 ans, de faire la connaissance de Guitry, mon idole. Un jour, alors qu'il me demande ce que je fais, je lui confie écrire un livre sur Louis XVII. Et puis je reçois un appel téléphonique. Au bout du fil, le directeur d'une maison d'édition m'annonce la chose suivante : "Nous allons publier le prochain titre de Monsieur Guitry, qui nous a confié être un peu fatigué parce qu'il a lu toute la nuit le manuscrit d'un jeune auteur". Ce n'était pas vrai du tout ! Je n'avais rien soumis à Guitry ; je n'aurais pas osé ! Mais Louis XVII retrouvé est sorti grâce à son intervention follement élégante."
André Castelot monte avec lui à La Tribune de l'Histoire
"J'ai rencontré Castelot en 1946, en allant l'interviewer au sujet de Louis XVII. Quinze ans nous séparaient ; je n'étais rien, il m'a accueilli comme quelqu'un d'important, je lui dois beaucoup. Qu'est ce qu'on s'est battu pour faire accepter La Tribune de l'histoire à la radio ! L'émission a duré 46 ans ! Nous avons commencé sous Auriol et fini sous Chirac, en 1997. On changeait de régime, de gouvernement, de directeur, mais nous, on nous gardait."
Robert Hossein l'entraine dans l'épopée des grands spectacles
"A un moment de son parcours, Robert Hossein en a eu assez d'une vie de représentation. Il est parti à Reims pour relancer le théâtre de la ville. Au bout de sept ans, il m'a appelé et m'a dit : "je vais te montrer comment faire venir les gens. J'ai réussi à Reims ; il est temps d'attaquer à Paris". C'est ainsi que la série des grands spectacles a débuté au palais des Sports avec Potemkine et n'a plus cessé". http://www.pleinevie.fr/article/alain-decaux-enterre-au-pere-lachaise-14351
Merci, Monsieur Decaux, pour tous les horizons que vous avez ouverts pour nous !
_________________ Avais-je atteint ici ce qu'on ne recommence point ?