| | Le XVIIIe et les salons où l'on cause | |
| | Auteur | Message |
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Invité Invité
| Sujet: Le XVIIIe et les salons où l'on cause Jeu 13 Aoû - 15:49 | |
| - Citation :
- C'est le règne des salons littéraires et philosophiques où se piquent de refaire le monde les dignes descendantes des précieuses ridicules de Molière.
Ce que des Mmes de Genlis, Necker, Roland ( etc .... ) peuvent être puantes d'orgueil !!!!!! C'est effarant ! Puantes ?! Oui, c'est possible. Encore que, elles ont dû s'arracher avec force à la condition que la société leur imposait. Elles s'en prenaient plein la tronche, et les premières à leur tirer dessus étaient aussi les autres femmes. Aussi, je leur pardonne un peu...à ces quelques-unes. En vérité, je suis bien ennuyée d'être femme : il me fallait une autre âme, ou un autre sexe, ou un autre siècle. Je devais naître femme spartiate ou romaine, ou du moins un homme français ! Mon dépit a l'air bien fou, mais réellement je me sens comme enchaînée dans une classe et une manière d'être qui n'est pas la mienne. Je suis comme ces animaux de la brûlante Afrique qui, transportés dans nos ménageries, sont forcés de renfermer, dans un espace qui les contient à peine, des facultés faites pour se déployer dans un climat fortuné, avec la vigueur d'une nature forte et libre. Mon esprit et mon coeur trouvent de toutes parts les entraves de l'opinion, les fers des préjugés, et toute ma force s'épuise à secouer vainement mes chaînes.Manon Roland, dans ses Mémoires |
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| Sujet: Re: Le XVIIIe et les salons où l'on cause Jeu 13 Aoû - 17:42 | |
| Merci, pour ce bel extrait de Mme Roland (que je préfère aux deux autres dames citées aussi pour le péché d'orgueil ). Manon écrit de belles pages sur l'avilissement de la Révolution et l'abjection de septembre, mais elle est aussi très imbue de sa personne, c'est frappant . D'ailleurs, est-ce drôle !!! où ai-je lu ( je crois que c'est sous la plume d'Imbert de Saint-Amand ) que, peu de temps avant la Révolution, Manon avait fait des démarches pour obtenir l'anoblissement ... ce qui ne manque pas de sel ! J'ai retrouvé : "En 1784, Mme Roland qui, semble t-il n'était pas encore républicaine " resta quelques semaines à Paris, pour y faire les démarches nécessaires à l'obtention des lettres de noblesse que le ménage désirait ardemment. Les sollicitations ne réussirent pas et les époux, désespérant de devenir nobles, s'en consolèrent en se faisant franchement démocrates ." C'est bien Imbert de Saint-Amand: Marie-Antoinette et l'agonie de la royauté Manon écrit à Bancal des Issart après les massacres de septembre : " Vous connaissiez mon enthousiasme pour la Révolution; eh bien, j'en ai honte . Elle est devenue hideuse. " Et aussi (très connu ) : " Tout Paris fut témoin de ces horribles scènes exécutées par un petit nombre de bourreaux. Tout Paris laissa faire . Tout Paris est maudit à mes yeux ." |
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| Sujet: Re: Le XVIIIe et les salons où l'on cause Jeu 13 Aoû - 18:42 | |
| - Citation :
- Mme Roland (que je préfère aux deux autres dames citées aussi pour le péché d'orgueil ).
Vous évoquez la fille ou la mère Necker ? Je vous comprends, mais je continue à leur passer cet excès d'orgueil. Si nous balayons large, y compris avec ces noms que vous citez, on ne distingue finalement qu'une poignée de femmes qui sont sorties de l'anonymat social et historique (restons, si vous voulez, dans le XVIIIème) : Les bien nées ou bien mariées : on les connaissait, on les connaît encore vaguement aujourd'hui. Les biens nées ou bien mariées qui se sont illustrées -aussi- individuellement. Et combien, très peu certainement (?), qui existent hors du bâton masculin qui les soutenait. Aussi, je ne suis pas très étonné que toutes celles-ci n'aient pas eu, à un moment ou un autre, le sentiment d'avoir à poser leurs couilles sur la table ! (pour être grossier). - Citation :
- écrit de belles pages sur l'avilissement de la Révolution et l'abjection de septembre, mais elle est aussi très imbue de sa personne, c'est frappant .
C'est vrai. A la lecture de ses Mémoires, on voit, comme on le dit aujourd'hui, qu'elle se la pète graaaave ! Mais bon, c'est sûr, elle était brillante, avec un caractère bien trempé, et étaient de celles qui ne portaient guère les hommes (entendez les mâles) dans leur estime. C'est qu'elle en avait bavé avec son père... |
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| Sujet: Re: Le XVIIIe et les salons où l'on cause Jeu 13 Aoû - 18:56 | |
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Le XVIIIe et les salons où l'on cause Jeu 13 Aoû - 19:10 | |
| - Citation :
- J'imagine le couple mal assorti qu'elle aurait composé avec Fersen si Staël ne l'avait épousée...
C'est que, j'évoquai Manon Roland. Mais bon, tu me diras, Mme de Staël se la pète à mort également, mais once again, elle a de quoi elle aussi. |
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| Sujet: Re: Le XVIIIe et les salons où l'on cause Jeu 13 Aoû - 19:12 | |
| Vous êtes féministe ! C'est vrai, quelques femmes sortent du lot, fin XVIIIème, et plus sûrement par leur esprit que par leurs charmes. Parfois, pour gagner leur indépendance, elles font fi du bâton masculin, comme vous dites. Mme Vigée-Le Brun, par exemple ! Pfff ! au feu, le bâton ! Mais le mariage était le passage obligé vers la liberté ( curieusement ! ) et l'émancipation. La jeune personne qui restait fille entrait au couvent (super ! ) ou ne quittait jamais le foyer de ses vieux parents auxquels elle se dévouait tandis que se flétrissait sa belle jeunesse ! - Citation :
- Vous évoquez la fille ou la mère Necker ?
.. Je pense à la mère ! Manon n'a pas que mépris pour l'espèce masculine. Elle vit une passion torride, quoique platonique, avec Buzot. ( C'était bien Buzot, au moins ? ) |
| | | Invité Invité
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| Sujet: Re: Le XVIIIe et les salons où l'on cause Jeu 13 Aoû - 19:17 | |
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Le XVIIIe et les salons où l'on cause Jeu 13 Aoû - 19:20 | |
| - Citation :
- Mais le mariage était le passage obligé vers la liberté ( curieusement ! ) et l'émancipation.
Vous connaissez, bien entendu, la génialissime phrase des Liaisons dangereuses : pour ce qu'on fait d'un mari, l'un vaut toujours bien l'autre ; et le plus incommode est encore moins gênant qu'une mère. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Le XVIIIe et les salons où l'on cause Jeu 13 Aoû - 19:21 | |
| Mais, c'est exactement cela ! Hors le mariage, point de salut !!! |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Le XVIIIe et les salons où l'on cause Jeu 13 Aoû - 19:22 | |
| Oups ! J'avais oublié... - Citation :
- Vous êtes féministe !
A mort ! |
| | | pimprenelle
Nombre de messages : 40558 Date d'inscription : 23/05/2007
| Sujet: Re: Le XVIIIe et les salons où l'on cause Ven 14 Aoû - 9:10 | |
| - Citation :
- Mais le mariage était le passage obligé vers la liberté ( curieusement ! ) et l'émancipation. La jeune personne qui restait fille entrait au couvent (super ! ) ou ne quittait jamais le foyer de ses vieux parents auxquels elle se dévouait tandis que se flétrissait sa belle jeunesse !
Comme il le sera longtemps, et comme il l'est encore sous certaines latitudes et dans certains milieux. En fait, les femmes libres de leurs destins sont une extrême minorité dans le temps et dans l'espace. Et, vu la montée des intégrisme divers, je crains pour nos droits, les filles... :s: Marie Antoinette témoigne elle-même de cette force du mariage, dans la deuxième partie, moins connue, de sa célèbre lettre à Madame de Tourzel, du 24 juillet 1789. Elle parle de Madame de Fréminville, qui appartient à la maison de sa fille et qu'elle apprécie visiblement beaucoup : Sa fille, Madame de Fréminville, est une personne d'un vrai mérite. Quoique âgée seulement de vingt-sept ans, elle a toutes les qualités d'un âge mûr. Elle est à ma fille depuis sa naissance, et je ne l'ai pas perdue de vue. Je l'ai mariée, et le temps qu'elle n'est pas avec ma fille, elle l'occupe en entier à l'éducation de ses petites filles. Elle a un caractère doux et liant, est fort instruite, et c'est elle que je désire charger de continuer les leçons à la place de l'abbé d'Avaux. Elle en est fort en état; et puisque j'ai le bonheur d'en être sûre, je trouve qu'elle est préférable à tout. Au reste, ma fille l'aime beaucoup et y a confiance. (cf. Lever, op. cit., p. 491) Pour Marie Antoinette, le passage par le mariage est tellement évident qu'elle préfère choisir elle-même l'établissement des personnes qui lui plaisent. L'état de mère est la conséquence naturelle de celui d'épouse. Il est à noter que notre reine manifestait une certaine prédilection pour les femmes, dont elle aimait à reconnaître les mérites et à encourager les efforts. Cette Madame de Fréminville en est l'exemple le plus frappant, mais pensons à Elisabeth Vigée-Lebrun, à Marie Jeanne Bertin, à Françoise Raucour... On ne peut sans doute pas parler de féminisme, peut-être de proto-féminisme, mais certainement d'une conscience de genre et de condition. Remarquons aussi au passage les qualités que Marie Antoinette épingle : la douceur, le liant, la fiabilité et l'instruction, qu'elle met met en exergue. Christine de Fréminville est fort instruite, dit-elle. On est bien loin de la frivolité et de l'indolence qu'elle serait censée exclusivement favoriser... _________________ rien que la mort peut me faire cesser de vous aimer
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| | | pimprenelle
Nombre de messages : 40558 Date d'inscription : 23/05/2007
| Sujet: Salons littéraires et féministes Ven 14 Aoû - 9:13 | |
| - Citation :
- Oups ! J'avais oublié...
- Citation :
- Vous êtes féministe !
A mort ! C'est vrai ! Je me souviens de cette discussion houleuse sur l'avortement où tu es venu à mon secours... _________________ rien que la mort peut me faire cesser de vous aimer
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| | | globule Administrateur
Nombre de messages : 2229 Date d'inscription : 04/10/2017
| Sujet: Re: Le XVIIIe et les salons où l'on cause Ven 8 Déc - 10:36 | |
| - Invité a écrit:
- Puantes ?! Oui, c'est possible.
Et même carrément parfois au sens propre (si j'ose dire ) car il ne s'échangeait pas dans ces salons que des propos fleuris. "Le pet a passionné les salons du XVIIIe siècle" explique de Baecque. "C'est un jeu mondain. On écrit sur le pet en parodiant les genres à la mode que sont le traité scientifique ou la tragédie. Les textes que l'on retrouve aujourd'hui allient une écriture très virtuose", poursuit-il, "et en même temps c'était des déchaînements de rire, y compris à la table de Voltaire et Rousseau". Si d'aventure le sujet vous intéresse https://www.franceinter.fr/culture/prout _________________ - Je ne vous jette pas la pierre, Pierre -
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