Une petite anecdote sur Mme de Laage de Volude, Blimonette pour les intimes .
Elle écrit, le 15 mai, une lettre fort longue à sa mère, dans laquelle elle rapporte une conversation qu'elle vient d'avoir avec la duchesse de Luynes :
---- Parlez-moi de la Fronde, et même de la Jacquerie; les chefs étaient des gens de bonne compagnie dans l'un et l'autre parti; c'étaient des grands seigneurs et aucun qui eussent intérêt à tout renverser; mais la populace ayant pour chefs de meute des philosophes, cela ne vous fait-il pas horreur ?
---- Le peuple est loin d'attenter à l'autorité du Roi, répond la duchesse qui en tient pour les idées nouvelles. Louis XVI tirerait un meilleur parti du peuple que de la noblesse.
---- La noblesse a tout intérêt à soutenir la royauté, et le peuple a tout intérêt à détruire la noblesse .... Votre chien d'évêque d'Autun, vos Lally-Tollendal, M. le duc d'Orléans, que vous méprisez dans le fond, tout cela vous perdra !
Blimonette était passionnée par les évènements et la politique dont elle avait à coeur de comprendre les ressorts . C'est pourquoi elle dévorait toutes les gazettes, journaux, nouvelles à main.
Dame de la princesse de Lamballe, elle était aussi l'amie intime de Louise de Polastron .
Séduisante et charmante, elle collectionnait les amoureux transis, tels messieurs de Durfort, Lauzun, Sérent ..... Mais le plus désespérément assidu était le duc de Lévis dont nous parlions hier . Le pauvre était tellement collant que Louise l'avait surnommé l'abcès de Mme de Laage ! Elle ajoutait que l'impossibilité ne le rebutait même pas ...
En effet, Mme de Laage était sage.
Elle éconduisait ses adorateurs avec esprit . Comme ce jour où Sérent affirmait à ses genoux, avec des trémolos :
---- Entre honnêtes gens, la plus tendre amitié succède à l'amouuuuuur !!!!!
---- Eh bien, succédons, succédons dès aujourd'hui, lui répondit-elle narquoise, nous nous épargnerons les remords .
Pourtant la rumeur chemine que M. de Damas sut vaincre ses résistances ..... Eh ! on n'est pas de bois ....