madame antoine
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| Sujet: Histoire des émotions - Tome II, Sous les Lumières de la Science Mer 7 Déc - 6:59 | |
| Voici le deuxième tome d'une série d'analyses des émotions à travers les âges. Sous les lumières de la science. « Alain Corbin est l’âme de ce tome II de l’Histoire des émotions, se plaît à rappeler Agnès Walch, et ce, à double titre. Il en a, d’une part, assuré la coordination et il en est, d’autre part, à l’origine avec cette intuition féconde d’un changement de registre des émotions au fil des siècles. Du XVIIIe au XIXe, les émotions, longtemps considérées comme non maîtrisables, se sont ainsi vu peu à peu quantifier. Après la littérature, les sciences, en particulier les sciences humaines naissantes, s’en sont saisies. »Les émotions, longtemps synonymes de sentiments, ont une histoire, qui croise celle des sexes, de la famille ou des classes sociales. « Du XVIII e siècle au XIX e siècle, les émotions sont de plus en plus contenues, observe l’historienne Agnès Walch ( photo ). Bien plus que de pudeur, c’est d’une véritable transformation dans leur expression dont il s’agit. Cette codification sert les hommes, certes invités à plus de retenue, au contraire des femmes encouragées à exprimer leurs sentiments bien souvent, qui pis est, sur le registre de la mièvrerie. »Le contrôle de soi marque la frontière entre sexe fort et sexe faible : « L’émotion devient alors un sentiment essentiellement féminin et de plus en plus déprécié parce que justement féminin. Ce qui est valorisé, c’est le contrôle. »Or, qui a le contrôle de soi a le contrôle des autres, notamment au sein de la famille : « La violence révolutionnaire a généré un surcroît d’émotions qu’il a bien fallu canaliser. L’institution familiale s’en est acquittée, mais le Code civil a placé sous la coupe du chef-mari-père, à l’autorité réaffirmée et incontestée, l’ensemble de la famille. L’épouse comme les enfants n’ont pas de capacité juridique. Sous l’Ancien Régime, les femmes avaient voix au chapitre. Le monde social était alors moins figé.»Les ancêtres des nouveaux pères vivaient donc sous l’Ancien Régime : « Au XVIIIe siècle, le chef de famille pouvait s’afficher volontiers avec un bébé sur les genoux. Il s’investissait dans l’éducation des enfants jusqu’à les materner sans choquer quiconque. Le Code civil a refroidi cet élan qui passait pour naturel. C’en est fini de la conception du père attendri. Mais la Révolution n’a fait que précipiter une évolution à l’œuvre tout au long du XVIIIe siècle. Le Code civil de 1804 a été rédigé par des juristes, élevés dans une conception machiste et inspirés par le droit ancien, dont l’ambition était d’uniformiser et d’ordonner les rapports sociaux. »Napoléon n’est pas seul responsable, d’autant moins que la bourgeoisie s’est aussi emparée de la gestion des sentiments : « Au XIXe siècle, la nouvelle élite dominante a singé la noblesse, convaincue que cette élite d’autrefois taisait ses émotions. C’est une mauvaise compréhension du code de l’honneur aristocratique. »IntérêtsDavantage obnubilée par l’argent, la bourgeoisie va aussi faire la fortune des médecins : « Les intérêts personnels passant après les intérêts financiers et patrimoniaux, le carcan familial bride complètement l’émotion. Les médecins ne tardent pas à nommer “névroses” les tensions nées du conflit entre recherche effrénée du profit et répression accrue des sentiments. Si la bourgeoisie n’a pas inventé le mariage de raison, les alliances arrangées, dans la noblesse, étaient acceptées. Les individus adhéraient davantage aux valeurs qui gouvernaient leur vie. »Corollairement, c’est le corps social tout entier qui voit ses émotions confisquées : « Dans la sphère privée abandonnée aux femmes comme dans la sphère publique dévolue aux hommes, les émotions sont réprimées jusque dans leurs expressions spontanées et collectives, à l’exemple de la “Semaine sanglante” du 21 au 28 mai 1871 qui mit fin à la Commune. La foule fait peur. Le peuple est vu comme un enfant dont il faut censurer les opinions et canaliser les émotions. » Mais ça, c’était hier…http://www.lamontagne.fr/clermont-ferrand/art-de-vivre-bien-etre/science/2016/12/05/les-emotions-ont-une-histoire_12196344.html Bien à vous madame antoine _________________ Plus rien ne peut plus me faire de mal à présent (Marie-Antoinette)
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