Frédéric II de Prusse

Citation :

Lettres à Pauline, le duc de Lévis .  

[i]A Postdam, le 5 août 1784

Je viens enfin de voir le roi . Ce prince nous ayant donné rendez-vous pour onze heures, nous nous sommes rendus avec le général Gürtz à Sans-Souci sur les dix heures . A peine étions-nous arrivés que la porte s'est ouverte et le roi est entré tout seul . .

la salle d'audience du chateau ;

Vous illustrez la lettre de Gaston de Lévis !!! Merci !!!

Je trouve toujours plus évocateur de placer des faits, des souvenirs, dans les lieux qui les ont connus. Cela ne paraît plus si lointain et abstrait.

.... moi aussi !

Voila un tableau qu s'y trouve (actuellement) :




Sincérement, je veux bien attendre deux heures, si je peux contempler ces merveilles ! Tous les médecins devraient mettre des Watteau dans leurs salle d'attente !

Ce n'est pas un Watteau mais un de Troy.

Je ne savais pas qui était l'auteur, mais les Watteau pullulent à Sans Souci, je parlai donc généralement. Merci pour l'identification !

Gaston de Lévis continue, intarissable    :

Il n'y a guère que dix-huit mois qu'il possède deux habits ( Pouaaaah ! il devait sentir le chacal, Frédéric  ) et c'est un accident qui lui en a montré la nécessité : en allant de Postam à Magdeburg à cheval, il survint un orage affreux, le soir il donna son unique habit à son palefrenier pour le sécher, et ce pauvre diable, exténué de fatigue, s'endormit au coin du feu et le laissa tomber . Le lendemain matin, le roi en réveillant son homme, trouva un pan de son habit presque brûlé et, n'en possédant point d'autre, il fit la revue de ses troupes avec une poche de moins. C'est alors qu'il s'est déterminé à se faire faire un uniforme de plus. Il en a bien un autre brodé en argent, mais il le met tout au plus deux fois par an .
La grande magnificence de ses palais ( illustrée juste au-dessus par notre Lucius    )  rend encore plus singulière la parcimonie dont il est pour sa personne, qu'on appellerait même vilénie dans tout autre qu'un grand roi .

Sa chambre puait déjà à cause de ses chiens.
A rajouter son tabac à priser !

Bien sûr, si l'on considère que les chiens puent...

Frederic II avec une passion pour la musique

Je continue sur ma lancée ( car Frédéric nous passionne Gaston et moi   ) .

Un des hussards de la chambre avait une maîtresse à Berlin, la multiplicité des fonctions de sa charge ne lui laissait pas le temps de la voir aussi souvent qu'il le désirait; il lui écrivait un jour avec humeur sur cette contrainte et était tellement attentif à sa lettre que le roi entra dans sa chambre sans qu'il s'en aperçût et lut par-dessus son épaule la phrase suivante qu'il écrivait : " Je ne pourrai pas aller vous voir ce soir car notre vieil ours ... " --- " m'a envoyé en prison " ajouta le monarque  en prenant une grosse voix . Le hussard se crut perdu mais le roi avait ri et il en fut quitte pour la peur .

Je raffole de l'humour de ce bon "Vieux Fritz!"        Quel personnage!  

diphildor a écrit:

Je raffole de l'humour de ce bon "Vieux Fritz!" Quel personnage!

N'est-ce pas ! Attendez !
Le duc de Lévis en cite un autre trait ( pas piqué des hannetons )

Frédéric écrit beaucoup et signe tout lui-même .
La formule de la fin est toujours : " Je prie Dieu qu'il vous ait en sa sainte et digne garde " L'on me contait hier à propos de cette phrase uniforme qu'écrivant pendant la dernière guerre à l"un de ses généraux un ordre précis de garder un poste, il finissait ainsi : " Songez que votre tête m'en répondra et sur ce, je prie Dieu etc .... " Effectivement, il laissait bien ce pauvre général à la garde de Dieu . Le roi ne s'en est jamais permis, de ma connaissance, qu'une petite variation . Un certain général le persécutait pour une grâce qu'il s'obstinait à lui refuser; à la fin, ennuyé des lettres continuelles que lui occasionnait cette demande, le roi répondit : " Je vous ai déjà refusé positivement . Si vous m'écrivez encore, je ne prierai plus Dieu qu'il vous ait en sa sainte garde . Frédéric .

Citation :

Je vous ai déjà refusé positivement . Si vous m'écrivez encore, je ne prierai plus Dieu qu'il vous ait en sa sainte garde .  Frédéric.

Mais il s'amuse comme un fou! Quel diable d'homme!  

Dans la chambre de Frédéric, sur une commode, trônait le portrait de l'Empereur .
Comme on lui demandait un jour pourquoi cette prédilection singulière pour ce tableau, Frédéric répondit :

Il est bon d'avoir toujours son ennemi devant les yeux pour qu'il ne nous surprenne pas.

Bigre! C'était pour lui une sorte d'équivalent de "vanité"!

Très éloquent quant au caractère du personnage!

La Maison de Prusse et les châteaux prussiens préparent déjà le 300° anniversaire de la naissance de Frédéric II (qui sera célébré en 2012)


http://www.muensterschezeitung.de/nachrichten/kultur/art617,549158

Voltaire et Frédéric II. Tomes I et II (complet). de
PEYREFITTE (Roger)
Paris, Albin Michel, 1992. Deux volumes in-8° collés, 353 et 375 p.


En quatrième de couverture :

En 1736, peu après l'exil londonien de Voltaire, a commencé entre le « Salomon du Nord » et le « Virgile français » une étrange amitié faite d'admiration mutuelle et de suspicion : autant Frédéric II aime le poète, l'écrivain, le philosophe athée, autant, au cours des années et lors du séjour à Potsdam et Sans-Souci, il est irrité par l'homme, sa mauvaise foi et sa déloyauté ; Voltaire, lui, fasciné par le prince royal puis par le roi guerrier et poète, ne tarde pas à remettre en cause son statut d'écrivain courtisan. Un mot du roi sur « l'orange que l'on presse avant de jeter la peau » lui fait comprendre qu'il est temps de s'en aller. Et c'est vers un autre exil qu'il partira en 1755, avec sa nièce, dans la propriété genevoise des Délices.
Après la jeunesse de Voltaire, Roger Peyrefitte évoque ici toute la période de maturité du « grand homme » : outre ses relations avec Frédéric II, son long compagnonnage avec Mme du Châtelet, ses déboires avec la censure, les rivalités qu'il entretient avec forces pamphlets, les œuvres auxquelles il travaille avec acharnement, tandis que ses correspondances privées et littéraires apportent sur lui un éclairage des plus révélateurs, comme le Journaux et les Mémoires de ses illustres contemporains.
Maniant l'ironie, la critique acerbe, l'érudition et l'art de l'allusion, Roger Peyrefitte est le biographe par excellence de Voltaire, qu'il juge autant qu'il admire. Sans les tabous ni la pudeur de l'hagiographe, traquant la moindre des anecdotes, il reconstitue le portrait le plus authentique et le plus passionnant qui soit de l'homme et de l'écrivain.

Les deux volumes : 25 euros (code de commande : 20062).

Oiseau lire de Mons

Invité a écrit:

Frederic II avec une passion pour la musique

Un aspect de sa personne trop souvent négligé.



Passion illustrée sur ce tableau par Adolph Menzel : 'Flute Concert with Frederick the Great in Sanssouci'
(Staatliche Museen zu Berlin)