Le Château de Marly par Pierre-Denis Martin en 1724
Le château de Marly, situé à Marly-le-Roi dans les Yvelines, fut édifié sous le règne de Louis XIV.
Il fut détruit durant le Premier Empire
Louis XIV et Marly
En 1676, Louis XIV achète un domaine à Marly et réunit les deux anciennes seigneuries de Marly-le-Chastel et Marly-le-Bourg qui deviendront Marly-le-Roi.
À partir de 1679 Jules Hardouin-Mansart et Robert de Cotte travaillent à l'édification d'un château de plaisance pour le Roi et quelques privilégiés.
Le marché de travaux est passé le 22 février 1680 aux entrepreneurs Jean Bailly et François Lespée1.
Ces travaux seront pratiquement terminés en 1684 lorsque Louis XIV s'y rend pour la première fois le 23 juillet.
Le roi à l'origine y invite ses intimes et résume ainsi la fonction de ses trois principales résidences: « J'ai fait Versailles pour ma Cour, Trianon pour ma famille, Marly pour mes amis »2.
Puis, à partir des années 1690, les invitations sont des marques de promotion politique et administrative et dans les deux dernières décennies du règne, « Marly tend à devenir une autre résidence ordinaire, un second Versailles, voire un anti-Versailles »3
Les « Marlys »
En 1686, a lieu le premier « Marly »
C'est sous cette appellation qu'étaient nommés les séjours du Roi et de ses invités au château.
Dès l'origine, les jardins et le château de Marly sont prévus pour que le roi Louis XIV puisse s'éloigner de Versailles et des pesanteurs et tracas de la cour, en compagnie de la famille royale et de quelques invités. Ceux-ci attendent parfois des mois avant d'avoir le privilège d'être invités dans le saint des saints.
Être convié à Marly est considéré comme l'extrême faveur royale. Les noms des élus figurent sur une liste diffusée quelques jours avant le départ.
Saint Simon, dans ses Mémoires, décrit non sans ironie les courtisans suppliant le secrétaire du Roi pour y figurer ou implorant Louis XIV en lui disant « Sire, Marly... » à son passage.
Mais ce ne sont jamais plus de 60 à 100 personnes qui y séjournent.
Plus le pavillon attribué à un invité est proche du pavillon royal, plus celui-ci est censé avoir les faveurs du monarque.
Les princes de sang n'y vont pas de droit et doivent, comme n'importe quel autre courtisan, être invités par le Roi.
Marly est avant tout un lieu de plaisir et de fêtes.
L'étiquette, si présente à Versailles, y est en partie abolie et de nombreux divertissements sont organisés: escarpolette, ramasse (un chariot sur rails en bois ancêtre des montagnes russes), le mail (une sorte de golf ou de croquet), billard, jeux de cartes, gondoles sur le grand miroir…
L'architecture
Le pavillon royal est édifié sur une esplanade.
En son centre, le grand salon à l'italienne (de forme octogonale), haut de près de 15 mètres, est desservi par quatre vestibules qui relient les espaces situés aux 4 angles du pavillon, et où se trouvent les appartements de la famille royale: ceux du Roi, de la Reine, de Monsieur, frère du Roi et de son épouse, la princesse Palatine.
L'appartement du Roi est orienté vers le château de Saint-Germain-en-Laye, lieu de sa naissance4.
De part et d'autre du canal central, le « grand miroir », sont alignées deux rangées de 6 pavillons consacrés aux invités, soit 12 au total qui symbolisent les douze signes zodiacaux tournant autour de l'astre suprême, le soleil, représenté par le pavillon royal4.
En 1688, l'un des pavillons est transformé en Pavillon des Bains et en 1703 deux autres sont réaménagés pour accueillir les deux célèbres globes de Coronelli représentant la terre et l'autre le ciel au jour de la naissance de Louis XIV5.
Par souci d'économie l'ensemble des bâtiments sont peints a fresco en trompe-l'œil sous la direction de Charles Le Brun.
Trophées, bas-reliefs et pilastres artificiels animent les façades
Plan du rez-de-chaussée du pavillon central du Château de MarlyLes jardinsLe château de Marly est conçu comme un château-jardin où la nature, maîtrisée, domine.
De nombreux bassins et fontaines agrémentent le parc.
L'axe principal du domaine s'ouvre par un grand abreuvoir demi-circulaire que prolonge le grand miroir.
D'autres bassins sont placés entre ce dernier et le pavillon royal tandis qu'au-delà s'élève la grande cascade, composée de 63 bassins de marbre rouge et vert, construite en 1699 par Mansart.
Fontaines et bassins sont également disséminés dans le parc.
Un théâtre de verdure est édifié à la droite du château.
À la mort de Louis XIV pas moins de 400 jardiniers travaillaient à Marly.
Sous Louis XV, la grande cascade est détruite. Le marbre est réutilisé dans les églises Saint-Sulpice et Saint-Roch à Paris.
Parmi les nombreuses sculptures qui décoraient le jardin, certaines sont aujourd'hui à Paris:
les chevaux de Marly marquent sur la place de la Concorde l'entrée des Champs-Élysées
la plupart sont exposées dans la cour Marly du Musée du Louvre.
Plan général de Marly, XVIIIe siècleLa destructionDélaissé par Louis XV et Louis XVI, il se délabre peu à peu.
Le dernier séjour royal a lieu en juillet 1789
Lors du dernier séjour de la Cour, à Marly, du 14 juin au 21 juin, c'est le premier et l'unique séjour de Madame Royale et du Dauphin Louis Charles.
Ils occupent les appartements n°10 et 11 qui se situent au premier étage, du pavillon central, donnant sur le sud.
Ces deux appartements se partagent une première antichambre, une seconde antichambre et un grand cabinet.
Chaque appartement dispose d'une chambre et d'un cabinet de retraite
Le château est pillé par les révolutionnaires en 1789 et racheté le 31 mars 1799 par un Parisien, Alexandre Sagniel, qui y installe une filature de coton et une fabrique de draps.
Les affaires étant peu florissantes, Sagniel tente de se renflouer en démantelant peu à peu le château, monnayant tous les matériaux prélevés.
L'échec de sa revente en 1806 à Napoléon accélère la démolition de l'ouvrage.
À la suite d'un désaccord entre l'Empereur et Alexandre Sagniel, Napoléon installe ses troupes dans ce qui reste du château.
Les soldats contribuent aussi à sa destruction en le saccageant.
Le parc est finalement racheté par l'administration impériale le 27 juillet 1811.
Il ne reste actuellement plus rien de visible du château édifié par Jules Hardouin-Mansart, si ce n'est — en haut de la pente du parc — la représentation au sol des murs du Pavillon royal.
Fouilles
En mai 2015, une équipe d’archéologues entreprend des fouilles au domaine de Marly 9.
Marly et ses répliques
Pierre le Grand, au début du XVIIIe siècle, s'inspire fortement du château et de ses jardins, lorsqu'il construit le palais de Marly, dans le parc du château de Peterhof.
Louis II de Bavière au XIXe siècle s'inspire de la façade du Château de Marly et de la grande pièce d'eau du centre des jardins lorsqu'il fait construire le château de Linderhof, en Bavière.
Pour que les proportions du volume de la façade restent comparables à celle de Marly, il va développer le château tout en profondeur, ce qui est très curieux et qui ne s'explique que par ce souci.
La ville de Washington, capitale fédérale des États Unis, a été dessinée par l'architecte français L'Enfant en 1791-92, selon le schéma d'ensemble du Château de Marly.
Un bâtiment principal sur la colline dominante, le Capitole, un très large Mall s'étendant vers le Potomac, des bâtiments officiels (ministères, musées...) devant être répartis de part et d'autre du Mall.
Le Mall devait avoir un large canal en son centre, dans le même esprit que celui de Marly (ou de Versailles) mais G. Washington n'en n'a pas retenu l'idée.
La Maison du Président (President House) était prévue à l'endroit même où se elle trouve aujourd'hui, The White House. Mais Jefferson, à l'époque State Secretary de l'Administration Washington, partisan d'une construction beaucoup plus modeste, du type Villa Rotonda, d'Andrea Palladio, ne voulait pas de cette importance.
Construite comme telle, elle a été agrandie à trois reprises.
La surface originellement prévue par L'Enfant est encore visible par la disposition, en éventail, des rues qui devaient se rassembler au pied du bâtiment, et qui en sont aujourd'hui éloignées.
Le différend avec Jefferson a provoqué le départ de L'Enfant, au regret de Wahington, qui a imposé le respect du shéma qu'il avait prévu, ainsi que la construction des bâtiments en pierres taillées, et non pas en briques.
Sauf que le Mall a été réduit en largeur. (source William Seale. The President's House. volume 1)
Notes et références
↑ Note : L'entrepreneur François Lespée est probablement l'architecte auquel le roi vend une terre à Versailles en 1689 pour y construire une maison qu'il rachète en 1707 à ses fils, Charles-François Lespée, père de l'abbé de L'Épée, et Jean-François Lespée, ingénieur des ponts et chaussées, pour agrandir la Charité (voir : p. 143-144, Revue de l'histoire de Versailles et de Seine-et-Oise, 1921 (lire en ligne)) [archive].
↑ Franck Ferrand, Dictionnaire amoureux de Versailles, Plon, 2013, p. 207
↑ Benjamin Ringot et Thierry Sarmant, « Sire, Marly ? » : usages et étiquette de Marly et de Versailles sous le règne de Louis XIV », Bulletin du Centre de recherche du château de Versailles, 2012 (DOI 10.4000/crcv.11920)
↑ a et b Stéphane Castelluccio, Le château de Marly sous le règne de Louis XVI : étude du décor et de l'ameublement des appartements du Pavillon royal sous le règne de Louis XVIéditeur=Réunion des musée nationaux, 1996, p. 12
↑ Vincent Maroteaux, Marly. L'autre palais du soleil, Vögele, 2002, p. 106
↑ Vincent Maroteaux, op. cit., p. 11
↑ Dictionnaire biographique de Coysevox [archive]
↑ Fiche de la statue Amphitrite [archive] sur le site du musée du Louvre
↑ Laurent Marmot et Frédéric Lossignol, Marly, le château disparu du Roi Soleil, documentaire, Gédéon, 2015.