Ce livre a l'air intéressant effectivement. Voici un article à son sujet.
L’espionnage à l’ombre du Siècle des lumières
Le XVIIIe siècle est infesté d’espions. On les imagine manoeuvrant avec élégance dans les salons de Versailles ou de Venise avant de disparaître à la lueur des chandelles par une porte dérobée. La réalité est un peu moins séduisante, nuance l’historien français Stéphane Genêt dans Les espions des Lumières, une analyse du « métier d’espier » sous le règne de Louis XV, initialement publiée en 2013 chez Nouveau Monde éditions et réédité cette année chez Septentrion.
Le livre n’est pas un recueil d’aventures à la Barry Lyndon, mais une étude sur les rouages de l’information. Genêt y dresse le portrait-robot de l’agent secret, qui n’est souvent qu’un simple paysan envoyé derrière les lignes ennemies en temps de guerre. La fonction n’est pas très prestigieuse. « C’est là toute l’ambiguïté d’une activité nécessaire mais marginale et tout autant méprisée que peu gratifiante. »
Les espionnes sont rares au sein des réseaux patiemment reconstitués par l’auteur. « Elles sont bavardes quand il faut conserver le secret, peu instruites alors que l’intelligence est une vertu cardinale […], libertines quand on attend une moralité exemplaire, oisives et superficielles », écrit Genêt en énumérant les préjugés de genre de l’époque.
Le plus souvent, c’est au grand jour que l’espion des Lumières livre les secrets recueillis chez l’adversaire. Ses missives sont codées à l’aide de chiffres remplaçant les mots que l’on doit « déchiffrer » pendant de longues heures. On utilise également la bonne vieille méthode de l’encre invisible qui n’apparaît que lorsqu’elle est approchée d’une flamme ou recouverte d’une poudre spéciale.
Après une ou deux campagnes, l’espion disparaît parfois des documents étudiés par Genêt sans qu’il soit possible de savoir ce qu’il lui est advenu. Le métier d’agent secret n’est pas de tout repos, souligne l’historien. Lorsqu’il est pris la main dans le sac, le malheureux risque la corde.
Stéphane Genêt évite le piège de l’européocentrisme en élargissant son étude à la Nouvelle-France, où se tient l’un des rares procès pour espionnage du XVIIIe siècle, celui de l’agent Robert Stobo, qui est condamné à mort pour avoir livré aux Britanniques les plans d’un fort français de la vallée de l’Ohio. La sentence étant suspendue, l’aventurier en profite pour s’échapper des prisons de Québec en 1759, à quelques semaines du siège de la ville par Wolfe. Dans ses mémoires, Stobo prétendra avoir révélé à ce général l’existence du sentier permettant d’atteindre le plateau des plaines d’Abraham. On peut en douter.
La méfiance est de mise lorsque l’on a affaire avec des espions. Genêt évoque à ce sujet le dilemme moral de leurs commanditaires issus de la noblesse des Lumières : « Comment faire confiance aux renseignements colportés par un individu considéré comme immoral, un traître que l’on juge prêt à toutes les bassesses pour assouvir sa vénalité ? »
http://www.ledevoir.com/culture/livres/510851/l-espionnage-a-l-ombre-du-siecle-des-lumieres
Bien à vous
madame antoine
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Plus rien ne peut plus me faire de mal à présent (Marie-Antoinette)