pimprenelle
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| Sujet: Les aventures de François Le Saulnier de Saint-Jouan Dim 19 Nov - 14:11 | |
| Vous saviez, vous, que la gentille orpheline du Temple avait rendu service à un corsaire ? Quelles drôles de fréquentations, elle avait, Marie-Thérèse ! Mais non, c'est plus compliqué que ça ! Suivons le descendant de François Le Saulnier de Saint-Jouan dans les remous de son histoire... ... si l'arbre généalogique d'Olivier de Saint-Jouan regorge d'aventuriers au long cours, François Le Saulnier de Saint-Jouan est, sans aucun doute, celui qui a le plus marqué l'histoire. Cousin par alliance de Surcouf, il passe, en quelques années, de corsaire à maire-adjoint d'Étables-sur-Mer (22) avant de devenir le premier maire de la commune de Binic, nouvellement créée en 1821.Statue de Surcouf à Saint MaloCette étrange destinée, il la doit d'abord à sa mère, Félicité Le Saulnier de Saint-Jouan, née Fichet des Grèves. Veuve à 29 ans, en 1792, avec trois enfants à charge, elle vend de l'équipement pour bateaux. Puis se lance dans la guerre de course, ces opérations navales menées par les corsaires, en armant des navires. C'est sur l'un de ces bateaux, le Saint-Jouan, que son fils fera ses premiers pas comme capitaine corsaire. Nous sommes en 1809 et il a 25 ans. En moins de 10 ans, François Le Saulnier de Saint-Jouan prend 36 navires anglais. « C'est un beau tableau de chasse. Mais il ne faut pas imaginer qu'il y avait de spectaculaires combats à chaque fois. Lorsqu'un bateau marchand voyait arriver les corsaires, il se rendait immédiatement », nuance Olivier de Saint-Jouan. « Et parfois, l'équipage rentrait sans aucune prise ».Reconstitution d'un navire corsaireMalgré tout, l'entreprise s'avère risquée. Pour preuve : les deux frères de François Le Saulnier de Saint-Jouan, également corsaires, sont capturés par les Anglais. Ils passent plusieurs années enfermés dans des pontons, sortes de prisons flottantes, avant d'être libérés à la fin des guerres napoléoniennes. François, lui, passe entre les mailles du filet. Mais pas les trois bateaux sous ses ordres - dont L'Éléonore, construite par Robert Surcouf - qui finissent par être arraisonnés les uns après les autres. Cela n'empêche pas François Le Saulnier de Saint-Jouan de contribuer, par ses activités, à faire la fortune du port de Binic. Si elle s'était arrêtée là, son histoire aurait pu n'être que celle d'un corsaire lambda ayant profité de la guerre de course pour s'enrichir. Sauf que François a le goût de l'aventure. Rangé des bateaux, il décide de se lancer en politique tout en menant de front ses activités de pêche à Terre-Neuve. « Il a commencé par devenir adjoint au maire d'Étables-sur-Mer », relate Olivier de Saint-Jouan. Mais le coeur de l'ancien corsaire reste attaché à Binic, alors simple quartier d'Étables.Vue ancienne de la côteIl faut dire que l'histoire de sa famille est inextricablement liée à celle du port costarmoricain. À commencer par la naissance des Fichets des Grèves, la famille de sa mère. « Le mythe raconte qu'un certain capitaine irlandais nommé Fisher se serait échoué sur les grèves de Binic et s'y serait installé en s'appelant Fichet des Grèves », s'amuse Olivier de Saint-Jouan. « Une autre légende court sur eux. Ils seraient enterrés debout pour voir la mer. Je ne sais pas si c'est vrai mais, au cimetière de Binic, il y a trois tombes des Fichet des Grèves qui ont une stèle mais pas de pierre tombale ». François, lui, est enterré dans le caveau familial. Mais il occupe une place à part dans l'histoire binicaise. Sous sa houlette et celles d'autres grandes familles de marins, « il a rendu le port de Binic économiquement plus important qu'Étables », note Olivier de Saint-Jouan. « Avec l'appui du prince Murat, préfet des Côtes-du-Nord, et de la duchesse d'Angoulême, la fille de Louis XVI, François a obtenu l'érection de Binic en commune par ordonnance de Louis XVIII, le 22 août 1821 ». Pour service rendu à la France ? « L'histoire ne le dit pas », s'amuse son lointain descendant. Président du conseil général de 1835 à 1842, François Le Saulnier de Saint-Jouan décède en 1847. Avec lui s'éteint le dernier grand aventurier de cette étrange famille qui a marqué l'histoire de Binic et des Côtes-d'Armor.Binic, paysage actuelSources : http://www.letelegramme.fr/bretagne/binic-le-premier-maire-etait-un-corsaire-16-11-2017-11742351.php http://www.binic-etables-sur-mer.fr/histoire/ https://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois_Le_Saulnier_de_Saint-Jouan _________________ rien que la mort peut me faire cesser de vous aimer
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