Un événement à ne pas manquer !
Ballet royal de la Nuit : danse avec le Roi-SoleilLe « Ballet royal de la Nuit » mêle danse et arts du cirque. Philippe DELVALLouis XIV a quinze ans, quand il apparaît dans l'habit éclatant du soleil ce 23 février 1653 sur la scène du Petit-Bourbon (bâtiment disparu qui se dressait entre le Louvre et l'église Saint-Germain-l'Auxerrois). Entouré de son frère, de nombreux aristocrates qui participent au spectacle, le jeune monarque affirme, face à la Cour, ses talents de danseur, mais aussi son pouvoir après les épisodes douloureux et humiliants de la Fronde. Le « Ballet royal de la Nuit » raconte ainsi les mystères de la vie nocturne avant l'apparition, à l'aube, de l'astre du jour.
Ce ballet avait alors marqué les esprits. Le souvenir en fut précieusement conservé par des dizaines de dessins en couleurs, le livret d'Isaac de Benserade, et une partition, signée de plusieurs compositeurs, dont Cambefort, Boësset et Lambert, hélas très lacunaire. Sébastien Daucé, claveciniste, organiste et chef de l'Ensemble Correspondances, a entrepris le pari fou de lui redonner la parole en reconstituant aussi, selon les règles de l'époque, les parties manquantes. A la clef, un concert enregistré (2 CD Harmonia Mundi), composé de larges extraits (le spectacle original devait atteindre les six heures).
Le musicien espérait « voir un jour sur les planches tous les rêves qu'elle [la Nuit] continue de porter ». Grâce au théâtre de Caen, où Sébastien Daucé et son ensemble sont en résidence, et aux coproducteurs, Château de Versailles Spectacles et l'Opéra de Dijon, ce rêve est devenu réalité. Le spectacle offre davantage de musique que le disque (trois heures environ) et donne à voir cette étourdissante galerie de personnages propres au ballet de cour, qui associe la poésie, la danse, la musique vocale et instrumentale. Des dizaines d'entrées, souvent brèves, convoquent aussi bien des personnages mythologiques et allégoriques (le Sommeil, le Silence) que des figures du quotidien - paysans, bandits, marchands - dans des registres comiques, mélancoliques ou oniriques.
Danse et cirque
Francesca Lattuada, avec la complicité d'Olivier Charpentier, dessinateur des costumes, a inventé un imaginaire où se rencontrent les arts de la danse et du cirque. On sourit, on frémit, on apprécie un incontestable travail de préparation et le haut niveau des interventions. On ne peut cependant s'empêcher de regretter la nudité de l'espace (aucun décor), que ne compense pas l'emploi parcimonieux de la vidéo. Les musiciens, chanteurs et instrumentistes, servent néanmoins avec autant de sensibilité que de conviction une partition qui méritait de sortir du silence.
Le Ballet royal de la Nuit
Dir. Sébastien Daucé. M.S. Francesca Lattuada. Opéra royal de Versailles (01 30 83 78 89), les 24, 25 et 26 nov. Opéra de Dijon (03 80 48 82 82) les 2, 3 et 5 déc.
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