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 14 décembre 1790: Jean Joseph Pierre Pascalis

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yann sinclair

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MessageSujet: 14 décembre 1790: Jean Joseph Pierre Pascalis   14 décembre 1790: Jean Joseph Pierre Pascalis Icon_minitimeSam 2 Déc - 14:01

14 décembre 1790: Jean Joseph Pierre Pascalis Jean_j11
Jean Joseph Pierre Pascalis


Célèbre jurisconsulte

assesseur d’Aix

procureur du pays de Provence

Né le 6 février 1732 à Eyguières, Bouches-du-Rhône
Assassiné le 14 décembre 1790 à Aix-en-Provence, Bouches-du-Rhône à l'âge de 58 ans

Victime de la Révolution française

Inhumé le 14 décembre 1790 au cimetière de l'église de la Madeleine, Aix-en-Provence, Bouches-du-Rhône

Parents

Joseph Pascalis 1705-1763
Catherine d'Amphoux



Jean-Joseph-Pierre Pascalis, célèbre avocat au parlement d’Aix, natif du lieu d’Eyguières, près de Salon, avait été deux fois assesseur d’Aix, procureur du pays de Provence : la première, en 1773 et 74 ; la seconde, en 1787 et 88. Il avait été l’un des plus vigoureux adversaires de Mirabeau dans le procès de celui-ci contre sa femme, mademoiselle de Marignane.


PASCALIS (Jean-Joseph-Pierre) était né à Eyguières, le 6 février 1732. Sa famille avait pris son origine à Allos (Haute-Provence). Vers l'année 1400, un de ses membres l'avait établie dans la communauté d'Eyguières, où depuis lors elle resta fixée. Elle n'était pas riche, mais elle jouissait d'une honnête aisance. Elle appartenait à cette bonne bourgeoisie du second ordre qui, au milieu de la corruption du XVIIIe siècle, savait garder le respect des principes ; classe précieuse par son dévouement, libre par ses moeurs, inflexible dans sa foi, chez qui la modestie des goûts était le sûr garant d'une intacte probité, et dont l'ambition, avec ses habitudes serviles, n'avait pas altéré le vieil esprit d'indépendance. Pascalis puisa dans une éducation austère, ce sentiment impérieux du devoir qui ne cessa d'être le mobile dominant de sa vie.

Les évènements du 12 décembre 1790

Cette maison est célèbre dans Aix par le déplorable événement du dimanche 12 décembre 1790, qui fut suivi de l’épouvantable tragédie dont le souvenir nous glace encore de terreur. Depuis longues années, un cercle d’hommes, appelé communément le Cercle de Guion, du nom du propriétaire de la maison, en occupait le rez-de-chaussée.

Les sociétaires se composaient de nobles, de bons bourgeois et de la plupart des officiers de la garnison ; c’est dire assez que leurs opinions politiques sympathisaient peu avec celles émises depuis 1789. Dans le café Casati dont nous avons parlé un peu plus haut, se réunissaient ceux des artisans que les nouvelles réformes froissaient dans leurs sentiments et qu’elles privaient de travail. Ces deux réunions avaient conçu le projet d’en former une autre où tous leurs membres seraient admis indistinctement, sous le nom d’Amis de la Religion et du Roi ; d’autres disent sous le titre des Amis de l’Ordre et de la Paix. La société patriotique des Amis de la Constitution, qui s’était établie, en 1789, dans l’ancienne chapelle des Messieurs, dépendante du collége Bourbon, au quartier de Saint-Louis, vit des adversaires et même des ennemis dans les membres de la réunion projetée, et résolut de s’y opposer. Elle était généralement composée de jeunes avocats, de marchands, de riches artisans, etc., ce qu’on appelait avant la révolution le tiers-état.

Dans l’après-midi du dimanche 12 décembre, cette société des Amis de la Constitution envoya des députés au club dit des Anti-Politiques, c’est-à-dire des Amis du vrai, pour lui demander affiliation. Ce club avait été fondé depuis peu dans l’ancienne église des Bernardines, au quartier de Villeverte, par le fameux abbé Rive, bibliothécaire de la province, ennemi déclaré des anciens administrateurs, notamment de M. l’archevêque Boisgelin et de M. Pascalis, duquel il demandait hautement la tête dans des pamphlets dont il inondait le public. Les Anti- Politiques appartenant presque tous à la classe des cultivateurs, flattés de cette demande en affiliation, suivirent en masse les députés quand ceux-ci retournèrent auprès de leurs commettants, et l’affiliation fut jurée d’un commun accord entre les membres des deux sociétés avec des acclamations et des transports de joie inimaginables. Les Amis de la Constitution délibérèrent à leur tour de reconduire en masse les Anti-Politiques chez eux et dans ces trois promenades, les uns et les autres suivirent la grande allée du Cours aux cris de Ça-ira ! Vive la nation ! A bas les aristocrates ! La dernière se composait de plus de sept ou huit cents personnes. On prétend que lors du passage des premiers députés, un coup de sifflet s’était fait entendre, parti du café Casati, ce qui avait paru une injure dirigée contre ces députés. On prétend aussi que lorsque défilèrent sur le Cours les deux sociétés réunies, vers cinq heures et demie du soir, plusieurs membres du cercle de Guion étaient accourus sur la porte extérieure et dans le vestibule de ce cercle et avaient même hué et proféré des injures grossières contre les deux clubs qui passaient. Des coups de feu furent tirés aussitôt de part et d’autre, qui blessèrent plusieurs personnes et bientôt le désordre fut à son comble sur le Cours. Les officiers du régiment de Lyonnais qui se trouvaient en ce moment dans le cercle de Guion, en sortirent l’épée à la main pour se réfugier au corps-de-garde établi sur la place des Carmélites et de là aux casernes. Les autres membres du même cercle s’évadèrent par la petite porte ouverte sur la rue des Grands-Carmes, et plusieurs coururent de très grands dangers jusqu’à leur arrivée chez eux. La municipalité, accourue sur les lieux, ne put appaiser momentanément le désordre qu’en faisant murer sur-le-champ les fenêtres du cercle qui avaient été mises en pièces à coups de pierres ; mais l’effervescence populaire se renouvela pendant la nuit. Des ordres furent donnés au régiment de Lyonnais de quitter la ville incontinent et de se diriger en partie sur Lambesc, en partie sur Roquevaire. On craignait que sa présence à Aix ne servît qu’a augmenter la fermentation, peut-être même à amener la guerre civile. Cependant les soldats avaient refusé de prendre parti pour leurs officiers et en amenèrent même, quelques jours après, sept liés et garrotés dans les prisons d’Aix. Ceux-ci étaient accusés d’avoir voulu fondre à main armée sur les habitants et n’en avoir été empêchés que par la résistance énergique d’un souslieutenant, M. François Ferriol, mort à Aix en 1813, étant général de brigade en retraite, à l’âge de soixante-quatorze ans.

Des ordres furent encore donnés pour faire venir à Aix au plus tôt quelques cents hommes du régiment suisse d’Ernest, alors en garnison à Marseille, ainsi qu’un détachement de la garde nationale de la même ville. Ces gardes nationaux, auxquels s’étaient joints une foule de malfaiteurs, la plupart Grecs, Génois, Piémontais, etc., dont Marseille abonde, étant arrivés, la première opération des agitateurs fut, dès le plus grand matin du lundi 13 décembre, d’aller se saisir de la personne de M. Pascalis établi depuis plusieurs mois dans la maison de campagne de son ami M. Mignard, située à une lieue de la ville endessus du vallon des Pinchinats. On regardait M. Pascalis comme le chef des contre-révolutionnaires, depuis le fameux discours d’adieu qu’il avait prononcés à la tête de plusieurs de ses collègues, à la dernière séance de la chambre des vacations du parlement, au mois de septembre précédent. On l’accusait aussi d’être en correspondance avec les princes frères de Louis XVI, alors émigrés ; de vouloir faire prendre la cocarde blanche dans Aix et dans le reste de la Provence, etc. On aurai dû se souvenir bien plutôt de son Mémoire sur la contribution des trois ordres aux charges publiques, publié en 1787, et qui avait si puissamment contribué à amener cette égalité réclamée par le tiers-état. Averti maintes fois des dangers qu’il courait, principalement par suite des pamphlets de l’abbé Rive, il avait eu le véritable tort de les mépriser et il se repentit trop tard de son aveugle imprudence. Conduit comme prisonnier devant la municipalité, celle-ci crut que ses jours seraient plus en sûreté en le faisant traduire aux prisons alors situées dans l’enceinte des casernes, hors la porte Saint-Jean, et dont elles occupaient une partie. Ce fut un premier supplice pour ce malheureux qui, dans ce trajet, fut accompagné constamment par les cris de çà-ira ! à la lanterne !
Plusieurs personnes furent également recherchées comme complices de M. Pascalis, notamment M. Dubreuil, ancien assesseur, qu’on accusait avoir dit que le sang coulerait dans les rues si on attentait à la vie du premier ; MM. Darbaud et Armand anciens procureurs ; les présidents de Mazenod et d’Albert. Langlèz, père et fils, menuisiers ; Coppet, gantier; Mignard, beau-père de M. d’André, député d’Aix à l’assemblée nationale, et autres. Mais la plupart eurent le bonheur de s’échapper et ceux qui furent arrêtés recouvrèrent leur liberté ainsi que les sept officiers de Lyonnais, lorsque les esprits furent plus calmes. Ce fut dans cette matinée toutefois que l’infortuné marquis de la Roquette,1 dont nous avons parlé plus haut, fut enlevé de son lit où il reposait paisiblement, et conduit dans les prisons d’où il ne devait sortir que pour aller à la mort. Quel était son crime ? Son cocher avait eu l’affreux malheur, quelques années auparavant, d’écraser un entant sous les roues de sa voiture, et le maître paya de sa vie cette fatale imprudence dont il avait néanmoins dédommagé de son mieux les parents de la victime.
Le reste de la journée ne fut pas moins orageux. A la requête de l’accusateur public, le nouveau tribunal de district qui remplaçait les anciens tribunaux, commença l’instruction d’une procédure sur les évènements arrivés la veille au cercle de Guion, et une quinzaine de témoins ayant été entendus, M. de Guiramand,1 vieillard de soixante-dix-sept ans, ancien officier d’infanterie et chevalier de Saint-Louis, fut décrété de prise de corps, ainsi que divers officiers du régiment de Lyonnais, prévenus : l’un, d’avoir le premier fait feu sur les membres des deux cercles constitutionnels qui venaient de s’affilier entre eux, lorsque ceux- ci avaient repassé sur le Cours ; les autres, d’avoir également fait feu sur les mêmes personnes, de leur avoir donné des coups d’épée ; enfin, d’avoir voulu entraîner leurs camarades et leurs soldats à venir venger sur les habitants la querelle des habitués du cercle de Guion. Cette procédure fut continuée les jours suivants, et plus de deux cent cinquante témoins furent entendus, toujours sur les évènements du 12 décembre, et jamais sur ceux du surlendemain mardi. Elle fut imprimée dans le temps,2 et les exemplaires en sont encore assez répandus dans Aix, pour que chacun puisse se convaincre qu’elle n’eut réellement d’autre but que celui d’incriminer les trois victimes dont nous allons parler, les officiers de Lyonnais qui fréquentaient le cercle de Guion, et généralement tous les membres de ce parti, alors désignés sous les noms d’aristocrates et de contre- révolutionnaire, comme ils l’ont été depuis sous celui de royalistes. Vers le milieu de cette journée de lundi, les Anti- Politiques, toujours mûs par l’abbé Rive, leur président, délibérèrent de faire accélérer pour le lendemain le jugement de M. Pascalis, afin que leurs frères, les Marseillais, pussent emporter chez eux la nouvelle de la fin de cette affaire. Ce sont les propres termes de cette délibération, telle qu’elle fut portée à la société des Amis de la constitution où déjà des Marseillais avaient demandé avec instance que M. Pascalis fût pendu. Le procès-verbal de la séance de cette société constate que des députés ayant été envoyés par elle aux trois corps administratifs,1 pour les remercier de leur infatigable activité tendante à assurer la tranquillité publique, l’un d’eux répondit que lorsque la patrie est en danger, on peut et on doit outre-passer la loi, ci qu’on lui obéit même en la transgressant. Ces paroles imprudentes, mais proférées sans doute dans de bonnes intentions, puisqu’il s’agissait du maintien de la tranquillité publique, ne portèrent-elles pas leur fruit le lendemain, dans un sens bien opposé, comme on va le voir ?
En effet, le lendemain mardi, 14 décembre, jour à jamais néfaste dans les annales d’Aix, dès huit heures du matin, les méchants s’attroupent en grand nombre sur le Cours et l’on y résout la mort de M. Pascalis. Dès le lundi soir (il faut s’en souvenir) avait paru cet atroce pamphlet de l’abbé Rive, dont nous avons parlé plus haut,1 intitulé Lettre des vénérables frères Anti-Politiques, etc., à M. Martin, fils d’André, etc.2
On se porte donc, en compagnie des Marseillais, aux casernes où étaient alors situées les prisons, et l’on demande à cris redoublés que la victime soit livrée au peuple. Le détachement d’Ernest, arrivé la veille, ne reçoit aucun ordre de la part des autorités et lorsque, après l’événement, il voulut se plaindre de ce défaut d’ordre pour se justifier de son inaction, les autorités lui répondirent, pour se disculper elles-mêmes, que cet ordre était implicitement renfermé dans celui qui lui avait été donné à son arrivée de veiller au maintien du repos public. Etrange reproche dans la bouche de ceux qui, dans l’instant même, décernaient des couronnes civiques au sous-lieutenant Ferriol et aux soldats de Lyonnais, pour avoir refusé d’obéir à leurs officiers sans une réquisition expresse de la municipalité ! La garde nationale, composée de plus de trois mille hommes, ne reçut d’ailleurs elle-même aucun ordre, et l’on ne peut que déplorer une telle apathie en présence des dangers que courait M. Pascalis.
La municipalité envoie cependant trois de ses membres aux casernes ; mais sur leur route, on leur dit que les prisons ont été violées et que M. Pascalis a été décapité. Ils arrivent néanmoins à leur destination et ils apprennent qu’il n’en est encore rien. Le peuple les entoure et les menace pour qu’ils donnent l’ordre au geôlier de livrer les prisonniers. Ils résistent, et l’on se porte aussitôt dans les habitations voisines des casernes pour chercher des échelles à l’effet d’escalader le mur d’enceinte de la cour des prisons, auquel on tente même de faire une brèche en faisant approcher le canon. Enfin on s’empare des officiers municipaux et l’on prend la main tremblante de l’un deux qu’on force ainsi à tracer sur un carré de papier l’ordre fatal d’ouvrir les prisons.
MM. Pascalis et de la Roquette en sont aussitôt enlevés et traînés sur le Cours où devait se consommer le sacrifice.
D’affreux cris de mort les avaient accompagnés depuis leur sortie des prisons, et arrivés sur le Cours, M. Pascalis est pendu le premier au reverbère placé dans la grande allée, devant la maison qu’il habitait (celle de M. de Saint-Julien, un peu au-dessous de la Fontaine-Chaude), après quoi, M. de la Roquette est pendu au réverbère qui se trouvait en face de son hôtel que nous avons indiqué précédemment.
Ces malheureux demandent avant de mourir qu’on leur amène des confesseurs, mais leurs assassins leur répondent que c’est-là une vieille coutume abolie par la révolution.
Ceux des officiers municipaux qui étaient demeurés à l’Hôtel-de-Ville, apprenant que les prisons ont été forcées, se mettent en marche pour voler au secours des prisonniers menacés. Mais quand ils arrivent sur le Cours, tout était fini. Espérant cependant que les victimes pouvaient respirer encore, ils veulent faire détacher les cordes : « Oui, s’ écrie un jeune homme ; faites-les descendre, pour que nous portions les têtes à Marseille. ».
Saisis d’épouvante, les officiers municipaux se retirent, convaincus que leur présence est inutile, et n’ayant plus qu’à gémir sur ces atrocités. Il était alors dix heures du matin.
Quelques heures après, se passe une nouvelle scène d’horreur. On venait d’apprendre que le chevalier de Guiramand, décrété de prise de corps, ainsi qu’on l’a vu, avait été arrêté dans le territoire de Meyreuil, au château de Valbriant, où il s’était retiré après l’évènement du cercle de Guion. Sa mort était résolue. Les méchants se portent en foule à sa rencontre sur le cours Sainte-Anne ; on l’enlève sans peine des mains des dix ou douze paysans de Meyreuil qui l’amenaient dans les prisons, et il est conduit sur le Cours où il subit le même sort que MM. Pascalis et de la Roquette ; en un mot, il est pendu vers le bas du Cours, à un arbre de la grande allée en face de la maison d’Esparron, aujourd’hui de Sinéty.

In Les Rues d'Aix de Roux-Alphéran, tome II, Aix, 1846


Pendaison de Pascalis, La Roquette et Guiramand sur le cours Mirabeau à Aix-en-Provence (1790)



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