26 décembre 1662: Création de L’école des femmes de Molière au théâtre du Palais-Royal
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yann sinclair
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Sujet: 26 décembre 1662: Création de L’école des femmes de Molière au théâtre du Palais-Royal Lun 25 Déc - 17:18
Portrait de Molière par Charles-Antoine Coypel L'École des femmes http://moliere.paris-sorbonne.fr/base.php?L%27Ecole_des_femmes L’École des femmes est une comédie de Molière en cinq actes (comportant respectivement quatre, cinq, cinq, neuf et neuf scènes) et en vers (1779 dont 1737 alexandrins), créée au théâtre du Palais-Royal le 26 décembre 1662
Gravure de l’édition de 1719 La pièce, novatrice en ce qu'elle mêlait de manière alors inédite les ressources de la farce et de la grande comédie en vers, fut un immense succès, et suscita une série de débats connus sous le nom de «Querelle de L'École des femmes » Cette querelle, habilement exploitée par Molière, lui donne l'occasion de répondre aux critiques qui lui sont adressées et de préciser son projet dramatique dans une comédie intitulée La Critique de l'École des femmes, représentée sur la scène du même théâtre au mois de juin de l'année suivante.
Résumé
Préface - Molière explique que cette pièce de théâtre a été « frondée » lors de sa parution. Mais peu après, l'« échec » a fait place au succès. Il espère que ses autres pièces feront de même. Acte I - Arnolphe, qui vient de changer son nom en celui, plus aristocratique, de « M. de La Souche », est un homme d’âge mûr qui aimerait jouir du bonheur conjugal ; mais il est hanté par la crainte d’être trompé par une femme. Aussi a-t-il décidé d’épouser sa pupille Agnès, élevée dans l’ignorance, recluse dans un couvent. Il fait part de ses projets à son ami Chrysalde, qui désapprouve la façon dont la jeune fille a été maintenue dans l'ignorance. Arnolphe rencontre ensuite Horace, fils d’Oronte (un autre de ses amis), qui est tombé amoureux d’Agnès au premier regard, ce qu'il confie sous le sceau du secret à Arnolphe dont il ignore à la fois le rôle de tuteur et le changement de nom. Horace explique qu'il a pu courtiser la jeune fille et raille ce « M. de La Souche » qui la retient prisonnière. Acte II - Arnolphe réprimande Alain et Georgette, ses serviteurs, pour avoir permis à un jeune homme de rencontrer sa pupille. Il interroge ensuite Agnès afin de découvrir ce qui s’est précisément passé lors de cette entrevue. Le récit que lui fait la jeune fille le rassure : sa réputation n’a pas été entachée. Mais il décide de précipiter le mariage. Agnès, croyant que son futur mari est Horace, lui exprime sa gratitude, mais Arnolphe la détrompe sans ménagements. Acte III - Arnolphe inculque à sa future épouse les rudiments des devoirs conjugaux, sans oublier les terribles effets de l’infidélité. Agnès semble se résigner à ce triste avenir. Horace rencontre le tuteur qui savoure déjà la déconvenue du jeune homme : les serviteurs lui ont refusé une nouvelle visite, et la belle l’a renvoyé en lui lançant une pierre… à laquelle était joint un mot d’amour. Lorsqu'il l'apprend de la bouche d'Horace, Arnolphe enrage et comprend, par la jalousie qu'il éprouve, qu'il aime la jeune fille. Acte IV - Au cours d'un long monologue, Arnolphe dévoile sa volonté de se battre jusqu'au bout pour l'amour d'Agnès. L'entrevue qu'il a avec le notaire, à la suite d'un quiproquo, se solde par un report du mariage. Arnolphe insiste auprès d'Alain et Georgette pour qu'ils repoussent toute démarche d'Horace. Nouvelle rencontre entre le tuteur et le galant, au cours de laquelle celui-ci lui apprend qu’il a réussi à s’introduire dans la maison, mais que l’arrivée impromptue de M. de La Souche a obligé Agnès à le cacher dans une armoire. En outre, il lui confie qu’il a un rendez-vous pour le soir même et qu’il projette de s'introduire dans sa chambre. Malgré les conseils de sagesse prodigués par Chrysalde, Arnolphe, plus que jamais déterminé dans ses projets, donne des instructions drastiques à ses serviteurs qui doivent refouler le jeune prétendant à coups de bâton. Acte V - Horace rencontre à nouveau Arnolphe et lui explique qu'il est tombé dans le guet-apens tendu par ses serviteurs, et qu'il n’a eu d’autre choix que de faire le mort pour éviter d'être roué de coups. Mais Agnès, qui l'a rejoint, s’est enfuie avec lui. Horace, qui ignore toujours l’identité de ce dernier, demande à Arnolphe d’héberger et de protéger la jeune fille. Le barbon triomphe : il a récupéré Agnès, et lui tient un discours exalté sur l'amour qu'il lui porte, qui ne rencontre que l'indifférence de la jeune fille. Entrée d’Oronte, le père d’Horace, qui veut unir son fils à la fille de son ami Enrique, de retour des Amériques, après un long séjour. Horace, demande à Arnolphe d'intercéder en sa faveur auprès de son père, mais le barbon, dévoilant alors son identité, presse le père du jeune homme de ne pas tenir compte des désirs de son fils et de s'en faire obéir. Il s’avère qu’Agnès est la fille d’Enrique ; les amants vont pouvoir se marier, au grand désespoir de l’ex-tuteur qui s'en va, égaré, en prononçant un dernier mot.
Détail du frontispice de l'édition originale de L'École des femmes par François Chauveau, représentant Molière dans le rôle d'Arnolphe. Montfleury fils fait dire au Marquis de l'Impromptu de l'Hôtel de Condé, à propos de ce portrait: « Plus je le vois et plus je le trouve bien fait. / Ma foi, je ris encore quand je vois ce portrait»
Liste des personnages
Arnolphe Alias M. de la Souche Agnès Jeune fille innocente, élevée par Arnolphe Horace Amant d'Agnès et fils d'Oronte Alain Paysan et valet d'Arnolphe Georgette Paysanne et servante d'Arnolphe Chrysalde Ami d'Arnolphe Enrique Beau-frère de Chrysalde et père d'Agnès Oronte Père d'Horace et grand ami d'Arnolphe Un notaire (N'est pas cité dans l'édition originale de 1663)
La scène se déroule sur la place d'une ville.
Frontispice de l'édition originale Commentaires
Les sources de L'École des femmes
Pour écrire l'histoire de cet homme qui, par crainte d'être trompé, décide d'épouser une ingénue, Molière s'est inspiré d'un canevas romanesque d'origine espagnole, la nouvelle de María de Zayas y Sotomayor intitulée « El prevenido engañado » (1637) Georges Forestier et Claude Bourqui, « Notice de L'École des Femmes », dans Georges Forestier (dir.), Théâtre complet de Molière, t. I, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 2010, qu'avait traduite et adaptée Scarron en 1655 sous le titre de « La Précaution inutile» http://moliere.paris-sorbonne.fr/base.php?La_Pr%C3%A9caution_inutile_de_Scarron_%28extrait%29(la même nouvelle fut traduite à nouveau l'année suivante par Antoine Le Métel d'Ouville, sous le même titre) http://moliere.paris-sorbonne.fr/base.php?La_Pr%C3%A9caution_inutile_de_d%27OuvilleDe ces deux traductions, outre quelques phrases textuellement reprises,Phrases dont on trouve le détail sur la page consacrée à « La Précaution inutile » [http://moliere.paris-sorbonne.fr/base.php?La_Pr%C3%A9caution_inutile] Molière conserva l'idée générale de l'homme qui, estimant que l'esprit rend les femmes frivoles et infidèles, fait élever une jeune fille dans l'ignorance la plus totale des choses du monde avant de l'épouser, et qui malgré cette précaution se voit trompé par celle-ci.Forestier et Bourqui 2010, p. 1343-1344. Georges Forestier et Claude Bourqui, « Notice de L'École des Femmes », dans Georges Forestier (dir.), Théâtre complet de Molière, t. I, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 2010 L'adaptation de ce schéma pour le théâtre n'était d'ailleurs pas une nouveauté, puisque l'acteur Dorimond en avait déjà tiré une pièce intitulée L'École des cocus en 1661 (la pièce, qui était primitivement intitulée La Précaution inutile comme la nouvelle dont elle était l'adaptation, avait été rebaptisée pour s'inscrire dans la lignée - et profiter du succès - de L'École des maris.) Forestier et Bourqui 2010, p. 1342.
En outre, Molière a vraisemblablement repris le motif du confident inapproprié (dans la pièce, Arnolphe pris comme confident par Horace) d'une nouvelle extraite du recueil italien du XVIe siècle intitulé Les Nuits facétieuses (traduites par Jean Louveau dans les dernières années du XVIe siècle), dû à la plume de l'écrivain Giovanni Francesco Straparola.http://moliere.paris-sorbonne.fr/base.php?Le_piacevoli_notti
C'est ce mélange de deux sources différentes qui explique le fait qu'au troisième acte, le caractère d'Agnès semble changer brutalement : si le motif de « la précaution inutile » suppose évidemment que l'épouse soit une ingénue, celui du « confident inapproprié » suppose la présence d'une femme d'esprit, qui soustrait son amant aux recherches de son mari. Ce hiatus entre le caractère initial d'Agnès et sa métamorphose au cours de l'intrigue, qui passe aujourd'hui pour le signe de la profondeur psychologique du caractère de la jeune femme, fut à l'époque de la création de la pièce critiqué par les détracteurs de Molière, qui qualifièrent pour cette raison L'École des femmes de « rhapsodie »Rhapsodie au sens ancien « d'ouvrage en vers ou en prose fait de morceaux divers, mal liés entre eux » (Définition de rhapsodie sur le Trésor de la Langue française informatisé [archive], I, B.)Forestier et Bourqui 2010, p. XXXVI
De L'École des maris à L'École des femmes
Représentée un an après L'École des maris, pièce à laquelle son titre semble faire écho, L'École des femmes lui fut évidemment comparée, d'autant plus que les deux pièces présentent une intrigue similaire (un mari jaloux qui tente de se préserver du cocuage, thème déjà abordé par Molière dans La Jalousie du barbouillé et dans Le Cocu imaginaire)Rey-Flaud 1996, p. 84.Bernadette Rey-Flaud, Molière et la Farce, Droz, 1996 Évaluant les mérites de l'une et de l'autre pièce, les détracteurs de Molière suggérèrent que la seconde n'était qu'une redite moins convaincante de la première, opinion qui était encore partagée un siècle plus tard par Voltaire, qui dans son Sommaire de L'École des femmes (1739) écrivait que le dénouement « est aussi postiche dans L'École des femmes qu'il est bien amené dans L'École des maris » Cité par Bernadette Rey-Flaud, (Rey-Flaud 1996, p. 84)
Par ailleurs, le personnage d'Arnolphe, parce que plus complexe, apparaissait aux yeux d'une partie de la critique du XVIIe siècle comme étant moins abouti que celui du Sganarelle de la pièce de 1661. En effet, ce dernier est un personnage uniment et continuellement ridicule, pantin sans conscience et représentant typique de ces personnages conventionnels de vieillards amoureux hérités de la comédie italienne et de la farce française. Rey-Flaud 1996, p. 86.Arnolphe, tout en conservant certains traits de la tradition farcesque, apparait toutefois comme un homme intelligent qui jouit de l'estime du sage Chrysalde, mais qui est aveuglé par sa double présomption (s'élever au-dessus de sa condition en changeant de nom, dominer entièrement la femme qu'il veut épouser)Forestier et Bourqui 2010, p. 1335., et dont la personnalité présente plusieurs facettes qui se révèlent au fil de l'intrigue. Or, les codes dramatiques de l'époque voulaient que le caractère des personnages n'évolue pas au cours de la pièce et qu'il reste au contraire conforme à celui avec lequel ils avaient été introduits.Forestier et Bourqui 2010, p. 1336. Ce personnage d'Arnolphe apparait rétrospectivement moins proche des caractères stéréotypés de la farce que des personnages des grandes comédies que composa Molière par la suite, rejoignant un Harpagon, un Argan ou un Don Juan, susceptibles d'être interprétés comme des personnages comiques aussi bien que comme des personnages tragiques.Rey-Flaud 1996, p. 104
Obscénité et grivoiserie
L'École des femmes reprend un certain nombre d'éléments dramatiques propres au genre de la farce que Molière avait déjà utilisé dans ses pièces antérieures, au premier rang desquels le thème de l'infidélité féminine, un poncif du genre depuis le Moyen Âge, et le quiproquo utilisé comme principal ressort dramatique. Rey-Flaud 1996, p. 86 et 98.Les sous-entendus grivois qui émaillent la pièce participent également de cette veine comique farcesque, sous-entendus perceptibles dans le titre même de la pièce: en effet, outre la référence à L'École des maris, L'École des femmes pouvait être compris par le spectateur des années 1660 comme une allusion à L'École des filles, dialogue érotique de 1655 écrit par Michel Millot et immédiatement interdit, mais dont des copies clandestines circulaient sous le manteau. Louvat-Molozay 2011, Préface, p. 16.Quant au nom d'Arnolphe, il évoquait clairement pour les contemporains Saint Arnoul, qu'une plaisanterie traditionnelle désignait comme étant le « patron des cocus »Forestier et Bourqui 2010, p. 1358.
Les répliques des personnages de la pièce contiennent elles aussi de nombreuses allusions à caractère sexuel: ainsi de celle d'Alain qui, à la scène 2 du premier acte, indique vouloir « empêch[er], peur du chat, que [son] moineau ne sorte », le moineau étant une manière voilée de désigner le sexe masculin, Voir l'explication lexicale [archive] développée sur le site Molière21.http://moliere.paris-sorbonne.fr/base.php?Que_mon_moineau_ne_sorteou de celles d'Agnès qui explique à Arnolphe avoir été inquiétée, la nuit, par les puces, ces dernières renvoyant, dans la littérature érotique et comique de l'époque, aux démangeaisons amoureuses. Voir l'explication lexicale [archive] développée sur le site Molière21.http://moliere.paris-sorbonne.fr/base.php?Les_puces_qui_m%27ont_inqui%C3%A9t%C3%A9eMais le sous-entendu grivois le plus célèbre se rencontre à la scène 5 de l'acte II, dans l'échange suivant entre Agnès et Arnolphe:
« AGNÈS [...] ; il me prenait et les mains et les bras, Et de me les baiser il n'était jamais las.
ARNOLPHE Ne vous a-t-il point pris, Agnès, quelque autre chose... La voyant interdite. Ouf.
AGNÈS Hé, il m'a...
ARNOLPHE Quoi ?
AGNÈS Pris...
ARNOLPHE Euh !
AGNÈS Le... »
La dernière réplique d'Agnès, laissant en suspens le nom qu'elle n'ose prononcer, juste après avoir avoué qu'Horace lui prenait « les mains et les bras », invitait d'autant plus à une interprétation sexuelle que le sous-entendu grivois était souligné par le jeu d'acteur. En effet, Molière, s'inspirant de celui de Tiberio Fiorilli avait introduit depuis Le Cocu imaginaire un type de jeu comique inédit jusqu'alors dans le théâtre français, constitué d'une large palette de mimiques et de grimaces, que le comédien utilisait pour ponctuer et souligner les répliques susceptibles d'être interprétées dans un sens obscène. Forestier et Bourqui 2010, p. 1358Celle d'Agnès, baptisée la « scène du le » fut abondamment commentée à l'époque. Voir la page consacrée au « le » [archive] sur le site Molière21.http://moliere.paris-sorbonne.fr/base.php?Le...C'est à l'occasion de son évocation par le personnage de Climène dans La Critique de l'École des femmes que fut popularisé l'emploi du mot « obscénité », jusque-là peu usité Louvat-Molozay 2011, Préface, p. 153, note 3. (Élise, l'entendant prononcer par Climène, indique d'ailleurs qu'elle « ne sai[t] ce que ce mot veut dire »)
L'invention d'un nouveau type de comédie
La pièce de Molière ne se réduit pourtant pas à sa dimension farcesque et grivoise, et sa nouveauté réside dans l'intégration du « gros comique »Louvat-Molozay 2011, Préface, p. 13. dans une pièce en cinq actes et en vers, autrement dit dans le cadre formel de la « grande comédie »Forestier et Bourqui 2010, p. 1334. Ce genre, depuis que Corneille avait abandonné la comédie sentimentale qu'il avait inventée (après La Place royale en 1634) était exclusivement cantonné à l'adaptation de pièces étrangères, principalement espagnoles et italiennes.Forestier et Bourqui 2010, p. 1334. Placées sous l'invocation de Ménandre et de Térence (tandis que la farce et la commedia dell'arte étaient rattachées par les théoriciens à la tradition héritée de Plaute et d'Aristophane), les comédies n'avaient pas pour objectif principal de provoquer le rire - le comique y était intermittent, mêlé aux intrigues de héros de convention et aux grands sentiments Forestier et Bourqui 2010, p. 1336. - mais d'édifier le spectateur en suivant le précepte horacien « prodesse et delectare » (« plaire et instruire »)Johez 2009, p. 411.
Molière n'oublie pas cette dimension morale dans L'École des femmes, qui pose la question de l'accès des femmes au savoir, de leur statut au sein de la famille et de la société, voire de leur éducation à la sexualité. Louvat-Molozay 2011, Préface, p. 15 et p. 214. Cette question du statut des femmes, qui faisait déjà débat à la Renaissance, connaissait alors un regain d'intérêt, grâce notamment à Mademoiselle de Scudéry qui en avait fait le sujet de l'une des histoires intérieures de son roman Le Grand Cyrus. Louvat-Molozay 2011, Préface, p. 216. Les termes de ce débat sont figurées dans la pièce par l'opposition entre les personnages d'Arnolphe, qui défend la position rigoriste des catholiques (notamment dans la scène 2 de l'acte III, au cours de laquelle il fait lire à Agnès les maximes sur les devoirs de la femme mariée, extraites du Catéchisme du Concile de Trente)Louvat-Molozay 2011, Notes sur le texte, p. 83, note 2., et de Chrysalde, qui défend la même position émancipatrice que l'essentiel de ce public mondain auquel s'adressait Molière, et dont la seule fonction dramatique consiste à faire ressortir par contrepoint le ridicule des conceptions d'Arnolphe.Louvat-Molozay 2011, Préface, p. 15 et p. 23, et Forestier et Bourqui 2010, p. 1353.
C'est par l'introduction de cette dimension morale et idéologique à l'intérieur d'une pièce qui n'oublie jamais d'être comique, que Molière opérait la synthèse entre Plaute et Térence, fondant ainsi un nouveau type de grande comédie.Forestier et Bourqui 2010, p. 1355, et Johez 2009, p. 412
Succès et querelle
Article détaillé: La Critique de l'École des femmes. https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Critique_de_l%27%C3%89cole_des_femmes
Représentée pour la première fois le mardi 26 décembre 1662 au théâtre du Palais-Royal, la pièce fut immédiatement un succès, la recette de la première s'élevant à 1518 livres, ce qui était inédit jusqu'alors dans ce théâtre Forestier et Bourqui 2010, p. 1339. (à titre de comparaison, une famille aux revenus modeste vivait avec 25 livres par mois.Louvat-Molozay 2011, Préface, p. 8.) Les représentations suivantes confirmèrent ce succès, même après que la nouvelle tragédie de Corneille, Sophonisbe, eût été lancée à l'Hôtel de Bourgogne le 12 janvier 1663 Forestier et Bourqui 2010, p. 1339.
Rapidement, la pièce fut la cible d'attaques, suscitées peut-être par les frères Corneille qui auraient été informés par les lectures préalables que Molière avait dû faire de L'École des femmes qu'elle contenait des piques dirigés contre eux Forestier et Bourqui 2010, p. 1339. (ainsi, selon l'abbé d'Aubignac, les remarques que fait dans la première scène de la pièce Chrysalde sur ce « paysan » « qui n'ayant, pour tout bien, qu'un seul quartier de terre, / Y fit tout à l'entour faire un fossé bourbeux, / Et de Monsieur de l'Isle en prit le nom pompeux », auraient visé Thomas Corneille, sieur de l'Isle.Louvat-Molozay 2011, Notes sur le texte, p. 46, note 3.) Les attaques furent ensuite essentiellement répercutées par de jeunes auteurs tels que Donneau de Visé qui, dans un texte extrait de ses Nouvelles nouvelles qui passe pour être le premier écrit consacré à cette querelle, se livre à une critique mesurée de la pièce, reprochant essentiellement à Molière d'avoir emprunté son sujet à d'autres auteurs.Louvat-Molozay 2011, Dossier, p. 191-193.
Cette « fronde » contre la pièce n'avait visiblement rien qui pût inquiéter réellement Molière, et il sut en habilement en tirer profit : au cours de la traditionnelle trêve de Pâques au cours de laquelle les représentations théâtrales étaient interrompues, il fit imprimer le texte de la pièce, accompagné d'une préface dans laquelle il annonçait la création prochaine de La Critique de l'École des femmes, petite comédie de salon présentée comme une réponse à ses détracteurs. Lors de la réouverture des théâtres, le vendredi 6 avril 1663, L'École des Femmes n'était pas à l'affiche, ce qui était la règle pour les pièces créées au début de l'hiver, mais on attendit le plus longtemps possible pour la relancer. Elle ne le fut que le vendredi 1er juin, accompagnée de la Critique, ce qui constitua un évènement, les deux pièces battant des records de recette, celle-ci atteignant jusqu'à 1731 livres pour la représentation du 15 juin.Forestier et Bourqui 2010, p. 1340.
L'École des femmes au théâtre
Création de la pièce En dehors d'Arnolphe, d'Agnès, d'Horace et de Chrysalde, la distribution des autres rôles n'est pas connue et ne peut faire l'objet que de conjectures. ( Forestier et Bourqui 2010, p. 1341)
L'École des femmes fut jouée le mardi 26 décembre 1662 au théâtre du Palais-Royal. Elle y fut représentée trente et une fois jusqu'à la trêve de Pâques (le vendredi 9 mars 1663). Elle fut reprise le vendredi 1er juin de la même année, accompagnée de La Critique de l'École des femmes. Des représentations régulières eurent lieu jusqu'au mois de septembre, avant de laisser la place à L'Impromptu de Versailles. Reprise de loin en loin au cours des années suivantes, la pièce fut jouée une dernière fois en 1669.Forestier et Bourqui 2010, p. 1340-1341.
Le gazetier Jean Loret rendit compte d'une représentation pour le Roi dans sa lettre de la Muse historique du samedi 13 janvier 1663 .Le texte de cette lettre [archive] est reproduit sur le site Molière21.http://moliere.paris-sorbonne.fr/base.php?La_vie_th%C3%A9%C3%A2trale_et_musicale_selon_Loret_en_1663
Autres mises en scène notables
Michel Boyron, dit Michel Baron https://fr.wikipedia.org/wiki/Michel_Baron À la mort de Molière, le rôle d'Arnolphe fut repris par Baron, qui avait été l'élève du dramaturge, puis la pièce (comme la plupart de celles de Molière) disparut quasiment des répertoires entre le XVIIIe et le premier tiers du XIXe siècle.
Jean-Baptiste François Provost https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Baptiste_Provost En 1839 toutefois, l'interprétation de Provost, comédien au Théâtre-Français, fut remarquée par la tonalité plus grave qu'il conférait au personnage d'Arnolphe, infléchissement vers le tragique qui devait marquer les mises en scène suivantes de la pièce.Louvat-Molozay 2011, Dossier, p. 233-234.
Louis Jouvet (1936) Robert Marcy (1959) Jean-Paul Roussillon (1973) Antoine Vitez (1978) Marcel Maréchal (1988) Éric Vigner (1999)
03 mai 1959
23 mai 1973
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Dernière édition par yann sinclair le Mar 26 Déc - 8:47, édité 7 fois
de La Reinta
Nombre de messages : 1434 Date d'inscription : 15/03/2016
Sujet: Re: 26 décembre 1662: Création de L’école des femmes de Molière au théâtre du Palais-Royal Lun 25 Déc - 19:47
Ha trop bien !!! J'addooooorrrre !!!!!!
_________________ Je dois avouer ma dissipation et paresse pour les choses sérieuses
26 décembre 1662: Création de L’école des femmes de Molière au théâtre du Palais-Royal