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| L’épicurisme | |
| | Auteur | Message |
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pimprenelle
Nombre de messages : 40595 Date d'inscription : 23/05/2007
| Sujet: L’épicurisme Sam 13 Jan - 8:37 | |
| Envie de faire un petit sujet sur l'une des doctrines les plus méconnues, voire carrément victime d'un contresens historique. Car que sous-entendons-nous quand nous tonitruons actuellement "je suis un épicurien" ? Hum... ? Presque l'inverse de ce dont il s'agissait en réalité. Voici donc quelques mots sur l'épicurisme tel qu'entendu dans l'Antiquité, notamment chez nos amis les Romains. _________________ rien que la mort peut me faire cesser de vous aimer
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| | | Biname
Nombre de messages : 335 Date d'inscription : 29/12/2016
| Sujet: Re: L’épicurisme Sam 13 Jan - 8:38 | |
| Pourquoi pas ? _________________ Après moi les mouches
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| | | pimprenelle
Nombre de messages : 40595 Date d'inscription : 23/05/2007
| Sujet: Re: L’épicurisme Sam 13 Jan - 8:46 | |
| L’épicurisme1. Epicure en son Jardin Epicure est né en 341 a.J.C. dans l'île de Samos, d’une famille pauvre d’origine athénienne. Il suivit les cours de différents philosophes, dont celui de Nausiphanès, un disciple de Démocrite. Il voyagea beaucoup pour parfaire son éducation jusqu’en 306, où il fonda son école à Athènes, le Jardin. Dans ce cadre agréable, il enseignait à un public de toute origine sociale la quête du bonheur par la voie très sage du plaisir, en accord avec la nature. Il dispensa ainsi, sous forme de conversations amicales, sa doctrine matérialiste et atomiste jusqu’à sa mort, en 270. Des nombreux écrits d’Epicure, nous ne possédons plus que quelques lettres, des fragments, des maximes. Des informations nous sont aussi parvenues par le biais de philosophes latins, comme Cicéron ou Sénèque, et, surtout, Lucrèce. Antal Strohmayer, Le jardin des Philosophes, 1834 _________________ rien que la mort peut me faire cesser de vous aimer
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| | | pimprenelle
Nombre de messages : 40595 Date d'inscription : 23/05/2007
| Sujet: Re: L’épicurisme Sam 13 Jan - 8:53 | |
| La doctrine se compose de la canonique, de la physique et de l’éthique. a) Selon la théorie développée dans la canonique, la sensation est le fondement de toute connaissance. Les corps que nous rencontrons émettent des particules de matière qui viennent frapper nos sens. Nous appréhendons ainsi de manière irréfutable la réalité matérielle. Une sensation plusieurs fois répétée nous permet de nous former une idée générale qui subsiste sous forme d’anticipation. Enfin, l’affection conforme à la nature, celle qui produit du plaisir, nous montre la voie à suivre dans notre recherche. La douleur au contraire nous indique ce qu’il faut fuir. b) Dans sa physique, Epicure nous livre une vision matérialiste de l’univers : il n’a pas besoin de recourir à l’intervention de la mythologie pour rendre compte des phénomènes naturels. Les dieux existent, certes, mais ils sont cantonnés dans des intermondes où ils mènent leur vie propre sans interaction avec la nôtre. Rien à craindre donc de ces entités qui n’ont pas créé le κόσμος. Celui-ci, constitué d’un nombre illimité d’atomes en mouvement dans le vide infini, existe de toute éternité, immuable. Entraînés vers le bas par leur poids, les atomes, de forme et de composition variées, chutent ainsi jusqu’à ce qu’ils s’entrechoquent, déviant alors de leur trajectoire. De leur combinaison naissent les objets qui nous entourent… mais nous aussi, qui ne sommes qu’un amoncellement d’atomes divers. Leur dissolution explique notre mort, qui n’est jamais qu’un retour des atomes à la valse hasardeuse du néant. c) Débarrassés de leur ancestrale crainte des dieux et de la mort, les disciples d’Epicure peuvent alors mettre en pratique son éthique pour parvenir à la sérénité. La vision du monde en mouvement laisse une place au hasard: notre âme matérielle elle aussi possède son libre-arbitre. Point de destin écrasant ! Les épicuriens procèdent par choix, en connaissance de cause. Connaissance de la nature, de soi et du juste milieu. Le sage épicurien recherchera donc les plaisirs, avec discernement, pour parvenir à la plénitude. L’ataraxie, ou irremplaçable bonheur intérieur, qui ne se trouve qu’à l’abri des remous factices de l’extérieur. _________________ rien que la mort peut me faire cesser de vous aimer
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| | | Biname
Nombre de messages : 335 Date d'inscription : 29/12/2016
| Sujet: Re: L’épicurisme Sam 13 Jan - 8:54 | |
| _________________ Après moi les mouches
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| | | pimprenelle
Nombre de messages : 40595 Date d'inscription : 23/05/2007
| Sujet: Re: L’épicurisme Sam 13 Jan - 9:08 | |
| En effet ! Petit focus à présent sur le représentant latin de la doctrine épicurienne... 2. Le sublime LucrèceNous savons peu de chose de Titus Lucretius Carus, qu’Ovide appelle « le sublime Lucrèce ». Il serait né entre 99 et 94 a.J.C., en Campanie, et mort entre 55 et 50 a.J.C. Il a voyagé en Grèce pour compléter son éducation philosophique, puis s’est installé à Rome, au milieu des guerres civiles et des troubles de la république agonisante. C’est dans cette atmosphère agitée qu’il a composé son De natura rerum, un monument de la philosophie latine. Certains ont prétendu qu’il souffrait de terribles maux de tête et qu’il était mort fou (peut-être d’avoir bu un philtre d’amour !). St Jérome nous rapporte qu’il se serait même suicidé… Titus Lucretius Carus buste moderneSon œuvre, un poème didactique dédié à Memmius, expose en six livres la doctrine d’Epicure, à qui il vouait une fervente admiration.
- livres I et II : démonstration des principes fondamentaux du matérialisme et de la théorie atomiste.
livres III et IV : description de l’âme et du corps humain, explication de la croissance et de la dissolution de l’âme en accord avec celles du corps. livre V et VI : étude de la physique, de l’astronomie et de la météorologie.
Le De natura rerum est un chef-d’œuvre de la littérature latine et, par sa fidélité aux idées de son maître, un des témoignages les plus fiables sur la doctrine épicurienne. Son style, volontiers archaïsant, ose les images puissantes tout en s’appuyant sur des observations précises. Il semblerait que ce soit Lucrèce qui ait développé la notion de clinamen (déviation des atomes), à la base du libre-arbitre de l’âme humaine. La valse hasardeuse des atomes, expression moderne du thème Clinamen de Céleste Boursier-Mougenot https://www.ngv.vic.gov.au/essay/celeste-boursier-mougenot-clinamen/ _________________ rien que la mort peut me faire cesser de vous aimer
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| | | Chakton
Nombre de messages : 1263 Date d'inscription : 22/10/2017
| Sujet: Re: L’épicurisme Sam 13 Jan - 9:13 | |
| Yep ! Un peu de philo ne peut pas nous faire de mal. _________________ X est la force deux fois pure
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| | | agrippine Imperatrix
Nombre de messages : 29 Date d'inscription : 17/03/2016
| Sujet: Re: L’épicurisme Sam 13 Jan - 9:16 | |
| Surtout cette philosophie-là ! "Les dieux ne sont point tels que le croit le vulgaire. L'impie est, non celui qui rejette les dieux de la multitude, mais celui qui attribue aux dieux les opinions de la multitude." (EPICURE - Lettre à Ménécée) _________________ nomina nuda tenemus
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| | | pimprenelle
Nombre de messages : 40595 Date d'inscription : 23/05/2007
| Sujet: Re: L’épicurisme Sam 13 Jan - 9:19 | |
| L'épicurisme fut cependant victime d'un des plus graves contresens de l'Histoire, qui amena les gens à considérer cette doctrine comme l'inverse de ce qu'elle était ! Dans le débat sur la scolastique qui culmina à la Renaissance et au XVIIe siècle, les partisans de la science nouvelle renouèrent avec l'atomisme et le sensualisme d'Épicure. Ainsi, des philosophes comme Gassendi et, plus tard, Diderot et Nietzsche ont pu être considérés comme épicuriens.
La recherche du bonheur individuel, ce principe qui appelle à la réflexion pour éviter tout ce qui apporte en définitive plus de désagrément que de plaisir, a souvent été jugé, et déjà par Cicéron, comme une invitation à sombrer dans les plaisirs sensuels. Le caractère austère, voire ascétique, de la vie à l'écart du monde disparut avec d'autres recommandations du philosophe, dont le nom devint synonyme de concupiscence et dont les disciples furent qualifiés de «pourceaux». De ce contresens est née la notion d'«épicurisme», qui repose sur un des plus surprenants malentendus qui aient frappé une pensée philosophique. Source: Données encyclopédiques, copyright 2001 Hachette Multimédia / Hachette Livre _________________ rien que la mort peut me faire cesser de vous aimer
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| Sujet: Re: L’épicurisme | |
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