Naissance du Dauphin futur Louis XIII Neuf mois, jour pour jour, après la première rencontre du couple royal, Marie de Médicis mettait au monde le future Louis XIII
La liesse fut grande, il y avait quatre-vingts ans qu'il n'était pas né de dauphin en France
Le Roi, comme à son habitude, manifesta publiquement son bonheur:
"Il levait les yeux au ciel, ayant les mains jointes et rendit grâce à Dieu, écrit la sage-femme qui venait de mettre au monde l'héritier du trône
Les larmes lui roulaient sur la face, aussi grosses que des pois"
Seul César restait en retrait de la joie générale comme s'il présentait toute la menace contenue pour lui dans l'arrivée d'un futur maître:
"Je trouvais le lendemain, poursuit cette accoucheuse, qui avait nom Louise Boursier, M. de Vendôme qui était seul à la porte de l'antichambre, qui tenait la tapisserie pour passer dans le cabinet par où l'on passait pour aller chez M. le Dauphin et était arrêté fort étonné"
Je lui demandais:
"Hé quoi! Monsieur, que faites-vous là?"
Il me dit:
"Je ne sais, il n'y a guère que chacun parlait de moi, personne ne me dit plus rien
C'est Monsieur que chacun va voir Monsieur le Dauphin qui est arrivé depuis peu
Quand chacun l'aura salué, on vous parlera comme auparavant"
Je le dis à la reine qui en eut grand pitié et dit:
"Voilà pour faire mourir ce pauvre enfant, et commanda que l'on le caressât autant ou plus que de coutume"
Le Roi fait part de la naissance du Dauphin à Henriette d'Entragues:
"Elle (la reine) se porte bien et mon fils, Dieu merci: il est crû et rempli de moitié en ces cinq jours que je l'ai vu"
Et il conclut:
" Aimez-moi bien, gardez ce que vous avez dans le ventre!"
En effet, la maîtresse en titre était, elle aussi, sur le point d'accoucher...
Six semaines après la naissance du futur Louis XIII, elle mettait au monde un fils: Gaston-Henri de Bourbon-Verneuil, futur prélat
Chacune des deux mères reçut sa récompense: Marie de Médicis devint propriétaire de Monteaux que le Roi racheta à César
Madame de Verneuil fut gratifiée de billets en blanc payables chez Zamet
Aux trois enfants de Gabrielle se sont donc ajoutés deux garçons
Un an plus tard, avec la même symétrie, naîtront deux filles
De la Reine, Elisabeth, future reine d'Espagne, d'Henriette d'Entragues, Gabrielle-Angélique, future duchesse d'Epernon
A la mort du Roi les enfants légitimes, légitimés ou naturels seront 14: Trois de Gabrielle d'Estrées, six de la Reine, deux d'Henriette d'Entragues, un de Jacqueline de Bueil, Antoine, Comte de Moret, né en 1608, enfin, deux filles nées de Charlotte des Essarts, Jeanne-Baptiste et Marie-Henriette de Bourbon, qui seront religieuses
Fabuleux gage de vitalité du Roi qui concevra tous ces enfants dan un âge avancé: Henri IV, en effet, ne connaîtra le bonheur de la paternité qu'à 42 ans et verra naître plus de la moitié de ces enfants avant passé le demi-siècle
Belle revanche sur le destin en tout cas puisqu'on soupçonnait le Roi, du fait de ses blessures d'amour, de ne plus pouvoir être père
L'enfanceLouis XIII, premier fils du roi Henri IV et de la reine Marie de Médicis, naît au château de Fontainebleau.
Pierre Chevallier, Louis XIII, roi cornélien, Paris, Fayard, 1979, 680 p. (ISBN 2-213-00689-X, présentation en ligne [http://www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_1981_num_139_2_450238_t1_0294_0000_2])L'enfance du dauphin Louis nous est assez bien connue grâce au journal laissé par son médecin, Jean Héroard, qui y a consigné tous les détails de son alimentation, sa santé et de sa vie intime.
Le futur roi est installé dès le mois de novembre au château de Saint-Germain-en-Laye, où il retrouve les enfants illégitimes de son père puis, plus tard, ses frères et sœurs le rejoignent au château.
Il est baptisé le 14 septembre 1606 à Fontainebleau, son parrain est, comme il est d'usage, le pape Paul V, représenté par le cardinal de Joyeuse, sa marraine est sa tante, Éléonore de Médicis, duchesse de Mantoue, sœur de la reine Marie.
Du château de Saint-Germain, le jeune Louis XIII sort peu, sa mère Marie n'appréciant pas que son fils entre en contact avec les habitants. Le dauphin est rapidement attiré par la musique et reçoit souvent des musiciens dans ses appartements. Il joue lui aussi de certains instruments et chante. La danse, la peinture et le dessin constituent aussi des distractions pour le futur souverain; les armes et le domaine militaire demeurent cependant son domaine de prédilection.
Très tôt, il se découvre une passion pour les armées et les chevaux, tout en parlant souvent de guerre. Il s'exerce très jeune à l'arc et à l'arquebuse et aime faire appliquer les obligations cérémoniales à ses gardes. Il reçoit sa première leçon à l'âge de sept ans de la part de son précepteur, le poète Nicolas Vauquelin des Yveteaux; il ne montre pas un grand intérêt pour les lettres, que ce soit en français ou en latin, pour la géométrie, les mathématiques. Seule l'histoire semble l'intéresser un peu, en dehors des activités artistiques et militaires. Jugé insuffisant, des Yveteaux est remplacé en 1611 par le philosophe Nicolas Le Fèvre, qui meurt en novembre 1612, rapidement remplacé par M. de Fleurence. Il a pour gouverneur le militaire Gilles de Courtenvaux de Souvré.
Le futur Louis XIII a une profonde adoration pour son père, malgré le fait que ce dernier n'hésite pas à le fouetter dès son plus jeune âge et à l'humilier moralement selon un ancien usage qui veut que le dauphin soit dressé pour servir le Roi et la Reine8. Son père montre toutefois des signes d'affection, demandant à ses enfants de l'appeler papa et non Monsieur comme le veut l'usage. Ses relations avec sa mère sont différentes. Il n'est jamais ravi de la voir et refuse plusieurs fois de la servir, contrairement à son père, avec lequel il n'hésite pas à jouer le rôle de valet de chambre.
Il a huit ans et demi quand son père est assassiné et cette tragédie le marque d'autant plus profondément que sa mère est alors soupçonnée d'être l'une des protagonistes du complot.