Laurent Pécheux, même s'il a passé le plus clair de son temps en Italie, est un peintre français du XVIIIe. Il est né à Lyon en 1729 et a beaucoup voyagé avant de se fixer à Turin, où il mourut d'ailleurs en 1821.
Son oeuvre comprend des sujets mythologiques, classiques et des portraits. Marie-Louise de Parme, par exemple.
La bonne nouvelle, c'est que le monastère royal de Brou, à Bourg-en-Bresse, vient d'acquérir une nouvelle toile de lui.
Je vous présente
Marie Madeleine Pénitente, une toile peinte en 1768.
C'est une Marie Madeleine pénitente qui n'a rien perdu de la séduction qu'elle avait avant sa conversion qu'on peut désormais admirer au musée du Monastère Royal de Brou. Signé et daté de 1768, ce tableau, seule figure grandeur nature de Laurent Pécheux, a été peint à Rome. Il s'agit d'une beauté solaire, le jaune d'or de la jupe et les dégradés de couleur chair, sa légendaire chevelure dorée, la position alanguie en font la figure de la féminité triomphante. Mais elle incarne aussi la vie contemplative qui est celle choisie par les moines de Brou. Installée dans les appartements du prieur, cette œuvre complète les collections du XVIIIe siècle. C'est grâce à l'aide du Fonds du patrimoine du ministère de la Culture, du soutien de la DRAC et de la Région que la ville de Bourg a pu l'acquérir. Elle était auparavant la possession de la Galerie Michel Descours, qui a accepté les nombreuses négociations de prix.
Tout est admirable dans cette œuvre : la composition équilibrée qui voit la diagonale que forme la sainte répondre à celle du rocher qui ferme la grotte, le raffinement extrême des coloris, du rose pâle de la carnation et du chemisier au jaune moiré de la robe de la Madeleine, le paysage qui ouvre la scène à droite ou encore les charmants chérubins dans les nuées.
La Marie-Madeleine pénitente de Pécheux révèle sans conteste les influences italiennes du jeune peintre. Loin des grandes scènes d’action habituelles où figurent de nombreux personnages, ici le peintre s’attèle à un genre plus délicat, un portrait plein de douceur. La délicate expression apaisée du visage de la sainte rappelle un de ses maîtres favoris : Corrège. Quant aux fantastiques drapés froissés et les nuances jaune d’or de son grand manteau, ils rappellent sans conteste l’influence de Baroche. Mais la position du corps emprunt de nonchalance fait évidemment référence à son maître Batoni dont la Marie-Madeleine réalisée en 1942 — détruite à Dresde en 1945 — fut sans doute source d’inspiration pour Pécheux.
Le type iconographique de la Marie-Madeleine pénitente se développe à partir du XIIIe siècle sous l’impulsion des ordres mendiants (franciscains et dominicains). Représentée dans la grotte de la Sainte-Baume, elle emprunte à sainte Marie l’Égyptienne — prostituée retirée dans le désert pour expier ses péchés — la longue chevelure. Pourtant, d’après le récit de l’Évangile de Luc (8, 2), Marie-Madeleine n’est pas une prostituée. Elle a en fait rejoint le groupe des disciples après que Jésus l’ai libérée des sept démons. La tradition chrétienne l’a confondu et lui a attribué des actes accomplis par d’autres femmes citées dans la Bible comme la prostituée anonyme repentie chez Simon le Pharisien. Une confusion qui a fait de Marie-Madeleine un personnage composite tout au long de l’histoire du christianisme. En 1969, le pape Paul VI décrète qu’elle ne doit plus être fêtée comme « pénitente », mais comme « disciple », l’Église catholique ne considérant plus Marie Madeleine comme une prostituée repentie.
Sources
http://www.lavoixdelain.fr/actualite-31651-marie-madeleine-penitente-un-nouveau-chef-d-oeuvre-au-monastere-royal-de-brou
https://fr.aleteia.org/2018/01/06/la-magnifique-marie-madeleine-de-pecheux-entre-au-monastere-royal-de-brou/
http://www.latribunedelart.com/deux-tableaux-de-laurent-pecheux-pour-des-musees-francais