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| Nouvelle histoire de la Révolution | |
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globule Administrateur
Nombre de messages : 2236 Date d'inscription : 04/10/2017
| Sujet: Nouvelle histoire de la Révolution Sam 31 Mar - 15:11 | |
| Ruez-vous si vous ne l'avez pas encore. Les « nouvelles histoires » de la Révolution se sont multipliées ces dernières années. Si l’on se réjouit de cette effervescence éditoriale, qui prouve que la période n’a pas fini d’interpeller notre présent, les âmes chagrines se demanderont peut-être s’il y avait encore tant de choses à dire que l’on ignorait des années 1789-1799. Ce serait oublier que « rien n’est définitivement écrit, en histoire plus qu’ailleurs », ainsi que le rappelle Annie Jourdan. Chaque époque relit le passé au prisme de ses propres interrogations. Chaque historien également, qui questionne les événements à l’aune de grilles de lecture qui lui sont spécifiques. Annie Jourdan ne fait pas mystère des siennes. Sa ligne directrice : libérer l’histoire de la Révolution française de ses vieilles mythologies, « remettre en question ce que l’on nous a inculqué depuis deux siècles, afin de vérifier si un autre récit était possible ». Ambition colossale que celle-ci, articulée à une clé de lecture fondamentale : toute révolution serait une guerre civile. L’affirmation mériterait sans doute discussion, mais voilà qui a au moins le mérite d’être stimulant ! Au terme de l’ouvrage, le pari est-il tenu ? Force est d’admettre qu’il est difficile, en quelque 500 pages, de renouveler de fond en comble les connaissances autour d’un sujet aussi vaste. Force est aussi de souligner que tout n’est pas nouveau dans ce travail, et que ce serait faire peu de cas du travail des autres historiens (peu cités). Force est d’admettre que l’approche mise en œuvre fragilise à l’occasion la démonstration, lorsqu’elle cède à l’anecdote au détriment de l’analyse (pour les massacres de septembre 1792, par exemple), survole certains événements essentiels (prise de la Bastille, fuite à Varennes, 9 Thermidor…), oublie des thèmes importants (la place des femmes), en nuance insuffisamment d’autres (l’attitude du clergé catholique) et considère comme connus des termes propres à la période (tels les « monarchiens »). Reste néanmoins que l’ouvrage est réjouissant par son ambition. On y suit des révolutionnaires hantés, dès 1789, tant par les complots (souvent bien réels) que par la question de la guerre civile, qu’ils se révéleront incapables de prévenir – lorsqu’ils ne l’aggraveront pas par leur conduite. Les pages consacrées aux années 1793-1794 (les plus longuement étudiées) sont bien menées. Au fil d’un récit qui n’hésite pas à se montrer sévère avec les girondins, les dantonistes et les hébertistes, moins avec Robespierre, l’auteur propose de belles pages sur les dissensions irrémédiables qui s’installent entre anciens frères en patriotisme. L’entreprise de déconstruction des idées reçues culmine lorsqu’Annie Jourdan rappelle, à la suite de Jean-Clément Martin, que la Convention ne mit jamais la « terreur à l’ordre du jour », quoi qu’elle adoptât, mais sous la pression populaire et non sans réticences ni lenteurs, des mesures de salut public et un régime d’exception qui devaient aboutir, à terme, à une reprise en main de l’initiative politique par les pouvoirs centraux, à la reconquête par l’État du monopole de la violence légitime et à la réussite militaire dans les guerres qui menaçaient la République. https://www.humanite.fr/un-ouvrage-stimulant-sur-la-revolution-652858 _________________ - Je ne vous jette pas la pierre, Pierre -
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| | | Mr T
Nombre de messages : 83 Date d'inscription : 09/09/2016
| Sujet: Re: Nouvelle histoire de la Révolution Ven 6 Avr - 12:30 | |
| La Révolution a mauvaise réputation. On reconnaît la belle universalité de ses principes, mais on honnit les violences qui en ont ponctué le cours, conspuées sous le nom de Terreur. Ces représentations occultent tout à la fois les difficultés de l’entreprise et les énormes espérances que suscita l ’événement. L’historienne Annie Jourdan nous invite à reconsidérer ce moment fondateur de notre modernité. Au fil des pages, elle en fait revivre les temps forts dans une approche sensible aux aléas qu’ont dû affronter les protagonistes. Elle déroule les faits grâce à un important corpus d’archives, constitué d’actes, de lettres, de courriers, de mémoires, où la Révolution se joue au gré des passions françaises. On mesure alors la force du ressentiment qui plonge le pays dans une longue guerre civile, que seule l’armée parviendra à apaiser. C’est que deux légitimités sont aux prises : celle de la monarchie, ancrée dans l’Histoire ; et celle de la nation, fondée sur le suffrage populaire.
L’événement eut une portée internationale, on le sait. Nombre de soulèvements s’ensuivent, qui rebattent les cartes : en Amérique, en Irlande, aux Pays-Bas, en Suisse. Mais l’on a souvent tu les discordes civiles qui accompagnèrent ces changements, là-bas comme ici. En restituant l’histoire dans sa globalité, avec ses aspérités et ses mémoires troubles, Annie Jourdan réalise une grande fresque de la Révolution, entre vérité et légendes. https://editions.flammarion.com/
L'avez-vous lu ? _________________ Le duc d'Orléans est le vase dans lequel on a jeté toutes les ordures de la Révolution
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| | | Chakton
Nombre de messages : 1263 Date d'inscription : 22/10/2017
| Sujet: Re: Nouvelle histoire de la Révolution Ven 6 Avr - 13:12 | |
| Pas encore. Mais pour en savoir plus La Terreur semble échapper à la raison, être un moment où, comme l’écrit Michelet, « l’histoire sort de ses gonds ». Les historiens, pour tenter de comprendre l’incompréhensible, ont longtemps voulu n’en retenir que deux causes principales, en la voyant soit comme une circonstance exceptionnelle imposée par une histoire elle-même exceptionnelle, soit comme un phénomène inhérent au discours des révolutionnaires. La première réponse a façonné une « théorie des circonstances » justifiant un système dramatique au nom de la « légitime défense » face à une guerre déclarée sur tous les fronts. L’autre relève d’une forme de fatalisme historique : la Terreur, fille dénaturée de la philosophie des Lumières, appartiendrait à l’idéologie révolutionnaire elle-même ; elle en serait le passage obligé. « Guerre civile » Deux livres importants permettent de la repenser en d’autres termes. En ce sens, Annie Jourdan et Timothy Tackett conduisent des analyses parfois étonnamment proches. Le second part de ces mois du printemps et de l’automne 1793 où le sentiment de peur diffusé du peuple aux élites de la République impose une série de lois, de décrets, d’institutions d’exception dans le but de terroriser les ennemis, répression d’Etat qui, en une année, fait près de 3 000 victimes, guillotinées à Paris ; l’historien américain cherche à comprendre l’origine de cette culture politique de la violence, remontant à 1789 pour analyser ces moments, plus nombreux qu’on ne le croit, où celle-ci se déchaîne dans l’espace public, et considérer la manière dont les élites politiques s’en sont accommodées en en faisant une source de pouvoir. De même, Annie Jourdan propose une lecture large – une « nouvelle histoire » – centrée sur l’interprétation de la Révolution comme « guerre civile ». Une guerre qui évolue selon des rivalités successives exacerbées au fil de l’actualité révolutionnaire. http://www.lemonde.fr/livres/article/2018/04/05/la-terreur-en-effets_5280899_3260.html _________________ X est la force deux fois pure
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| | | globule Administrateur
Nombre de messages : 2236 Date d'inscription : 04/10/2017
| Sujet: Re: Nouvelle histoire de la Révolution Ven 6 Avr - 13:32 | |
| - Chakton a écrit:
- Annie Jourdan et Timothy Tackett
Fan des deux !! _________________ - Je ne vous jette pas la pierre, Pierre -
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| | | Airin
Nombre de messages : 1005 Date d'inscription : 19/09/2015
| Sujet: Re: Nouvelle histoire de la Révolution Mar 10 Avr - 8:56 | |
| Réhabiliter Robespierre, très peu pour moi. |
| | | globule Administrateur
Nombre de messages : 2236 Date d'inscription : 04/10/2017
| Sujet: Re: Nouvelle histoire de la Révolution Mar 10 Avr - 9:02 | |
| Petite critique du livre présenté : que je rappelle donc « LA TERREUR N'EST PAS UNE EXCEPTION FRANÇAISE » Thierry Sarmant dans mensuel 856 daté avril 2018 - 395 mots Gratuit Annie Jourdan n'est pas contente et le fait savoir. Elle s'irrite du discours négatif sur la Révolution française, qu'elle tient pour dominant (elle pense à François Furet, Patrice Gueniffey et Emmanuel de Waresquiel) et lui oppose une « nouvelle histoire » qui se veut défense et illustration de l'héritage révolutionnaire. La querelle se noue autour de la question de la violence révolutionnaire en général, et de la Terreur en particulier. Les adversaires d'Annie Jourdan y reconnaissent une matrice des totalitarismes contemporains. Elle s'inscrit en faux contre cette généalogie. Ici, la Révolution est présentée comme une guerre civile opposant patriotes et contre-révolutionnaires, « forces progressistes » contre « traditionalistes ». La violence des premiers est une réaction contre les complots ourdis pour restaurer l'ancien ordre des choses. Point de vue intéressant, mais qui dilate le concept de « guerre civile » : l'expression est-elle pertinente pour la période qui court de 1789 à 1792 ? On peut aussi s'interroger sur la désignation du « peuple » ou des « contre-révolutionnaires » comme des acteurs politiques autonomes et identifiés, alors que l'on discerne plutôt des factions, des minorités agissantes, face à une masse attentiste. Le concept de « guerre civile » finit par devenir un outil de justification plutôt que de compréhension. Suivant Annie Jourdan, les personnes guillotinées à Paris « étaient le plus souvent bel et bien coupables de contre-révolution ou de crimes divers ». La Terreur de 1793-1794 doit être mise en rapport avec la répression d'Ancien Régime, la guerre civile d'Angleterre, la guerre de l'Indépendance américaine, les pertes militaires de l'Empire, la Terreur blanche de 1815-1816, etc. Bref, « la terreur n'est pas une exception française ». À vouloir trop prouver, Annie Jourdan a manqué son objectif de « sauver la Révolution », car elle en arrive à amalgamer des phénomènes de nature et d'ampleur différentes. En se focalisant sur la question de la violence, elle oublie d'étudier l'oeuvre concrète de la Révolution, son héritage politique (le gouvernement représentatif), économique et social (les biens nationaux) et culturel (l'instruction publique). Surtout, faute de revenir sur les origines du totalitarisme, elle échoue à réfuter les historiens qui les font remonter jusqu'à la France du XVIIIe siècle. Stimulante et partisane, cette Nouvelle histoire montre surtout que la Révolution ne fait l'objet d'aucun consensus. C'est une invitation à poursuivre la recherche sur une époque qui est le noeud de l'histoire de France. http://www.historia.fr/%C2%AB-la-terreur-nest-pas-une-exception-fran%C3%A7aise-%C2%BB _________________ - Je ne vous jette pas la pierre, Pierre -
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| | | Hercule Poirot
Nombre de messages : 262 Date d'inscription : 29/12/2017
| Sujet: Re: Nouvelle histoire de la Révolution Mer 11 Avr - 12:16 | |
| Il est grand temps de faire le ménage dans ces poncifs. L'apport des autres cultures est à cet égard bien utile à la France. _________________ Mais c'est tout le contraire d'un jeu.
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| Sujet: Re: Nouvelle histoire de la Révolution | |
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