Il était une fois l'Angleterre industrielle

La saga que je vous propose maintenant sera peut-être un peu hors sujet. Cependant, sachant que la Révolution Industrielle débute en Angleterre à la fin du XVIIIe, on peut à bon droit estimer qu'elle n'usurpe pas sa place ici. En fin de compte, je laisse la modération du Boudoir de Marie-Antoinette juge et m'excuse à l'avance des éventuels désagréments.

Episode 1
Dickens et le capitalisme naissant

A travers les mots de l'écrivain britannique Charles Dickens, se dessine le portrait d'une Angleterre victorienne en pleine ébullition mais aussi terriblement brutale. Ce témoin privilégié décrit ainsi un monde industriel émergent, et transpose ce qu'il observe du réel social dans la fiction...


'Please, sir,' replied Oliver, 'I want some more.' Scène emblématique du début des « Aventures d’Oliver Twist » (1837) de Charles Dickens,
illustrée ici par une gravure de J. Mahoney pour l’édition Household de 1871.• Crédits : Ann Ronan Picture Library / Photo12 - AFP

• "Dickens a une approche morale de l’économie et de la société. Il ne parle pas en termes de classes sociales, mais d’une déshumanisation. Les rapports humains sont remplacés par les rapports d’argent qui envahissent toute la vie sociale et économique. Les ouvriers sont les petits rouages qui permettent à cette grande machine de fonctionner, mais ils n’ont plusieurs personnes à part entière." (Fabrice Bensimon)

Premier jour d’une nouvelle série consacrée à l’Angleterre industrielle et aux représentations qu’en offre la fiction. C’est la littérature, sous la plume notamment de Charles Dickens (1812-1870), qui a le mieux rendu compte de l’atmosphère de l’essor industriel de l’Angleterre victorienne. Des romans situés à la charnière entre les reliquats du XVIIIe siècle des rois George, et l’entrée dans une nouvelle ère technique et économique. Une ère qui révèle une Angleterre avant-gardiste en pleine ébullition, mais dont les mutations pèsent sur les classes les plus fragiles, que le brouillard de Londres a rendu invisible. Dickens propose dans ses récits, de lever pour un temps le brouillard et de regarder en face cette révolution qui embrasse la société toute entière. L’histoire qu’il raconte est au fond celle du libéralisme, du capitalisme naissant et de la misère des travailleurs, qui ne sont parfois encore que des enfants.

• "Une chose qui a beaucoup préoccupé Dickens est l'idée que le fruit du travail de l'Homme est en quelque sorte confisqué par le nouveau système et par la spéculation. [...] Et il ne sépare pas la condition de travail des enfants et l'éducation. Pour lui, l'éducation doit être humanisée, faire place à la poésie, la littérature à toutes les matières que l'utilitarisme voudrait bannir au profit de l'économie et du pragmatisme." (Jean-Pierre Ohl)

https://www.franceculture.fr/emissions/entendez-vous-leco/il-etait-une-fois-langleterre-industrielle-14-dickens-et-le-capitalisme-naissant

Trop bien !!! Ca fait penser au clip de Mylène !!!

Episode 2
"Peaky Blinders", gang industrie

C'est l'histoire d'une famille de gangsters dans le Birmingham de l'après Première Guerre mondiale, et de son leader terrifiant et charismatique Tommy Shelby. Blessures de guerre, crime et argent sale, indépendantisme irlandais, prohibition... Portrait violent d'une Angleterre en reconstruction.


Le gang de Birmingham... Joe Cole (John Shelby), Cillian Murphy (Thomas Shelby) et Paul Anderson (Arthur Shelby Junior) dans la saison 1 (2013) de la série télévisée britannique "Peaky Blinders"
• Crédits : Caryn Mandach Productions / TI / Collection Christophel - AFP

• "Birmingham est une grande ville industrielle depuis la fin du XVIIIe siècle. A partir du siècle suivant se produit un changement industriel qui produit des difficultés économiques que montrent bien la série 'Peaky Blinders'." (Benoît Kermoal)

Deuxième jour de notre série consacrée à l’histoire industrielle anglaise. Hier, nous avons parlé de la naissance du capitalisme et de la révolution industrielle - telle que décrite par l’écrivain Charles Dickens. Quelques décennies plus tard, c’est dans un paysage européen marqué par la Grande Guerre, que l’ordre social anglais vacille. Les principales villes ouvrières - Birmingham en tête - voient souffler un vent de révolte sur leur population. Les soldats de sa Majesté, revenus des tranchées, y ont laissé une part de leur humanité. De leur violence teintée de misère en naît une autre : celle des gangs - parmi eux les Peaky Blinders... Faisant main basse sur la cité ouvrière, ils établissent une véritable économie parallèle faite de paris, de vols et de contrebande dont Steven Knight a décidé de mettre en scène la mythologie.

• "Tout l'enjeu de 'Peaky Blinders' est de savoir si le personnage principal peut échapper à son passé, à son milieu d'origine." (David Cassan)

https://www.franceculture.fr/emissions/entendez-vous-leco/il-etait-une-fois-langleterre-industrielle-24-peaky-blinders-gang-industrie

J'ai conscience que nous sombrons dans le hors-sujet. Mais, pour être complets, voici le reste de la série.

Episode 3
Le monde ouvrier de Ken Loach

"Je reste fidèle à la classe ouvrière, politiquement et artistiquement". Avec sa caméra, Ken Loach met en lumière les mécanismes économiques et sociaux de la Grande-Bretagne post-thatchérienne, et raconte les difficultés du quotidien face notamment au chômage et aux obstacles administratifs.


Image du film "It's a Free World!" (2008) réalisé par Ken Loach• Crédits : Diaphana Films

• "En faisant jouer des acteurs non professionnels, Ken Loach capte des personnages qui sont eux-mêmes inventifs économiquement et socialement. Il y a une confiance faite à la capacité des gens de raconter leur histoire. L’optimisme de Loach repose là." (Thierry Labica)

Troisième jour de notre série consacrée à l’histoire industrielle anglaise. Hier, nous avons fait un détour par la série Peaky Blinders, pour évoquer l’histoire de la cité ouvrière de Birmingham entre misère et criminalité. C’est à quarante kilomètres à peine de celle-ci, dans la ville de Nuneaton, que naît le réalisateur britannique qui portera le monde ouvrier au cinéma : Ken Loach. Le nord de l’Angleterre, dont il se fait le témoin, est le théâtre des industries déclinantes, de la pauvreté et d’un univers secoué par les politiques libérales successives. Minutieusement cadrée sur “ces oubliés de l’Angleterre thatchérienne”, la caméra de Ken Loach documente ou met en fiction les files d’attente de l’aide sociale, la faim, l’humiliation et le combat qui les anime. Un capitalisme qui se désindustrialise, entre en crise et emporte avec lui les Daniel Blake et tous ceux qui rêvaient d’un monde libre...

• "En Angleterre, il y a eu une privatisation du système de 'Pôle emploi' : on demande aux gens de prendre en charge leur propre destin. Dans 'Moi, Daniel Blake', le personnage se trouve à une situation kafkaïenne." (Francis Rousselet)

https://www.franceculture.fr/emissions/entendez-vous-leco/il-etait-une-fois-langleterre-industrielle-34-le-monde-ouvrier-de-ken-loach

Airin a écrit:

J'ai conscience que nous sombrons dans le hors-sujet.

Pas grave c'est trop bien !!!
pour une fois que je kiffe de la politique

Question politique, avec ce qui suit, nous allons être servis !

Episode 4
Bloody Brexit!

Alors qu'existe toujours outre-Manche le mythe d'une Angleterre à part, cherchons à comprendre les causes de la rupture eurosceptique, qui s'est radicalement manifestée par le Brexit, et les conséquences économiques et industrielles de la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne.


Fresque post-Brexit de l'artiste Banksy apparue le 8 mai 2017 sur la façade d'un immeuble de Douvres (Royaume-Uni) près du port d'où partent
les ferries qui assurent les liaisons avec le continent...• Crédits : Gerry Penny/EPA/Newscom - Maxppp

• "L’intérêt de la Grande-Bretagne dans son entrée dans l’Union européenne était purement économique : c’était l’accès à un grand marché, dans la philosophie libérale qui la caractérise. Or, pour les autres pays membres, l'ambition était politique." (Catherine Mathieu)

Notre semaine sur l’Angleterre industrielle s’achève aujourd’hui par un débat. Cette semaine, nous avons déambulé dans le brouillard de Londres longuement dépeint par Dickens, celui des usines, dissimulant la condition de ceux qui y travaillent. Un brouillard cache-misère, qui masque la violence des Peaky Blinders et autres gangs, ayant pris le contrôle politique et économique de cités ouvrières meurtries. Et la désindustrialisation et le thatchérisme n’ont rien arrangé ! C’est du moins ce que nous racontent les films de Ken Loach, porte-parole d’une Angleterre oubliée par les révolutions du capitalisme. Désormais c’est le Brexit qui agite le brouillard et fait remonter les vieux fantômes de l’île. Fantômes d’une grandeur passée, dont l’Angleterre peine encore à se consoler...

• "Churchill établissait trois cercles de relations internationales pour la Grande-Bretagne : les États-Unis d’abord, les pays anglo-saxons ensuite, et - mais en dernier lieu - le continent européen." (Aurélien Antoine)
  
  
• "Dans l'alliance du Royaume-Uni et des États-Unis se trouvent deux pays qui revendiquent un héritage anglo-saxon commun. Les prétentions atlantistes de la Grande-Bretagne se sont renforcées lorsque Charles de Gaulle a refusé son entrée dans la CEE." (Ophélie Siméon)

https://www.franceculture.fr/emissions/entendez-vous-leco/il-etait-une-fois-langleterre-industrielle-44-bloody-brexit

Brexit que l'on eût pu aussi illustrer de la sorte



God Save The Queen !

Petit rappel sur la révolution industrielle qui commença au Royaume Uni :
https://www.histoire-pour-tous.fr/dossiers/5662-revolution-industrielle-en-france-et-dans-le-monde-xixe.html