le Baron Pierre-Louis de Batz

Batz savait inspirer les dévouements les plus remarquables. Sa maîtresse préfèrera finir sur l'échafaud plutôt que de révéler le lieu où il se trouvait. C'est dire combien elle l'aimait.
Oui, sans doute s'en est-il voulu mais cela, on ne le saura jamais.
Louis XVIII savait que Batz avait été l'homme de confiance de Louis XVI et que Batz l'avait laissé tomber à Coblenz. Donc , il n'allait pas récompenser un homme qui l'avait laissé tomber. Et puis, toute l'action de Batz a été faite dans l'ombre donc voilà pourquoi il a vécu la restauration dans une certaine discrétion...

"Madame Atkyns habitait Lille et c'est là qu'elle connut le comte de Frotté. Devenue veuve , elle regagna l'Angleterre en 1792 : elle y entretenait de très actives relations avec les émigrés ."Cette femme rare , dit Frotté dans ses Mémoires inédits , cités par M. De La Sicotière , a exposé sa vie et une partie de sa fortune pour sauver la Reine de la prison du Temple où elle parvint à pénétrer à force d'argent et lui proposa de prendre le déguisement qu'elle avait et d'en sortir à sa place. La reine refusa parce qu'elle ne pouvait avec elle sauver ses enfants : cette dame la quitta , chargée de ses commissions et repassa en Angleterre pour y faire de nouveaux fonds , s'étant ménagé les moyens pour correspondre avec la reine secrètement.

Après la mort de Marie-Antoinette , Mme Atkyns continua de se dévouer pour la Famille Royale : elle montra autant d'acharnement contre l'Empire qu'elle avait montré de dévouement aux Bourbons. On croit qu'elle mourut en France vers 1627.

Voir sur Mme Atkyns : Louis de Frotté et les insurrections normandes de M. De La Sicotière et surtout une brochure de RP Delaporte , S.J, Centenaire de Marie-Antoinette , documents inédits. "

olivia a écrit:

Et pourquoi n'a-t-il pas reçu des larges honneurs pendant la Restauration ?

Louis XVIII lui donne la croix de Saint-Louis et le fait maréchal de camp .

Ah, tout de même ! C'est bien !

Il avait pris part à l'insurrection du 13 vendémiaire, mais réussit à se faire libérer .
Batz semble s'être politiquement définitivement rangé des voitures à partir du Consulat .

Citation :

Citation :

Et pourquoi n'a-t-il pas reçu des larges honneurs pendant la Restauration ?  

Louis XVIII lui donne la croix de Saint-Louis et le fait maréchal de camp .

Je le savais mais il me semble que c'est le moins qu'il pouvait faire. D'où ma question.
Il aurait pu être ministre ! Il aurait remplacé Fouché haut la main à l'Intérieur. Ou aurait fait des miracles aux Finances !

A-t-on un témoignage de remerciements directs de la famille royale ? A-t-il eu une place d'honneur lors de la cérémonie du transfert des corps du roi et de la reine à Saint-Denis ? Pourquoi n'y a-t-il pas eu de chansons, de poèmes, de livres à sa gloire pendant cette période de la Restauration qui produisait pourtant ce type d'écrits à foison ?
Il a semble-t-il été le contre-révolutionnaire n°1 ! Le fidèle d'entre les fidèles. Un héros de la cause royaliste !

Au lieu de ça, il tombe dans l'anonymat le plus total. Il faut des passionnés comme nous pour tomber sur son nom. Et à force de le voir discrètement par-ci par-là dans des épisodes (peu reluisants) de la Révolution, se dessine un portrait bien difficile à cerner.

A-t-il choisi l'anonymat, préférant à jamais rester un homme de l'ombre ? Ou bien Louis XVIII n'avait pas intérêt à ce qu'il soit en pleine lumière ? Valait-il mieux avoir été émigré que défenseur actif de la famille royale ?

Citation :

Comment pouvait-il connaître personnellement le Roi ? ( ou plutôt l'inverse )

Cela faisait déjà longtemps que les ministres des Rois successifs en situation proche de la faillite furent obligés de "traiter" avec ceux qui furent en mesure de leur fournir d'importantes sommes d'argent. Or sous Louis XVI en fin de règne il n'y avait plus d'intermédiaire possible, plus de Fouquet ni de Colbert....je pense qu'il est bien possible qu'il avait ses entrées, car en plus il restait farouchement royaliste à un moment où les vrais amis se faisaient rares.

Il est certain que Louis XVI a dû apprécier un tel dévouement d'autant plus précieux qu'il était rare.

Mais revenons un peu à Batz. "De quels hommes disposait M. de Batz pour mener à bien cette tentative presque insensée ? Nul ne le saura jamais. Les noms qu'il nous est possible de citer sont ceux de ses principaux agents, de ses chefs de file, pour ainsi dire ; mais les comparses , les simples figurants de la conspiration sont restés inconnus. Il pouvait compter sur le dévouement absolu de ce Devaux que nous avons vu à ses côtés le 21 janvier , du marquis de la Guiche dissimulé sous le nom de Sévignon, les deux frères de Lézardière cachés sous ceux de Robert et de Desardy. Il lui fallait en outre , un complice sûr dans la garde nationale et il s'assura le concours d'un épicier , Cortey , commandant la force armée de la section Lepeletier ; c'était une importante recrue, Cortey étant appelé à commander , de temps à autre , la garde chargée de la surveillance du Temple. D'ailleurs, cet épicier, au sujet duquel manquent les renseignements ,devint, comme on pourra en juger , l'un des plus sûrs et des plus fidèles agents du baron de Batz. "

Ecrivez-vous des extraits du Baron de Batz de Lenôtre?

Je crois le reconnaître....

C'est bien cela : je le reconnais aussi .

Je n'ai jamais caché mes sources. Et de plus, je les écris entre guillemets. Oui, c'est bien le Baron de Batz de Lenotre.

Bien sûr ! Vous nous aviez annoncé en amont commencer cette lecture !

Cela permet aux personnes qui n'ont pas ce livre de pouvoir en savoir plus sur le baron de Batz.
Je suis très heureuse de faire partager ma bibliothèque et si j'avais un quelconque souhait, ce serait le souhait de permettre un plus grand accès à la culture. Chacun devrait pouvoir avoir largement accès au savoir.

Combien vous avez raison ! C'est pourquoi il faut en inculquer la curiosité et l'appétit aux enfants, dès l'école primaire, et au sein du foyer ...

" Le baron de Batz disposait encore de Pottier de Lille , qui, en sa qualité de secrétaire du Comité révolutionnaire de cette même section Lepeletier, pouvait abondamment fournir de laisser-passer et et de cartes de sûreté à tous les conjurés .
Un jeune rentier de 26 ans , Balthazar Roussel, était aussi du complot. Il demeurait rue Sainte Anne et possédait près de Brie Comte Robert une maison de campagne où l'on espérait pouvoir conduire et cacher les prisonnières du Temple après leur enlèvement.
Biret-Tissot, domestique de confiance du baron de Batz , servait de courrier à la conspiration. Le banquier Benoît d'Angers en était l'homme d'affaires et s'était fait l'intermédiaire entre de Batz et les agents de change Jauge et Boid-Kerr. "


Sans compter tous les autres collaborateurs restés inconnus. Seul , le baron de Batz ( à mon avis ) connaissait le nom de tous ses agents et il a certainement tout fait pour ne pas laisser de traces ni de papiers. Il importait que cela reste un mystère pour que rien ne tombe entre les mains des révolutionnaires.

Madame de Chimay a écrit:

Cela permet aux personnes qui n'ont pas ce livre de pouvoir en savoir plus sur le baron de Batz.
Je suis très heureuse de faire partager ma bibliothèque et si j'avais un quelconque souhait, ce serait le souhait de permettre un plus grand accès à la culture. Chacun devrait pouvoir avoir largement accès au savoir.

"Il est à remarquer combien tous ceux qui approchent cet audacieux gascon , tous ceux qui entrent dans son cercle d'attraction, subissent son influence et, rapidement subjugués et conquis, se laissent aller à lui obéir. Il semble disposer de je ne sais quelle force morale qui attire et retient les dévouements : on croirait qu'il émane de lui un fluide dont les plus indifférents sont grisés au point de rester fidèles jusqu'à la mort à ce maître qu'ils se sont donné.

Les esprits positifs n'admettront pas cette explication...encore leur faudra-t-il bien en trouver une autre pour justifier certains faits incompréhensibles. Ainsi l'affiliation au complot du municipal Michonis est avérée, bien que Michonis ait toujours nié avoir connu de Batz ; celui-ci l'avait-il acheté ? C'est possible après tout ; les guinées de Lady Atkyns , voilà peut-être le secret du fluide sympathique qui attirait tant d'amis au conspirateur. "

" On m'a reproché , à propos du récit de l'affaire de l'Oeillet, d'avoir été sévère pour Michonis, lequel aurait tenté , dit-on, la délivrance de la reine, non par intérêt , mais par pur dévouement. Bon nombre de témoignages peuvent être cités à l'appui de cette thèse. Hyde de Neuville a écrit : " Je vois encore ce dévoué Michonis dont l'âme généreuse et bonne se lisait sur une physionomie pleine de franchise et de bonhomie. Il cachait sous une apparence de candeur une finesse et une habileté qui le firent échapper plusieurs fois aux conséquences de son dévouement. La République avait en lui un partisan zélé lorsqu'il aborda les captifs pour la première fois . Toutes les préventions qu'on avait semées dans l'opinion contre la famille royale tombèrent une à une dans son esprit plein de droiture. La reine était pour lui l'objet d'un culte enthousiaste."

C'est possible : il est difficile de distinguer après 100 ans, si un personnage secondaire , tel que Michonis , a agi par conviction ou pour l'argent, mais en conscience et jusqu'à preuve contraire , nous ne croyons pas commettre un déni de justice en rangeant Michonis parmi ceux qui , comme Borlandeaux, Lafosse, Leblanc , Maillard, Vergne, Sénar lui-même , prêtaient au baron de Batz une assistance intéressée. Tous étaient de la police , tous avaient accepté des fonctions qui s'alliaient mal avec la droiture et la bonhomie. "

" L'officier de paix Burlandeux me paraît avoir été de ceux que ce genre de séduction ne laissait pas indifférent. De Batz lui fut dénoncé comme agent des puissances étrangères ; et voilà le policier qui, au lieu de faire arrêter le suspect , " s'insinue chez lui pour avoir sa confiance . De Batz lui avait fait part de son projet d'enlever la reine . Burlandeux ne dit mot et continue de fréquenter la maison de Charonne. Toujours , il est sur le point de dénoncer le complot et jamais il ne s'y décide. Même il en parle au citoyen Lafosse , chef du bureau des déclarations à la police , et au citoyen Leblanc , chef du bureau central , et leur demande : " Quelle est la manière de faire au Comité de Sûreté Générale une déclaration de cette importance "?
Ce à quoi Lafosse et Leblanc, après avoir mûrement réfléchi , répondent que " le meilleur moyen est d'écrire une lettre , de la mettre sous enveloppe et de la porter au Comité."
La chose en reste là...Ni Burlandeux , ni Lafosse , ni Leblanc ne soufflent mot de ce qu'ils ont appris. "

" Or, un jour que Cortey et ses hommes , d'une part ,Michonis , de l'autre , se trouvent de garde au Temple , de Batz s'y introduit dans la soirée , revêtu d'un déguisement. Quelques dispositions préalables sont rapidement prises ; trente hommes dévoués , sur lesquels le vaillant royaliste peut compter , occupent tous les services de la Tour, de l'escalier et des patrouilles. De son côté, Michonis s'est entendu avec ses collègues , pour monter seul la garde dans la chambre des princesses ; les autres municipaux jouent aux cartes dans la salle du Conseil. La famille royale est avertie , chacun attend le signal convenu pour revêtir des habits d'emprunt. "

Autre lieu où je suis allé cet après midi.
au 52 rue Beauregard, où le Baron et ses amis ont essayé de libérer le Roi en chemin pour l'échafaud.
Je suis resté bien songeur à cet endroit

Formidable découverte cher Osterreich !
Et je suis ravie d'apprendre qu'il y a une plaque commémorant le triste événement.

Ah oui ! Je ne connaissais pas cet endroit.
Merci.

Merci pour cette découverte, Österreich !

De rien ma chère PIM