1663: Château de Versailles - Dès le début du chantier
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yann sinclair
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Sujet: 1663: Château de Versailles - Dès le début du chantier Sam 5 Mai - 10:01
1663-1666
Dès le début du chantier, les bâtiments et les jardins sont dédiés aux menus plaisirs du roi
Devant le château d’origine, Louis XIV fait construire quatre bâtiments de communs qui viennent encadrer une cour fermée par un mur d’enceinte
Tandis que le jardinier du roi, André Le Nôtre, ébauche le futur parc du domaine, traçant les allées et installant les premiers bosquets, parterres ou fontaines, les travaux d’agrandissement du château débutent.
En 1663, deux nouveaux bâtiments sont élevés de part et d’autre de l’avant-cour, destinés à accueillir les communs.
L’aile Sud est affectée aux écuries tandis que l’aile Nord abrite les cuisines.
On bâtit aussi deux pavillons bas: une remise pour les carrosses au nord, et un bûcher au sud.
Enfin, on dresse un mur pour clôturer l’avant-cour.
Le roi, désireux de faire de Versailles un lieu d’émerveillement, charge Louis Le Vau de la construction de la Ménagerie.
En 1666, l’architecte bâtit aussi un édifice étonnant: un pavillon à arcades, surmonté d’un réservoir d’eau, dissimulant une grotte dédiée – l’idée en revient à Charles Perrault, l’auteur des Contes – à Thétys, une nymphe qui, dans la mythologie grecque, accueillait chaque soir Apollon
1. L’entrée du château, protégée par une grille en fer, est placée sous la garde des mousquetaires du roi. 2 - 3. Deux bâtiments, construits dans le prolongement du château, accueillent les cuisines et les écuries. 4. Des édifices de plain-pied, au nord et au sud, abritent la réserve de bois et une remise pour les carrosses. 5. Côté nord, un pavillon à arcades renferme la grotte de Thétys, un divertissement aquatique au décor baroque.
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yann sinclair
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Sujet: 1663: La ménagerie royale de Versailles Ven 2 Déc - 16:18
Première grande entreprise à Versailles du roi Louis XIV après la construction du Château, la Ménagerie royale, construite à l'extrémité sud du Grand Canal, est le pendant symétrique du domaine de Trianon.
La ménagerie royale de Versailles fut le premier grand projet de Louis XIV à Versailles.
Elle fut édifiée avant même la création du grand canal.
Sa construction fut confiée à l’architecte Louis Le Vau qui démarre les travaux en 16631
La ménagerie est construite entre 1662 et 16642, à l'extrémité sud du futur Grand Canal, le long de la route entre Versailles et Saint-Cyr2 mais ne sera totalement achevée qu'en 16683.
Abandonnée à la Révolution française, elle tombe en ruines et n'existe plus de nos jours.
Bâtiment démoli à la fin du XIXe siècle, la Ménagerie, constitue certainement l'une des pertes les plus regrettables des aménagements entrepris par le Roi Soleil.
Souhaitée par Louis XIV et construite par son architecte, Louis Le Vau dès 1663, la Ménagerie royale de Versailles accueille un grand nombre d'animaux exotiques, dispersés dans des enclos, et disposés autour d'une tour permettant une vue panoramique.
Depuis l'Antiquité, en effet, la tradition s'était solidement établie d'entretenir, non loin du souverain, des collections d'animaux exotiques, paisibles ou féroces.
La Ménagerie
Qu'on la regarde d'un côté ou de l'autre, la Ménagerie présente deux aspects bien différents.
Du côté de la cour d'Honneur, on distingue sur les gravures d'époque trois pavillons quadrangulaires, dont celui du centre, légèrement en retrait par rapport aux deux autres.
Au centre de la façade du bâtiment central, un grand escalier.
Vue générale de la Ménagerie de Versailles, par Nicolas de Poilly (1646-1686)
Plan de la ménagerie sous Louis XV (1747), château de Versailles.
De l'autre côté du bâtiment, la Ménagerie présente un pavillon central de forme octogonale, coiffé d'un dôme, lui-même surmonté d'un lanternon.
C'est précisément à partir de ce pavillon que sont créés les espaces réservés aux animaux du Roi.
Au premier étage du pavillon, on distingue un balcon, véritable point d'observation qui permet alors au Roi et aux scientifiques d'étudier les animaux présents dans les enclos.
Vue et perspective du Salon de la Ménagerie, par Jean-François Daumont
Le bâtiment extérieur
Contrairement au château de Versailles, le bâtiment de la Ménagerie présente une architecture simple et dépouillée.
Au pied du pavillon octogonal se trouvent de petites fontaines que Madeleine de Scudéry décrit ainsi: "un cercle de six fontaines qui sortent de six piliers de marbre".
Il semble, en effet, que ce soit à la Ménagerie, que Louis XIV prenne goût aux jeux d'eau, que l'on retrouve dans les bosquets du château de Versailles.
Vue et perspective de la Ménagerie de Versailles du côté du Grand Canal, par Nicolas de Poilly
Sur sept côtés, la Cour octogonale se divise en sept parties - sept cours - chacune fermée par des grilles. Les noms des sept cours ont varié au cours des époques et de leurs pensionnaires. Les plans d'époque font par exemple état de la Cour des Autruches, la Cour des Pélicans, la Cour de la Volière, ou encore de la Cour du Lion.
Le décor intérieur
La Ménagerie royale est, dès son ouverture, un lieu fréquenté par les personnalités scientifiques: chirurgiens, zoologistes ou taxidermistes; mais aussi par des peintres animaliers, comme le peintre flamand Nicasius Bernaerts, dont les peintures - soixante et une, au total - ornent les murs des salons intérieurs.
Les descriptions permettent d'imaginer le décor de la pièce centrale de la Ménagerie, située au cœur du dôme.
Cette salle était vraisemblablement dotée d'un sol en marbre, d'un faux lambris bas peint en trompe-l’œil, de murs blancs et d'une corniche de stuc, sur laquelle le roi pouvait disposer les objets issus de sa collection.
"Nous entrâmes alors dans la cour de la Ménagerie, où l'on voit un pavillon d'une symétrie particulière, ayant un escalier au milieu, et après l'avoir monté, et passé un avant-cabinet assez propre, on entre dans un grand cabinet à huit faces (...). De ce corridor, on voit sept cours différentes, remplies de toutes sortes d'oiseaux et d'animaux rares. Leurs peintures sont dans le cabinet, comme pour préparer à ce qu'on va voir, ou pour en faire souvenir après l'avoir vu."
Mademoiselle de Scudéry, La promenade de Versailles (1669)
En grande partie détruite après la Révolution française, la Ménagerie est finalement rasée en 1902.
Il n'en reste aujourd'hui que de maigres vestiges.
Les très nombreux plans et descriptions constituent les éléments les plus riches du souvenir de ce lieu exceptionnel.
Les Animaux
Les animaux identifiés ayant peuplé la Ménagerie sont très nombreux: autruches, flamants, gazelles, poules sultanes, demoiselles de Numidie, mangoustes, casoars d'Indonésie, etc.
Parmi ces animaux, certains sont aujourd'hui des espèces disparues.
Les possessions coloniales du début du règne de Louis XIV permettent l'arrivée d'espèces inconnues, comme le castor du Canada ou les oiseaux exotiques.
En l'absence de lien maritime direct, il faut supposer le recours à d'autres pourvoyeurs pour les aras d'Amérique tropicale ou les casoars d'Indonésie.
Plusieurs souverains étrangers ont pu, à l'occasion, envoyer des animaux exotiques au roi, en guise de cadeau diplomatique.
C'est le cas, par exemple, de l'éléphant offert par Pierre du Portugal en 1668, ou de la tigresse donnée par le sultan du Maroc en 1682.
Vue et perspective de la Ménagerie de Versailles du côté de la Porte Royale, par Nicolas de Poilly
Elle est centrée autour d'un bâtiment octogonal couvert par en dôme en ardoise4.
Ce bâtiment est lui-même entouré par une cour octogonale ouvrant sur sept cours séparées par des grilles et des murs pour les oiseaux et les animaux exotiques.
Un balcon entoure le premier étage du bâtiment permettant une vue sur les différents enclos disposés en éventail4.
Sur le devant du bâtiment se trouve une cour d'honneur.
Pour l'agencement général des bâtiments de la ménagerie et des cours des animaux, Louis Le Vau s'est visiblement inspiré de la volière du patricien romain Varron à Casinum (en), qu'il connaissait sans doute grâce à une estampe de Pirro Ligorio.
De là dérive l’idée du château débouchant sur un pavillon dont les enclos disposés autour reproduisent la forme5.
Conçu comme un lieu d'apparat6, la ménagerie de Versailles se veut un lieu de splendeur et d'émerveillement où l'on découvre des animaux exotiques et sauvages venus du monde entier.
C'est un but de promenade, et une étape obligée des grandes fêtes et réceptions de Louis XIV.
C'est là que toute l’Europe des Lumières vient voir, entre autres, des oiseaux-mouches, des colibris, perroquets et autruches, un éléphant ou un dromadaire.
Contrairement à la ménagerie du château de Vincennes, que Louis XIV a créée en 1661 pour le spectacle de combats d'animaux sauvages, la ménagerie de Versailles était un lieu de plaisir et de découverte pour la cour, les visiteurs, les artistes et les scientifiques.
La ménagerie est ainsi fréquentée par des chirurgiens, zoologistes ou taxidermistes6 mais également par des peintres animaliers, comme Pierre Puget6 ou Nicasius Bernaerts6.
La ménagerie est aussi bien entendu un objet politique pour montrer la puissance du roi.
Il charge ainsi son principal ministre, Colbert, de faire venir ces animaux exotiques, rares et curieux du monde entier, par des achats de la Compagnie française des Indes orientales7.
Colbert va d'abord s'adresser à Nicolas Arnoult, le trésorier des galères3, car les animaux doivent presque tous transiter par le port de Marseille — et dans une moindre mesure celui de Toulon3.
Mais la mortalité parmi les animaux est très importante, la plupart ne survivent pas au voyage3 d'autant que sans doute pour des raisons de facilité de capture, ce sont des animaux très jeunes qui sont envoyés3.
Pour réduire cette mortalité, Colbert demandera à partir de 1669, que les livraisons ne se fassent qu'en été3.
Il réclame également à Arnoult des peaux et des essences végétales3 pour Versailles et va donc lui demander de désigner une personne uniquement chargée de pourvoir la ménagerie en animaux3.
Cela sera un dénommé Mosnier Gassion6, qui va aller s'approvisionner au Levant, en Égypte et en Tunisie6.
Il accomplira ainsi une quarantaine de voyages6 ramenant entre autres, des autruches et des canards d'Égypte6.
Son frère sera même basé à Alexandrie.
À partir de ce moment, sans doute vers 1691, le peuplement de la ménagerie devient plus diversifié.
La ménagerie reçoit également les animaux offerts au roi comme cadeaux diplomatiques, comme une éléphante venant du Congo et offerte en 1668 par Pierre II du Portugal ou des félins par des princes arabes3.
Les archives indiquent que pour nourrir l'éléphant offert par Pierre II du Portugal, il lui était donné quotidiennement 80 livres de pain, 12 pintes de vins et deux seaux de potage. L'animal vivra jusqu'en 1681 et le roi assistera à sa dissection qui révèlera qu'il s'agissait d'une femelle et non d'un mâle comme cru depuis son arrivée à la ménagerie.
Des nobles de nombreuses cours d'Europe vont imiter la splendeur de Versailles, en créant leur propre ménagerie.
Ainsi au château de Chantilly en 1663, au palais Het Loo aux Pays-Bas en 1672, au palais de Belém à Lisbonne en 1726, au parc du Retiro à Madrid en 1774, au palais du Belvédère de Vienne en 1716, au palais de Sanssouci de Potsdam.
Louis XIV, qui à l'approche de la soixantaine se lasse des animaux exotiques6, fait agrandir et restaurer la ménagerie en 1698 par Jules Hardouin-Mansart, pour l'offrir à Marie-Adélaïde de Savoie, duchesse de Bourgogne, alors âgée de 12 ans et arrivée à la cour un an plus tôt pour être l'épouse du dauphin Louis de France, petit-fils du roi.
Celle qui allait devenir une épouse énergique et illuminait la cour, fait également de la ménagerie une résidence d'agrément pour après-midis4.
La ménagerie possède alors un jardin d'agréments, une salle « fraiche » avec jeux d'eau et décors de rocaille et même une chapelle4. Des bâtiments de ferme avec communs, étables, basse-cour, pigeonnier, laiterie et jardin potager lui sont ajoutés.
Marie-Adélaïde s'amuse à y baratter et à y jouer la paysanne.
Le château de plaisance qui surplombe la ménagerie abrite aussi ses amours adultères6.
En 1711, le corsaire normand Jean Doublet rapporte deux lamas4, animaux encore inconnus à la cour et qualifiés d'« étranges moutons mâle et femelle »4.
Pierre Gobert, Portrait de Marie-Adélaïde de Savoie, duchesse de Bourgogne (1710)
New York, Metropolitan Museum of Art.
Marie-Adélaïde meurt en 1712 à l'âge de 26 ans lors d'une épidémie de rougeole qui emporte également un de ses fils et son mari, marquant le début du déclin de la ménagerie.
Restitution de la façade de la ménagerie de Versailles
Décadence et disparition
La ménagerie est négligée pendant la Régence, et en 1722 on y réinstalle un éléphant, et quelques animaux sauvages pour distraire le jeune Louis XV, à qui le comte de Maurepas offre un lionceau et un tigre. Le jeune roi délaisse la ménagerie — il ne s'y rend qu'une seule fois —6 pour se faire construire sa propre ménagerie expérimentale. L'entretien est délaissé et l'architecte Gabriel constate sa dégradation dès 1751. Les animaux vivent presque en liberté dans des bâtiments en ruine, lorsque Louis XVI réfléchit au transfert des animaux rescapés au jardin des plantes à Paris. Avec la Révolution, la plupart des animaux sont mangés ou vendus, et on n'en retrouve que cinq rescapés en 1793. Sieyès récupère le domaine en 1800. Les derniers animaux sont transférés de la ménagerie en ruine au Muséum d'histoire naturelle, où est conservé le rhinocéros de Louis XV naturalisé7. Elle n'existe plus de nos jours, même si l'on peut encore en voir quelques traces sur des vues aériennes, ainsi qu'une guérite et un bâtiment annexe à proximité du pavillon de la Lanterne[réf. souhaitée].
Le premier zoo des temps modernes
Si la tradition d’entretenir près du souverain une collection d’animaux exotiques était connue dès l’Antiquité, celle créée par Louis XIV à Versailles offrait un modèle résolument nouveau, repris dans toute l’Europe. La première innovation était de rassembler en un même lieu, permanent et non plus itinérant, les animaux dispersés dans les enclos d’autres résidences royales. Par ailleurs, la Ménagerie royale était la première à opérer une classification des espèces, chacune étant répartie dans des cours adaptées8. Enfin, la véritable scénographie élaborée par Le Vau, avec son plan radial et le rayonnement des cours à partir d’un point d’observation surélevé, sera largement imitée, notamment en 1752 par l’empereur François Ier de Habsbourg pour son fameux zoo de Schönbrunn à Vienne (Autriche)8. Par ailleurs, le château de Versailles grouillait de vie animale : les animaux de compagnie se comptaient par dizaines dans les appartements des princes, et dans l'antichambre du Roi avec ses niches : braques, épagneuls, carlins, singes vervets, chats angoras, aras et perruches. La ménagerie abritait multitude d'animaux rares : coati, quagga, du casoar à la grue couronnée, que l’on surnommait l’« oiseau royal » ; le gibier abondait dans le petit et le grand parc ; 700 chevaux logeaient aux écuries, 300 chiens de chasse dans le grand chenil9.
Bibliographie
Études historiques
Fiske Kimball, « Le décor du château de la Ménagerie à Versailles », Gazette des beaux-arts, 78e année, t. XVI 6e période, 1936 6e semestre, p. 245-256 (lire en ligne [archive]).
Gérard Mabille, Joan Pieragnoli, La Ménagerie de Versailles, Éditions Honoré Clair, 2010.
Joan Pieragnoli, « La Ménagerie de Versailles, fonctionnement d’un domaine complexe », Versalia, no 13, 2010, pp. 173-195.
Joan Pieragnoli, « La duchesse de Bourgogne et la Ménagerie de Versailles », Fabrice Preyat (dir.), Marie-Adélaïde de Savoie, duchesse de Bourgogne, enfant terrible de Versailles, Bruxelles, Éditions de l’Université libre de Bruxelles, coll. « Études sur le XVIIIe siècle », vol. 41, 2014, pp. 139-161.
Joan Pieragnoli, « Animaux exotiques » et « Ménagerie de Versailles », Lucien Bély (dir.), Dictionnaire Louis XIV, Paris, Robert Laffont, 2015.
Joan Pieragnoli, La cour de France et ses animaux, XVIe – XVIIe siècles, Paris, PUF, coll. « Le nœud gordien », 2016.
Jean Nérée Ronfort, « Commandes pour la duchesse de Bourgogne à Versailles et au château de la Ménagerie », Dossiers de l’art, no 124, 2005, pp. 67-89
Hélène Delalex, « Versailles, Ménagerie royale de », Encyclopædia Universalis (en ligne [archive]).
Fiction
Alexandra de Broca, Un rhinocéros à Versailles, Robert Laffont, 2021.
Frédéric Richaud, La Ménagerie de Versailles, Le Livre de poche, 2006.
Exposition
Les Animaux du Roi au château de Versailles, du 12 octobre 2021 au 22 février 202210,11.
Articles connexes
Ménagerie
Parc de Versailles
Éléphante de Louis XIV, pensionnaire de 1668 à 1681.
Rhinocéros de Versailles, pensionnaire de 1770 à 1793.
Liens externes
La Ménagerie royale | Château de Versailles (chateauversailles.fr) [archive]
La Ménagerie de Versailles [archive]
Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste
:
Encyclopædia Universalis [archive]
1746
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