Le Boudoir de Marie-Antoinette

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 31 octobre 1791: Correspondance de Marie Antoinette

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yann sinclair

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MessageSujet: 31 octobre 1791: Correspondance de Marie Antoinette   31 octobre 1791: Correspondance de Marie Antoinette Icon_minitimeMar 8 Mai - 7:20

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Lettre de Marie-Antoinette à Fersen datée du 31 octobre 1791
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J’ai reçu hier tous vos papiers par M. de Bridge, l’écriture est parfaitement sortie avec l’eau que j’ai fait chercher chez l’apothicaire. Il faut que celle que l’on nous a envoyée de là bas fut évaporée mais cela est égal à présent. Je vais tâcher de répondre à tout en abrégé et je répondrai aussi souvent que j’en aurai le temps jusqu’à jeudi que l’homme qui se charge de cette lettre partira.

J’ai été si pressée la dernière fois que je vous ai écrit que je n’ai pu vous parler de
M. Crawford, dites lui bien que nous savons la manière parfaite dont il est pour nous, que je me suis toujours plu à croire à son attachement, mais que dans l’affreuse position où nous sommes, chaque nouvelle preuve d’intérêt est un titre de plus, bien doux à notre reconnaissance.

La lettre de Monsieur au baron nous a étonné et révolté, mais il faut avoir patience et dans ce moment, pas trop montrer sa colère. Je vais pourtant la copier pour la montrer à ma sœur, je suis curieuse de savoir comment elle la justifiera, au milieu de tout ce qui se passe, c’est une enfer que notre intérieur, il n’y a pas moyen d’y rien dire avec les meilleures intentions du monde. Ma sœur est tellement indiscrète, entourée d’intrigants et surtout dominé par ses frères au dehors, qu’il n’y a pas moyen de se parler, ou il faudrait quereller tout le jour. Je vois que l’ambition des gens qui entourent Monsieur le perdra entièrement. Il a cru dans le premier moment qu’il était tout, et il aura beau faire, jamais il ne jouera de rôle, son frère aura toujours la confiance et l’avantage sur lui dans tous les partis, par la constance et l’invariabilité de sa conduite, il est bien malheur que Monsieur ne soit pas revenu tout de suite quand nous avons été arrêté, il aurait suivi alors la marche qu’il avait toujours annoncé, de ne vouloir jamais nous quitter et il nous aurait épargné beaucoup de peines et de malheurs qui vont peut-être résulter des sommations que nous allons être forcé de lui faire pour sa rentrée à laquelle nous.

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sentons bien que surtout de cette manière, il ne pourra pas consentir. Nous gémissons depuis longtemps du nombre des émigrants, nous en sentons l’inconvénient tant pour l’intérieur du royaume que pour les princes mêmes, ce qui est affreux, c’est la manière dont on trompe et a trompé tous ces honnêtes gens à qui il ne restera bientôt que la ressource de la rage et du désespoir. Ceux qui ont eu assez de confiance en nous pour nous consulter ont été arrêtés, ou au moins s’ils ont crû de leur honneur de partir, nous leurs avons dit vérité, mais que voulez-vous le ton et la manière est pour ne pas faire nos volontés, de dire que nous ne sommes pas libres, ce qui est bien vrai mais que par conséquent nous ne pouvons pas dire ce que nous pensons et qu’il faut agir à l’inverse, c’est le sort qu’a eu le mémoire envoyé par nous à mes frères, et que vous avez vu et approuvé. La réponse est que nous avons été forcés d’écrire ce mémoire, que tels ne peuvent être nos sentiments, et que par conséquent, on n’en tiendra aucun compte, et après cela on veut que nous ayons de la confiance, que nous parlions franchement, c’est absolument dire, faites toutes nos volontés, et alors nous vous servirons, mais rien sans cela. Comme il est pourtant possible qu’ils fassent dans ce moment-ci des sottises qui perdraient tout, je crois qu’il faut à tout prix les arrêter, et comme j’espère d’après ce que vos papiers annoncent et la lettre de M. de Mercy, que le congrès pourra avoir lieu. Je crois qu’il faudrait leur envoyer d’ici quelqu’un de sûr, qui pu leur montrer le danger et l’extravagance de leur projet, leur montrer en même temps notre véritable position et nos désirs en leur prouvant que la seule marche à suivre pour nous, est dans ce moment de gagner ici la confiance du peuple, que cela est nécessaire, utile même pour tout projet quelconque, qu’il faut que pour cela tout marche ensemble, et que ces puissances ne pouvant pas venir au secours de la France dans de

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grandes forces pendant l’hiver. Il n’y a qu’un congrès qui puisse rallier et réunir les moyens possibles pour le printemps, mais en faisant cette confidence, il faut prendre garde à leur extrême indiscrétion, pour cela il ne faut dire à la personne qui irait d’ici, que juste ce qu’on veut faire savoir là bas. M. Grime est arrivé ici, il désire me voir, mais j’ai répondu qu’il m’était impossible de le recevoir, et cela est vrai en quelque sorte, je suis trop espionnée mais je lui ai fait parler par quelqu’un qui lui dira mes raisons, et qui en même temps lui parlera de nos sentiments pour l’imp(… ?) dans les termes convenables. Il est bien intéressant qu’on parvienne à lui faire adopter l’idée du congrès par son caractère, elle y décidera toutes les puissances et elle contiendra aussi les princes. Je crains seulement la légèreté de M. de Calonne et la pétulance de M. de Nassau.

Il n’y aucun parti à tirer de cette asse(mblée ?)-ci, c’est un amas de scélérats, de fols et de bêtes, le pire de gens qui y veulent l’ordre, et un peu moins de mal que les autres n’y sont pas écoutés et n’osent pas parler. Elle est au surplus dans la boue, même dans le peuple qu’on cherche à animer de toutes les manières, mais cela ne prend plus, il n’y a que la cherté du pain qui les occupent et les décrets, les journaux, ils n’y regardent seulement pas. Il y a sur cela un changement bien visible dans Paris, et la grande majorité, sans savoir si elle veut ce régime-ci ou un autre, est lasse des troubles et veut la tranquillité. Je ne parle pas que de Paris car je crois les villes de province bien plus mauvaises dans ce moment que celle-ci, et pourtant de Coblentz on ne cesse de nous dire qu’on a de grande intelligence dans tout le royaume, mais l’affaire de Lyon nous rend circonspect et peu crédule sur de pareille annonce. Le roi de Suède en renvoyant au roi sa lettre pour la notification de son acceptation sans vouloir la lire a fait une chose que j’aurais voulu qui fut suscité

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partout de même, mais seul, je crains qu’il n’y ait de l’imprudence à cette démarche, du reste il est impossible d’être plus touché que nous le sommes de la franchise, de la loyauté et de la noblesse de sa conduite envers nous, et j’espère qu’un jour nous jouirons enfin de tout ce qu’il veut bien faire pour nous.

Je viens de lire deux dépêches d’Esp(agne ?), l’une du 13 octobre, l’autre du 20, elles sont fort bien, et je crois qu’elle ne fera aucune difficulté pour le congrès, cette idée entrait même dans une partie de son plan, mais elle veut avant que le roi soit libre et puisse aller partout où il voudra. Cette idée est impossible car on dira toujours ici qu’il est le maître d’aller où bon lui semblera, mais il ne le peut pas de faite parce qu’outre sa sortie d’ici qui serait dangereuse, et où il serait peut-être obligé de laisser sa femme et son fils, sa sureté personnelle ne serait nulle part plus qu’ici, puisqu’il n’y a pas une ville, pas une troupe sur laquelle on puisse compter. Il me parait au contraire que ce n’est qu’en cherchant a gagner chaque jour d’avantage la popularité et sa confiance qu’on parviendra, une fois le congrès établi, à pouvoir s’y joindre, au moins aller sur les frontières pour être en quelque sorte chargé nous même des intérêts de ce pays-ci. Si nous gagnions jamais ce point, c’est tout, et c’est à ce seul but que nous devons tendre, mais pour cela toutes mes actions journalières doivent se réunir pour inspirer la confiance. Le malheur c’est que nous ne sommes secondé ici par personne or nous, et que quelques efforts que je fasse, seule je ne peux pas faire tout ce que je voudrais, et que je sens pourtant si nécessaire pour le bien général. L’Esp(agne ?) avait encore une autre idée, mais que je crois détestable, c’est de laisser entrer les princes avec tous les français, soutenus seulement par le roi de Suède, comme

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notre alliée, et déclarer par un manifeste qu’ils ne viennent point faire la guerre, mais pour rallier tout bon français à leur parti, et se déclarer protecteur de la vrai liberté française. Les grandes puissances fourniraient tout l’argent nécessaire pour cette opération, et resteraient-elles dehors avec un nombre de troupes assez considérables pour en imposer, mais ne rien faire pour qu’on ne puisse pas prendre prétexte d’une invasion et crainte de démembrement, mais tout cela n’est pas praticable comme cela, et je crois que si l’emp(ereur ?) se dépêche d’annoncer le congrès, c’est la seule manière convenable et utile de finir tout ceci. Je n’entends point pourquoi vous désirez qu’on retire tout de suite les minis(tres ?) et amb(assadeurs ?), il me semble que ce congrès étant censé, au moins dans le premier moment, d’être réuni, tant pour les affaires qui intéressent toutes les puissances de l’Europe, que pour celle de la France, il n’y a pas de raison à cette prompte retraite, et puis est t’on sûr que toutes les puissances en agiront de même et croit-on que l’Angleterre, la Hollande conduites par elle et la Prusse même pour déjouer les autres ne laisseront pas peut-être leurs ministres. Alors il y aurait une désunion dans les opinions de l’Europe qui ne pourrait que nuire à nos affaires. Je peux me tromper, mais je crois qu’il n’y a qu’un grand accord, au moins en apparence qui puisse en imposer ici. Méfiez vous du Danemark, d’après les dépêches, il paraît détestable, surtout pour la Russie et la Suède. Il faut que je me sois mal expliquée sur les gardes du corps, notre intention n’est pas de le rappeler, mais seulement qu’ils ne fassent pas corps, et que si l’on

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ne fait rien cet hiver, des officiers, ou ceux qui sont les plus riches entre eux reviennent ici pour se montrer ; la même chose existe pour les émigrants. Je sais parfaitement qu’une foi sortis, et de cette manière encore, il est impossible qu’ils reviennent, mais c’est un grand malheur, et encore plus grand pour le reste de la France que pour Paris, car les provinces restent livrées absolument à elles seules, ou à une horde de scélérats et de factieux. Dans la position où nous sommes, avec la méfiance affreuse qu’on cherche à entretenir, tout joue contre nous. Il est impossible que nous ne fassions pas publiquement tout ce qu’il faut pour faire rentrer tout le monde. L’arrêté des parlements, proposé au conseil des princes est fou, je ne suis pas étonné qu’il ait été rejeté, il me semble que les meilleures têtes de celui de Paris se refusent à toute extravagance, et ne veulent pas même sortir d’ici. J’ai très bien compris ce qui regarde le chiffre, mais il faudra toujours mettre les deux points quand les deux mots finiront en même temps et laisser les j: et les v. cela facilitera pour nous. La lettre sautée ne servira que si nous écrivons par des occasions. Nous avons bien lu tout ce qui était en blanc mais dorénavant le roi dispense de la cérémonie, cela sera plus facile en mettant vous simplement.

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Je désire bien aussi que ce soit l’évêq(ue ?) ou quelqu’autre écriture lisible qui écrive ces lettres et non pas vous, qui êtes déjà excédé d’écriture.

Il faudrait par la première occasion sur nous, mander exactement ce que nous avons d’argent dehors, tant à Brux(elles ?) qu’en Hollande, et le nom des banquiers. Mandez-moi aussi ce que nous devons à Mme de Korf, de quel temps et comment le lui faire tenir, puisque le Maréchal de Castries est bien. Le baron pourrait convenir avec lui de tout ce qui nous intéresse et de nos idées, il irait à Coblentz parler de notre part à nos frères, nous chercherons à trouver quelqu’un à lui envoyer de notre part pour l’autoriser, mais il faudrait lui apprendre le chiffre et trouver un livre. J’en chargerai la personne que nous enverrons, je voudrais que ce fût le baron de Viohe, mais je ne sais pas s’il le voudra.

Je crois que M. Puisigniaux et le comte Etienne vont revenir. Informez-vous si cela de bonne occasion pour écrire.

On met sur les rangs pour les affaires étrangères Mrs Odune et Cokelie, je ne les connais pas du tout, mais le plus sûr sera de ne jamais rien traiter par lui, ne parlez pas de ces deux hommes, il n’est pas sûr même qu’on les prenne.

Ce 7 novembre
J’espère enfin que cette lettre partira après demain, elle devait

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l’être vue, mais la personne a été retardée pour ses affaires et qui mieux aime attendre pour qu’elle fut remise surement. La personne qui part demain matin et qui remettra une lettre en chiffre doit revenir bientôt. Je crois que c’est une occasion sûre. Est-il vrai que le roi de Suède envoie un ministre aux princes à Coblentz. Je crains bien qu’on exige du roi, ici d’écrire au roi de Suède une lettre de sa main sur les affaires présentes mais si cela arrive, cela ne sera qu’une preuve de plus de sa non liberté, point de ministre encore Madame de Staël se démène bien pour M. de Nar(bonne ?). Je n’ai jamais vu d’intrigue plus forte et plus embrouillée. La réponse de l’emp(ereur ?) à l’acceptation contient, dit-on (car je ne l’ai pas encore vue) une très bonne phrase, et qui peut préparer au congrès pourvu qu’il la soutienne et qu’il se dépêche à l’annoncer , car malgré le calme apparent de Coblentz, les têtes sont bien animées, et il y a à craindre que les princes ne puissent plus les contenir. Dans peu il faut que je donne ma lettre demain matin. Je vais donc la finir, adieu.

N° 13, suit un texte chiffré de cinq lignes.






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MessageSujet: Re: 31 octobre 1791: Correspondance de Marie Antoinette   31 octobre 1791: Correspondance de Marie Antoinette Icon_minitimeMar 8 Mai - 14:29

Ah zut il n'y a pas la fin. 31 octobre 1791: Correspondance de Marie Antoinette 564218
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