Le Boudoir de Marie-Antoinette

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 Qu'est ce qu'une révolution ?

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globule
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globule


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MessageSujet: Qu'est ce qu'une révolution ?   Qu'est ce qu'une révolution ? Icon_minitimeSam 19 Mai - 9:30

Enfin une question importante !
Qu'est-ce qu'une révolution ?
silent Si vous aussi vous n'en pouvez plus de ces têtes couronnées  
silent Si Harry et sa bergère vous flanquent des boutons


Plongez dans l'eau régénératrice de cet article bienfaisant.  Qu'est ce qu'une révolution ? 887322
VIVA LA REVOLUCION !!

ok ok, je me calme.  Qu'est ce qu'une révolution ? 244157

Révolution! Voilà un mot porteur d’une charge volontiers explosive, mais que recouvre-t-il réellement?

Le grand lexicographe Alain Rey lui avait consacré tout un livre (Révolution. Histoire d’un mot) en 1989, année emblématique s’il en fut. Il avait alors constaté que ni en français, ni en nulle autre langue, « révolution » n’avait eu d’acception politique avant le XVII° siècle (à la différence de « révolte », emprunt à l’italien qui suggère un retournement et qu’une ordonnance royale de 1501 emploie déjà comme synonyme de rébellion). En fait, ces mots, dérivés du latin volvere, évoquent le détour, l’enroulement et concrétisent l’idée de cycle, tant et si bien que « révolution » apparaît dès le XVI° siècle dans le domaine de la médecine (la révolution des humeurs) et surtout de l’astronomie quand celle-ci découvre le mouvement cyclique des astres. Ce qui revient à en faire l’expression d’un mouvement qui ramène au point de départ!

L’astronomie ancienne se différenciant mal de l’astrologie, la révolution des planètes se charge alors d’un sens subjectif dont témoigne Montaigne quand il déplore « la révolution et vicissitude de la fortune » et c’est à partir de ce glissement qu’on en vient à une acception plus politique.. En 1636, l’Abrégé du parallèle des langues française et latine du père Philibert Monet introduit parmi les sens du mot « révolution » l’idée d’un changement dans la conduite des affaires publiques qu’il qualifie de « révolution d’estat« .



Fort bien, mais de quoi s’agit-il exactement? Il faut alors regarder l’Angleterre. Ce pays a connu au XVII° siècle deux événements de grande ampleur que les historiens modernes qualifient de « révolutions ». L’un (en 1642) et l’autre (en 1688) s’inscrivent dans le cadre d’un conflit opposant l’autorité royale aux députés du Parlement, avec à l’arrière-plan les antagonismes religieux propres à la période.



On sait que depuis le XIII° siècle, la monarchie anglaise a dû accepter, pour lever des impôts, le consentement des deux chambres qui constituent le Parlement, celle des Lords représentant noblesse et clergé, celle des Communes élue par ce que nous nommons en France le Tiers-état. Avec la montée en Europe de ce modèle de pouvoir monarchique renforcé et centralisé que nous qualifions d’absolutisme, les souverains britanniques ont été tentés par un affermissement de leur autorité relativement à celle des parlementaires. Esquissée au XVI° siècle par la dynastie des Tudors, cette politique devient la règle au XVII° chez les Stuarts en la personne de Charles 1er (1625-1649). La prétention de ce dernier de gouverner sans consulter le Parlement ouvre en 1640 une crise qui dégénère en conflit ouvert et en guerre civile.

Personne alors ne parle de révolution, les contemporains évoquent « la grande rébellion« , mais le destin même du mouvement apparaît très instructif. Dans l’Angleterre de l’époque, l’antagonisme politique entre la couronne et les parlementaires se double d’une opposition quant à l’interprétation de la religion anglicane, indépendante de Rome depuis plus d’un siècle, que le roi et la Cour envisage d’une manière hiérarchisée proche de la pratique catholique quand une grande partie du peuple et la petite noblesse rurale se rallient à ce protestantisme rigoureux que recouvre le terme « puritain ». Cette idéologie anime l’armée de volontaires constituée contre les forces royales et la victoire (le roi est vaincu, capturé, jugé, exécuté) est aussi son triomphe.



C’est alors que tout dérape. Les doctrinaires radicaux surgissent : l’heure est venue de la grande rupture. Des cohortes de prédicateurs déferlent. Le Parlement est épuré des tièdes, des sectaires prêchent l’occupation des terres, on guette le retour imminent de Jésus-Christ. La royauté abolie est remplacée par la « république des saints« . Pour éviter le chaos total, le chef de l’armée, Oliver Cromwell, lui-même puritain convaincu mais conscient du désordre, institue la dictature, mais il meurt en 1658. Le désarroi est alors tel que ce qui reste du Parlement négocie le retour de la royauté en la personne de Charles II, le fils du roi exécuté.

Lord Clarendon, conseiller du nouveau souverain, chancelier d’Angleterre, écrit alors l’histoire de ces événements et prononce le mot « revolution« .

C’en est une à coup sûr puisqu’elle est revenue à son point de départ : un Charles II Stuart a remplacé un Charles 1er Stuart!



Vingt-huit ans plus tard, rebelote, comme on dit familièrement. Le roi Jacques II, admirateur de Louis XIV, veut à son tour marginaliser le Parlement et, époux d’une princesse catholique, il s’est lui-même converti. Un cocktail explosif!

Mais cette fois, les choses se passent autrement. Pas question pour les parlementaires soucieux de redéfinir, selon la règle traditionnelle, la répartition des pouvoirs de se laisser entraîner dans une nouvelle aventure. Jacques II a une fille, Marie, demeurée protestante et épouse du chef de l’exécutif des Pays-Bas, Guillaume d’Orange, lui-même Stuart par sa mère. Une délégation de « sept éminentes personnalités » anglaises fait appel à lui et alors qu’une petite troupe sous sa direction débarque en Angleterre le 5 novembre 1688, Jacques II se voit abandonné par sa propre armée.

Il s’enfuit en France et dès janvier 1689, le Parlement rédige une Déclaration des droits, déclare le trône vacant et l’offre à Guillaume et Marie qui l’acceptent 54 jours exactement après la fuite de Jacques II.

En décembre 1689, la Déclaration des droits est reprise sous la forme solennelle du Bill of Rights qui fonde les institutions de l’Angleterre moderne et instaure le premier véritable état de droit d’Europe. L’année suivante, le philosophe John Locke théorise tout cela dans son fameux « Traité du gouvernement civil« . C’est ce que les Anglais vont officiellement nommer la « glorieuse révolution ».



Cette fois, le mot est admis dans son acception pleinement politique, mais l’examen des événements d’Angleterre du XVII° siècle met en lumière deux interprétations. La révolution première manière (celle des puritains et de Cromwell) se veut rupture complète, table rase du passé et construction d’une société nouvelle. En revanche, la « glorieuse révolution » de 1688  s’entend comme un retour à une normalité bafouée, une sorte de réajustement remettant les pendules à l’heure.

De quoi poser beaucoup de questions sur la nature des révolutions… Nous en reparlerons la semaine prochaine.
http://blogs.lexpress.fr/histoire-politique/2018/05/02/quest-ce-quune-revolution-1/

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MessageSujet: Re: Qu'est ce qu'une révolution ?   Qu'est ce qu'une révolution ? Icon_minitimeSam 19 Mai - 9:32

Miracle du direct boudoirique, la semaine prochaine, c'est maintenant. Qu'est ce qu'une révolution ? 588717

A l’examen des événements de l’histoire d’Angleterre au XVII° siècle, nous avons retenu, d’une part l’émergence du mot révolution au sens politique, d’autre part l’existence de deux interprétations du concept, l’une impliquant une rupture radicale visant à construire un monde nouveau, l’autre désignant un réajustement venant corriger les retards ou les dérives du corps politico-social : la table rase ou l‘aggiornamento.



Un siècle après la « glorieuse révolution » anglaise, la France a suivi en une décennie un itinéraire analogue. La monarchie française, qui avait su construire un état et une administration remarquables, souffre à la fin du XVIII° siècle d’une inadaptation croissante aux réalités de l’époque. Elle se concrétisent spécialement en deux anachronismes : le postulat qui veut que le roi tienne son pouvoir de Dieu, une structure de la société en ordres hérités d’une organisation remontant au Moyen-âge.

En 1789, profitant d’une consultation (les Etats-généraux) qui est un aveu d’impuissance du régime, les élites marquées par la pensée des Lumières imposent à la royauté de considérer qu’elle doit son autorité, non à une puissance transcendante, mais à la confiance de sujets devenus des citoyens. Puis, en abolissant les privilèges, elles instituent une société moderne fondée sur l’égalité en droits. Le réajustement est accompli, la monarchie absolue est devenue une monarchie constitutionnelle.

Encore faudrait-il que le roi l’accepte. Or, Louis XVI s’est fait forcer la main et il le montre, en 1791, en tentant de gagner la province pour fomenter une contre-révolution. Cet échec du projet de 1789 ouvre alors un boulevard aux doctrinaires lecteurs de Rousseau qui, oubliant les réserves du philosophe, croient possible d’instituer une démocratie dans cette France encore rurale, mal unifiée et en partie analphabète.

Commencent alors, (comme dans l’Angleterre des années 1640), la course aux surenchères, le surgissement des utopies, l’affirmation d’idéologies dogmatiques qui, la royauté renversée, la République proclamée et un conflit armé imprudemment déclenché contre les monarchies européennes, aboutissent à l’intérieur à la guerre civile et à la terreur institutionnalisée.

La chance de la France est alors que les hommes de 1789 aient encore les moyens de reprendre la main, mais le désordre et la confusion sont tels qu’il devient impossible de trouver une voie moyenne. La poursuite de la guerre étrangère donne ainsi l’occasion à un chef militaire de prendre le pouvoir. Il se trouve heureusement qu’il s’agit aussi d’un grand politique qui, aux antipodes des projets de table rase, sait opérer la synthèse entre le bon de l’ancien et les perspectives de progrès du nouveau et réaliser ainsi un début de réajustement.

Cela dit, il faudra pratiquement un siècle pour que les « principes de 1789″ soient réellement mis en œuvre avec l’instauration de la III° République.



Pas plus que l’anglais, l’exemple français ne servira de leçon. Le XX° siècle va voir refleurir l’illusion de la révolution-rupture et la prétention, non seulement de changer par décret le monde, mais même de créer un « homme nouveau ».

Sur le modèle fourni par les événements de Russie, où une vraie révolution-réajustement s’est vue doublée et confisquée par une poignée de doctrinaires radicaux interprétant à leur manière la pensée de Karl Marx, une collection de révolutions-« table rase » va déferler sur un monde en pleine mutation, construisant l’illusion de sociétés nouvelles totalement égalitaires et démocratiques, véritable imposture au vu de ce qui se déroule réellement. Une succession d’idéologues dogmatiques parviennent ainsi au pouvoir, inventant ce qu’on nommera l’état totalitaire et affichant une détermination dans la certitude digne des fanatismes religieux.

On connaît le résultat. Quand commence le XXI° siècle, que reste-t-il de ces révolutions qui devaient changer le monde? Est-ce à dire que le concept est définitivement dévalué? Il est probable que non, mais c’est bien alors l’idée de réajustement qui s’impose, l’aggiornamento politique qui répond aux réalités du moment en apportant corrections et réévaluations.

L’évolution des sociétés s’opère selon de grandes lignes de force qui sont le produit de siècles de civilisation. Ce qu’on qualifie de révolution est la réintégration dans ce mouvement de l’histoire et non d’illusoires réalisations d’utopies idéologiques. Ces dernières ont fait trop de morts et de dégâts au siècle dernier pour susciter encore des espérances ou des nostalgies.
http://blogs.lexpress.fr/histoire-politique/2018/05/17/quest-ce-quune-revolution-2/

Voilà. Ca nous change, non ? Qu'est ce qu'une révolution ? 914132

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MessageSujet: Re: Qu'est ce qu'une révolution ?   Qu'est ce qu'une révolution ? Icon_minitimeSam 19 Mai - 9:40

globule a écrit:
Si Harry et sa bergère vous flanquent des boutons [/size]

NNNAAAAANNNNN !!! Trop bien !!! Ils sont en 3D sur le plateau. F2 suis scotchée. Qu'est ce qu'une révolution ? 580524 Qu'est ce qu'une révolution ? 580524 Qu'est ce qu'une révolution ? 580524

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MessageSujet: Re: Qu'est ce qu'une révolution ?   Qu'est ce qu'une révolution ? Icon_minitimeSam 19 Mai - 10:02

Ah, quel sujet compliqué, en effet ! Il est vrai que les grandes révolutions qui ont traversé l'Histoire se sont imposées par le sang et la terreur. Sad

L'idéal, ce serait le changement par l'évolution.

Mais, hélas, les changements que l'on constate actuellement sont plutôt des régressions. Sad

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MessageSujet: Re: Qu'est ce qu'une révolution ?   Qu'est ce qu'une révolution ? Icon_minitime

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