Le roi s`enfuit de Timothy Tackett

J'ai lu dans le livre de Timothy Tackett "Le Roi s'enfuit" que la famille royale a passé la nuit à Châlons sur Marne. Si mes calculs sont correctes, cette ville serait alors la seule ville en France en dehors de l'Ile de France où la Reine a passé plus d'une nuit dans sa vie (elle y a séjourné lors du voyage de 1770). Quelqu'un ici sait-il où elle a passé la nuit dans cette ville?

A vérifier, mais il me semble avoir lu que la famille royale avait passé la nuit à "l'ancienne intendance" de Châlons...Reste à savoir ce qu'elle est devenue maintenant...




Vérification faite dans mes "archives":
C'est bien à l'Intendance de Châlons que la famille royale passa la nuit du 22 juin. Cette Intendance est maintenant la Préfecture.
Une anecdote: Mme de Tourzel nous apprend que les autorités de la ville, montrant au roi l'escalier dérobé qui s'ouvrait dans la chambre où dormait le Dauphin, lui proposèrent de fuir et de gagner l'armée de M. de Bouillé. Mais le roi aurait dû abandonner sa femme, sa soeur et ses enfants - et il refusa. extrait de Marie-Antoinette, André Castelot, Editions France Loisirs

Je viens de découvrir un livre sur le voyage de Montmédy, Le roi s`enfuit de Timithy Tackett, voici le résumé.



Ce livre et disponniblechez amazon.ca :http://www.amazon.ca/ROI-SENFUIT-Timothy-Tackett/dp/2707150754/ref=sr_1_136?ie=UTF8&s=books-en-francais&qid=1262182031&sr=1-136

Fleurdelys

Merci Fleurdelys

L'auteur est américain je vois, ce qui doit donner un point de vue intéressant sur cet épisode

J'ai ce livre dans ma Bibliothèque Chou mais je ne l'ai pas encore lu.

Ah, donc je compte sur vous quand vous le lirez

Pas de problème Chou mais il faut que mes piles diminuent mais hélas, au contraire, elles s'allongent !

Oui je sais ce que c'est

Moi, je l`ai commandé chez amazon.
Fleurdelys

Voici la notice sur ce livre proposé par le site royet.org qui possède tellement de docs et d'archives !(on n'est pas par contre obligé d'adhérer à leur point de vue politico-philosophique....)







Timothy Tackett
Le roi s'enfuit. Varennes et l'origine de la Terreur.
La découverte, 2004
Notice de Philippe Royet

[img(127px,200px):866b]http://www.royet.org/nea1789-1794/bin/bibliographie_[tackett]_roisenfuit.jpg[/img:866b]

Le roi s’enfuit est le troisième ouvrage de l’historien américain Timothy Tackett. Il fait suite à La Révolution, l’Eglise, La France _roisenfuit.htm#_ftn1](1), étude sérielle d’envergure sur les répercussions du serment de 1791 sur la vie des prêtres de la France révolutionnaire, et à Par la volonté du peuple _roisenfuit.htm#_ftn2](2), qui proposait une analyse moderne et méticuleuse du processus de maturation politique et révolutionnaire des Constituants jusqu’à la fête de la fédération de 1790.

Comme pour les deux précédents ouvrages, c’est Alain Spiess qui assume le travail de traduction, et Tackett retrouve avec Michel Vovelle son préfacier de La Révolution, l’Eglise, La France.

Le livre se découpe en 8 chapitres, un avant-propos et une conclusion. Les dernières pages sont occupées par les renvois et constituées presque exclusivement de sources dans lesquelles le lecteur est invité à trouver des confirmations ou les développements des propos de l’auteur.

Pour appuyer avec précision un propos analytique développé, qui considère les conséquences de la fuite du roi sur le cours de la révolution, Tackett a choisi de casser le récit chronologique pour y substituer un jeu de mouvements de caméra autour de tous les acteurs du récit, depuis les habitants de Varennes, jusqu’aux députés de l’assemblée nationale, en passant par la famille royale, les sociétés populaires, en France et à Paris et tout le petit peuple des villes et des champs.

L’effet est très réussi : l’ouvrage évite dès lors les redites et le découpage technique entre narration et analyse. En rendant de plus particulièrement agréable la lecture du livre, cette organisation sert à merveille l’un des propos de Tackett : L’histoire de Varennes est avant tout, pour lui, une somme d’aventures individuelles ; à cent lieues des analyses systématiques sur la prétendue « trajectoire » de la révolution française, il montre comment cette pluralité d’expériences donne à l’événement une coloration complexe.

Le livre s’ouvre, au premier acte du drame, sur la ville de Varennes. Que s’est-il donc passé dans cette région de Varennes depuis 1789, pour que des habitants anonymes décident d’un commun ensemble de s’opposer à ce que le roi ne continue sa route le 21 juin 1791 ? Tackett s’intéresse de près à la question ; les éléments de réflexion qu’il propose au lecteur constituent une passionnante description de l’évolution des mentalités politiques de ces villageois de Varennes, qui avaient pourtant envoyé une délégation applaudir le roi à la fête de la fédération du 14 juillet 1790, tandis que quelques notables se retrouvaient depuis mars dans un club local affilié aux Jacobins de Paris.

La caméra de Tackett se déplace ensuite vers le roi et sa famille : gros plan sur le roi, ses qualité, sa personnalité, ses idées politiques et celle de son entourage proche. L’historien réfléchit ensuite sur le poids des événements révolutionnaires dans la décision de la fuite. Quelques détails pointus sont donnés sur les difficiles et périlleux préparatifs du départ pour Montmédy. Les enjeux de la fuite sont forts, Tackett en restitue parfaitement la dimension tragique et hasardeuse.

Vient le temps de la description de la fuite elle-même. L’historien rapporte l’organisation minutieuse de l’action, ses succès, ses retards, les petits riens aux conséquences démesurées, les moments de bravoure ou l’héroïque côtoie tour à tour le burlesque et le drame. Quand Paris apprend le départ du roi sous les traits d’un M. Durand, homme d’affaire de la baronne de Korff, il semble qu’un souffle irrésistible emporte tous les cœurs parisiens. L’effet de la description est saisissant.

Le roi est en fuite ; le roi vient d’être arrêté ; le roi est ramené. Paris vit à cent à l’heure ces moments bousculés. En deux ans de révolution, la ville s’est transformée. Extrêmement politisée, les journaux y abondent. Les cafés font office de tribunes populaires. Au moment de la fuite du roi, 50 sociétés populaires rythment déjà les discussions quotidiennes de milliers de sociétaires. Les tumultes sont fréquents, la vie économique souvent perturbée par des grèves et des actions collectives. Dans cette ville cultivée et en perpétuel état d’effervescence intellectuelle et politique, les réactions à l’arrestation du roi vont prendre un tour très radical. Ce chapitre du livre, consacré à Paris, décrit très bien l’émergence politique des sections, et la véritable naissance de la sans-culotterie parisienne, qui aboutit à la gigantesque procession patriotique de la Fête-Dieu. Quand les symboles de la royauté sont abattus dans toutes les rues, quand les journaux font feu de tous côtés pour dénoncer la traîtrise du roi, il ne fait nul doute qu’un changement radical d’opinion publique a eu lieu, et que des idées républicaines sont en train, dans Paris, de s’affermir et de se préciser. Reste qu’ici Tackett semble un peu négliger le rôle nébuleux mais avéré des leaders orléanistes qui en soufflant dans les mêmes trompettes de l’unité anti-Louis XVI jouent un jeu tout à fait décalé. Il aurait peut-être également été intéressant de passer quelques moments à décrire l’affolement nerveux de la presse royaliste et des sociétés monarchistes.

Tackett centre ensuite sa narration sur l’Assemblée nationale. Les partis de la grande assemblée, ses silences, son attente, son unité dans les grandes décisions, sa prise de position légaliste entre un exécutif en fuite et un peuple souverain qui donne trop de voix : tout cela est admirablement traité par l’historien. On voit bien dans cette partie à quel point Varennes jette violemment les Constituants en face du dilemme qui sera aussi celui des hommes de l’an II : Comment sauver l’état révolutionnaire sans mettre en parenthèses les droits de l’homme, la plus belle avancée révolutionnaire ? En pleine crise, les gouvernants vont faire écho aux mobilisations spontanées des comités civils sectionnaires : ils vont mettre en branle une première levée en masse et envoyer dans les départements des représentants en mission plénipotentiaires. D’un autre côté, l’effervescence populaire sera matée dans le sang sur le Champ-de-mars. Les mots de Barnave, « Il vaut mieux faire une justice momentanée que de perdre l’état », et les décisions institutionnelles qui le suivent résonnent bien comme une répétition de la Terreur de l’an II.

Le sixième chapitre du livre (Peur et répression dans les provinces) est tout à fait brillant. Tackett y raconte avec brio les conséquences, au niveau régional, des répercussions de la peur panique qui saisit la France entière après les événements de Varennes. Il y développe une autre idée force du livre : Varennes signale le moment où l’idée confuse d’un vague complot contre-révolutionnaire, idée qui hantait les esprits populaires depuis la Grande Peur, prend enfin corps et se matérialise en une menace bien réelle contre la Révolution sous les traits d’une puissante conspiration aristocratique. Face à cette peur, dont les réactions en chaîne sont admirablement décrites, les habitants des provinces réagissent en s’unissant, et en décidant de mesures extra-légales qui là encore préparent le terrain au comités révolutionnaires locaux de 1793-1794. Tackett voit juste : l’ordre de l’Assemblée nationale « Veiller avec soin à la tranquillité publique » est un blanc-seing à la surveillance et à la répression, les courriers privés sont ouverts, les maisons fouillées, les voyageurs sont arrêtés, la notion de « suspects » fait là son entrée dans le vocabulaire administratif.

La période d’interrègne de l’Assemblée nationale va durer plus d’un mois. Au centre des préoccupations publiques, le jugement du roi. Tackett s’attache ici à exploiter la quantité d’adresses reçues par les constituants depuis les départements. Aucun doute, Varennes a provoqué un retournement radical d’opinion. Rares sont les témoignages qui conservent au roi révérence, admiration et confiance ; la plupart des écrits fustigent sa traîtrise et se montrent plein de mépris pour ce roi cochon. Même quelquefois teintée de circonspection, la confiance populaire s’est définitivement déplacée vers l’Assemblée nationale. Les députés sont les nouveaux garants de l’autorité et les nouveaux protecteurs de la loi. Ils ont le soutien massif d’une population qui est loin de trancher définitivement pour l’adoption d’une république.



Tackett mène parfaitement ce dépouillement des adresses reçues de la France entière. Cependant leur exploitation exclusive a des limites. Dans un de ses ouvrages _roisenfuit.htm#_ftn3](3), Michel Vovelle avait fait preuve de plus de précautions en rappelant qu’on ne sait que peu de choses de la façon dont les secrétariats successifs des assemblées parisiennes révolutionnaires traitèrent ces adresses (certaines ont pu être éliminées) ; il aurait fallu prendre en compte aussi les possibilités d’expression de chaque partis, variables selon les périodes.

Le livre continue par une brève chronologie des événements qui suivront les temps dramatiques de la fuite et du retour du roi depuis Varennes et s’achève sur une conclusion bilan de l’ouvrage.

[Ce dernier passage donne le ton de l'ouvrage et son parti pris :]

Le roi s’enfuit laisse, une fois mis de côté, une très belle impression. Celle d’un ouvrage facile à lire et passionnant. En soulignant l’importance de l’événementiel, celle du poids des circonstances sur la chronologie de la révolution française, Timothy Tackett s’inscrit en faux contre les systématisations issus des travaux de l’école « révisionniste » (ou « critique ») popularisés par François Furet, et lorgne nettement plus vers une histoire totale à la Vovelle.

Pour Tackett, Varennes représente un tournant décisif dans le cours des évènements révolutionnaires. Il y a bien pour lui un avant et un après Varennes. C’est parce que la fuite du roi représente la fin de la fiction du « roi-citoyen », la fin du rêve de monarchie constitutionnelle telle que l’avaient façonnée les Constituants. La violence qui frappe dès lors le pays dans toutes ses composantes, fruit de l’angoisse, de la haine et de la déception, est bien à la hauteur des immenses espoirs naguère placés dans la personne sacrée du roi des français, premier soutien de la Révolution.

L’un des propos phares du livre, qui propose de voir dans les conséquences de Varennes le même faisceau des réactions, décisions, applications et idées qui donneront à l’an II, dans des circonstances plus graves encore, un aspect si tragique, est parfaitement bien défendu. A peine esquissé chez Marcel Reinhard dans La chute de la Royauté, il trouve ici des développements puissants et emporte la conviction d’un sentiment juste et d’une analyse réussie.



_roisenfuit.htm#_ftnref1][1] La Révolution, l’Eglise, La France, Cerf-Histoire, 1986
_roisenfuit.htm#_ftnref2][2] Par la volonté du peuple. Comment les députés de 1789 sont devenus révolutionnaires, Albin Michel, 1997.
_roisenfuit.htm#_ftnref3][3] Michel Vovelle, La chute de la monarchie, 1787-1792, Seuil Points-Histoire, 1999

Merci cecile! Ce livre semble très sérieux

C'est un bon livre, érudit et fouillé. Il ne date pas d'aujourd'hui.
Je l'avais lu en même temps, ou presque, que le Varennes de Ozouf.
Comme il est précisé dans la présentation proposée par Cécile, c'est vrai que la structure du livre est tout à fait plaisante : il s'agit d'une mise en perspective intéressante.
C'est sûr, un récit chronologique est pour autant plus "facile" à lire...

D'accord merci